Le bureau du président du conseil des élèves. Ton bureau. Ta maison. Tu étais assis derrière le somptueux bureau en bois, entouré d’une multitube de papiers administratifs en tout genre. Un soupir de lassitude te traversait à mesure que tu les voyais. La montagne avait tendance à se remplir plus vite qu’elle ne diminuait. Cette tâche te semble bien souvent insurmontable et pourtant, tu étais toujours là, à passer des soirées à tout gérer. A faire de ton mieux. A donner le maximum de toi-même.
Un regard vers la fenêtre à l’extérieur te retire un nouveau soufflement du nez. Le ciel était clair, parfait pour une balade. Pas aujourd’hui. Pas pour toi. Aujourd’hui encore tu allais manquer l’occasion de te dégourdir les jambes. Quelle vie.
Tu regardais ton petit carnet en agitant un stylo de l’autre main. Avec ton pouvoir, tu le faisais tourner si vite qu’il te servait de mini ventilateur. Pratique pour échapper à la chaleur. Cette petite brise était parfaite. Nouveau coup d’œil vers ton journal, qui te servait à la fois de bloc note et d’agenda. Un vrai fourre-tout.
Un rendez-vous de prévu aujourd’hui. Sclarlet Maxwell. Tu voyais le nom noté soigneusement au stylo avec la date et l’heure. Elle n’allait pas tarder à arriver. Qu’est-ce qu’elle avait fait encore. L’espace d’un instant tu as ressenti une vague de mélancolie. L’époque où elle était plus calme te semblait bien loin. Trop loin.
Face palm en lisant le motif. Des rumeurs sur une sextape. Vraiment Scarlet ? Une vidéo d’Arsène en plus. Étonnement, tu n’étais pas surpris. Les deux-là représentaient à eux seul la moitié des problèmes de cette école. Affligeant. Tu devras en discuter avec Arsène à l’occasion. Même s’il faisait partie de la famille, son comportement avec Scarlet, bien qu’il soit réciproque, commençait à devenir gênant pour l’image des populaires. C’était un point sur lequel ton statut ne te laissait pas fermer les yeux, malheureusement.
Elle n’allait pas tarder à arriver. Plus pour le pire que pour le meilleur. Plus le temps passait et moins tu la comprenais. Sa capacité à foutre la merde dépassait l’entendement. Elle se surpassait de jours en jours.
Un bruit derrière la porte attire ton attention. Tu lâches ton stylo et tu ranges ton carnet. Elle n’allait pas frapper, tu commençais à la connaître après toutes ces années. Toutes ces années où elle ne t’épargna pas. A t’en faire baver davantage. Encore et toujours. Sans te laisser un seul instant de répit.
Puisqu’elle ne semblait pas disposer à faire preuve de politesse autant prendre les devants.
-Rentre Scarlet. Je t’attendais.
Tu l’as regardé faire son entrée, la suivant du coin de l’œil. Toujours la même. Petite mais fière. Sa mèche blonde couvrant son cache oeil à la perfection. Elle te faisait de la peine, surtout que tu connaissais son histoire. Le terrible secret qu’elle cache derrière sa chevelure. Tu ne l’avais pas oublié. Pas plus que la promesse que vous vous étiez fait à l’époque. Tu te souvenais de tout. De chaque instant.
Assieds-toi je t’en prie.
Tu lui désignas d’un geste de la main une des chaises libres face à ton bureau.
Je suppose que tu sais pourquoi je t’ai fait venir. Tu dois avoir des doutes au moins.
A moins qu’elle ait trop de choses à se reprocher. Ce qui ne t’étonnerait pas pour être franc. Tu t’attendais même à ce qu’elle te déballe dans la minute qui suit son énorme palmarès de catastrophe en tout genre.
Tu la dévisageais avec ton air impassible, sourire poli sur les lèvres. Rien ne semblait t’atteindre et pourtant. Une petite part de toi, tout au fond de ton être, était triste d’assister à un tel spectacle. « Comment on en est arrivée là Scarlet ? » Cette pensée hantait ton âme.
Il n’est de stable que les répétitions. Décompte indéfinissable au rythme de la carte de la Justice que tu fais tourner au dessus des tes doigts fins. Tu tergiverse encore juchée sur le toit, sur le haut du muret les jambes ballantes dans le vide, immensité. D’ici personne ne te regarde de haut à Arsène tu disais. Ici c’est facile de s’oublier, d’oublier. Juste le temps d’une brise, et de celle d’après. Soupir à la profondeur acariatre de ta lassitude, fatiguée Scarlet que tu es de faire du surplace.
Finie encline alors que si peu tu l’es par te diriger là où on t’attends.
On te reprochera encore quelque chose, Mason hurlera après toi si cette fois il est là, encore. Inlassablement, comme prise dans une boucle. Comme le rejet dans le regard des gens que tu croises. Mais tu t’en fous. Ils ne valent rien. Plus rien.
Toque régulier de tes doigts sur la porte, entre alors que les mots hors de la bouche de Sacha sont à peine sorti, la carte qui vole toujours, alors que face à lui tu t’installe, à l’aise, alors qu’au fond tu ne l’es pas.
— Tu voulais me voir apparemment. »
Bribe acerbe de tes mots hors de tes lèvres. Parce que ça fait mal, ça te fait mal de voir Sacha, de le croiser, vous aviez été si proche, tu aurais pu tout donner pour lui, ses rêves,pour voir la promesse exaucée. Et elle l’a été. De son côté. Et c’est comme si votre communication déjà difficile était encore plus distordue.
— J’imagine que j’ai à nouveau le rôle du grand méchant dans une super histoire ? Il paraît qu’il me colle bien ce rôle là. »
Tourne encore la carte, un peu plus vite.
— Mais raconte moi je suis toute ouïe, je suis sure qu’on a tous les deux autant de temps à perdre. »
Pique, pique, blessée, tu piques, parce qu’il te manque le Sacha d’avant, celui qui te comprenait, t’écoutait t’entendait, celui qui avait des rêves plus grand. Et en même temps tu t’en veux Scarlet, de lui en vouloir, parce qu’il ne te doit rien. Glisse la carte sur son bureau, la laisse choir. Rictus mauvais sur tes lèvres.
— C’est la carte du jour. La Justice. Elle symbolise l’ordre et la loi autant que l’excès de perfection, et d’absolu. Les décisions équitables ou excessive. Elle te va bien au teint. J’en rirais presque. »
Presque. Le ton est amer, il est toujours depuis quelques temps. Même si parfois t’aimerait que ce soit tout autre. Qu’est ce qui vous été arrivé Scarlet ? A toi, à lui ?
La vie surement.
Sacha
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Dis-moi ? Tu crois au destin ? Au hasard ? A la chance ? Avant oui. Tu t’y accrochais. Ils étaient ta respiration. Ta force. Aujourd’hui tu ne sais plus. Tu ne sais plus rien. Tout n’est que regret au final. Tu fais le dur, l’imperturbable. Tu t’armes d’un masque que tu portes comme une seconde peau. Tu serres dans tes bras le peu de dignité qu’il te reste.
Mais tu es fatigué Sacha. Tes épaules sont lourdes. Tes paupières se ferment. Tu voudrais tout arrêter. Tout retrouver. Comme avant. Quand la vie était encore simple. Quand il suffisait d’un rien pour être heureux. Tu vis pour décevoir les autres. Tu vis pour voir leur sourire s’effacer. Pour voir l’espoir s’envoler. Pour perdre. Perdre ce que tu n’as finalement jamais eu.
Ta famille. Ta sœur. Tes proches. Tes amis. Combien affichent encore un sourire sincère. Combien ne sont pas hantés par la mélancolie. Sincèrement, tu l’ignores. Tu doutes même. Toi qui voulais seulement, les voir heureux. Elle aussi. Scarlet. Depuis combien de temps ne lui as-tu pas montré ton sourire ? Depuis combien de temps date tes derniers jours heureux ?
Tu t’es battu pour eux. Pour elle. Tu as lutté pour être meilleur. Pour être digne d’eux. Pour tenir ta promesse. Toute ta vie, tout ce que tu as fait. A aucun moment, tu ne l’as fait pour toi. Alors pourquoi ? Pourquoi tu as beau essayer sans réussir ? Si le destin existe, pourquoi être si mesquin avec toi.
Tu l’observes jouer avec sa carte de tarot. La faire floter autour de ses doigts. Animer par son pouvoir, animer par une flamme que tu ne vois plus.
C’est toi qui affectionnes ce rôle. Tu pourrais arrêter de porter le costume au moins une fois. Tu ne crois pas ?
Nouveau sourire adressé à celle qu’il comprenait, celle qu’il regrettait. Sourire qui aujourd’hui était bien trop vide de sens.
La rumeur sur la sextape d’Arsène c’est toi ? T’embêtes pas ils sont déjà tombés sur ta carte. Probablement celle-là d’ailleurs. Tu pointes du doigt le jouet qu’elle a entre les mains. Je t’ai déjà dit de perdre cette mauvaise manie. Ils n’ont même pas besoin d’ouvrir un dossier pour trouver le coupable à cause de ça.
Du temps à perdre. En temps normal non. Tu n’as même pas le temps pour toi. Mais pour les autres il t’arrive de faire des exceptions. Surtout pour elle. Pour toi Scarlet. Il a du temps. Quel dommage que tu ne le vois plus dans son regard. Quel dommage que cette époque soit révolue. Quel dommage que tu ne le comprennes plus.
Elle lance sa carte sur ton bureau. La justice. L’arcane qui te correspond le plus en effet. Celle qui illustre à la perfection ton état d’âme. Tu rends à chacun ce qui lui est dûe. C’est ça, ta justice. Ceux qui méritent ton affectio, tu leur rends corps et âme. Les autres, tu les condamne.
Scarlet faisait partie de ceux qui la méritait davantage. Tu aurais tout donné sur cette île pour la faire sortir. Pour retrouver le coupable. Et c’était toujours le cas. Tu ne l’avais pas oublié. Pas à un seul moment. Un jour, tu tiendras parole. S’il suffisait de claquer des doigts pour le faire tout aurait déjà été accompli.
Oui, tu as raison. C'est la carte qui me définit. Alors dis moi, pourquoi Scarlet. Pourquoi tu fais tout ça. A quoi ça sert ? A quoi ça rime. Tu te fais des ennemis. De problèmes. Des embrouilles inutiles. Tu penses que c'est juste de mon point de vue?
Un sourire. Plus triste celui-là. Plein de mélancolie. Plein de souvenirs douloureux. De souvenirs lointain.
Je ne comprends pas. Et pourtant j’essaye. Tu sais que j’essaye. Mais je ne vois pas ce que tu cherches à accomplir en te mettant toute l’île à dos. Si c'est moi le problème dis le moi. Qu'on en finisse. Je dois savoir. Je veux savoir.
Tu as oublié Scarlet ? Tu as tout oublié ? Cette époque est donc si loin dans ta mémoire ? Suffisante pour que les souvenirs te semblent troubles. Tu n’as pas oublié toi. Tu ne l’as pas oublié.
Ton regard un peu plus furieux aux mots de sa bouche échappé.
—Même quand je ne veux pas le porter on me le donne, parce que personne n’a envie de chercher les vrais coupables.
Stoppe délicatement la carte en vol, soupir entre tes lèvres.
—Une carte ça ne prouve rien Sacha. N’importe qui pourrait en déposer une, mais comme tu l’as dit. Ils n’ont même pas besoin d’ouvrir un dossier. Alors il y a des fois où ils ont raison, et d’autres non. Mais tout le monde s’en fout.
Parce que ta méthode n’est pas inconnu et qu’elle est si aisée à copier.
—Cela dit, non le Jugement va bien mieux à Hawinks.
Parce que c’était la carte du jugement que tu lui avais donné, parce qu’elle lui va bien mieux que la justice, Arsène est le changement, l’imprévisible, la surprise, le succès au même titre que les illusions, la peur et les incertitudes.
Et les mots qui s’écoulent de ses lèvres, fait pincer les tiennes. Colère blessée, celle des désillusions de la fillette que tu as été, celle de la frustration de celle que tu es. De cauchemars enveloppé.
—Qu’est ce qu’il y a de juste Sacha. Dis moi qu’est ce qu’il y a de juste ici. Ils m’ont tout pris, tout. Et tu voudrais que je dise merci ? Merci de m’avoir enlever à l’amour de ma maison, Merci de me priver de ma liberté, de m’enfermer dans une île tel un vulgaire animal en cage ? Tu veux que je leur dise merci ?
Ta voix qui déraille, s’enroue un peu des larmes qui pourraient monté mais que tu noies dans la rage.
—T’as peut-être trouvé ta place. T’as surement tout ce qu’il te faut ici, l’amour, la famille, l’ambition que sais-je et c’est tant mieux pour toi. Mais ici c’est pas chez moi, ça ne sera jamais chez moi. Et je regrette souvent l’enfant qui comprenait à quel point ça faisait mal.
Tes dents sur ta joue refermée alors que dans ta tirade tu t’es levée de ta chaise. Perds presque ton souffle à te perdre en monologue. Parce que tu parles à qui Scarlet ? Personne.
—C’est pas toi le problème. Ça ne l’a jamais été. Je ne veux pas que cette île m’aime Sacha. Parce que je veux pas apprendre à l’aimer. Je veux juste rentrer chez moi. Je peux pas être heureuse ici, parce que sinon ils ont gagnés. Parce que si je suis heureuse ici, je resterai, j’arrêterai de me battre, et j’accepterai l’injustice. D’être un objet a qui on prends tout sans son consentement. Et si j’accepte ils auront tous les droits de le refaire.
Et tu ne peux pas l’accepter. Plus Jamais.
Sacha
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Pourquoi. Pourquoi vous en êtes arrivée là. Pourquoi nous nous sommes éloignés à ce point. Pourquoi Scarlet. Pourquoi chaque fois que tu la croises tu ressens ce pincement au niveau du cœur. Cette douleur au fond de toi. Cette envie de tout lâcher. De tout lui dire. De tout avouer.
- Je cherche les coupables. Je les ai toujours cherchés. Je sais que tu n’es pas l’horrible personne que tout le monde essaye de dépeindre. Moi je crois encore en toi Scarlet. Ils peuvent s’en foutre. Moi non. Tant que je serai à ce bureau, personne ne sera condamné à tort. Ni toi, ni les autres. Personne tu m’entends !
Elle s’emporte, elle s’énerve. Les mots sortent tel un flot de vérités. Elle craque. Tu le lèves. Tu lui réponds, emporté par les émotions. Tu gardes ton calme mais tu te dresses face à sa colère. Face à ses ressentiments. Tu veux faire barrage face à ses craintes, ses peines et ses tristesses. Comme à l’époque. Comme toujours Scarlet.
On a tout les deux tout perdu Scarlet ! Moi aussi j’ai perdu ma famille ! Mon passé. Ils m’ont même pris ma sœur ! Ma sœur qui ne me reconnait plus. Qui ne me regarde même pas dans les yeux. On est pareil toi et moi. On aurait pu être pareil. Tu crois que je suis derrière ce bureau pour les remercier ? Pour eux ? Pour cette île?
Leur voix résonne. Ils ont du mal à s’exprimer. A parler clairement. A dire les choses tout simplement. Dans ce dialogue de sourd, tu décides toi aussi de te laisser aller. Tu perds pied petit à petit. Ta volonté t’abandonne. Ton masque s’effrite à mesure que les mots sortent de ta bouche.
Ma place ? J’ai trouvé ma place ? A quel moment tu te dis que j’ai trouvé ma place. J’ai rencontré des gens merveilleux. J’ai rencontré des gens qui comme nous, sont prisonniers de cette île. Mais tout ce que je trouve ici, ce sont des sourires factices, des souvenirs brisés et des vies fantômes.
Ta voix se brise. Tu n’as plus la force. Tu n’as plus rien. Plus de masque, plus de visage. Plus d’espoir.
C’est donc ça. Tu t’imagines que je t’ai abandonné. Toi aussi. Comme les autres. Au final je ne suis pas assez bien pas vrai ? Je sais. Je suis désolé. J’essaye pourtant. Tous les jours je fais de mon mieux. Je ne t’ai pas oublié Scarlet.
Sans t’en rendre compte. Des larmes venaient de couler le long de tes joues. Tu n’avais plus conscience de rien. Tu en avais juste marre. Marre de faire semblant. Marre de garder ce visage d’ange insensible. Marre de tout. Tu veux juste être toi-même au moins une fois. Juste une fois. Tu veux être normal.
Tu n’as pas à aimer cette île. Mais les autres n’y sont pour rien. On est tous dans la même merde. Prisonnier de cet endroit. Alors arrête de leur rendre la vie plus difficile. On devrait tous s’entraider. Au lieu de ça on se chamaille, on de dispute. On se bat entre nous. C’est ce qu’ils veulent, nous diviser. Pour nous enfermer à jamais. Ta voix tremble, tu n’as plus la force de continuer. Tu te souviens… Tu n’arrives même pas à finir ta phrase. Moi oui… Si je dois donner ma vie pour tous vous faire sortir. Je le ferai sans hésiter. Je ne souhaite qu’une seule chose en retour. Pouvoir vous voir sourire une dernière fois. Un vrai sourire. Juste une fois…
Tu serres les mains sur ton bureau avant de reprendre le peu de dignité qu’il te reste. Et tu lui montres ton plus beau sourire. Le même que tu avais auparavant. Tu te souviens de vos sorties. De vos escapades. De vos souvenirs partagés. De ces moments volés. I just wish for your smile…
Comme une goutte d’eau qui s’échoue et fait déborder le vase, le flot de tes mots, ses mots explosent, implosent, sans savoir vraiment comment vous en êtes arrivé là. C’est doux et douloureux d’entendre qu’il croit encore en toi, qu’il a encore cette justice à tout épreuve.
Et c’est comme heurter un mur, c’est comme mourir un peu que d’entendre le mur de l’illusion qui se brise quand dans ses mots tu lis toute la douleur que tu lisais hier encore.
—Qu’est ce que j’en sais Sacha, si tu me le dis pas, si tu t’attache à leur règle à les faire appliquer, tu veux que je crois quoi.
Ca serre ta gorge de parler, de l’entendre perdre pied, son masque que tu déteste qui enfin s’éffrite, ramène à celui que tu connaissais, à celui que tu regrette quand tu le croise. Ton cœur qui se brise face à la vérité crue qui meurt à la faveur de ses lèvres. Vérité qui hurle à quel point la solitude est partagée, pleine, dicéminée. En toi, en lui, en vous tous. Ta voix qui se casse.
—Je n’ai jamais dit que tu n’étais pas assez bien Sacha. Ou que tu n’essaye pas.
Et à l’appel de ses larmes brûlent les tiennes.
—Je ne t’ai pas oublié non plus.
Pourquoi ne pas se comprendre. Pourquoi ce sacrifier Sacha. C’est si dur ce qu’il te demande, si compliqué de sourire à nouveau, comme avant, alors maladroit il s’esquisse, sur tes lèvres, alors que sur la pointe des pieds, du bout des doigts, tes bras viennent entourer ses épaules, malgré la table qui sépare tu l’enlace, glisse son visage contre ton épaule, caresse ses cheveux.
—Je suis désolée Sacha, tellement désolée.
D’être ce que tu es, et de ne pas pouvoir être comme lui. Des entailles que tes ronces ont laissé, qu’il soit si fatigué. Que vous n’ayez plus la douceur de vos neufs ans. Ni les rires qui emplissaient vos après-midi. Qu’ils ne vous restent que les souvenirs heureux, devenu douloureux qui lézardent les murs.
—Je ne cherche à punir personne qui ne le mérite pas. Et encore moins toi.
Tes mains qui glissent sur ses joues, tes lèvres qui tremblent, le sourire doux, cet ancien sourire que tu lui offre, comme avant.
—Je ne veux pas que tu te sacrifie Sacha, tu n’as pas à te sacrifier. Tu ne dois pas te sacrifier. Tu comprends ? Tu dois vivre pour ton bonheur à toi. Je serais toujours là et j’y veillerai.
Caresse des pouces ses joues, essuient les larmes que tu voudrais qu’il n’ait jamais.
—Mais j’ai besoin de ça. De la fausse rivalité avec Arsène que tout le monde croit vrai, d’être la méchante un peu pour les autres, pour que l’ennemi ne paraisse pas aussi terrible que ça dans leur vie. J’essaierai de calmer le jeu. Mais ne me demande de changer mes plans…
Ce sourire que tu ne perds pas mais qui se change douloureux.
—Et si on pouvait un peu, parfois redevenir comme avant.
Parce que ça te manque.
Sacha
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C’est dur et ça te fait mal. Ironique. Tu as porté ton masque tellement longtemps, que tu en as presque oublié qui tu étais réellement. Tu souris à travers tes larmes. Même si la vérité blesse, ça te fait tout de même un peu de bien d’être franc avec toi-même. Tu te sens libéré d’un poids. Comme si tu étais enfin redevenu comme avant.
Crois-moi. Moi je crois encore en toi Scarlet.
Tu voudrais soupirer. Inspirer profondément. Faire le vide dans ton esprit pour reprendre ton calme. Mais tu n’en avais plus la force. Tu n’avais plus la force de jouer la comédie. Tu voulais juste profiter de cet instant où tu étais juste Sacha. Pas le président du conseil, pas l’élève modèle. Tu n’étais qu’un jeune garçon comme un autre. Un jeune garçon fatigué de tout transporter sur tes épaules.
Merci Scarlet. Pas un seul instant je n’ai douté de toi. Même si tu donnais l’air de m’en vouloir ou de m’oublier. J’ai toujours voulu y croire.
De nouvelles larmes viennent aggraver ton cas lorsqu’elle t’enlace par-delà la table. Tu ne contrôles plus rien. Toutes les barrières sont tombées. Toutes les illusions sont brisées. Tu as perdu, mais tu n’es pas malheureux pour autant. Au contraire.
Ta main vient essuyer les larmes qui coulent sur les joues de Scarlet. Tu cherches à balayer ses peines d’un revers du poignet, comme d’habitude, comme si ça suffisait. Tu réponds à son sourire par un plus grand rire, plus chaleureux, plus franc et plus Sacha.
Ne t’excuse pas. Au contraire. Merci Scarlet, merci pour tout. Merci d’avoir accepté ma requête égoïste.
Tu ne peux pas t’empêcher de caresser son visage. Ce visage si gentil, si doux. De celle qui était la personne qui comptait le plus pour toi lorsque tu n’étais encore qu’un enfant. Les souvenirs et les émotions formaient un tourbillon, un ouragan au sein de ton corps. Tu étais enveloppé d’une douce chaleur. Une chaleur réconfortante. Apaisante. Tu aurais pu profiter de cet instant à jamais. Fermer simplement les yeux et tout oublier. Cette île, tes obligations, ton poste.
La suite de son discours va toutefois te ramener brutalement à la réalité. Tu ne la changeras pas. Tu n’en as pas le droit. C’est vrai. Tu le savais au fond de toi. Et tu savais que ce n’était pas à toi de décider comment elle souhaitait agir.
Très bien. Si c’est ce que tu souhaites. J’essaierai de comprendre. Je t’aiderai à porter ton fardeau depuis ce bureau. Je ferai en sorte qu’ils ne te tombent pas trop dessus, comme d’habitude.
Son dernier sourire t’arrache le cœur. Tout comme sa dernière phrase t’achève. Elle a raison. Au moins pour elle. Au moins en souvenir de cette époque. Tu devrais être toi-même. Moins dur. Moins inaccessible. Ta carapace. Ton système de défense. Pourquoi ne pas l’abaisser de temps en temps ? Au moins une fois ?
On se donnera rendez-vous pour sortir. Comme avant. Pour être nous-même. Ce sera notre secret. Nos moments de franchises. Le moment où on sera nous-même.
Tu lui tiens la main, comme pour une nouvelle promesse. Un léger sourire triste sur les lèvres. Parfois, il t’arrive de rêver d’un autre pouvoir. Celui de remonter le temps.
—J’ai toujours cru en toi Sacha, même quand on ne se comprenait pas.
Ses doigts qui se perdent à la bavure de tes larmes, leurs caresses douces qui t’arrache un autre sourire, ramène ton esprit à l’enfant que tu étais, qu’il avait été, celui qui avait lu entre les lignes de la peine à ton arrivée, qui connaissait le poids des souvenirs, de la liberté privé. Celui qu’hier encore tu regrettais et que tu viens retrouver.
—Je ne te demande pas de porter mon fardeau Sacha, mais de te libérer des tiens. Ils peuvent me tomber dessus, je suis toujours aussi vivace.
Il y a l’angoisse du refus, il pourrait dire non à vous revoir, à cause de ta position, à cause de la sienne, parce que tu pourrais lui apporter des ennuis que tu ne veux pas lui causer surtout pas. Et ses mots viennent appliquer une chaleur centrifuge sur les plaies encore béante de ton âme. Serre doucement tes doigts avec les siens.
—Nos moments hors du temps.
Et c’est tout ce que tu demandais. Une escapade loin de tout, et surtout des jeux et autres faux semblant auxquel tu t’adonne.
—Je verrai si je peux aider un peu pour toi et Ana. Pas sur que j’y parvienne mais je peux essayer un peu subtilement.
Replace délicatement une de ses mèches, avant de doucement te rassoir, replace tes cheveux.
—Si j’avais su que ça finirait comme ça j’aurais pas autant hésité à venir.
Rire cristallin à tes lèvres, avant de reprendre un ton plus doux, délicat.
—Sacha, c'est terrible à ce point avec Ana ? Je veux dire si on compare avec d'autre.
Sacha
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Au fond, on s’est toujours compris Scarlet. Toujours. On refusait juste de le voir. On était trop borné pour l’admettre. Mais même si on a changé. On restait les mêmes au fond. Ce n’était pas quelque chose que tu pouvais effacer. Gravé en toi. Marqué au fer rouge dans ton âme. Scarlet et toi. Vos souvenirs d’enfance. Tes souvenirs à toi. Tes meilleurs moments, tes plus belles années.
Si tu ne te libère pas de tiens pourquoi devrais-je simplement oublier les miens ? Et puis, si je peux partager celui que tu portes, moi ça me va.
Un nouveau sourire. Un nouveau visage radieux. Malgré tes yeux rouges, malgré tes larmes qui avaient coulées le long de tes joues. Tu ressentais une certaine forme de bonheur, d’apaisement. De libération. Tu t’étais confié, pour une fois. Rien qu’une fois. Suffisant à tes yeux pour te libérer l’espace de cet instant.
Et elle te parle de ta sœur. De ces moments de craintes et de peur. De ces moments qui te font douter. De ces confrontations que tu redoutes. Avec elle peut-être. Avec elle tu auras une chance de changer la donne avec Ana. C’est ce que tu veux croire. Tu hésites à la reprendre dans les bras sous le coup de l’émotion. Mais elle retourne s’asseoir.
Tu en profites pour faire de même. Tu prends sur toi pour reprendre ton air calme. Plus de masque. Mais tu ne vas pas rester le visage tremblant. Tu dois te reprendre. Sécher tes larmes et passer à autre chose. Tu te concentres sur le visage de Scarlet. Tu te souviens de ces moments que tu chérissais. Et tu souris adorablement, presque bêtement.
Tu sais bien que je ne mords pas, moi.
Léger rire de ta part. Tu te laisses aller à la taquiner. Comme avant. Mais le rire ne dure pas. Tout comme son sourire. Ton visage ne tarde pas à s’assombrir à nouveau. Lorsqu’elle parle d’elle. D’ana. De ta sœur.
Je… Même comparé avec les autres. Elle ne me parle pas. Elle m’évite. Elle ne sait même pas qui je suis. Les rares fois où elle m’adresse la parole c’est pour exprimer sa colère. Tu soupires, blessé. Cette blessure ne se referme pas. Cicatrice sur ton cœur. Je la comprends. C’est ma faute. Je l’ai abandonné. Nos parents sont…. Compliqués. J’ai toujours voulu la sortir de là. Mais je n’ai pas pu tenir ma promesse avec elle…
Ton visage retombe. Symbole de ton échec. Symbole de ta trahison. Tu culpabilises. Tu te sais responsable. Tu te juges coupable. Seul sur le banc des accusés. Tu n’oses pas relever le visage de peur de croiser le regard de ceux que tu as déçus.
Le calme qui revient doucement emplir la pièce, vous enveloppe, autant lui que toi, avant qu’un rire ne vienne fendre l’atmosphère de sa candeur.
—Je ne mords pas si fort que ça ! Arsene devrait pouvoir témoigner.
Laisse le flot de ses paroles venir à tes oreilles, comprendre, entendre, assimiler, hoche doucement ta tête, un soupir presque avant de froncer les sourcils.
—Ce n’est pas ta faute Sacha. Tu n’as pas eu le choix de partir, tu ne peux pas te flageller pour ça.
Tes doigts qui viennent à la rencontre des siens pour les serrer quelques peu.
—Ana n’est pas une grande bavarde, c’est une bonne gamine au fond, mais elle parle mal, elle aime se battre, et elle est impulsive. Elle me donne souvent l’impression d’avoir un grand besoin de se défouler.
Il t’arrivait toi-même d’avoir parfois besoin de recadrer les choses, et même là ça s’avérait toujours complexe, parce qu’Ana avait tendance a surenchérir, voir à retourner des tables. Mais elle te faisait rire, elle était imprévisible et ça l’a rendait attachante.
—Laisse lui peut-être du temps. On est tous perturbé par l’arrivée ici, et elle cherche peut-être encore sa place. Elle arrive à peine et si la vie de famille était compliquée…C’est surement dur pour elle de vraiment réaliser ce qui lui arrive. Souvent toi quand je suis arrivée…je mordais tout ceux qui m’effleurait.
La punition qu’était Somnus n’était pas facile à appréhender, même pour ceux qui ne voulait plus être dans la situation où ils étaient.
—J’essaierai de te tenir au courant de ses évolutions, de ce qui la touche si je perçois quoi ce soit.
Sacha
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C’est qu’elle aborde souvent le sujet « Arsène ». Tu commences même à penser qu’ils sont en couples. A force d’insister avec lui tu ne voyais pas ce que ça pouvait être d’autre. Elle le méritait, le bonheur, elle aussi devait y avoir droit. Et t’étais bien décidé à lui offrir. Pas question que tu la laisses s’enfoncer de la sorte. Toi aussi tu seras heureuse Scarlet. Même si c’est un tout petit peu de bonheur. Au moins ça te donnera un aperçu de ce qui t’attend dehors !
On revient souvent sur le sujet Arsène. Comment ça se passe avec lui d’ailleurs ?
Le sujet redevient sérieux. Elle aborde ta sœur. Elle te rassure. Elle est douce. Elle te prend même la main. Oh Scarlet, si tu savais. A quel point tu pourrais tout donner, tout sacrifier pour la voir heureuse. Si seulement tu en avais les moyens, la force, le pouvoir. Tu ne l’as mérité pas. Tu n’en étais pas digne.
Elle avait bien cerné Ana. Impulsive, bagarreuse et avec de l’énergie à revendre. Tu n’aurais pas dépeint de meilleur portrait de ta sœur. Impossible. C’était sa description exacte. Au mot et à la lettre prête.
Mais tout de même, je me sens coupable, j’ai foiré tellement de choses avec elle j’ai l’impression. Soupir de lassitude. La gueule du grand frère que je fais… Tu parviens à esquisser un léger sourire à la fin, presque effacé. Tu l’as déjà bien cerné à ce que je vois ! Tu n’as pas perdu de temps.
Oui tu t’en veux. Tu sais qu’elle est là, cette cicatrice. Cette marque que tu gardes tout au fond de toi. Elle ne partira pas aussi facilement.
Oui c’est ce que je compte faire. Lui laisser du temps. Je veux pas la faire chier. Tu rigoles de bon cœur en entendant la suite. Oui je m’en souviens, j’ai presque perdu ma main ce jour-là ! C’était pas passé loin.
Mais tu ne regrettes pas de l’avoir approché. Pas un seul instant. Au contraire. Tu étais même heureux d’avoir pu la rencontrer. Tu serres sa main, presque inconsciemment. Comme pour la sentir proche de toi. De peur de la laisser s’échapper. De peur de la perdre. Tu voulais retrouver ces moments passés avec elle. Ces doux moments. Ces sentiments agréables. Ces sentiments de pur bonheur. Ou tu pouvais être toi-même. Sans filtre. Sans masque. Juste Sacha et Scarlet. Tu ne veux plus voir de larmes, ni les tiennes ni les siennes. Ces sentiments qui t’entourent, t’embrassent. Ces sentiments qui t’étouffent. Et pourtant tu te sens si vivant. Si vivant en profitant de cet instant. Tu veux le graver dans ton esprit, il sera ta force.
Merci. Je compte sur toi. Comme toujours Scarlet. Tu la remercies d’un nouveau sourire. Et si jamais tu vois un abruti qui la fait chier, préviens-moi, je m’en occupe.
Une nouvelle expression pris possession de ton visage. De la colère. Du ressentiment. L’envie de fracasser la tête de ceux qui s’en prennent à Ana contre un mur. L’envie de la protéger de ce monde, de cette île.
Tu tiques un peu quand il argumente que tu reviens souvent sur le sujet Arsene, et pendant un instant tu reste silencieuse, te demande si tu en parle trop peut-être.
—Eh bien…La routine. Haha
Petit rire nerveux entre tes lèvres, c’est que c’est un sujet épineux, parc que tu évite de toi-même te questionner dessus.
—Hors de nos représentations de haine pour la forme, on s’entends bien. Enfin…je l’aime bien, il est un peu lourd parfois mais il me fait rire. C’est quelqu’un de bien quand on le connait bien. Si on oublie qu’il enchaine les conquêtes.
Grimace que tu ne peux pas contenir autant que tu le voudrais. Tu ne peux rien dire de ça. Et tu n’en a pas l’envie parce qu ce serait admettre que ça te pose un problème. Mais céder à Arsene est bien plus terrifiant encore.
Tu te soulage que le sujet revienne sur lui et Ana, bien plus loin de ton intimité.
—Tu me connais, je perds toujours beaucoup de temps à observer les autres, ça m’évite de penser à ma propre personne.
Un rire amusé cruel de vérité que sont tes paroles, confiés ici.
—Je sais que tu n’écoutera pas, mais tu n’as pas à t’en vouloir Sacha. Vraiment. Aussi bien que je te connais, je sais que tu as toujours tout fait, tout et plus encore même si tu refuses de te l’admettre. Je le sais. Parce que tu es quelqu’un de bien Sacha, quelqu’un qui donne tout.
Le sujet détendu par le rire et les souvenirs, ton rire pour venir en union au sien doucement.
—Je pèterai les rotules de l’abruti avant même que tu n’arrive oui.
Sourire doux à tes lèvres.
—T’es un bon grand frère Sacha. N’en doute jamais.
Sacha
the winds are changing and blowing at my face like a warning
Under the same sky, at the same time, at the same place we’re probably seeing other people We were too young and didn’t understand love. I wish you happiness, Now goodbye goodbye
Elle n’a pas l’air très bavarde maintenant que tu viens d’aborder le sujet d’Arsène. Tu plisses les yeux, visiblement tu as touché une corde sensible. Tu commences à te douter de plus en plus de leur relation. Tu réprimes un sourire. C’était presque mignon de la voir galérer autant avec ses sentiments. Ton rôle de grand-frère qui revient au galop.
Tu préfères ne pas creuser davantage le sujet. D’autant plus que celui épineux sur ta sœur de sang revient sur le tapis. Tu passes de l’instant enchanté ou tu admires les sentiments cachés de Scarlet à ceux douloureux que tu essayes tant bien que mal de dissimuler. Pas un pour rattraper l’autre entre vous visiblement.
On est pareil à ce niveau. Tu observes les autres pour ne pas avoir à penser à toi et je chercher à aider les autres pour ne pas me souvenir de mes propres échecs.
Malgré le ton grave et triste de ta phrase, tu te permets de rire. Comme si tu trouvais un peu d’humour dans cette fatalité. Comme si le fait que tu partageais ce côté avec quelqu’un allégeait quelque peu ton fardeau.
Merci Scarlet. T'es aussi quelqu’un de bien. A mes yeux tu es même une des personnes la plus gentille que je connaisse. Les autres peuvent dire ce qu’ils veulent, ils ne m’enlèveront pas cette image de toi que j’ai au fond de moi.
Tu rigoles de bon cœur en l’entendant menacer les tortionnaires de ta sœur. Heureusement qu’elle était là. Heureusement que c’était elle. Tu savais qu’Ana serait toujours entre de bonnes mains grâce à elle. Rien que pour ça, tu ne pourras jamais assez la remercier.
J’espère qu’Ana le pense aussi Scarlet. Ou qu’elle pensera comme toi un jour. Mais au-delà de ça, je veux juste qu’elle trouve le bonheur, qu’elle arrête d’en vouloir au monde entier et qu’elle se mette à sourire un peu plus.
Tu plonges ton regard dans les yeux de la jeune fille. Tu n’avais pas que ta sœur a protégé au final. Et tu ne voulais pas te reposer entièrement sur Scarlet. Tu souhaitais qu’elle aussi, elle puisse compter sur toi.
Je serai là aussi pour toi. Si jamais t’as le moindre problème tu peux m’en parler. Si quelqu’un vient de faire du mal ou te chercher la merde. Je sais que t’es capable de te défendre. Mais si t’as besoin d’un coup de main, je serai toujours là pour toi Scarlet. Avec mon pouvoir ça sera régler en un instant. Personne ne saura ce qu’il s’est passé. Même pas l’administration !
Tu le vois plisser les yeux, et t’espère qu’il ne cherchera pas plus. Ou peut-être que ça te ferait du bien Scarlet de te poser les vraies question mais tu n’es pas sure d’être prête pour ça. Pas sur de vouloir y penser. Surtout après le baiser échangé un peu avant la soirée au dortoir. Et à quel point la réalité t’avait fait mal.
Un rire doux, balaye tes pensées Scarlet.
—Ne le dis pas trop fort, des gens pourrait te croire, j’ai une réputation à garder !
Ta réplique s’accompagne d’un ton amusé et d’un clin d’œil. Ce n’est pas comme si il y avait beaucoup de chance que les gens croit Sacha à ton sujet, parce que tu ne te vendais pas bien depuis des années. Volontairement.
—Avec le temps je suis persuadée qu’elle aimera être ici, elle trouvera sa place. J’ai bon espoir sur ça. Elle n’est pas si terrible cette ile si on arrête de n’y voir que le négatif pour le négatif.
Sourire doux à tes lèvres. Ça te rassure, de savoir que tu peux compter sur lui, que tu n’es pas aussi seule qu’il t’arrive de le penser face au mur de ta chambre. Et tu hésite un instant. Est-ce qu’il comprendrait ? Alors que toi tu ne comprends pas. Ce qui te traverse.
—Sacha…Qu’est ce que ça fait d’aimer ? Je veux dire, comment on sait que c’est ça.
En vrai tu sais Scarlet, mais tu veux croire que t’as tout faux. Juste pour avoir moins mal.
Sacha
the winds are changing and blowing at my face like a warning
Under the same sky, at the same time, at the same place we’re probably seeing other people We were too young and didn’t understand love. I wish you happiness, Now goodbye goodbye
Tu rigoles de plus belle. Si seulement les autres pouvaient la voir comme toi tu la vois. Ils verraient qu’elle est loin d’être la fille à problème qu’ils s’imaginent. Au contraire Scarlet. T’as un cœur d’or, plus que Sacha. Tu le penses vraiment. Au fond de toi tu sais qu’elle mérite le bonheur, qu’elle y a droit, elle.
Ne t’en fais pas, ton secret et bien gardé avec moi.
Tu te permets même de lui échanger un clin d’œil complice. Toi, déblatérer les secrets des autres. Pas vraiment ton genre. Alors celui d’une amie proche. Aucune chance que ça puisse arriver, ni dans cette vie ni dans une autre.
Un sourire triste s’affiche sur ton visage en la voyant essayer de te rassurer. Une mélancolie profonde s’empare de ton visage l’espace d’un instant. Tu veux la croire, tu aimerais croire ses paroles. Mais ça te semblait si dure, hors d’atteinte. Inaccessible.
J’espère Scarlet. Je veux juste qu’elle se sente heureuse. Ici ou ailleurs. C’est tout, je veux juste qu’elle puisse sourire à nouveau.
La question suivante t’arrache un haussement de sourcil de surprise. Tu ne t’y attendais, mais alors, pas du tout. Si tu n’avais pas passé toute ta vie à garder ton calme, tu te serais probablement étouffé à l’heure qu’il est. Heureusement, tu étais toi-même. Impassible, te contentant de l’écouter. En silence, concentré.
Vivre c’est apprendre à aimer Scarlet. C’est connaître une personne, découvrir ses défauts, ses faiblesses. Tout ce qui fait d’elle ce qu’elle est. Mais vouloir rester à ses côtés malgré tout. C’est vouloir partager chaque instant, chaque moment avec elle. Tu ne peux aimer sans donner, tu ne peux aimer sans souffrir. Et pourtant on s’accroche à cette idée. On a beau se blesser, se sentir mourir. Les moments de joie, de bonheur et de pur plaisir, ils suffisent tous à oublier le reste. On aime pour garder ce genre de souvenirs au fond de nous. Ils peuvent être aussi bien notre force que notre respiration.
Tu penches la tête sur le côté, la dévisageant avec un sourire, avant de poser une main bienveillante sur son épaule, pleine de douceur et de réconfort.
Si tu veux te confier sache que je t’écouterai Scarlet. Toujours. Et je t’aiderai du mieux que je le peux.
Sous ces airs de secondes promesses. Sous ces airs de liens retrouvés. Tu lui offres à nouveau ta personne. Tu t’abandonnes à elle. Comme à l’époque. Comme au bon vieux temps. Tu donneras ta vie pour elle. Pour ces deux-là. Tu donneras tout.