C'est quelque chose que personne peut te retirer : ton artefact. Et c'est d'autant plus crédible quand on te sait rangé dans la case des musicos. Puis t'en depasses trop pour ne pas être visible, avec ta basse dans le dos.
Le problème ? T'as toujours le nez fourré sur ton tel. Probablement accroc aux likes, accro à la notoriété et à la reconnaissance qu'on te refourgue après tes videos. T'as ce sourire mièvre, rêveur sur les lèvres, et tu fais pas attention quand ton épaule pousse non sans force celle d'un autre. Tu relèves le nez pour aviser la victime, ton excuse au bord des lèvres et...
Ton regard se refroidit en le voyant. - Sérieux, tu peux pas mieux regarder, princesse ?
C'est un surnom stupide que tu lui as donné lorsque vous sortiez ensemble. Quelle belle connerie il t'a pris de le vouloir dans ta vie. Now, quand tu regardes ce que ca donne, t'as la nausée. Et ca t'énerve. Ca te prend aux trippes, tes pupilles se dilatent, tu te refroidis, la main sur le tel mais avec la violence en le ceinturant. Tu vas p't'être le casser à le serrer comme ça.
- Ah j'oubliais, le président se croit tout permis ici, hein pas vrai ?
Et en plus, il avait fallu que vous ayez cours ensemble. Sans chercher à comprendre, tu le repousses avec cette méchanceté dans le geste, cette insolence immature dont tu sais faire si bien faire preuve et dont tu te targues si fièrement. En prime de ce reniflement dédaigneux, le regard coulant de haut sur sa petite silhouette haineuse.
note : les couleurs de ses dialogues sont le reflet de ses émotions. Ici en gris : indifférent ; en rouge : kolaire.
Tu assistais à tes cours. Avec la plus grande attention. T’étais pas vraiment le genre à sécher ou rater un cours, même malade tu t’arrangeais pour venir ou les rattraper. Alors quoi de plus normal pour toi d’être dans les couloirs pour rejoindre le prochain. C’était juste une journée comme les autres à tes yeux.
Certes, t’attirais pas mal les regards dans le couloir. Depuis que t’étais président du conseil c’était encore pire. Et t’aimais pas vraiment ça. Tu préférais laisser Arsène ou les autres faire les mecs devant les foules. Toi t’es bien tranquille dans ton coin. T’as pas besoin de l’attention de tout le bahut. Encore moins de groupies.
Tu fais des sourires à droite et à gauche. Tu salues vaguement les élèves qui t’appellent où te font un signe. Epuisant ce boulot de président. Même en dehors de ton bureau on refuse de te lâche. Mais quelle vie.
Ce qui devait arriver dans cette marée de gens arriva. Ton épaule percuta celle d’un autre. Tu relevas les yeux, toujours le sourire aux lèvres. A deux doigts de t’excuser. A deux doigts de faire connaissance avec cette personne. Et puis tu le vois. Lui.
Bien évidemment. Il fallait que ce soit l’agité de la bande qui te rentre dedans. Ton erreur de parcours. Celui que tu regrettes d’avoir rencontré. Mais bon, c’est comme ça, il fallait faire avec les regrets et les erreurs. C’est la vie.
Je m’excuse Matthew. Je préfère le faire à ta place. Je ne m’attends plus à rien de ta part de toute façon.
Depuis combien de temps ne l'avais tu pas appelé par son surnom? Des années. Depuis la rupture. Tu gardais cet air distant en prononçant son prénom complet. Tu lui lances un sourire neutre, tout en gardant ton visage impassible.
Je ne me crois pas tout permis. La preuve. Je m’excuse. En attendant celui qui agis comme bon lui semble ce n’est pas le président. Tu ne trouves pas ?
Il te repousse violemment. Comme si tu allais réagir. Tu ne flanches pas. Tu ne montres aucun signe de colère. Tu restes imperturbable. A tel point que ça pourrait être rageant. Tu te contentes de le dévisager. Un léger sourire sur les lèvres. Comme si de rien était. Alors que pourtant, au fond de toi, tu ne voulais vraiment pas le croiser lui.
Tu l'as mauvaise en l'entendant déblatterer des excuses minables qui n'ont de sens que pour les ignares autour de vous. Ca te fait tellement vriller que ton sang ne fait qu'un tour dans le corps. Il est sérieux à faire montre d'autant de douceur alors que vous pouvez plus vous supporter ? Et puis, qu'est-ce que tu as à être aussi en colère après lui ?
- J'agis comme bon me semble, c'est vrai, j'ai le don d'assumer mes conneries et les bourdes de mes potes, et toi princesse, tu sais protéger tes proches ? Attend, laisse, tu vas me sortir le légendaire "j'ai changé".
Minus comme il est, tu ne comprends pas son raisonnement. Qu'est-ce qu'il foutait chez les populaires et par extension, au conseil. Président par dessus le marché, c'était le comble à tes yeux. Au final, t'as avancé d'un pas mais t'as dû t'arrêter pour le siphonner du regard, tempête orageuse dans tes iris grises. La douceur dont il fait preuve t'écoeure, t'as l'impression qu'il se contient de tout son être. Et ce sourire arrogant et ingrat qu'il arbore dans une provocation douloureuse. T'as le poing serré Matt, t'es à deux doigts d'en venir aux mains ; pour changer d'ailleurs.
Mais au lieu de ça, tu lui fais face, il a bien suscité et ta curiosité et ton respect succinct, dont le revers de veste se fait très vite ressentir quand tu lui réponds :
- Dis-donc, tu leur as dit à tous pour toi et moi ?
Ca serait problématique ; ca ferait même peut-être polémique. Pas que l'homosexualité soit un problème, mais c'est encore difficile pour certains. Pour "l'image". D'autant que un ancien rebelle avec un futur président du conseil, c'est pas ce qu'ils attendent de vous. Ils aiment vous voir briller mais en vérité, ils attendent qu'une chose : que vous vous effondriez, pour mieux prendre vos places de leaders, et se gausser sur vos carcasses déchues.
Pourquoi il fallait toujours qu’il soit de mauvais poil ? Toujours en rogne celui-là. Jamais un sourire. Le sang chaud. Bouillonnant même. A deux doigts d’exploser à chaque instant. Il a pas changé. Toujours la même brute sans cervelle. Vraiment une connerie de jeunesse. Mais il était trop tard pour regretter le passé maintenant. Comme il disait. Fallait assumer. Et t’étais prêt à le faire. T’es juste pas trop à l’aise avec les dramas et les actus people. T’aimes vraiment pas être sur le devant de la scène.
Et tu penses que je suis au conseil pour faire quoi ? Pour protéger tous les élèves d’ici. C’est mieux que d’agresser toutes les personnes que je croise dans un couloir. Soupir de lassitude. J’espère que je n’ai pas changé franchement. Toi par contre t’es toujours le même. Violent et rageux comme avant.
Tu ne pouvais pas lui enlever le chemin qu’il avait accomplis. Finir chez les artistes avec son caractère de chien. C’était déjà un exploit en soit. Il a toutes les qualifications de base pour finir chez les rebelles. Si c’était pas pour son artéfact et son talent pour la musique. Il aurait eu droit à un allé simple chez les excités du bocal.
Il a la haine, ça se voit. C’est dingue. Depuis tout ce temps il veut toujours éclater tout ce qui bouge. Il aurait pu se calmer, au moins un peu. Même pas. Fidèle à ses poings. C’est ça son problème. Toujours coincé dans le passé et dans la colère. S’agirait de grandir un jour Matthew. Tu pourras pas rester une brute sans cervelle toute ta vie.
Contrairement à toi je ne cherche pas à m’afficher. Et on était des gosses Matthew. Faudrait peut-être que tu passes à autre chose non ? T’as pas l’impression d’être coincé avec ta rancune là tout de suite ?
Un nouveau soupir. Si au moins il faisait quelques efforts, il pourrait devenir un gars bien. Quelqu’un de cool. De fidèle et protecteur. Tu ne peux pas lui enlever ça. Il était proche de ses amis. Mais son côté franc et sang chaud venait tout gâcher. Tu te demandes parfois s’il a conscience de ce qu’il fait, de ses réactions.
Tu pourrais être quelqu’un de bien. Si seulement t’arrêtais de faire le mec con.
Tu venais de sortir cette phrase de manière tellement chill. De façon tellement détendue et relaxé. C’était comme une évidence. Juste un conseil d’ami. Il n’y avait aucune animosité en toi. Pas une once de colère. Tu venais juste de dire tout haut ce que tu pensais tout bas. Tu venais juste d’être totalement franc.
T'allais passer outre, avancer, l'oublier. Après tout, c'est qu'un déchet, un oubli. Une erreur, une épave, isn't it ?
Tu devrais continuer ta route alors, Matt, qu'est-ce que tu fous là ? Pourquoi tu continues, pourquoi tu décides, tu daignes même te retourner pour lui attribuer ne serait-ce qu'un degré de crédit, pourquoi ?
Sa gueule de petit ange t'horripile, ca te rappelle toujours à tes souvenirs maudits.
- A qui la faute ? Et de souvenir, t'avais pas l'air de détester mon côté passionné....
Petite boutade des familles avec qui tu peux partager allégrement ce genre de chose. Les Ex ont toujours fait parti de ton intimité, non ? Même si dans le fin fond de ton être, tu le sais que Sacha était le seul. Les autres, c'était l'affaire d'une nuit, et encore... T'as pas tant que ça consommé.
T'es juste un pro du lèche-vitrine, no ? La suite de ses propos te rend dubitatif. Sacha n'avait pas changé d'un pouce, à l'exception faite que maintenant président, il voulait faire rimer sa philosophie avec patience, compréhension et fiabilité. Ca t'écoeure. T'as l'impression qu'il fait semblant. Mais c'normal, quand tu prends un rôle important, tu dois le jouer. Un point c'est tout. Et ton blond d'ex portait ces chaines au poignet depuis qu'il avait décidé d'agir pour l'école.
Tu sais même pas si tu approuves ou l'inverse. Mais en revanche, ses dernières paroles te boulevèrsent un peu. Ca te remue tellement les tripes que t'as envie de rendre la pareille. De récidiver.
Alors, tu te rapproches de lui et tu l'agrippes par le poignet pour le trainer hors du couloir, hors de la vue d'autrui, dans une aile clairement peu utilisée. Tu le plaques contre le mur et tu l'emballes, comme ça, sans prévenir, avec ce petit sourire arrogant, cette effronterie qui en dit long sur ton je-men-foutisme face aux conséquences. Mais si tu le fais, c'bien parce qu'il avait été gentil avec toi, non ?
Under the same sky, at the same time, at the same place we’re probably seeing other people We were too young and didn’t understand love. I wish you happiness, Now goodbye goodbye
Il part, pour mieux revenir en suivant. T’avais pas changé non plus Matthew. Avec ta fierté et ton côté borné. Mais on le partageait ce côté borné. Ce côté qui nous oblige à rester campé sur nos positions. Comme des enfants. Comme des aveugles. Alors tu peux pas lui en vouloir. Non ce qui te dérange c’est son côté brut, son côté bourrin et le fait qu’il cherche la merde avec la première personne qui te regarde de travers.
C’est pas ton côté passionné le problème. Le problème c’est que tu t’embrouilles avec tout le monde Matthew.
C’est peut être rien pour lui. Mais à tes yeux, encore plus avec ta nouvelle position. C’est quelque chose que tu peux pas accepter. Un défaut sur lequel tu ne peux plus fermer les yeux. Si seulement t’étais pas aussi violent et sang chaud Matthew. Mais les regrets t’as appris à vivre avec. Ils font partis de ta vie et de ton existence. C’est comme ça, t’y peux rien. Tu peux juste avancer. Toujours, droit devant toi.
Franchement, parfois sa musique te manque. Tu te souviens de vos soirées à danser toute la nuit. La danse, ton péché. Celui que tu n’assumes pas. Et pourtant Matthew sait à quel point tu aimes ça. Alors oui il a un bon fond, mais ça reste un type dur à cerner. Il reste lui-même. Une brute avec un cœur. Dommage que tu n’ais pas un peu changé Matthew.
Tu penses qu’il en a eu assez. Qu’il a eu sa dose de colère. Qu’il a pris sa cam et qu’il va te next, comme d’habitude avec lui. Tu soupires, tu vas presque arriver en retard à cause de lui. Mais ça dérape, t’avais pas prévu la suite. Tu pouvais même pas la prévoir en fait. Il t’attrape pas le bras, t’entraîne loin de la foule. Tu te fais entraîner malgré toi, trop surpris pour réagir. Tu clignes à peine des yeux, sans vraiment comprendre ce qu’il se passe.
Il te plaque dans un couloir non loin de là. Plaque contre le mur. Avant de retomber dans le passé. Comme à l’époque. T’es trop sous le choc pour réagir. Tu te laisses faire, te demandant si tu vis pas un rêve, ou juste un cauchemars.
Tu parviens à reprendre tes esprits. Tu veux pas, ça va trop vite. Il change trop vite. Tu voulais qu’il change mais pas comme ça. Tu le repousses, assez pour le faire comprendre. Assez pour lui mettre un stop, tu plonges ton regard dans le sien. Tu le dévisages, l’air calme et tranquille. Comme si de rien était. Alors que ton âme est encore bien agitée par ce qu’il vient de se passer.
Qu’est-ce que tu me fais Matthew ? Tu débarques en me provoquant puis ça ? Tu veux quoi de moi ? Franchement.
Tu dis les choses calmement. Comme elles sont. Sans être froid. Tu exposes juste un fait. Tu n’es pas contrarié. Juste dans l’incompréhension.
Tu me laisses tomber puis tu reviens des années après comme si de rien n’était ? Tu me prends pour quoi Matthew ? Un objet jetable ?
En vérité, si tu t'attendais qu'il réagisse, tu t'imaginais l'image d'un jeune blondinet dans le recul véhément face à l'acte. Mais au lieu de ça, il s'est laissé faire. L'espace d'une très courte seconde. Okay, peut-être que ce n'est lié qu'à la surprise mais toi, t'es perplexe. Tu le regardes enlisé dans ses pensées, au bord d'une réplique, que tu attendais. Oh ouais, tu l'attendais, t'as toujours attendu la confrontation Matt, t'es comme ça, t'es chaud bouillant, les petites frappes qui adorent tout lâcher dans la vulgarité et la violence, ca te ferait presque bander. Etre trash, pour toujours avoir un train d'avance.
Mais t'es en retard, là. C'est toi qui traînes la patte et tu sais pourquoi ? Parce que tu joues à un jeu dangereux, tu l'inities et tu te plantes lamentablement. Les paroles de Sacha n'ont pas d'impact, tu fais ce que tu veux :
- Tu sais bien que si je veux te reprendre, je ferai tout pour ça. ... et tu sais que je préfèrerai que tu t'énerves sur moi et que tu éclates ta fureur plutôt que tu ne te laisses faire. ... j'aimais royal nos courses dans le temps, j'aimais notre rivalité. ... et la passion derrière.
Ces jeux de regard fourbes, à peine assumés, ces désirs inavouables, ces plaisirs coupables. Mais même si le caractère du blond était doux, dans le fond t'avais la sensation qu'il ne t'était toujours pas sincère. Et c'est là que tu te rétames, parce que tu pensais t'en foutre. ... Et en fait non.
- Tu veux que je te dise ce que je veux ? Que tu sois de mon côté.
Tu penches la tête sur le côté, ce petit sourire en coin ; dieu seul sait que t'es pourtant hyper sérieux, pas sûr que sacha le comprenne en dépit de vos longs mois de relations. Mais à le regarder de la tête au pied, t'as pas pu t'empêcher de te pincer les lèvres, de les humecter dans cette envie de replonger. Alors. Tu fais un pas en arrière, le menton levé. Le regard froid ; c'est mieux non.
- ... Pourquoi tu m'insultes pas. Pourquoi tu prends tout sur toi, tu t'es pris pour mère thérésa ? ... ... tu sais ce qui m'énerve le plus chez toi en vérité ? Je vais te le dire. Tu veux être pote avec tout le monde. Tu veux pas que tout le monde t'aime, non, ca tu t'en fous, mais si tu peux faire ami-ami avec tous les camps, ca passe. Mais le monde est scindé en deux : t'as les anges et t'as les démons. Et ca me déplait que tu traites avec les deux. .. pourquoi tu m'as pas choisi. C'pas moi qui t'ai largué, c'est toi. Tu te souviens ... ? T'as pas vraiment apprécié la voie qui m'attendait.
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En vérité, tu comprends rien Matthew. Tu vois rien. T’as jamais rien vue. C’est incroyable. Vous vous connaissez depuis combien de temps ? Et t’as toujours pas compris comment été Sacha ? T’es un beau brun mais pas très futé. Ou alors tu refuses de voir. T’es dans le déni. Tu sais la réponse, tu la connais. Mais tu veux pas la voir, tu veux pas l’assumer. Alors tu joues au con, tu fais le mec, tu donnes des coups. Tu cherches à attirer l’attention sur toi. Pour oublier. Pour ne pas avoir à y penser. Tout ça pour ça.
Tu captes que dalle Matthew. T’as jamais rien capté. Je suis comme ça. Je suis pas comme toi, à péter un câble pour tout et pour rien. Franchement, j’aimais aussi cette époque. Elle me manque. Mais le souci, c’est qu’on est plus des gamins. On peut pas juste continuer à faire les ados.
Tu ne t’énerves pas. T’en as pas envie et tu ne peux pas de toute façon. Tu ne lui en veux pas au final. T’as plus de peine qu’autre chose. T’as de la peine de le voir si aveugle. De le voir galérer à comprendre. D’être autant aveugle.
Et je suis de ton côté. Mais t’es trop occupé à chercher la merde, alors tu le remarques pas. Pas vrai Matthew ?
Tu n’as même pas la force de soupirer. T’es juste blasé. Blasé à la Sacha. Avec le visage impassible, rien qu’un léger sourire triste. Un sourire peiné. C’est triste Matthew, vraiment. T’es un bon gars, tu l’aimes bien. Encore aujourd’hui t’arrives pas à le détester. C’est vraiment dommage d’en arriver là. Sincèremement.
C’est simple. Je suis comme ça. J’ai toujours été comme ça et je le resterai. C’est mal d’être calme ? C’est mal de vouloir le bonheur des autres ? Si pour toi la réponse est oui, alors tu me déçois Matthew, vraiment. Tu soupires. Tu t’entends parler ? Le monde est pas juste blanc ou noir. Et bien sûr que j’appréciais pas cette voie. Bien sûr que je continuer de pas l’apprécier. Tu penses que ça me fait plaisir de te voir t’enfoncer comme ça ? De te voir foncer droit dans le mur ? Mais tu m’écoutes pas Matthew, tu m’as jamais écouté. Pour toi je suis une « princesse » un « naïf ». J’suis qu’un gars paumé pas vrai ? Alors continue sur ton chemin. Trace ta route de con si c’est ce que toi TU veux.
Le ton monte. Ca te saoûle. Qu'il te juge c'est une chose mais des fois il dit de la merde. Evidemment qu'on t'aime pas beaucoup dans le coin, et évidemment que tu étais un sale garnement tu le savais pertinement. Encore heureux que tu baignais pas dans la drogue ou l'alcool ; même si la tentation était grande. Mais à quoi ca te servirait de te doper quand t'es à peine à trainer la patte dans les jeux de sports tandis que ta came à toi, c'est la musique. Il n'y avait que ça qui comptait à tes yeux. Sacha le sait. Il l'a toujours su.
Tu te rappelles pourquoi tu as aimé Sacha. Un ange, tombé du ciel. Toujours présent pour les autres, toujours doux et soucieux mais à la fois inébranlable et inatteignable. Qu'est-ce que t'as bandé quand t'as réussi à l'embrasser la première fois. Pourtant, vous êtes quoi maintenant. Pas des amis, certainement pas des amis. La relation était trop toxique pour ça. Tu veux bien croire que c'est encore ambiguë mais est-ce qu'il faut que ça cesse. V'là la question qui te taraude tout le temps now. Lorsqu'enfin il avoue être de ton côté, tu demeures circonspect, le visage bas, les yeux qui se lèvent des fois pour l'observer. Ptn, tu fous quoi à t'enliser dans des réflexions. ... Comme si t'allais changer. Pourquoi tu changerais de toute façon. Alors qu'il t'a quitté. Il aurait pu te soutenir par le passé, il l'a pas fait. C'était la seule chose que tu lui demandais.
Subitement, tu préviens pas. Tu sais que Sacha peut esquiver ; tu sais aussi qu'il le fera pas. Parce que t'as jamais été violent avec lui ; t'es un connard avéré doublé d'une brute mais t'es certainement pas mauvais. Peu importe, tu lui prends le visage entre tes mains, tu le regardes droit dans les yeux, en recherche de cette confrontation visuelle, tu veux qu'il te voit, qu'il te regarde droit dans les yeux, que ses prunelles d'un bleu acier trempe dans ton gris orageux et tu lui dis d'une voix assez grave, sérieuse, dans un souffle profond parce que si lui il s'en fout, toi ça te prend aux tripes :
- La seule chose que je voulais, c'était que tu ne t'éloignes pas à cette période. C'est tout ce que je te demandais. Je t'aimais.
Au lieu de lui rouler une galoche, tu lui embrasses le front. Peut-être que t'as encore des sentiments, t'y peux rien ça se chasse pas comme ça, même des années après. Vous reviendrez jamais ensemble, c'est un fait, mais il y a des sentiments houleux qu'on efface pas.
- Tu m'as brisé le coeur, Sacha.
P'tit sourire en coin. Puis tu baisses les yeux, tu le relâches. C'est mieux de s'en tenir là, non.
Under the same sky, at the same time, at the same place we’re probably seeing other people We were too young and didn’t understand love. I wish you happiness, Now goodbye goodbye
C’est pas le cas Matthew ? En ce moment même. Pas plus tard que tout à l’heure. Dans le couloir. C’est pas toi qui l’a insulté de nulle part. C’est pas toi qui l’a trainé dans ce couloir de force ? C’est pas toi qui se veut blessant et en colère ? Si ce n’est pas de la colère. Alors qu’est-ce que c’est Matthew. Tu aimerais lui poser la question. Tu aimerais voir sa réaction.
Tu connaissais déjà la réponse. Tu savais déjà. Tu savais déjà que c’était plus fort que lui. Qu’il était comme ça. Point. Il a toujours canalisé son énergie dans le sport et la musique. T’as toujours admiré ce côté sans peur qu’il avait. Cette force de toujours foncé tête baissée. Sans se soucier des conséquences. Cette force de tout donner pour sa passion.
Mais ça suffit pas d’être fort. Il faut savoir pardonner. Il faut savoir ouvrir les yeux. Il faut savoir assumer. Et tu n’as jamais cherché à le faire Matthew. Pas à un seul moment. Pas une seule fois tu ne t’es demandé pourquoi Sacha es partis. T’as jamais remarqué ce côté violent, ce côté dur dans les mots, dans les gestes. T’es trop direct. La passion c’est bien. Quand elle ne blesse pas les autres. As-tu seulement regretté Matthew ? Une seule fois ? Rien qu’une ?
Probablement pas. Il continue sur sa lancé. Il comprend pas. Il refuse de comprendre. Il t’attrape le visage. Il te tient fermement. Tu t’attends à tout mais tu ne bronches pas. Tu restes impassible. Tu l’écoutes, tu l’écoutes tout te reprocher. Encore. Tout est ta faute. Pas une seule fois il ne se remet en question. Pas une seule. Tu avais ta réponse Sacha. Tu le savais déjà. Mais cette confirmation provoque un pincement dans ta poitrine. Une douleur lancinante au niveau du cœur. T’avais ra ison Matthew, t’as pas changé, pas du tout. Toujours fidèle à toi-même.
Tu ne m’as jamais écouté Matthew. Je devais juste voir la personne à laquelle je tiens ce détruire petit à petit sous mes yeux ? Tu voulais que je ferme me gueule ? Que je reste sagement là sans rien dire ? C’est ça pour toi aimer ? N’en avoir rien à carrer de tout du moment que l’autre reste ?
Tu comprends vraiment rien Matthew. Tu aimerais lui dire tellement de chose. Tout lui expliquer. Tout déballer. Mais tu n’en as pas la force Sacha, tu n’as plus la force. Une larme, une seule, coule le long de ta joue. Tu verses une larme de trop pour lui. En souvenir de cette époque Matthew. En souvenir de nous. Pas un seul jour après leur rupture. Tu n’as pas vécu un seul jour sans culpabiliser. Tu t’en voulais. Toi, tu n’en dormais plus la nuit. Peux-tu en dire autant Matthew ? Peux-tu le regarder droit dans les yeux et dire la même chose ? As-tu culpabilisé ? Rien qu’une fois ?
Désolé Matthew. Désolé de tout faire foirer. D’être moi-même. Si tout est ma faute, je souhaite que tu le trouves ton bonheur Matthew.
Tu es si terrible Sacha. Si horrible. T’as beau faire de ton mieux. T’as beau essayé d’être là. C’est jamais assez pas vrai ? C’est pareil avec toutes les personnes qui te sont proches. Elles finissent toutes par être déçues.
T'avais en rien envie de l'entendre. Autant se défendre d'un inverse qui ne te sied pas. T'as le coeur gros, tu le détestes, il te saoule avec sa bouille d'ange, ses beaux yeux verts et sa bouche en coeur, mais toi ce que tu veux : lui fracasser la gueule. Ca te met hors de toi, son altruisme condescendant, c'est comme si toi t'étais dans l'ombre et lui la lumière, c'est comme si LUI représentait la part de gentillesse et toi la méchanceté.
Et cette manie de tout prendre sur ses épaules, ca t'insupporte doublement, tu bous, tu inspires et tu expires, avec les narines, et t'as ce doigt qui apparait et qui pointe tout à coup la poitrine de Sacha, tu le touches fermement au niveau du coeur, tu réitères le geste encore une fois et cette fois-ci ta voix se fait moins douce :
- Arrête ça ! C'est du bullshit, tu t'en as rien à carrer de moi, tu voulais pas m'voir me casser la gueule, bah ca s'est fait et t'étais même pas là pour l'atterrissage. T'es président pour te racheter une conscience ? T'es mieux là où tu es ? peut-être que t'arriveras cette fois-ci à amortir certaines chutes, n'est-ce pas ? Comme celle de ta soeur par exemple ?
Tu ricanes. Tu renchéris, (im)pitoyable.
- Et ne t'avise surtout pas de me menacer à son sujet, je suis de son côté, c'est une rebelle et les rebelles n'aiment pas toute l'hypocrisie et les faux semblant dont vous faites preuve. ... Sacha. Je ne pense pas que tu sois mauvais, mais arrête de vouloir jouer les bons samaritains si après tu ne peux entièrement assumer.
Tu glisses néanmoins le doigt de la clavicule jusqu'au cou... puis au menton, et l'attrape entre tes doigts, tu te rapproches, ton souffle contre le sien, et tes yeux se plantent dans les siens , jonglant d'un oeil à l'autre.
- Chui peut-être encore sous ton charme de belle gueule d'ange mais oublie les excuses. Là, tout de suite... elles servent à rien. " tes mots s'acharnent à vouloir s'ancrer dans son esprit dans un ton tellement hargneux. " C'est gentil de vouloir réconcilier les rebelles avec les populaires, mais faudrait peut-être comprendre d'abord pourquoi on est contre cette prison qu'est cette île. ... Et vous baissez le froc pour montrer vot' cul dans le rêve d'être accepté des autres....
Tu te recules, vif ... mais t'as plus ce sourire arrogant, ni cette colère en toi. P't'être que t'es blasé. Ou trop dépité.
- C'mieux qu'on se recroise pas. Courage pour tes autres histoires d'amour, Princesse.
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Pourquoi il était si sûr de lui. Si borné dans ses propos. Si véhément, si agressifs. Pourquoi vous ne pouviez tout simplement par parler ? Sans cris. Sans hausser la voix, sans gestes brutaux ? Tu ne pouvais pas faire ça Matthew ? C’était trop pour toi ? Se comporter sans haine à ton égard ? Se comporter sans toute cette colère redirigeait contre toi ? Il avait beau dire que tout était de ta faute, à aucun moment tu n’as été blessant ou violent à son égard. A aucun moment. Pas même avant, pas même maintenant. Pouvait-il en dire la même chose ?
Rien à carrer de toi ? C’est bien, je vois que tu avais déjà une bonne image de moi à l’époque. Vraiment tu as ce don pour dire les mots qui font plaisirs à entendre Matthew. Si tu veux croire que je suis un menteur et que je fais tout ça pour moi. Fais donc. Je n’ai pas besoin de me justifier devant toi. Je fais ça pour les autres, parce que je veux qu’ils se sentent heureux. Je veux juste qu’ils se sentent bien. Après tu peux choisir de me croire ou non Matthew. Enfin, visiblement tu as déjà fait ton choix il me semble.
Il continue, sur ta sœur, sur les points blessants. Sur tout ce qui te déchirer, sur les sujets qui te font souffrir.
Pourquoi je devrais te menacer Matthew ? Ce sont tes méthodes pas les miennes. Ma sœur a beau me haïr, ça reste ma sœur. Ma petite sœur adorée, même si ce n’est pas réciproque, je m’arrêterai pas avant de lui offrir le bonheur qu’elle mérite.
Il t’attrape, encore, une nouvelles fois, une fois de plus. Une fois de plus tu sens son souffle contre ton visage. Tu l’observes en silence, prêt à réagir cette fois s’il décide de prendre la liberté d’aller plus loin, seul.
Je suis du côté de personne et de tous à la fois. Mais tu ne me croiras pas. Je cherche seulement à faire en sorte que tout le monde se sente bien, que ce soit ici ou à l’extérieur. C’est tout. Je me fiche pas mal de ces histoires de rivalités puériles entre rebelles et populaires Matthew. Et tu devrais en faire de même.
Il s’éloigne. Dépité, il en assez. Il décide de changer de jouets. Tu te sens utilisés, comme un objet jetable. Et pourtant, lui aussi il a un bon fond. Lui aussi il mérite ton aide. Il a un bon fond, tu sais qu’il peut changer. En bien comme en très bien. C’est quelqu’un de gentil Matthew, tu en es foncièrement convaincu. Alors même s’il refusait ton aide, tu seras là pour le sortir de sa fange.
Dommage. Je voulais te proposer d’aller faire un tour à l’occasion. Comme à l’époque, pour nos petites compets. J’ai besoin de m’échauffer en ce moment.
Au moins tu avais le mérite de bien le connaître, tu savais comment l’attirer sans trop de soucis. Rien qu’en éveillant son désir de compétition. Il ne résistera pas, il ne prendra même pas la peine d’essayer.
Ca te saoule tout ça. Tu renifles, devant sa beauté juvénile. Des fois Sacha, c'est la personnification d'un ange hermaphrodite. Des fois Sacha, c'est la personnification d'un démon élitiste.
Ah fucking shit, tu soupires, tu poses la main sur ton front, tu recules. Un pas, deux. Tu jettes un oeil ailleurs, t'es aux prises d'une foule de sentiments que tu refuses de voir. Pourquoi là maintenant, tout de suite. A chaque fois que t'es confronté à lui, tout s'enflamme.
Ca te saoule tout ça. Tes orbes glissent sur lui, tu peux pas t'empêcher de le regarder de haut. Si haut. Si fort, ton menton lui-même se lève dans un dédain naturel. .. Pourquoi tu peux pas le mépriser longtemps. Pourquoi matt. Parce que tu le sais. Que ce petit con n'est pas un enfoiré, qu'il est bon. Ce sont justes ses manières de faire, sa prétendue douceur qui te font sortir de tes gonds.
Et puis, tu baisses la tête. Pour mieux contempler le sol du couloir, comme s'il pouvait être attrayant aux yeux d'un élève. Tu pouffes de rire devant ton comportement de débile et de lâche. Tu replantes ton regard dans celui de Sacha, tu pivotes habilement sur ton talon pour te détourner de sa silhouette angélique, tu...
Tu te stop, net. Attrapé par les crocs d'un destin fourbe. Tu tournes la tête vers lui, avec ce regard où la lueur joueuse s'invite. T'avais vraiment bien entendu, Sacha te proposait une course ?
- Ah ah ah ... .. Tu te laisses envahir par l'euphorie qui secoue les muscles de tout ton corps. ... Ton sourire est si doux qu'il en est mièvre. ... etfaux. Puis il disparait.
- Si tu veux. Viens.
Tu lui montres le chemin, vous marchez côte à côte. Tu l'avises de nouveau, en gage de bon souvenir :
- Mais sans nos pouvoirs respectifs, ca me changera des nombreux win que je n'ai pas eu.
Under the same sky, at the same time, at the same place we’re probably seeing other people We were too young and didn’t understand love. I wish you happiness, Now goodbye goodbye
Son visage semblait passer par toutes les émotions possibles. Colère, haine, incompréhension, doute, ressentiment, regrets. C’était si lui. Si Matt. Il semblait torturé en permanence. Presque autant que toi. Presque aussi paumé l’un que l’autre, peut-être que c’est pour ça que vous vous étiez rapprochés il y a de cela bien longtemps maintenant. Juste quelques années, qui semblaient déjà bien loin.
Il te fait son cinéma, son regard de hauts suivis de son tournement de talons. Il se détourne. Il s’éloigne. Il s’arrête. Forcément, tu avais beau soupirer face à son comportement, tu savais très bien quel genre de réactions il allait avoir. Surtout face à ce genre de propositions. Face à cette demande qui lui était impossible de refuser. Malgré lui ou non.
Tu le remarques dans ses yeux, cet éclat, ce bref moment d’excitation. Ce moment où l’adrénaline apparaît d’un coup, où les muscles se tendent. Prêt à bondir en avant, prêt à passer à l’action.
Je te suis.
Sans un mot de plus, tu suis ses pas. Tu t’élances à sa suite. Vous marchez côte à côte, comme à l’époque. Comme avant.
Bien sûr. Une course où j’utilise mes pouvoirs n’est même pas une course. Elle n’a pas d’intérêt, ni pour moi ni pour l’autre.
Logique, c’est comme utiliser un jet dans une course de voiture, ça n’aurait aucun sens. De toute façon tu étais confiant, peut-être même trop pour ton propre bien. Tu avais confiance en ta vitesse et ton endurance de base. Après tout, la course était devenue toute ta vie. Depuis que tu as eu ce pouvoir, tu n’avais cessé de courir. Pour échapper à tes craintes ou par plaisir, tu traces ta route en permanence.
J’espère que tu ne t’es pas rouillé depuis le temps.
Parce que toi non, et t’allais pas lui faire de cadeaux, c’était pas ton genre d’y aller doucement pour les autres, plus un manque de respects qu’autre choses à tes yeux. Sans même le remarquer, tu l’avais aussi cet éclat de défi dans les yeux. Les muscles crispés, prêt à bondir sur la piste sans attendre. Il suffisait d’évoquer le mot « course », pour que chaque parties de ton corps passe en ébullition.