L'affreux dégénéré de la plage
N'importe qui de sensé t'aurait dit que c'était un endroit dangereux pour faire du vélo, mais toi, ma chère demoiselle, tu t'en fichais. Tu pédalais à toute vitesse, le vent rejetant chaotiquement tes cheveux ébènes vers l'arrière tout en s'introduisant dans ton éternel coupe vent blanc et bleu oversize, lui donnant des airs de parachute à quiconque t'observerait de loin.
L'air frais t'attaquant de toutes parts était l'une de tes sensations favorites. Un sourire gigantesque ornait ton visage, et une teinte carmin venait couronner les joues. Tu pédalais de plus belle, le cœur et l’esprit légers.
Avant d’en arriver là, tu réfléchissais. Une semaine. Voilà depuis combien de temps tu étais arrivée à Sajna. Tu avais rencontré toutes sortes de gens en allant de la brute aux excentriques. Bien sûr, tu ne réalisais pas que tu en faisais partie. { T'étais peut-être même leader dans ce domaine. } Tu t'étais également fait plus d'ennemis que d'alliés et avais blessé plus souvent que d'aider. { Mais encore une fois, tu le savais même pas.}
L’ombre de ta petite chambre d’hôpital semblait lointaine. Le monde te paraissait gigantesque et les possibilités aussi vastes qu'un champ d'étoiles.
Tu étais reconnaissante: Chaque respiration que tu prenais était une grâce. Les pas que tu plantais, une aubaine. Et enfin, ta santé retrouvée - une bénédiction. Tu te disais que jusque là, tu t'en étais tenue à tes principes avec lesquels on t'avait soigneusement élevée.
Ils seraient fiers de moi, hein?
Tu cIignes de tes petits yeux en amande un peu humides. Tu n'étais jamais partie aussi loin et aussi précipitamment. Il fallait dire que ton coeur était un peu lourd.
Tu balaies alors tes pensées d'un geste brutal et frappe tes joues de tes deux mains pour te motiver.
Hé oui, même toi tu as tes petits soucis ! Mais selon tes dires :
« J'ai la flemme d'être triste, c'est trop chiant. »
Alors tu ranges tout dans ce tiroir de ton esprit intitulé "no thanks" et observe le ciel. Le soleil est là. Tu préfères donc mettre ton temps à profit pour explorer cette île qu'est Sajna sur ta fidèle monture; un animal sans âme et infatigable appelé BMX.
C'est ainsi que tu t'étais retrouvée sur cette pente rocheuse en hauteur donnant une vue imprenable sur la mer. Tu perdais un peu le contrôle de ton vélo tant la raideur était intense, et le guidon était instable à cause du parcours cabossé. Tu comptais t'arrêter au dernier moment, tu savais ce que tu faisais.
La peur était égale à la satisfaction, tout se passait à merveilles.
Haha, en fait c'était le cas jusqu'à ce que ton vélo s'évapore dans le néant.
Tu as cette seconde de réflexion où tu as le temps de réaliser que... Eh bien, t'es dans le kk.
Mais hé ! La vue était belle au moins.
Boom - tu dégringoles, roule, t'écroules, débaroule, déboule, cascade, bondit, rebondit, décline, dévale et bien sûr te fait mal. Abricot, pêche, déglingos, duolingo, tu sais même plus à quoi penser, et plouf, t'atterris dans l'eau glacée. Tu t'en rends pas compte mais t'as échappé à la mort de justesse - t'aurais pu te prendre sur les rochers mais y'a que l'eau qui t'a rattrapée.
Dis moi, Kai, est-ce qu'on apprend à nager à l'hôpital ? Non ? ... Oups, désolée… On dirait vraiment que c’est la fin pour toi. Petit à petit, ta conscience va rejoindre ta monture, et le néant t'aspire à grande allure.
Et pourtant pourtant pourtant - tu te réveilles, tu te relèves d'un coup trempée de la tête aux pieds. Au passage, ta tête à heurté quelque chose, mais qu'importe.
Tu tousses et re-tousse, en essayant de comprendre ce qu'il se passe.
Tu tournes la tête autour de toi ne voit que du sable, et... quelqu'un? Tu éternues, puis observe de nouveau cet énergumène. Tu n'avais pas remarqué qu'il n'avait pas de tee-shirt. En réalité,tu aurais juré en avoir vu un au départ. Est-ce que ça à un lien avec ce fourmillement qui parcourt ton corps comme si ton pouvoir s’était activé? Bien sûr que noooon, regarde le ! Il saigne du nez !
C'est alors que tu réalises ce qui se passe: après ta chute, tu as échoué sur la plage et t'as été retrouvée par un cinglé ! En plus son visage t'es familier, il a selon toi tout l’air d'un vandale - c'est sûrement un criminel reconnu de Sajna, comment le reconnaîtrais-tu autrement ?!
Tu hurles, lui balances du sable à la figure. Tu te lèves pour fuir mais te ratatines à plat ventre d’une façon misérable - concentre toi, t’as pas le temps d'avoir honte ! Ta cheville te fait mal. En fait, ton corps entier te fait souffrir. Ton visage picote, sûrement tout égratigné à cause de la dégringolade - ça va peut-être s'infecter à cause du sable. Mais tu n'as pas le luxe de t'en préoccuper maintenant ! C o n c e n t r e - t o i ! Tu es en danger Kai !
Alors tu t'appuies sur tes coudes et regarde autour de toi : Tu trouves un bâton, te retourne assise vers ton ennemi et le brandit à la manière d'une épée. Le regard-fusil, maintenant tu dégaines ta mitraillette sonore.
-T'APPROCHE PAS DE MOI ! SALE TARÉ ! DÉGAGE ! VA T-EN ! OUST !!
T'AS PAS HONTE !? TROUVE-TOI UNE NOUVELLE VOCATION ! HARCELER LES FEMMES C'EST HAS BEEN !
Tu fais les gros yeux, pour l'intimider et pointe du doigt la branche de ton autre main.
- Je manie la branche comme PERSONNE - j'hésiterai pas à m'en servir contre TOI sale vaurien !
On dirait que tu essaies plus de te convaincre toi-même, mais bon.
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