- Tomie est adopté par Ikutaka et Miyoko Miura, député à la diète japonaise qui - à la suite d’une fausse couche décide de se tourner vers les adoptions tant cette peur grandissante à l’idée d’en faire une seconde représentait une boule d’anxiété permanente. Mais Tomie est plus chéri par intérêt que par réel amour, ainsi couvert, dès les premières années de sa vie d’attentions froides et peu délicates.
- Miyoko décide faire de son enfant une descendance parfaite et l’élève dans les mêmes valeurs qu’elle fut élevée, froideur maternelle et paternelle permanente dont Tomie finira par s’habituer. Elle lui laissera des marques de colères et de peur, qu’il se détourne un jour de ce pourquoi elle l’a choisi.
- Elle n’a jamais caché son adoption, et Tomie n’a jamais cherché à connaître sa réelle famille. Elle l’élève comme « celui qu’elle a choisi » et Tomie est traité davantage comme une pierre précieuse qu’un enfant naÏf et crédule. Dès son plus jeune âge, elle se démène pour lui apprendre des notions qu’il ne comprend pas et le forcer à marcher, toujours plus fermement sur les autres pour s’élever. Si Tomie se montre convainquant au départ, il se détourne bien vite de sa route.
- Un soir, père et fils s’aventurent au coeur de Tokyo, la neige habille les ruelles et la Lune scintille haut dans le ciel ; Tomie se retrouve captivé par sa beauté. Plus loin, ils retrouvent une patinoire que les faisceaux feutrés dans la Lune illuminent, Tomie la désigne comme le sommet de la Lune - et à son jeune âge son père s’éprend de ses mots, pour le laisser patiner à sa guise en sa compagnie. Gauche et maladroit au départ, il perçoit dans son regard une lueur qu’il a bien trop rapidement oublié. En percevant ainsi les orbes rêveuses, il oublie les ambitions de sa femme et y perçoit celles d’un enfant de son âge.
- Il inscrira Tomie dans un club de patinage sans l’accord de sa mère, et fait promettre à l’enfant de garder ce secret entre eux. Tomie, ravi de découvrir autre choses que les longs textes que sa mère ne fait que lui répéter à longueur de journée, restera secret et lentement deviendra un petit prodige ; le secret restera bien gardé, alors que de son côté Miyoko se prêtera toujours aux études politiques pour formaliser son fils.
- Jusqu’au jour où est entreposée dans la boîte aux lettres une lettre qui invite Tomie à passer un concours de patinage - Miyoko est furieuse, déchire la lettre et sermonne au possible l’enfant (et son père par la même occasion) mais quelle n’est pas sa surprise à la révolte de son fils qui se fait formel sur son envie de continuer. Après quelques sermons, Miyoko finit par autoriser Tomie à pratiquer, tant qu’il consacre plus de temps à ses études. Il finira par accepter à son tour, mais Miyoko ne portera jamais autant d’attention à son fils que son père qui commencera à lui porter l’amour d’un véritable père. De plus grandes disputes éclatent au fur et à mesure entre les parents, au sujet de cette façon cruelle pour l’un comme pour l’autre d’élever l’enfant. Tomie assurera ne jamais se sentir perturbé par ce manque d’amour puisqu’il ne l’a jamais connu, et reste persuadé que c’est ainsi qu’il doit être traité.
- Dans l’inconscience il s’est un jour jeté dans les bras de sa mère, pour simplement voir sa réaction - elle l’a violemment giflé. En grandissant, il a cherché cet amour manquant partout où il pouvait le trouver. Jusqu’à le trouver chez un de ses camarades de classe ; Umitori. Jeune et inconscient, Tomie s’est laissé bercer jusqu’à finir de nombreuses fois blessé - par les coups ou par les mots. Tout deux se suffisaient sans réellement se comprendre et dans la finalité, ils finirent par se séparer ; Umitori empiétait sur ses objectifs. Puis il a disparu, du jour au lendemain sans crier gare.
- Tomie intègrera Tōdai à 18 ans, mais n’aura pas le temps de s’imprégner un peu plus de son environnement ni de la faculté de droit ; son quotidien se retrouve bouleversé lors d’une compétition de patinage - tout le Japon les yeux rivés sur les écrans de télévision admirent les prestations, jusqu’à ce que l’une d’entre elles perturbe ce charmant spectacle. Tomie sent ses muscles s’étirer longuement sans comprendre et pour la première fois, glisse, s’effondre sur la glace comme un enfant faisant ses premiers pas. Son corps se tord et brusquement, grincement sur la glaces de griffes qui ne sortent de nul-part. Les lumières s’éteignent et la panique générale ne s’écaille pas lorsqu’il est pris en charge.
- Miyoko est détruite, quand tous ses espoirs lentement se dissipent. Le regard plein de mépris alors qu’elle dévisage son fils ; son fils bien-aimé, son prodige, sa descendance n’est qu’une imposture. Elle se tire les cheveux comme elle s’effondre - Tomie lui, lui assure que s’il réussit à se contrôler, il tiendra ses objectifs et ses ambitions. De son côté, elle n’en est que plus ternie. Ikutaka, au contraire trouve que son agilité sera une pierre précieuse s’il s’éveille en patinage, mais fait rapidement taire la songe en même temps qu’il lui dit adieu.
- Tomie reste fidèle à cette image que sa mère a placé en lui ; il se plaît à se promettre de revenir meilleur encore qu’elle ne l’aura laissé. Il veut partir au plus vite de Sajna pour poursuivre sa vie. Mais une partie de lui nie cette éventualité, car aussitôt que le bateau l’embarque il embrasse les effluves de la liberté. Il tente de délaisser les mots en s’enfonçant pourtant avec le temps, plus fermement dans ce moule qu’on a créé pour lui.
- Il devient Tomie, ce qu’elle a toujours voulu qu’il soit, son double le plus parfait, son double le plus grandiose. Alors, Tomie le deviendra, sans pour autant en prendre conscience. Bien que les premiers temps sur l’île ne soient pas ce à quoi il pouvait s’attendre (s’attendait-il même à quoi qu’il soit ?)
- Moqué au départ, Tomie comprend très aisément qu’il est chanceux de posséder des griffes acérés et des crocs clairvoyants. Pourtant, c’est après un séjour enfermé dans un casier qu’il s’en rend compte. Les élèves désiraient « savoir à quel point il était agile » et, distordu dans le casier puis aspergé d’eau à sa sortie, Tomie comprit que le monde ne marcherait pas à son pas s’il ne faisait rien pour qu’il le soit.
- Vengeance comme idée au bout des griffes, Tomie s’assure qu’il ne se retrouvera pas dans cette situation deux fois. Alors il ronronne près des bonnes personnes et se saisit du nécessaire pour les faire vaciller - au dessus de son épaule, Nahash ricane car le serpent a gagné.
- Tomie se gausse bien des autres - tant qu’ils n’empiètent pas sur ses objectifs. Mais il doit s’avouer se plaire dans les oeillades de contemplations alors il en demande, plus encore. Suit la requête de sa tendre mère et intègre la filière politique et l’espoir de retrouver sa terre natale un jour, persuadé que son pouvoir ne sera nullement un soucis. Mais Tomie ne sait s’il éclot ou fane le plus, quand ses songes restent pigmentées par cette idée de liberté.
- Une idée que le temps prête à oublier quand il a le désire flambant de retrouver sa terre natale - suivre ce chemin qu’elle s’est prêtée à lui tracer et c’est un souhait dans son être que de s’élever peut-être plus haut qu’elle. Ainsi sa mère regrettera-t’elle cette offense ; il est persuadé qu’un jour c’est lui qui la toisera d’un regard méprisant.