Ciel dégagé, les yeux plantés dans le ciel.
Les nuages qui passent, encore éclairés de la lumière jaune orangé d'un soleil se préparant à se perdre dans l'horizon.
Les ondes radios brouillées autour de moi, un calme rare, quasiment impossible à avoir en temps normal. Cette sensation si agréable, si peu connue de mon esprit, un repos sans précédent.
Voilà un moment que je travaillais à ça afin d'avoir accès à cette tranquillité si particulière que tout autre personne que moi pouvait avoir.

Les yeux plantés dans le vide, mains sur les joues, accoudé à une rembarde du toit, un rare instant contemplatif où j'étais à l'écart de tout... Impossible pour moi de savoir qui pouvait venir sur le toit.

Et venir sur le toit, il y a eu une personne justement. Une tête posé contre mon dos... une impression de sentir la personne trembler légèrement... ce à quoi s'ajoute la voix de Sano, déclarant qu'il a merdé. J'ignore de quoi il s'agit, de pourquoi, comment et toutes les autres questions qu'on pourrait poser, Je me contente de rester à moitié figé.

Mon attention n'était plus dans les nuages et ce calme dont j'avais réussi à profiter pendant 10 bonnes minutes à présent, mais était entièrement tournée vers Sano. Le moindre mouvement qu'il pouvait faire se répercutant sur le tissu de mon T-shirt, le moindre son ou bruit qu'il pouvait émettre, toutes ces choses captaient mon esprit en rejetant tout ce qui était parasite. Mes yeux se closant, je ne pouvais m'empêcher de vouloir savoir ce qu'il se passait.


le cœur s'emballe, les battements plus fort qu'avant, je pouvais presque sentir le flux de mon sang parcourir mes vaisseaux sanguins... L'inquiétude ou autre chose? Aucune idée réellement. Parfois je me dis que les robots et automates ont une vie plutôt simple, eux qui n'ont pas à devoir gérer les affres des émotions de nous autres machines humaines...


...Oh non, Sano, s'il te plaît, je n'arrive pas à réfléchir de façon logique actuellement, mon esprit se bat contre lui-même dans ses propres conflits internes. Tu viens juste de lui donner le coup de grâce. Impossible de faire marche arrière.

Impossible de te dire "non"

Muet comme une tombe je me décrivais, et muet comme une tombe j’étais à ce moment-là. Lui qui avait écrit les articles? Lui qui avait parlé de cette affaire par rapport à Scarlet et l’autre espèce de connard qui sert de leader aux populaires?

Aucune réponse ne venant de moi. Pas de ces sourires constants,qui restent collés en temps normal à mon visage non plus. Les pensées fusent dans ma tête. Des pensées qui veulent me donner raison à ma façon d’être en temps normal.

…Au-delà même d’être uniquement l’un des trois pseudonymes du journal… Il est l’auteur de tous les articles? Le silence s’installe brusquement, entre moi, incapable de savoir quoi répondre à ça, le nombre de questions qui apparaissent et disparaîssent de façon constante pour revenir à d’autres moments dans mon esprit, et Sano, dont la joue reste collés contre mon dos.

Un rire à moitié étouffé au moment où il parle du fait d’être traqué… Aaah… C’était loin d’être un rire moqueur pour le coup. Enfin, si.. envers moi-même à vrai dire. Après tout, j’ai l’art de me foutre les gens à dos plus vite que mon ombre quand je l’ouvre un peu trop. Cela dit, je trouve ça un peu dommage d’apprendre qui est derrière le journal de cette façon. Le fun des recherches, le mystère de l’identité cachée du groupe. Tout ça est un peu révélé comme un spoiler de film et bien que cela peut-être frustrant… Je n’en suis pas vexé non plus.


Ah ça… Entre ceux qui ont déjà eu affaire aux numéros inconnus, ceux qui ne l’ont pas connu mais qui ont dit tellement de choses qu’on pourrait composer un dossier entier de 200 pages, et ceux qui ne peuvent juste pas me voir en peinture…


Mes mains se décollèrent de mon visage, et je me retournai finalement pour prendre Sano dans mes bras un court instant, alors que mon cœur s’emballe un peu plus, puis relâcher cette simple étreinte, pour venir m'asseoir contre la barrière du toit, t'invitant à t’asseoir toi aussi, à côté de moi.


Et surtout, savoir si je pouvais t’aider plus qu’offrir un peu de chaleur...

De quoi je parle, et ce que j'ai fait... Question intéressante qui me laissa quand même perplexe. À partir du moment où le journal avait commencé, j'avais commencé à brouiller les informations à mon sujet, qu'il soit impossible de trouver quoi que ce soit à mon propos... Pas que j'étais paranoïaque, mais j'ai horreur que l'on puisse être au courant des moindres choses de ma vie.

Est-ce que je peux vraiment lui dire..? J'en perds mon sourire un court instant... Le doute... La peur qu'accorder ma confiance puisse encore se retourner contre moi. Comme s'il s'agissait d'un couteau que j'offrais à une personne pour qu'elle me poignarde le dos...


Oui, voilà, c'est sans doute mieux pour rester à l'abri des problèmes, à l'abri de tout risque de trahison...
Oh bordel, arrête de te mentir Kalev...
... J'suis juste mort de peur qu'on puisse me trahir, c'est vrai, mais s'il vient de me dire ce genre de chose, alors c'est comme si je possédais la corde qui peut se resserrer autour de son cou... Mais non. Je ne veux pas ce genre de chose.
Pas avec Sano.



Ha... T'as avoué Kalev... Certes, ça semble moins grave que pour le cas de Sano, mais au fond, c'est toujours la même merde. Quand t'en sais trop, t'es pourchassé. C'est comme ça, ça a toujours été comme ça, et ça ne changera jamais malheureusement.

Plantant le nez au ciel une fois assis, les mains derrière la nuque, réfléchissant vaguement à la plupart des questions que je me pose... Au final, il n'y en a qu'une qui m'intéresse vraiment.


Cela me paraissait étrange en fait. Étrange que je ne puisse pas être au courant de ce que tu disais aux autres, étrange de ne pas être capable de tracer ce que tu faisais, étrange de ne pas avoir la moindre information compromettante te concernant, Sano...

Mais au final, est-ce vraiment grave...?


Je pris une grande inspiration... Les ondes radios commencèrent à revenir, le brouillage que j'avais effectué commençait à se dissiper... Un genre de bruit de fond constant s'immisçait à nouveau dans mon crâne, et j'en laissais tomber ma tête sur l'épaule de Sano, dans un léger soupir épuisé.


Juste le temps de ramener à nouveau le calme dans mon esprit, en brouillant à nouveau les ondes. Et me rendre compte que je suis rester en train de phaser un peu l'espace d'un instant, le cœur battant et l'esprit vide de tout, sauf de Sano, tandis que mes yeux, eux, continuent d'essayer de regarder ailleurs que dans sa direction.


Idée à la con, j'suis pas en train de réfléchir de façon très logique... à tel point que j'suis même en train de marmonner une phrase, de façon presque inaudible...