La tête accoudée sur le siège tu essaies de suivre le film choisi, ne fermes même pas la bouche quand tu bailles. Bon il va vraiment falloir que tu fasses un effort - surtout qu'il y a des gens de l'école dans la salle et surement de ceux qui t'attendent au tournant. Si tu veux qu'on laisse Scarlet tranquillet tu vas devoir jouer le jeu. Alors tu te penches vers Lily-Rose après avoir effleuré sa main avec tendresse, déposes un baiser sur le haut de sa tête. Sourire enjoliveur quand tu lui demandes en chuchotant si tout se passe bien. Imagines la tête de Scar si elle te voyait. Ça, ça te fait bien marrer par contre. A croire que t'es devenu accroc aux risques et aux potentielles conséquences. Quelqu'un lui annoncera surement ce soir ou demain, si elle n'est pas encore au courant. Mais c'est étrange car tu n'as pas reçu de sms incendiaire.

Tu checks d'ailleurs ton téléphone puis t'excuses auprès de Lily-Rose alors que tu te lèves durant une scène de dialogue.

— « Désolé. Je reviens je dois passer aux toilettes. »

Tu secoues la bouteille d'ice tea déjà vide et passes devant les sièges pour sortir de la salle. Ah bordel le film est vraiment nul t'as besoin de te dégourdir les pattes. T'adores les couloirs vides du cinema quand toutes les séances sont lancées. Tu rejoins les toilettes des mecs après t'être arrêté pour mater une bande annonce sur un des écrans accrochés au mur. Dans l'urinoir tu te soulages en soufflant puis tes yeux sont attirés par la présence d'une ombre dans le miroir. Tu crois reconnaitre une chevelure blonde mais quand tu tournes la tête il n'y a personne.

— « Putain c'est pas vrai. On peut même pas pisser en paix. »

Tu remontes ta braguette et va te laver les mains, toujours à l'affut de la moindre présence. Finis par rester face au miroir.

— « Qui se cache dans la cabine du fond ? J'sais pas qui t'es le creep qui pense pouvoir me stalker mais si c'est moi qui vient te chercher je te fais bouffer l'eau des toilettes. »

Tiens tiens tiens. Cette voix t'est familière. Mais putain qu'est-ce qu'elle branle dans les toilettes ? Et tout simplement ici ? Tu commences à comprendre qu'il n'a pas fallu beaucoup de temps pour que la nouvelle se répande et qu'il n'avait surement pas du suffire de beaucoup d'informations en sa possession pour qu'elle pète un câble. Tu soupires sans cesser de sourire, l'observes dans le miroir sans te retourner pour autant. T'essuies les mains avec du papier.

— « Doucement Scar, on dirait que j'ai tué toute ta famille. »

Pas très fin comme comparaison, on reverra le tact Arsene. Tu te retournes et t'as à peine le temps de lui faire face qu'elle a tracé vers toi pour te choper le visage. Tu grimaces en sentant ses ongles dans sa peau. C'est vraiment pas agréable d'être traité de la sorte, comme un criminel elle t'a déjà condamné.

— « Ouai je m'amusais bien. Avant que tu viennes faire ta crise de jalousie à deux balles. »

Tu ne te débats pas tout de suite, la laisses faire le regard dur et le rictus arrogant. Tu siffles mauvais entre tes dents, la fierté chahutée. T'as ce besoin viscéral d'avoir le dernier mot Arsene.

— « T'as si peu d'estime pour toi même que tu me fais pas confiance ? Lâche moi ou j'utilise mon pouvoir sur toi Scar. »

Tu lui laisses pas le temps de réagir que tu chopes ton poignet et la forces à reculer à l'intérieur d'une cabine. Plaques brusquement son dos contre la porte après l'avoir fermé. Appuies aussi sur son épaule pour la placer volontairement dans une positon inconfortable avec ses talons.

— « Et toi alors ? Tu t'es faite belle pour quoi et pour qui ? »

Tu serres ta prise pour lui faire mal. Ça t'agace Arsene et en même temps cette relation d'hyperviolence que vous avez ça te plait. Tu la toises de haut, impérieux.

— « Pourquoi tu pars du principe que je vais la sauter ? Tu me casses les couilles. »

Bon. C'est raté pour la tentative d'apaisement (un peu nulle à chier soit dit en passant). Scarlet a l'air encore plus en rogne. Tu pestes un peu des mots qui s'envolent mais gardes tout de même un sourire débordant d'assurance collé au visage. Tu ne veux pas lui donner raison, encore moins lui prouver que oui - ça te fout les nerfs putain.

Mais d'un autre coté, tu caches pas non plus ton air aguicheur quand tu la détailles plus en profondeur. Admires l'effort spontané de l'outfit qui en effet, la sublime.

— « C'est vrai que t'es bonne là dedans. Et t'avais prévu de mettre ça pour me foutre la rage ? Excuse moi mais.... La rage de quoi au juste ? »

Tu la saisis par les hanches pour la coller un peu plus contre toi. T'es quand même un peu apaisé, faut pas mentir. Elle a raison quand elle dit que tu le savais : c'est précisément pour ça que tu l'as fait. La rendre jalouse c'est presque devenu un fantasme. La voir se transformer en bimbo psychopathe - un peu moins.

— « Pourquoi j'aurai les nerfs alors que... tout ça (et par cela tu entends la désignation de son corps au complet) est à moi ? »

Tu hausses les épaules et la relâches, t'assoit sur les chiottes à la cuvette fermée. Tu lèves les yeux et arques un sourcil. Tu veux pas négocier et encore moins te justifier. Ça semblait pourtant évident, de ton point de vue uniquement.
Grognes quand elle mentionne Icare.

— « Ola ola doucement. Pourquoi tu parles d'Icare ? T'as des vues dessus ? Tu l'as approché ? Scarlet parle pas d'Icare ou je vais m'énerver pour de bon. Et j'ai pas envie de... de t'imaginer avec lui. »

Tu tapes du poing contre une des paroi.

— « Putain ! Mais c'était pas obvious ? Je cours pas après Lily-Rose. Je l'aime bien mais ça s'arrête là. Je l'ai invité pour qu'on pense encore une fois que je suis qu'un connard qui pense qu'à sa queue, et que non du coup Scarlet O'Hara ne sort pas avec le roi des populaires. Je te fais une fleur et même pas capable de me remercier correctement. Tss j'hallucine. »

Tu hausses un sourcil. En effet son plan est diabolique. La voir fringuée comme une pute (oui c'est ce que tu penses)(ne pensez pas comme ça les enfants) et déambuler au cinéma sans que tu ne puisses en profiter c'est cruel. Mais Scarlet dans ses idées foireuses semble oublier que ton self control est aussi cruel que ne l'est ta rancune tenace. Tu n'es pas du genre à afficher tes frustrations en public quand il s'agit de jeux de pouvoir.

— « Bien tenté ma mignonne, bien tenté. Y'avait de l'idée en effet mais tu sembles mal me connaitre. »

Elle s'assoit sur toi, percutes enfin l'évidence de tes pensées. Il aura fallu que tu lui expliques quand même. Tu souffles par le nez et frissonnes au contact de sa langue. Les oreilles c'est beaucoup trop bon. Scarlet préconise de partager tes plans et tu éclates de rire. Une chance que ces toilettes soient déserts pendant les séances. Putain t'es en train de tout louper.

— « Hm... Scarlet ? »

Tu recules un peu ta tête quand elle se fait trop collante, trop pressante.

— « Je te reconnais pas. »

Tu lâches ça sous l'effet d'une bombe. Lassé non pas par sa personne mais par cette image qu'elle se donne.
C'est pas elle la meuf dont t'es tombé amoureux à dix ans, tu viens juste de le percuter.

— « Pourquoi tu joues à ça ? Tu crois que si t'agis normalement je voudrais plus de toi ? Tu crois que c'est une pimbêche excessive que je recherche ? »

Tu glisses ta main sur son bassin pour l'empêcher de se barrer.

— « Pas envie d'y retourner. »

C'était sur qu'elle allait mal le prendre. Faut dire que t'es un peu bête et clairement pas le meilleur pour exprimer ce qui ne va pas. T'es même pas certain de ce que tu racontes d'habitude mais quand ça concerne Scarlet et son attitude là tout de suite tes idées sont plus claires. Abruptes.
Sa réaction ne se fait pas attendre, elle se débat et tu finis par la lâcher (après l'avoir retenu de toutes tes forces pendant plusieurs longues secondes). Tu la toises avec dédain quand elle parle de se faire insulter. Tu soupires et baisses les yeux pour fixer le relief de tes pompes.

— « T'as autre chose à faire que de te faire insulter ? Qui m'a manqué de respect la première en me suivant ici pour espérer me prendre en flag' ? »

Tu ne supportes pas ce petit air condescendant qu'elle prend. Elle ose se vexer ! Elle ose après toutes ces machinations capricieuses. Dommage pour elle, c'est toi qu'elle a couronné roi. La reine des rebelles devient la reine des pimbêches et t'as déjà une horde de meufs chez les populaires pour remplir ce rôle.

— « Tu fuis juste la réalité ! »

Quand elle passe la porte des toilettes, tu essaies de l'interpeller.

— « Mais moi je te connais mieux que personne ! »

Tu te précipites pour la retenir par le bras, serres fort pour éviter qu'elle ne te foute une beigne dans la gueule. Tu saisis son visage pour qu'elle te regarde, à mesure que tu la coinces contre le mur - entre le sèche main et la poubelle.

— « Qui m'a suivi comme un toutou jusqu'ici ? Hein ? Arrête de me sortir ton numéro Scarlet. Arrête de jouer la femme fatale ! T'es juste la meuf la plus maligne que j'ai rencontré, avec du sarcasme et des cartes de tarot. T'es pas... ça. »

Ah. Elle se calme un peu, reste raisonnable malgré la crise d'hystérie juste avant. Peut être qu'elle ne criait pas mais tu ne sais jamais te comporter correctement avec les filles. Tu ne les comprends pas, ne sait pas comment les interpréter. Tu te contentes de les trouver belles - à ton goût ou non. Et la seule chose qui te met d'accord chez elle c'est une vérité absolue à laquelle tu te soumets : Scarlet est éblouissante.

Tu te grattes la tête face aux dilemmes de ta princesse. Les meufs se prennent trop la tête. C'est quoi cette histoire d'infériorité ? T'as pas le souvenir d'avoir ressenti ce genre d'émotions dans ta vie de mec. Si tu t'es déjà comparé tu t'es jamais rabaissé - si t'as déjà jalousé t'as pas eu besoin de compenser. Tu prends ce qui est tien. Peut-être que vous vous ressemblez plus que ce que vous ne pensez.

— « Ouai. Sois désolée. »

Un peu mauvais pour le coup mais tu te détends un peu plus quand elle avoue être une femme fatale. Même que malgré ta colère ça t'arrache un petit sourire furtif. Bon ... certes.
Tu soupires et frisonnes sous les aveux d'ambition.
Roi de l'ile, putain.

— « Seulement si tu es ma reine. »

Tu te lèves et attrapes la carte de tarot entre tes doigts. Tu lui rends et passes la porte de la cabine des toilettes.

— « Va te changer alors et moi je retourne à ma séance. Lily-Rose doit se demander si j'ai des maux d'estomac et c'est pas bon pour ma réputation. »