Tu te pavanes avec ton groupe habituel, suivi de prêt par ceux qui se sont hissés en haut de la pyramide sociale grâce à toi - et tes yeux louchent partout. Avides d'attention, avares de cette tension qui s'écoule rapidement quand tu frôles les corps dans les couloirs. Tu te nourris de leurs regards confus, du désir et de l'admiration qui s'ancrent l'espace d'une seconde. Tu t'y accroches car tu en as développé une dépendance.

Alors que tu passes devant les escaliers, l'œillade est interpellée par une voix familière. Tu étires un sourire arrogant, te penches légèrement vers l'arrière alors que tu cambres le dos, bras croisés sur ton torse. Tu dévisages Scarlet avec suffisance, passant grossièrement ta langue sur tes lèvres tout en ricanant grassement avec tes camarades.

— « Tiens tiens tiens. Mais qui voilà... Tu n'es pas occupée aujourd'hui à chercher un moyen de quitter l'île avec ta bande de hippies ? »

A l'écho des rires forcés, tu ricanes également - la tête cette fois ci par vers l'avant et les yeux remontent pour la toiser.

— « Ah mais je sais ! Vous prévoyez peut-être d'y aller à la nage ! Tu feras attention, la pauvre Maureen va couler. »

A l'évocation d'une vidéo de vos ébats, tu fronces les sourcils et perds ton sourire, surveilles la carte voltigeant près de ta joue avant de l'attraper soudainement entre deux doigts.
Tu t'avances vers elle, grimpes sur la première marche et lui tends. Ajoutes d'un ton condescendant.

— « Pourquoi est-ce que j'aurais peur S c a r l e t ? »

Tu prends ton temps pour l'épeler. Insupportable.

— « Tous le monde sait ici que j'ai le plus beau cul de cette école, j'ai pas peur que les gens le voient en gros. Ils se privent pas pour le mater toute la journée. »

Tu inspires, exaspéré. L'idée te tracasse tout de même, tu dois bien te l'avouer. Est-ce qu'on t'aurait espionné ou est-ce du bluff ?

Tu ne peux pas lui enlever un truc : elle a du répondant. Elle en a toujours eu Scarlet, et ça a toujours eu pour effet de t'agacer et de t'amuser. Tu lèves les yeux au ciel, te pinces la lèvre d'un petit air d'exaspération avant de roucouler d'un air mauvais. A croire qu'elle fait tout pour te casser les couilles à défaut de vouloir te les lécher.
Tu inspires bruyamment et regardes autour de vous, bailles et enfouies tes mains dans tes poches. T'as l'air tout penaud Arsene.

— « Désolé bichette c'est pas que je m'ennuie mais c'est que j'attends le moment où tu vas décider de t'acheter de la répartie. »

Elle tacle tes amis et tu les foudroies du regard, leur imposes (ordonnes) d'avoir l'air un peu moins gauche. Ok ils sont beaux et alors ? Ils sont quand même pas bêtes à ce point.
Tu reportes ton attention sur elle, décidément plus à cran. Avant d'éclater de rire quand elle parle de Maureen.

— « Attend attend attend ! STOP. On arrête tout ! Tu crois que j'aime Maureen ? Non mais tu le crois vraiment ? C'est pas une blague genre ? »

Sourire en coin.

— « Si t'as vraiment vu la vidéo ça veut dire que mon postérieur aussi. Avoue il t'a plus ! Hm... Non ? »

Evidemment, la perspective de devenir rebelle, ça t'a effleuré plusieurs fois dans le passé. Tout le monde te gonfle ici, entre les ploucs et les hypocrites - mais pour l'instant tu préfères évoluer dans ce monde de privilège et de pouvoir. Ouai, c'est mieux comme ça.
AH ! Elle tente de filer. Tu lui attrapes le bras.

— « Eh. Tu vas où comme ça ? »

Actives ton pouvoir sur elle - te délectes un peu frustré du regard amoureux qu'elle te tend. Tu sais que c'est faux et même si au fond de toi t'en as toujours rêvé (qu'elle te regarde comme ça en vrai) tu peux pas t'empêcher d'en profiter.

— « T'es folle de moi. T'es raide dingue de moi alors dis-moi la vérité. Elle est où cette vidéo ? »

Elle en fait des caisses, elle en fait carrément trop et ça te poursuit. Tu fantasmes sur l'idée que ses non valent en fait tous les oui du monde et que derrière son dégout exacerbé se cache un désir pour toi refoulé. Tu ne comprends pas, Arsene, comment ne peut-on pas craquer pour le chic type que tu es ? T'as tout pour plaire, littéralement.

— « Oh arrête ton cirque Scarlet O'Hara, ce n'est pas compliqué à admettre que tu es folle de moi ! Tu sais, il suffit de demander si tu veux y goûter aussi. »

Mais trêve de plaisanteries grivoises, ton pouvoir activé lui délie finalement la langue. Tu fronces les sourcils et étires un sourire.

— « C'est tout ? »

Tout le monde sait que tu te tapes tout le monde - qu'importe le groupe d'appartenance. Un enregistrement de la folle dingue de Maureen ne te fait pas vraiment peur. Par contre, tu comprends qu'elle t'a facilement embobiné avec des mensonges éhontés. T'es le roi du mytho mais tu supportes moyen qu'on agisse pareil avec toi. Faites ce que je dis pas ce que je fais hein Arsene ?

— « Non je lâche pas sale vicelarde. »

Son regard c'est une torture que tu t'infliges, alors à défaut qu'elle t'aime pour de vrai tu la laisses te hair pour de vrai. Confiance trahie des deux côtés.
Toi d'utiliser ton pouvoir sur elle - elle et ses chantages à deux balles qui font trembler personne.

T'avances pour plaquer ton bras contre le mur des escaliers, la bloquant entre deux marches.

— « T'oublies un truc ma jolie, je pourrais tuer la dirlo, me mettre minable en soirée, pisser sur une fiotte ou courir nu dans la cour qu'ils pourront pas s'empêcher de tous trouver ça gé-nial. »

C'est vrai que t'es crédule... T'as la fâcheuse tendance à encore vouloir croire les autres - quand bien même t'es entouré d'hypocrites. C'est de cette essence profonde et intime dont elle s'est moqué et elle te fout les nerfs. Enfin... c'est pas comme si c'était pas comme ça constamment. Vous passez votre temps à vous chamailler, ça en devient risible et lassant.
Mais ton pouvoir la rend confuse, elle se pare d'une jalousie insidieuse qui te ronge les tripes et réchauffe ton bas ventre. Aaaah... Si seulement ce qu'elle ressentait pouvait être vrai, et non pas instrumentalisé par l'illusion dantesque d'une attraction dont ils ne peuvent pas s'échapper.

— « Eh, les cuisses ouvertes ! AH ! Tu le dis toi même ! C'est pas moi qui leur ouvre. On passe du bon temps. Si t'es à ce point frustrée, tu sais ce qu'il te reste à faire. »

Tu vas peut-être te prendre une gifle mais tu mentirais si tu affirmais ne pas aimer ça (à force).
Et la voilà qui part dans une séance de morale à deux balles... T'es déjà gavé et ça se voit à ta tête. En réalité, si tu fais cette moue c'est surtout pour ne pas exploser. Tu t'interdis de penser, d'y réfléchir une seconde - préférant le confort de ton déni.
Les yeux observent la bande qui attend derrière, tu les dévisages un à un. Ça fait chier.

— « J'ai pas besoin d'être protégé. Maintenant si t'as rien de plus intelligent à dire, je me passerai bien de ta fausse compassion à mon égard. »

T'allais la relâcher du sort, prêt à claquer des doigt - à retrouver la rage dans le fond de ses pupilles encore dilatées, quand elle mentionne une personne, UNE personne qui s'intéresse vraiment. Tu sais pas comment réagir, visiblement confus par cette soudaine révélation.

— « C'est pas toi qui parle. »

Blasé par cette comédie, la seule manière d'échapper aux sentiments c'st de s'en moquer grassement. Tu viens prendre son menton, que tu maintiens entre deux doigts et tournes la tête vers le reste du groupe.

— « Comme c'est mignon, la cheffe des rebelles en pince pour moi ! »

Rires qui résonnent en écho dans le couloir, quelques élèves s'arrêtent pour observer de loin. N'osant pas trop s'approcher.
Tu la libères finalement avant qu'elle ne mette sa menace à exécution.

C'est vrai que tu prends toujours tes rêves pour la réalité, peut-être parce qu'ils sont d'enfer tes désirs... Capricieux jusqu'au bout du nez que tu frémis d'un air moqueur. Parce que maintenant, va falloir que tu t'accroches parce que la tempête est de retour.
La furie Scarlet fait jouer de ses cartes magiques et t'as à peine le temps de reculer qu'elle te fauche les jambes. Tu t'éclates les fesses sur les marches et écartes les jambes, bras le long du corps - visiblement penaud.

— « Oula, elle est pas contente. J'ai abusé les gars, oupsi. »

T'as tellement aucun respect pour les autres (et encore moins pour toi-même) que tu peux pas t'empêcher de jouer la comédie, d'en avoir rien à foutre des conséquences. Tu siffles, effronté et insolent quand finalement elle se penche au-dessus de toi. Les yeux fermés, tu avances le visage vers elle comme si dans ton scénario parfait elle allait t'embrasser.
Mais non elle te tapote la joue et tu accentues ta moue triste.

— « Mais nooon ! Scarleeeet ! Revieeeeens je suis désoléééé ! »

Mais trop tard, elle se barre la poulette alors tu te relèves en ricanant, la pointant avec ton pouce par dessus ton épaule, alors qu'elle s'éloigne dans les couloirs dans ton dos.
Tu t'adresses à ceux qu'elle aime appeler clébards.

— « Bon, je crois que Scarlet Maxwell refuse encore d'admettre en public qu'elle bave sur moi et sur... » tu te montres tout entier avec une fausse humilité. « ...ça. »

Tu détends tes épaules et les secoues, avant de leur tourner le dos.

— « Je vais prendre l'air les gars, je reviens plus tard. »

T'essaies tant bien que mal de te frayer un chemin dans la foule, exaspéré de ces minables qui cherchent à te parler - ralentissant ta marche. Cassez-vous bordel. Vingt minutes plus tard, à les semer, tu montes sur le toit pour la retrouver.

— « Je savais que tu serais là. T'en as pas marre de venir te percher là-haut ? Un jour tu vas tomber. »

Comme si t'en avais quelque chose à foutre.
Tu sors une clope de ta poche.

— « J'ai hâte que tu te venges. Je veux dire, pour de vrai. »

Elle est toujours là quand elle a besoin de s'isoler, de rêver au monde extérieur. Tu te demandes bien pourquoi elle s'inflige des ambitions aussi médiocres et pitoyables. Pourquoi rêver de s'enfuir quand on a le pouvoir de dominer les autres ?
T'es persuadé, Arsene, d'être ici pour une raison - une raison qui dépasse le commun des mortels. Scarlet finira par ouvrir les yeux, t'en es certain.

— « Tu surplombes les autres en attendant, t'es pas capable d'être à mon niveau. »

Tu tires la langue et coinces la clope entre tes lèvres, enjambes le muret pour balancer tes jambes dans le vide. La cigarette entre les dents, tu hoches la tête bruyamment le temps de remonter les pattes de ton pantalon au niveau du tibia.

— « Quelle merde cet uniforme putain. » Scarlet te fait une pichenette et tu gromelles. « Mais non, t'adores ça. »

T'es pas possible à raisonner. Toujours à déconner, même dans ce genre de moment. A croire que ne pas prendre les autres au sérieux (et encore moins leurs sentiments) c'est une religion.
Elle parle de Maureen et tu t'empresses de corriger.

— « Mais bonne. C'est tout ce qui compte en ce monde. »

Tu bascules la tête en arrière et souffles la fumée vers le ciel.

— « Si je te connaissais pas, je parierai que tu es jalouse. »

Tu lui tapotes la tête affectueusement.

— « Ce que t'as dit tout à l'heure. T'sais... Non, laisse tomber. »

Oh ça te gonfle, tu sais pas comment aborder ça. Tu la repousses légèrement pour sortir ton paquet de ta poche. L'autre est déjà terminée. Tu fumes trop Arsene, t'as déjà la voix toute cassée.

— « Tu casses les couilles. »

Blanc bec... Scarlet est drôle, plus drôle qu'elle se l'imagine. Tu l'apprécies peut-être parce qu'elle est pas prise de tête, en dehors de ses idées vaines révolutionnaires. Tu peux pas t'empêcher de la vanner à ce sujet car pour toi ça te parait tellement... lacunaire, inutile. C'est une lubie qui apporte surtout de la mauvaise ambiance dans cette école et sur cette île.

Tu tires sur ta latte en pouffant de rire, ne pouvant qu'agréer à son dernier argument.

— « Ça c'est clair que tu l'es. Bonne, j'entends. »

Puis d'un coup tu te mets à l'écouter attentivement. T'en as pas l'air mais t'es devenu hyper sérieux, ta tête balance de droite à gauche au rythme d'une musique que tu sifflotes dans ta tête. Scarlet s'inquiète pour toi mais tu l'analyses pas de cette façon.
Pour toi, c'est pas légitime qu'elle puisse penser ça. C'est toi qui les manipule, pas l'inverse - t'es au moins lucide sur tes propres travers, quand ça t'arrange.

— « Et ils ont raison, ça fait plus de dix ans que je les traite comme mes pantins. Ces mecs me portaient dans la cour, me nourrissaient à la petite cuillère. J'ai tout fait pour les humilier et les briser avec mon pouvoir. »

Tu jettes le mégot dans le vide.

— « Et t'sais quoi ? Le pire c'est que j'ai aucun remords. Haha, je suis un psychopathe ou quoi. »

Tu hausses les épaules.

— « Je me suis fait à leur présence. Je sais pas ce qu'ils pensent réellement de moi et honnêtement je suis sûr que les phéromones leur ont cramé le cerveau depuis le temps. Ils ont pas la même perception de moi que.. toi par exemple. »

Scarlet en reine ! AH ! Ça t'arrache un instant à ta réflexion. Pour une fois que tu disais un truc presque intelligent. Tu ricanes et lui donnes quelques coups de coude dans l'épaule.

— « Pour toi j'enfilerai la plus belle des robes si tu veux. Mais en échange, tu devras m'épouser. Et oui, prince ou princesse pour le moment mais dans le futur je serais le roi. »

Le roi du monde.