Torrents d'eau s'abattant sur la ville désertée par le people, trop précieux pour supporter de voir leur précieuses coiffures se déformer. La main levée, réceptionnant l'eau, les yeux levés au ciel, tu rêves de découvrir tout ce qu'il a à offrir, tout ce qu'il cache. Mais la peur sert tes entrailles à cette pensées. Si seulement elle était encore là... Pincement au cœur. Douleur qui te déchire. Non, imaginer, garder du mystère, c'est tellement mieux. Ici on est bien. On est...

- Si tu restes là, tu vas attraper une pneumonie !

Brisée. L'eau coule sur tes joues, celle tombée du ciel, car interdiction de pleurer, interdiction de montrer tes faiblesses et autres honteux sentiments.

- On sera deux.

Sourire illuminant ton visage alors que tu te tournes vers l'inconnu, la tête penchée sur le côté. Invitation pour qu'il s'exprime. Car tu le sens, Meredith, il a quelque chose à te demander, à te dire.

- Tu es bien Meredith Evans ?
- La seule et l'unique.

La populaire. Celle qui parle à tout le monde, celle qui supporte le monde. Celle qui a le cœur sur la main, douce enfant qui ne veut que du bien, mais qui n'en reste pas moins prête à vous jeter vos quatre vérités à la figure. Intelligente. Travailleuse. Caractérielle. Sarcastique. Franche. Mais pas méchante, sauf si tel est votre désir.

- Il faut que... Soupire. - Est-ce que je peux te faire confiance ?

Silencieuse. C'est grave, tu le sens.

- Si tu hésites, pourquoi es-tu là ?

Tu es un peu froide, parfois. Pas par timidité, ni par méfiance. C'est juste dans ta nature. La chaleur viendra, discrète. Elle finira par ton cœur... Peut-être. Non.

- Tu as raison. Rire nerveux. Tristesse. - Je crois que... J'ai fait une grosse connerie. J'ai besoin... J'ai besoin d'en parler mais je..

Ça hurle. Dans tout ton corps. Tes yeux parcourent l'horizon, à la recherche d'une quelconque agitation.

- Cette personne... Elle va s'en sortir ?

Sourire faible. Comme toujours, même les plus grands secrets finissent par pointer le bout de leur nez dans ton esprit, dans ton cœur, tes entrailles. Tu ne lui en veux pas. Tu ne juges pas.

- Ne t'en fais pas. J'en parlerai avec ma tombe.

Promesse. Tu les tiens toujours. Fiable.
Tu reprends tes affaires, fait quelques pas en direction de ton interlocuteur.

- Je t'offre un verre ?
- Tu n'as pas des amis à voir ?
- Ils pourront se passer de moi pour une après-midi.

Amis ? C'est peut-être un peu excessif... Tu souris, corps se mouvant afin de vous diriger vers le café le plus proche. Oui, les autres peuvent attendre. Tu n'es jamais seule après tout, toujours bien entourée. La compagnie ne te manque pas. Alors pourquoi... Pourquoi tu te sens si seule la plupart du temps ?

\\!// Violences physiques et suicide (paragraphe après "Liam")  sous-entendus dans l'histoire \\!//

- Dis-moi, Meredith ; est-ce que tu te souviens de ta famille ?

Les commissures sur tes lèvres tendues vers le haut, tu mets un instant à répondre, sourire dissimulant le vide que tu ressens dans ton cœur.

- Non.

Une pure vérité. Tu ne te souviens pas de ta mère à la main un peu trop légère par moments, dont l'estime d'elle-même chutait au fil du temps, si elle avait un jour existé. De ton père aux excès de violence qui te considérait comme une chaîne, un boulet le retenant en prison, mais qui culpabilisait, tentant de te cacher ses larmes. De tes deux petits frères et de ta petite sœur que tu protégeais et qui, avec leur égoïsme d'enfants, ne te le rendaient pas. De ta petite maison, toujours en désordre, à peine assez grande pour tous vous accueillir. De ton corps si fin et si frêle, toi qui ne mangeait que rarement à ta faim.
Ou peut-être que si, tu t'en souviens, parfois. Mais tu as préféré abandonner ces souvenirs dans un coin de ta mémoire. Ainsi est fait le cerveau humain.

- Je trouve ça triste. Genre... Imagine si un jour, on parvient à quitter cette île ; tu ne saurais même pas les reconnaître ?!
- Tu as de l'espoir. Je te le souhaite.

Nouveau sourire. Tu es sincère dans tes paroles. Tu ne sais pas de quoi l'avenir est fait mais tu le ressens au fond de toi : ce n'est pas demain que vous allez pouvoir quitter cette île. Mais tu penses que l'espoir peut autant faire vivre que tuer. Craintes. Tu aimes le sourire rêveur sur le visage de ton interlocutrice, alors tu évites le sujet de ta famille et l'expression de tes pensées pour te concentrer sur ses rêves. Toi, tu ne souhaites pas partir. Toi, qui avait mis trop de temps à ton goût à quitter ta famille après la découverte de ton pouvoir, enfant cherchant à fuir sa situation familiale.

Ta pote s'allonge sur ton lit pendant que tu ranges tes affaires pourtant déjà bien rangés. Une manie que tu as depuis que tu es arrivée sur l'île, depuis que tu es loin de chez toi.

- Meredith...
- Hm ?
- Est-ce qu'il te manque ?
- Qui ça ?
- Liam...

Silence.
Tu viens saisir ton poignet d'une main, poignet sur lequel se trouve le bracelet qu'il t'avait offert quelque temps avant de te quitter. Parce qu'il avait toujours en tête le rejet de sa famille, elle qui le détestait pour ce qu'il était... Elle qui l'a réduit à un vulgaire monstre. Parce qu'il ne se sentait pas à sa place à cause de ces paroles. Parce qu'il s'en voulait de t'avoir blessé un jour, à cause de son pouvoir. Tu ne lui en voulais pas. Tu aurais tout fait pour son bonheur malgré ton désir de le garder à tes côtés. Mais a commis l'irréparable et t'a abandonné, ne te laissant qu'un cœur brisé et une lettre pleine de culpabilité, te suppliant de vivre et de ne pas culpabiliser à ton tour, te remerciant pour tout ce que tu avais fait pour lui.
C'était un jour d'orage... Comme le jour où tu as reçu ton premier coup en plein visage. Comme le jour où ta sœur a menti pour éviter de subir le même sort.

- Oui.

Une réponse simple qui doit à tout prix mettre fin à cette conversation. Ou tu risques de craquer... Si seulement... Si seulement il n'existait pas des gens capable de vous détruire à l'extérieur, hors de l'île...

- Hé, tu as entendu la nouvelle ? Il y a un petit nouveau qui vient d'arriver sur l'île. Et si on allait l'accueillir ?

Être nouveau, ce n'est pas facile. On perd tous ses repères et ce n'est pas parce que tout s'est bien passé te concernant, parce que tu as très vite été bien entourée, que tout le monde a la même chance que toi. Alors...Tu peux au moins tenter d'agir à ton échelle...