poisson + main = profit

  On ne va pas se mentir.
Elle avait comme un doute.
Déjà parce qu'il en avait déjà parlé en classe et que pour seule réaction, le professeur avait vaguement soupiré en levant les yeux au ciel.
Ensuite, parce que Nike était née en bord de mer. Certes elle n'avait pas essayé d'attraper les poissons mais elle les avait déjà vu détaler, ces petites choses.
Il était vrai cependant que son powerpoint était particulièrement ben fait. Très belles transition. Message clair et net. Beaucoup de passion.
Et puis qu'est-ce que cela coûtait d'essayer, vraiment. Avec un peu de chance ils attraperaient quelque chose, le congèleraient et feraient des économies notables sur les prochains repas, le tout s'en avoir à dépenser ni hameçons, ni investir dans de l'équipement neuf. Vous voyez? Cela avait toutes les qualités d'un bon plan.
Est-ce qu'il y avait des poulpes ici? Elle n'était pas très sûre de quelle mer entourait l'île et les cours n'étaient pas forcément encore exhaustifs sur les espèces présentes. Peut-être l'année prochaine.
Parce qu'un petit poulpe grillé là, comme au bon vieux temps, ça donnait bien envie.

  Elle arriva bien préparée, salopette-short, chaussures d'eau, des gants en caoutchouc, et un chapeau de paille pour le soleil. C'était encore l'été, il s'agirait de ne pas mourir d'insolation.
Mais tout de même. Elle avait un doute.

Nike se tapote un peu les joues, une tête neutre Nike, une tête neutre. Il fallait s'entraîner à la pratique de toute manière. Affronter la peur du poisson. Ou plutôt la peur de faire mal au poisson, ce qui est assez handicapant pour pêcher.
Erf.
Elle aurait dû demander à aller en éducation.

  Nike posa son vélo et s'assit sur le ponton, et se mit à attendre. Elle était arrivée en avance pour ne pas faire patienter Lei-Wei, et avait anticipé qu'il arriverait sûrement plus tôt vu la passion qui l'animait sur le sujet de la pêche à la main et était donc venue ENCORE PLUS TÔT, juste au cas où. Et comme la cabane était un peu loin des dortoirs elle avait également anticipé un pneu crevé sur son vélo (ce n'était pas arrivé), ou sa chaîne qui déraille et un crochet obligatoire vers le mécanicien (pas arrivé non plus), ou une amnésie soudaine qui affecterait son sens de l'orientation (....sérieusement ?). Cela ne faisait que trois heures d'avance au final.
Plus qu'à patienter.

...

Elle avait oublié de prendre de quoi s'occuper au cas où elle n'aurait aucun empêchement. Et si elle utilisait trop son téléphone il y avait toujours un risque qu'elle n'ai pas de batterie en cas de souci plus tard.


C'est ainsi qu'à 5h30 du matin, Nike dormait seule assise sur le ponton de la cabane des pêcheurs (en bavant un peu).

bonus; tenue

poisson + main = profit

C'était un beau rêve.
Il y avait Nike, et des petits lamas multicolores qui lui faisait des câlins, au pays des fluffy lamas. Et puis ils allèrent au parc d'attraction des lama fluffy qui n'a que des attractions qui ne font pas peur et de la barbe à papa. Elle en prend une. Elle sent vachement le café cette barbe à papa. Et puis de la barbe à papa sort la tête de lei-wei. L’avenir appartient à ceux qui pêchent tôt.

Réveil instantané, cri, silencieux, elle s'écarte brusquement, agite les bras comme si elle essayait de voler. Et puis c'est le drame. Vous savez, ces moments où le temps semble s'arrêter et vous savez exactement ce qui est sur le point de se passer sans pouvoir l'empêcher. Ces "it was that moment that she knew, she fucked up". Nike vit Lei-Wei, vit son propre cul sur le ponton en train de glisser. Sa vision qui glisse dangereusement perpendiculairement à la surface de l'eau. Et dans ses yeux la résignation et l'acceptation de son sort.

Plouf.

Pendant les quelques secondes sous l'eau, elle se demande qu'elle tête faire en sortant de l'eau. La maladroite confuse. L'honnêteté. S'énerver de se réveil brutal. Non, la meilleur solution est toujours la plus débile. Elle émerge avec un grand sourire forcé.

▬ Yay! La pêche! Je suis déjà dans l'eau trop excitée wou-houuuuu

Au moins, trempée comme elle est, il était plus dur de discerner qu'elle était rouge comme une tomate, des larmes d'embarras au coin des yeux.