Cliquettements de métal à chaque fois qu’elle esquisse un mouvement. Les lumières stroboscopiques se reflète sur le doré des pastilles alors qu’elle s’abandonne au milieu de la piste. Elle est venue seule, exercice qu’elle s’octroie chaque mardi soir depuis sa majorité. Ne pas baisser sa garde même quand elle n’est pas entourée, même lorsqu’elle est alcoolisé. Ce soir, c’est un bar bondé, des têtes connues qu’elle a salué vivement avant de les abandonner. Elle se démarque alors qu’elle ondule, alors qu’à chaque tempo, les plumes colorés battent le creux de ses reins. Ses cheveux serpentent ses épaules dans des boucles faussement désorganisées. Elle a bu, assez pour que son ventre se contracte dans des vagues chaudes, trop peu pour que la silhouette qui se dessine à ses yeux ne la fasse pas paniquer.
Elle se mord les lèvres, est-ce bien elle ? Qu’elle est son nom déjà ? Anna ? Aurélia ? Non. Andréa. La fameuse, celle qu’elle évite comme la peste depuis une année entière. Elle projette une main dans sa nuque, elle rassemble ses souvenirs. Elle ne sait même plus qui est l’idiot qui lui a annoncé, badin : « Oui, tu vois cette meuf, elle voit le passé en réalisant des photos. » Alors que le monde semblait s’effondrer sous ses pieds. La vérité était telle, elle n’avait peur de rien, rien à part qu’on découvre la supercherie qu’elle était. Elle avait quitté la soirée sur-le-champs, prétextant une migraine fulgurante. Quelques semaines après, elle avait refusé vivement que la susnommée Andréa fasse le shooting avec une de ses amies où elle était conviée. Personne n’avait compris, et elle était partie fulminante. Ultérieurement, elle s’était excusée, avait prétexté être sous une pilule qu’elle ne supportait pas, et plus personne n’en avait parlé. Depuis, Aline, l’évitait. Et elle avait remarquablement réussis, sauf ce soir, encore une fois.
Elle se fige un peu plus en remarquant son appareil photo se balancer dans sa main. Elle aperçoit son badge, elle croit défaillir. Elle est la photographe de la soirée.
- Putain, mais merde, baragouine telle en français.
Elle croise son regard, panique, son ventre se contracte. Elle reste pétrifiée, ses grands yeux de biche écarquillés. Puis, enfin, elle fait un pas de côté, vive, et se noie dans la foule. Bien. Le bar est exigu, la photographe est située juste entre l’entrée et la piste. Aucun moyen de la contourner sans passer devant des cruches de son cursus qui voudront absooolument prendre des photos avec elle et cela en sera finie. Doit-elle accepter et aller la menacer ensuite de ne rien révéler ? Non. Non. Elle ne peut pas faire ça. Si Andréa va se plaindre, le répéter, qu’est-ce qu’il adviendrait de son image si lisse qu’elle s’est abrutie à maîtriser ? Et ce soir, elle se fustige intérieurement, pourquoi diable a-t-elle décidé de revêtir une robe de métal aussi voyante ? Aucun moyen de se soustraire aux regards, aucun moyen de l’éviter elle. Elle soupire. Elle a besoin d’eau, d’air, de n’importe quoi. Elle est bloquée, comprimée entre un mur et la foule. Elle se sent étouffée, elle est obligée d’y aller. Cela va bien se passer, cela va bien ce passer.
Un pas décidé. La tête haute, sa vision de brouille, elle se cogne de plein fouet contre elle.
- Je suis désolée, Andréa, je ne t’avais pas vu. Tu travailles ici ? Ouah, mais c’est génial, tout bonnement génial. Bon bah bonne soirée, aller, j’y vais.
Son flot de paroles est ininterrompu. Elle ne lui laisse pas le temps de répondre. Ses joues la brûlent de gène, elle dénoue son foulard attaché à son sac et le plaque contre son visage avant de courir dehors. Elle trouve une ruelle adjacente, vérifie être bien seule.
- FAIS CHIER ! Hurle-t-elle en tapant dans une poubelle.
Elle a tout gagné. Malpolie et hystérique en seulement cinq minutes, un nouveau record.
de toute l'ile, fallait-il vraiment que cela soit elle ?
encore une soirée. l’été tombe sur l’île, et l’alcool avec. les événements organisés par les élèves s’enchaînent un à un, et andrea ne manque pas cette occasion. tournois sportifs, escapades, paintball, soirées… elle les enchaine à la pelle, se sent tellement vivante au milieu de toutes ces choses à faire. elle exalte, andrea. ce soir aussi, la voilà dehors. sa tenue de soirée, son appareil photo au cou et son badge “staff”.
là pour prendre les photos, comme d’habitude; profitant également de sa soirée à prix réduit, puisqu’elle fait partie des organisateurs. espérant qu’elle va mieux se passer que la dernière organisée dans le lycée. mais l’ambiance est déjà différente. peut-être le fait d’être cette fois dans un bar. la soirée bat son plein. andrea a bu un tout petit peu au début, histoire de se mettre dans l’ambiance, mais à ralentit après. son but étant tout de même de prendre des photos correctement. elle virevolte entre les gens, appuie sur la détente de son appareil pour capturer l’instant. les gens défilent sous son objectif, tous plus ou moins ivres, toujours ravis de se prendre en photo et d’avoir des souvenirs.
il y a les shootings, et puis il y a les photos de la soirée. les gens qui dansent, l’ambiance de la pièce, l’effervescence de la fête. ça, c’est pour l’après. pour sublimer et montrer à quel point la soirée était bien. flattant l’égo des populaires derrière l’organisation. elle se balade donc au milieu de la foule. alterne entre le bar et la piste de danse, cherchant le meilleur spot pour ses photos. les gens commencent à être vraiment ivre et andrea va bientôt remballer. c’est une règle tacite, pas de photos une fois la soirée trop avancée. trop de gens épuisés par la danse et l’alcool, et trop de mauvaises images ou mauvaises preuves. personne ne souhaite se retrouver affiché sur les réseaux sociaux le lendemain. et puis, ça lui permet aussi de profiter un peu de la fête, puisque son job est fini.
elle souhaite tout de même prendre quelques dernières photos avant de ranger. se dirige vers la piste de danse. les gens sont trop ivres et forment une masse imprévisible. ne faisait pas attention à elle et son mètre 55. quelqu’un lui fonce dedans, d’ailleurs. par réflexe, elle lève son appareil et se tourne pour ne pas l’abîmer. se prenant la collision de ton son flan.
“oulah, ça va ? désolée !”
elle s’excuse alors que c’est la rousse populaire, aline wheeler, qui vient de lui rentrer dedans. mais elle est comme ça, andrea. conciliante, accompagnante. elle sourit. aline reprends ses esprits et… lui balance un flot de parole considérable, qui ne font franchement pas sens.
“hein ?”
elle n’a même pas le temps de la couper qu’aline lui souhaite une bonne soirée avant de s'éclipser. est-ce qu’elle vient littéralement de s’enfuir devant elle ? et pour qu’elle raison au juste ? andrea réfléchit en vitesse, un peu confuse. ele ne croit pas lui avoir fait quoique ce soit. peut-être qu’aline a eu un soucis à la soirée ? un problème, une agression, un mec lourd ? ça l’inquiète, andrea. elle décide donc de la suivre. elle passe juste au vestiaire pour ranger son appareil et récupérer son sac et sa veste au passage. prête à rentrer au cas où.
elle sort ensuite du bar, demandant à des gens qui fument dehors s’ils n’ont pas vu aline partir. elle a vaguement une piste, décide d’aller voir dans les ruelles adjacentes.
“aline ?”
la voilà, devant elle, de dos. elle n’a pas vu ce qu’il s’est passé avant, vient seulement d’arriver. elle s’approche doucement de la rousse, soucieuse, et lui demande doucement.
“tout va bien ?”
sincère et douce, mais toujours un peu confuse.
@nébuleuse
Andrea Coles
Aline Wheeler
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Âge : 21 ans
Classe : G, Politique
Pouvoir : Phytokinésie
Type : Technique
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Jeu 22 Juil - 4:50
De toute l’île, fallait-il, vraiment, que cela soit elle ?
La honte. Poison sinueux qui gangrène chacun de ses mouvements, chacun de ses souffles. Qui atteint son ventre qui se soulève à intervalles irréguliers. Qui gagnent ses mains qui se serrent entre elles au point de se blesser. Qui monte dans sa gorge, lentement, si lentement, au son de ses pensées qui s’entrechoquent. Elle devrait pleurer, elle devrait se terrer, fuir et ne plus jamais affronter son image en train de se craqueler.
Elle doit se reprendre.
Mais elle ne peut pas, pas davantage. Ses yeux sont écarquillés. Ses pieds n’arrivent plus à s’ancrer alors que du lierre sauvage descend des murs pour s’enrouler autour de ses chevilles. Elle a chaud. Ses oreilles bourdonnent. Elle a froid. Elle ne peut plus rien articuler.
Elle doit faire preuve de courage.
Elle va pleurer.
- Non !
Elle est presque inaudible. Ses ongles se plantent dans la paume de ses mains qui se remplissent de fleurs.
- Tout va bien.
Elle articule plus fort. Les fleurs se fanent. Elle amorce le mouvement, se retourne douloureusement et n’ose pas la regarder. Elle compte dans sa tête, jusqu’à sept.
Cela ne suffit pas. Encore une fois.
Elle rattache son foulard à son sac maintenant gagné par des ronces. Elle reprend plus de contenance. L’angoisse commence à s’envoler quand elle aperçoit les mains de son interlocutrice.
Il n’y a rien.
Elle l’observe enfin, froidement. Elle veut qu’elle parte, immédiatement, qu’importe de passer pour une garce. Elle ne veut plus jamais voir son visage souriant, oublier jusqu’à chaque parcelle de son existence.
- Qu’est-ce que tu fous là ?
Elle hurle presque, les fleurs s’effritent totalement et tombent en cendres. Elle desserre ses mains. Elle tente de ne donner libre cours à aucune émotion. Mais c’est trop tard, ce qu’il y a dans ses yeux, c’est de la peur. Elle se sent pitoyable. Elle inspire profondément, compte encore une fois.
Elle ne sait plus quoi faire. Plus le temps passe et plus elle néglige toutes ses règles, toutes ses heures de tortures qu'elle s'est imposée. Elle ne peut pas corrompre tout le fruit de son travail, elle ne peut pas continuer d’agir de manière impulsive. Et si la colère la gagne davantage, et si elle dépasse les bornes que demeurera-t-il demain une fois que les racontars auront constitués leur chemin ?
- Je… J’ai fais une crise d’angoisse.
La vérité. Cela semble presque intangible pour elle. Elle frissonne.
- Je suis désolée de t’avoir inquiété, d'avoir hurlé alors que tu n'as rien fait. Je suis profondément désolée.
Elle ne peut plus rien faire d’autre que s’excuser et espérer de toutes ses forces que tout ça ne viendra jamais à s’ébruiter. Sinon... Sinon jamais elle ne pourra le supporter.
de toute l'ile, fallait-il vraiment que cela soit elle ?
elle parvient à entendre un faible “tout va bien.” le genre de murmure qui signifie que, non, tout ne va pas bien. véritablement soucieuse pour aline, elle s’approche doucement d’elle, avant de se figer lorsqu’elle lui crie dessus. les mots sont violents, et incompréhensibles. andrea est comme paralysée. elle ne gère pas le conflit, et ne sait pas quoi faire si ce n’est s’écraser. alors elle reste plantée là, immobile, devant la fureur d’aline. elle attend que la tempête passe. elle ne peut faire que ça.
finalement, le verdict tombe, comme un couperet. crise d’angoisse. les épaules d’andrea se détendent. l’excuse lui semble tout à fait logique, et c’est quelque chose qu’elle connaît. elle sait gérer et appréhender. beaucoup plus que la colère. alors son corps et son esprit se remettent petit à petit en marche. ça, elle est capable de gérer.
“okay. respire un grand coup s’il te plaît. inspire, expire. plusieurs fois avec moi, suit mon rythme.”
elle inspire et expire de manière à ce que ce soit audible, et s’approche en même temps d’aline. elle l’empêche, en faisant ça, de continuer à se confondre d’excuse. parce que ce n’est pas grave, ça arrive. et le plus important, c’est de se calmer. elle sait le faire, andrea. sait gérer ce genre de choses, de l'anxiété à la dépersonnalisation. elle a appris auprès d’ophelia.
“prends mes mains, ferme les yeux, les pieds ancrés dans le sol. t’es là, on est seule, y’a rien. tout va bien. ça va aller et c’est pas grave, ok ?”
elle a réussi à s’approcher juste en face d’elle. tant ses paumes pour qu’aline puisse se rattacher à quelque chose de tangible. se calmer, et respirer. andrea peut comprendre. ce genre de soirée peut vite être angoissante. entre l’alcool, les drogues qui tournent, et la foule tout autour.
“ça va mieux ?” elle remarque qu’aline a vraiment repris ses esprits, et se permet donc une conversation plus concrète. “c’est pas grave, je comprends. je t’ai sans doute fait peur, non ? tu veux m’expliquer ce qu’il se passe ?”
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Lun 12 Juil - 19:34
