Putain. Tu te lèves de ton lit et enfiles un pantalon de jogging - tant pis si le couvre feu est passé tu dois aller la rejoindre. Un peu tendu, ne sachant pas encore comment tu vas t'en sortir Arsene. Il fallait qu'elle passe par là à ce moment là, il fallait qu'elle assiste à la scène dont t'as le plus honte. Pas honte parce que c'est arrivé, honte parce que tu sais pas comment gérer la situation, ni ton comportement. T'as encore merdé, et à croire que tu aimes pousser le vice à fond.

Tu prends les escaliers qui mènent au toit et l'aperçois face au vide, cheveux blonds naviguant au vent. Tu papillonnes des cils et déglutis. Avances finalement pour la rejoindre, mais tu t'arrêtes dans son dos, à un bien un mètre de distance.

— « Scar ? »

Tu te racles la gorge. Est-ce que tu serais capable de retourner la situation ? Pas certain d'en avoir envie. Mais cette fois, t'as vraiment la crainte qu'elle se détourne de toi. Qu'elle décide qu'elle en ait marre de supporter tes conneries. Putain Arsene, merde réfléchis !

— « Je sais pas ce que t'as vu mais... non. Je sais ce que tu penses mais c'est tout autre. C'est pas ce que tu pourrais croire, je te jure. »

C'est pas comme vous, c'est pas comme votre promesse ;
C'était juste une énième connerie ; la curiosité le vice la frustration - tout qui s'accumule et aucune volonté pour y résister.

— « Si tu me le demandes je pourrais me mettre à genoux. »

Sourire arrogant parce que tu restes pour l'instant un peu confiant.

Elle n'est pas fâchée - c'est ce qu'elle affirme avant de sauter du rebord. Tu fronces les sourcils quand elle glisse ses doigts entre tes lèvres. Ce n'est pas à cette attitude à laquelle tu t'étais préparé avant de venir. Tu pinces son index entre tes dents, sans vraiment la mordre puis le capture pour le sucer lentement - tendrement.

— « Hm. »

Recules le visage pour te laisser tomber sur les fesses, les bras vers l'arrière pour ne pas tomber. Tu ne te mettras pas à genoux, faut pas déconner. C'est le mieux que tu puisses lui offrir.
Elle ne tarde pas à te rejoindre, glissant ses mains sur son torse, ses lèvres à ton cou. Tu es décontenancé Arsene - un brin confus sur ce qu'elle raconte.

— « Quoi ? »

Tu ne sais pas si tu préfères la version jalouse ou la version libertine. Scarlet alimente le mystère autour d'elle, elle sait y faire. Penaud, alors que tu frissonnes sous le joug de sa bouche en coeur. Tu lui saisis les épaules pour la forcer à te regarder - qu'elle cesse donc de te tripoter comme ça ! Qu'elle dise clairement ce qu'elle pense ! Et Icare n'est pas si mignon que ça, qu'elle redescende un peu.

— « Ok ma belle, c'est quoi le piège au juste ? »

Tu la jauges du regard, et l'expression de ton visage trahit ta méfiance.

— « Tu me fais ta crise de jalousie et maintenant tu m'annonces que ça te dérange pas que je me tape des mecs. »

A sa question, tu grimaces.
Tu sais pas si t'as vraiment envie d'assumer - elle peut bien être la seule au courant, après tout. Tu passes ta main dans tes cheveux pour les plaquer vers l'arrière. Bombes le torse, il s'agirait de rester le mâle alpha quand même.

— « J'sais pas. Je peux pas te dire. Je préfère quand même les fesses et les seins, mais... j'en ai aucune idée Scar. Et j'ai pas envie d'en parler. Pas maintenant. Parce que ça compte pas ! »

Tu la toises, sévère.

— « Est-ce que ça veut dire que t'as le droit de te taper des filles ? »

Y'a pas de piège. T'es pas convaincu parce qu'avec toi y'en a souvent et t'as du mal à imaginer qu'une fille soit si ouverte que ça. Toi, t'es pas sûr que tu le serais. C'est étrange (mais pas désagréable). Tu ricanes, moqueur quand elle énonce les menaces et hausses les sourcils, étires un rictus.

— « Message reçu. »

Tu ne comprends pas pourquoi elle accepte tout ça, pourquoi tu n'as pas du te défendre davantage en alignant mythos sur mythos pour t'en sortir et te faire pardonner. Scarlet est une fille spéciale - tu l'as toujours su. C'est peut-être pour ça qu'elle t'attire autant.

— « Je suis sur le cul. Et pas qu'au sens littéral. Je m'attendais à ce que tu me rejettes, à devoir faire des pieds et des mains pour que tu me reprennes. Mais non, aucun effort à fournir. »

Tu relèves le menton, impétueux, viens choper le sien pour qu'elle te regarde de haut et souris. L'embrasses sans attendre de réponse et murmures à ses lèvres.

— « Moi ? Tomber amoureux ? Tu délires. »

Tu ne penses pas à quel point cette phrase peut lui faire mal. Tu dis ça comme ça, parce que tu dis toujours ça comme ça Arsene. En réalité rarement pour blesser - et c'est souvent pour ça que tu blesses le plus souvent.

— « Pas très féministe tout ça. Mais moi tu sais que ça me va. J'ai pas spécialement envie de te voir avec quelqu'un d'autre. Quoiqu'une fille, si tu l'invites. »

Tu lui tires la langue. Loupé.
Papillonnes des cils lorsqu'elle aborde un sujet plus houleux. N'était-ce pas elle qui s'était convaincu de l'inverse ? S'était-elle résignée ?

— « Mais si tu restes avec moi t'auras pas besoin de partir. Je serai à la tête de cette île, puis du monde. Les somnusiens marcheront sur le reste du monde. Tu seras libre quand j'aurai le pouvoir, Scar. »

T’as qu’à tomber amoureux de moi.
C'est bien tenté de sa part. Si seulement elle savait que t'es amoureux d'elle depuis la primaire. Hm. Mais maintenant c'est trop tard... ou plutôt l'attente en valait la chandelle. Tu préfères lui cacher tes sentiments pour profiter (abuser) des siens sans complexes. La liberté qu'elle t'accorde est un jeu dangereux dont tu vas flouter les règles, Arsene. Parce qu'elle s'est éprise d'un véritable tricheur et à quoi bon avoir peur de perdre quelque chose qui revient toujours à tes pieds ? Scarlet le boomerang, c'est comme ça que tu devrais l'appeler.

Ricanement railleur du bout des lèvres, tu soupires d'aise quand elle s'installe un peu plus sur ton bassin. La courbure de ses fesses bien dessinées te laisse pas sans réaction et ton corps agit, simplement. Sentir ses ongles dans ta nuque t'arrache un grondement bestial et fauve.

— « La vengeance hein... »

T'es tellement excité que t'as du mal à articuler.
Mais tranquille tu déglutis, et enchaines.

— « Tout ce que tu voudras ma belle. »

Tu replaces une mèche de ses cheveux derrière son oreille et ton doigt serpente jusqu'au cache-oeil, que tu enlèves délicatement. Observes son oeil de verre sans faire de commentaire. Tu restes de marbre, n'ayant plus l'ombre d'un sourire sur le visage.

— « Et ton camp ? Qu'est-ce que vont penser tes camarades, ceux qui croient en toi pour les guider hors d'ici ? Tu vas les trahir pour moi ? »

Tu chopes ses cheveux brutalement pour tirer sa tête vers l'arrière, plonges ta bouche sur son cou pour l'embrasser sans douceur, passes ta langue de haut en bas jusqu'à son oreille.

— « Tu sais que là tu me donnes déjà le pouvoir. Avec cette déclaration Scarlet tu joues à un jeu dangereux. Je pourrais te faire chanter, te faire tout perdre. Que tu doives m'obéir, pour ne pas que je te dénonce à ton petit groupuscule. »

Sadique, même dans le ton suave que tu prends.

— « Tu fais la maligne maintenant, mais attention si tu veux jouer avec moi. »

Parce que tu triches, mens, et t'es surement pas fair play.

C'est intéressant, bien plus intéressant que tu ne l'imaginais. Scarlet serait donc prête à jouer double jeu. Tes yeux lancent des éclairs, ils brillent aussi de malice et de désir à son égard. Tu te fais la réflexion, que pour une fille qui n'a couché qu'une seule fois - elle est tout de même bien renseignée sur ce qui pourrait lui plaire ou non. Putain, ça te fait vibrer sur place.

Tout en tenant fermement sa chevelure, tu l'écoutes parler. Ce qu'elle dit est censé et tu grognes, presque vexé d'avoir été dupé à ton propre jeu. Il n'empêche que malgré sa confiance en elle, elle n'en reste pas moins vulnérable - prise dans le filet d'une toile que vous avez tissé à deux.

— « Créer des problèmes, hein. A croire qu'on s'assemble bien. Je suis donc condamné à devoir rattraper derrière toi pendant que tu t'amuses ? Fair enough, je m'amuserai de mon côté. »

Tu embrasses ses lèvres sans prévenir, et recules brusquement la tête avant qu'elle ne puisse répondre, lâches ses cheveux pour lui laisser le loisir de se redresser. Tu roucoules à sa nuque et murmures.

— « Maintenant ? Ici ? »

Tu glisses tes mains le long de son dos, remontent mais cette fois sous sa chemise. Les uniformes féminins sont vraiment les plus beaux - y'a pas à dire. Tu griffes sa peau alors que tu t'allonges sur le sol, la maintenant assise sur toi.
Les doigts font le tour du bassin pour se plaquer sur son ventre, serpentant jusqu'à sa poitrine.

— « Si quelqu'un monte, ça sera gênant pour toi. »

Car ce n'est jamais gênant pour moi.

Tu ne l'as jamais vu aussi confiante, aussi sûre d'elle - dans ce domaine là. Cependant, c'était à s'y attendre et c'est pour ça qu'elle te plait autant. Tu aimes ce côté femme fatale qu'elle se donne, indomptable louve aux crocs bien acérés. Si elle est le loup tu es le berger, Arsene. Et rien ne saurait dénaturer ton jardin comme elle l'appelle car toutes ces brebis sont tiennes et que l'étrangère à ton monde, c'est bien elle.

— « Je suis tien, à la seule condition que tu demeures mienne. Est-ce un pari équitable pour toi ? »

Tu glisses tes mains dans son dos pour la garder positionnée à cheval sur toi, avances ta tête pour la nicher dans le creux de sa poitrine. Tu déboutonnes avec les dents son chemisier et passes ta langue sur le haut de ses seins, dans un soupire bruyant, avide. Lascif.
Elle ondule tel serpent sur ton corps - jeune adulte en perdition et t'es esclave de tes hormones.

— « Depuis quand t'es devenu aussi entreprenante ? Depuis quand t'es aussi bandante, même ? »

Tu te mords la lèvre, souffles à ses lèvres et t'allonges de nouveau. Pour cette fois, tu vas la laisser se débrouiller, l'accompagnes tout de même alors que tu entreprends de lui ôter son bas pour passer aux choses sérieuses.

***

Essoufflé, tu la fais basculer sur le côté pour te redresser, alors que tu passes une main dans tes cheveux, un peu humides à cause de la transpiration.

— « Putain. »

Tu caresses la courbe de ses hanches du bout des doigts.

— « Je t'aime autant que les choses risquées. »

Le principe d'avoir mis quelque chose derrière le "je t'aime" le rend moins important, moins impactant - plus sujet à être pris sur le ton de la rigolade ou de la légèreté. Tu fronces les sourcils quand elle te déclare sa flamme. Ça te coupe la respiration et tu détournes les yeux, un brin gêné. Tu te racles la gorge, embêté et ricanes nerveusement.
La suite de la phrase est murmurée à ton oreille et t'arrache un soupire. Tu relâches la pression, Arsene parce que même si tu l'as pensé pendant des années, t'es pas du tout prêt à le verbaliser.
Peines à y croire, aussi - mais ça c'est encore un autre sujet.

— « Non, laisse ton chemisier ouvert. »

Sourire en coin et tu remets ses cheveux comme ils étaient, c'est à dire un peu décoiffés, un peu en bordel. Elle est bien plus belle comme ça, au naturel - sauvage comme après l'orage. La tempête, c'est toi Arsene.
Tu places tes bras derrière ta tête pour la surélever légèrement tout en restant allongé. Tu l'observes chercher du regard ses affaires et alors qu'elle replace son cache-oeil (se cache, encore, ça t'énerve) sa demande implicite te fait arquer un sourcil.

— « Quoi ? »

Tu rougis un peu et tu te crispes un peu. T'avais pas spécialement prévu d'aller pécho des gars à la pelle et tu sais pas encore comment réagir face à tes propres actions, tes sentiments les plus enfouis. Ce que t'a fait Icare, t'hésites entre trouver ça dégueulasse et terriblement excitant.

— « Je vois. Ouai, si tu veux. »

Tu te redresse sur tes coudes, sérieux.

— « Pourquoi, tu veux mater ? »

Tu ne la comprends pas dans ces moments là. Il était hors de question pour toi de la partager et pourtant elle t'octroyait le droit d'aller voir ailleurs. Peut-être que la solution Arsene, c'est de ne pas chercher à comprendre et juste de suivre le mouvement. Si ses désirs sont de satisfaire les tiens, tu peux qu'accueillir l'idée avec un rictus confiant. Abusif Arsene, quand tu embrasses son nez tout guilleret, sans même remettre en question la toxicité de votre relation.

— « J'aime cette curiosité malsaine. Entendu cheffe. Cependant... »

Tu fronces les sourcils, sérieux pour le coup. Tu ne lui laisses pas vraiment le choix.

— « Je continuerai de flirter avec des filles devant tout le monde. Je n'irai pas au bout mais je ne veux pas qu'on me questionne, ni qu'on se doute que je sois dans une relation sérieuse. Les mecs... j'assume pas encore totalement. Je suis pas une fiotte, moi. »

Tu te racles la gorge.

— « Alors va pas agresser toutes les meufs à qui je tape la bise. Je dois faire semblant d'avoir des plans culs. »

Tu étires un sourire carnassier et te pointes du pouce.

— « Le mec que tu kiffes a son harem, désolé pas désolé. »

Tu perds ton rictus lorsqu'elle enlève son bandeau, te questionnes vis à vis de son oeil de verre. Tu hausses les épaules.

— « Pourquoi ça me dérangerait ? C'est pas comme si tu avais un trou à la place de l'oeil, là c'est un faux mais c'est réaliste. »

Tu effleures sa joue puis la forces à se retourner pour la chevaucher, plaques une main à côté de son visage pour tenir en équilibre.

— « Et le cache oeil te donne l'air d'un pirate, c'est drôle de te tailler dessus. »