Anastassia, c’est un peu l’adolescente instable. Celle qui criait à ses parents qu’elle n’avait qu’une seule envie : partir. Prendre ses affaires et tout abandonner, parce qu’elle en avait marre d’être sous leur toit, de devoir les écouter et leur obéir, de voir toutes ces traces d'un grand frère fantôme, alors qu'elle n'a jamais été souhaitée... C’est aussi l’adolescent incapable de tenir parole, qui clame maintes merveilles, mais n’est capable d’en produire qu’un très faible pourcentage. L’adolescente qui, dorénavant n’habite plus aux crochets de ses parents, mais qui continue d’être insupportable face à toutes têtes d’autorités parce qu’elle n’a jamais souhaité être ici.

Esprit de contradiction. Conflictuelle. Mais une chose est bien certaine : Anastassia ne sait pas ce qu’elle veut. Elle est perdue, versatile. Change d’avis comme de chemise. N’est jamais contente de grand-chose, malgré le fait qu’elle aurait pu en notifier sa convoitise. Elle boude, souvent. Toujours. Pour un rien. Comme une enfant pourrie gâtée, elle tape du pied, tourne la tête et croisse les bras jusqu’à ce qu’on lui donne ce qu’elle convoite. Pour finalement, lorsque c’est acquis… Grogner de nouveau. Et pourtant ? Anastassia n’a jamais été caressée dans le sens du poil avant son arrivée -et, c’est peut-être de là dont vient le problème.  

Elle est d’une mauvaise éducation, d’un langage fracturé. A tel point que son traducteur n'est pas capable de retranscrire correctement ses propos. Vulgaire sans raison apparente, Anastassia ignore le calme et les chuchotements, hurle sans raison car incapable de faire preuve d’apaisement. Elle est franche, trop sincère. Cassante sans même s’en rendre compte, mais surtout sans la moindre pensée. Si Anastassia veut dire quelque chose, elle le dit. Même si cela n’a pas grand sens, même si c'est terriblement blessant, même si elle pourrait venir à le regretter à l’instant même où son point final s’exprimera.

Sauvage, animale.

Ignore tout jugement moral, toute notion de bon ou de mal. La reconnaissance est un terme qui n'existe pas dans son langage tout comme l'amour, quel qu'il soit, sentiment biaisé par son agressivité.

En vérité, Anastassia est perdue, désorientée. Ignore tellement de chose qu'elle semble être toujours sur ses gardes. Alors qu'on fond, c'est une gamine comme les autres. Idiote certes, sur-dynamique également. Difficile. Mais surtout incomprise. Car pour l'heure, ça seule façon d'exister et de foncer, que cela soit dans des gens ou dans des murs. Idiote oui, on vous l'avait dit.

× Anastassia est la cadette d’une famille russe sans grand revenue. Sa mère est femme au foyer tandis que son père enchaîne les petits boulots sans réel espoir. Ils peinent à subvenir aux besoins de leurs deux enfants.

× Des le début, ils n’ont ni gêne ni honte à favoriser leur aîné qui est un garçon. Anastassia est d'ailleurs considérée comme un accident plus qu’autre chose. Ainsi délaissée, son éducation n’a pas été aussi bonne qu’on aurait pût l’espérer, car le peu que les Melnikov possédaient était offert à son grand-frère.

× Des années plus tard, son frère se découvre être un Somnusien. Une sensation de trahison, d’incompréhension. De rejet aussi. Bien que les parents éprouvaient une haine sincère à l’égard des somnusiens, ils étaient près a offrir Anastassia à la place de leur aîné, simplement car ils ne pouvaient pas accepter. Ils ne pouvaient pas tolérer. Pourquoi donc leur cher fils devait-il être un de ces monstres dont le monde entendait parler ? Pourquoi lui, pourquoi eux. Pourquoi pas elle ?

× Evidemment, le gouvernement ne laissa rien échapper. Son frère fut envoyé sur Sajna tandis qu’Anastassia eu droit à une descente aux enfers. Du moins, elle était toujours aussi peu considérée mais ses parents lui rabâchaient à longueur de journée qu’ils auraient préféré que ce soit elle.

× Anastassia délaissée, s’occupe d’elle-même malgré son jeune âge avec grande difficulté. L’école est presque inexistante, son éducation laisse fortement à désirer tout comme ses capacités sociales. Enfant perdue, enfant qui finirait dans les rues.

× C’est finalement à ses seize ans, la première fois que son père leva physiquement la main contre elle. Anastassia qui avait l’habitude de ne pas être considérée, délaissée et dont les maux étaient habituellement mentaux. La première fois et aussi la dernière. Car dans ce coup de poing en plein dans son estomac, c’est un choc soudain. Electrique. Violent. Qui le fait tomber au sol, incapable de se relever.

× « Toi aussi. » Accompagnée d’un crachat alors qu'elle passait la porte de leur habitation pour, elle l'espérait, la dernière fois. Finalement, ils avaient tous eu ce qu'ils désiraient. Chacun d'entre eux.