Le noir, absolu, laisse bientôt place au sombre paysage d'une forêt dévastée. Il fait nuit, les oiseaux poussent des cris lugubres et les ombres s'étirent dans toutes les directions.
Elles ondulent.
Elles rampent peu à peu, comme une armée de bêtes informes à la recherche d'une proie. Puis, au loin, le hurlement d'un loup suivi d'un "clap" sonore.

Le décor change, désormais c'est un entrepôt silencieux. Silencieux, peut-être, mais il n'est pas vide. D'étranges machines occupent l'espace, des chaînes pendent du plafond, des seaux et des bâches sont disséminés partout. Puis, comme des litres de peinture qu'on aurait renversé au hasard, il y a le sang. L'odeur métallique qui embaume l'atmosphère lourde et inquiétante.

Clap!

La porte en bois, rongée par les mites, s'ouvre sur une pièce poussiéreuse. Un chant s'élève, d'une voix lente et triste, depuis l'étage. On ne comprend pas ce qu'elle dit. Elle ralentit, toujours un peu plus, à mesure qu'on s'approche d'un escalier grinçant.
A la première marche, la voix s'arrête.
A la seconde, un chuintement résonne sur le vieux parquet.
A la troisième, le spectre morbide surgit en poussant un hurlement.

Evan ouvre les yeux. Il fait encore nuit, mais l'aube semble pointer à l'horizon. Il a le souffle court, ses draps sont trempés de sueur.
Somme toute, c'est un réveil plutôt banal.

Il prend le temps de laisser son cœur ralentir, puis il s'extirpe de son lit. Devant le miroir de sa chambre en bordel ("ça va, ils ne passent que demain pour l'inspection"), il observe les cernes sous ses yeux et les formes qui flottent derrière son épaule. Il les appelle des "relents", un peu comme ces points colorés qui apparaissent quand on ferme les yeux trop longtemps. Lui ce qu'il voit, ce sont les traces de ses rêves que son esprit lui refuse d'oublier. Ce sont les peurs, les phobies, celles de tous ceux qu'il croise au mauvais moment, et qui s'arriment à lui comme des moules à un rocher. Le point positif, c'est que quand Evan dit "Je te comprends, ne t'en fais pas" à quelqu'un qui se cache dans un placard car il a peur de l'orage, c'est de façon littérale.

Il baille, bruyamment, puis il se passe au moins un litre d'eau fraiche sur le visage. Il enfile son survêtement, il glisse un bandeau dans ses cheveux, puis il sort courir au frais dans le petit matin. Tandis qu'il inspire et qu'il expire profondément, tandis que son cœur reprend de la vitesse, tandis que l'endorphine se répand peu à peu dans ses veines, Evan oublie les peurs des autres, cet étrange pouvoir qu'il ne maîtrise pas, et il redevient lui-même.



• Tête en l'air • Je-m'en-foutiste refoulé • Un peu bizarre • Excessif • Démonstratif • Honnête - trop • Sportif • Prend soin de lui • Intelligent • Distrait • Souriant • Testeur de ses limites • Motard • Dragueur • Compétiteur dans l'âme • Rancunier • Bon public • Curieux limite invasif • Arrangeant - parfois • Motivé - surtout pour les conneries • Désorganisé comme jaja • Charmant - quand il veut • Energique • Ambigu • Moqueur - mais pas foncièrement méchant • Bordélique • Super coup • Fêtard •


Evan, c'est un paradoxe, le genre de mec difficile à cerner. Tu sais pas trop à quoi il pense, parfois d'ailleurs lui non plus, mais tu passes vite au-dessus car c'est vraiment le mec chill de base. Il est généralement populaire sans le vouloir, parce que c'est un gars qui se prend pas la tête tant qu'on vient pas l'emmerder de trop. Ce que ça t'apporterait d'être dans ses petits papiers ? De belles tranches de rigolade, des parties de just dance endiablées et un pumpkin cake à tomber.




• Noir • Anxieux • Manipulateur • Protecteur • Egocentrique • Violent • Loyal • Impulsif • Arrogant • Injuste • Déconnecté • Destructeur •

Evan est atteint d'un TDI (Trouble Dissociatif de l'Identité). Lorsqu'il est menacé, poussé à bout, insulté, peut-être frappé... c'est Sören, son alter, qui front et prend le pas sur le système. C'est lui qui répond, lui qui protège, qui persécute, peut-être parfois d'une manière peu conventionnelle. Mais il s'en fout. C'est son rôle, c'est qui il est.

C'est depuis l'éveil de son pouvoir qu'Evan sent que quelque chose ne va pas. Jusqu'ici, ses pertes de mémoire pouvaient être mises sur le compte de soirées trop arrosées, trop enjouées. Mais maintenant, il lui arrive parfois d'oublier des événements communs. Courants. Quelques heures passées dans un bar. Une nuit agitée. Un repas.

Il a terriblement envie de mettre cela sur le dos de son pouvoir, bien sûr. Avoir l'esprit parasité par les peurs des autres, voir ses propres peurs hanter ses rêves ; qui ne débloquerait pas ?
Mais c'est différent. Des pensées qui ne lui appartiennent pas, parfois, viennent le troubler. Il se sent noircir. Oui, depuis que le système est phobokinésiste, Sören est bien plus présent, tapi en coconscience, à partager certaines de ses pensées... Car tout ce qui l'importe, lui, c'est que plus personne ne leur fasse jamais de mal.

Pour comprendre un peu mieux le TDI d'Evan :

•  Evan est né d’un père suédois qui a tout quitté pour rejoindre l’amour de sa vie aux Etats-Unis. Financièrement très aisés, ils se sont rapidement installés dans l’Upper East Side, à New York, dans ce monde où tout n’est qu’apparence et préjugés. Dans ce monde où les problèmes sont chuchotés à voix basse, ou simplement jamais abordés.

Ce que l’on ignore ne peut faire souffrir… N’est-ce pas ?


•  Evan, c’est un jeune garçon de six ans qui présente une intelligence légèrement supérieure à celle des autres. Il comprend vite, il intègre, et surtout, il adore aller chuchoter les bonnes réponses aux copains qui sont en galère. On ne lui en veut pas, c’est un enfant. Néanmoins, la maîtresse s'inquiète, car elle aperçoit les bleus sur ce petit corps. Elle lit la souffrance, fugace, dans certains de ses pas. Elle contacte ses parents, elle veut en savoir plus, mais jamais personne ne vient enlever ce petit garçon. Jamais personne n'intervient.

Après tout qu'est-ce que c'est, un seul enfant, contre des centaines de milliers de dollars ?


•  Evan est un garçon de huit ans qui a pour habitude de compter les nuages. C’est tout ce qu’il peut faire, car on lui a interdit de se lever pour aider les autres. Il est un peu bizarre, toujours avec ce sourire en travers du visage et sa sincérité sans filtre, mais on l’apprécie car il a toujours les poches remplies de sucreries. Certainement que ses parents doivent être géniaux, pour le laisser faire ce qu’il veut après l’école !

Si seulement quelqu’un lui préparait son déjeuner le matin, peut-être mangerait-il autre chose que les bonbons qu’il parvient à attraper en bas du placard ?


•  Evan a neuf ans quand ses parents déménagent à Brooklyn. Son père dit que c’est temporaire, juste le temps de « se refaire », mais Evan s’en fiche. Un nouveau quartier signifie de nouveaux amis ! Génial ! Il bourre les poches de son cardigan crème avec des bonbons, il enfile ses Stefano et part à la conquête de cette nouvelle cours de récré.

Personne n’a pensé à lui dire que certains haïssaient les riches ? Même ceux qui ne le sont plus.


•  Evan est un pré-adolescent de douze ans le jour où ils s’attaquent à son visage et à sa tête. D’habitude, ils font en sorte qu’on ne puisse rien voir. Ils visent l’estomac, l’aine, les jambes, éventuellement les lombaires. Mais cette fois-ci, ils sont accompagnés par des grands. Des jeunes. Evan ne crie pas, il ne pleure pas. Il a l'habitude, de toute façon, son père dit que c'est ainsi qu'on grandit. Sören en revanche, lui, tente de rendre les coups autant qu'il le peut. Mais ce n'est pas suffisant...
C’est l’hôpital qui prévient ses parents. Ils accourent au chevet de leur fils prétendument adoré, à peine trois heures après l’appel. Le médecin parle de commotion cérébrale sévère, d’os cassés et d’hématomes. Les jeunes qui l’ont amené parlent d'une chute phénoménale à vélo depuis le haut d’une rampe. Quand on demande à Evan sa version des faits, elle est sans appel :

- Je ne me souviens pas.

C’est génial que ces gamins si prompts à le battre aient finalement décidé de l’aider après sa chute de vélo, non ?


•  Evan, c’est un adolescent de seize ans qui teste les limites. C’est normal pour un ado, non ? Il apprend à boire, à fumer, à faire les quatre-cents coups, il fait rire les autres, souvent il ne fait même pas exprès. « Il est ché-per » comme on dit, sacré comble pour un gars qui pratique le saut à la perche, non ? Ce n’est pas rare qu’il oublie ses soirées de la veille. Normal, quand on fait n’importe quoi, c'est ce qu'il pense. Les terreurs, celles qui lui faisaient du mal, ont maintenant peur de lui. Ils ne l’approchent plus. La roue tourne, hein ? Evan est un sportif, plutôt populaire. Un gars intelligent. Il a de l’avenir !

Mais comment se fait-il qu’il soit si dissipé ? Les terreurs l'auraient-elles lâché, sans l'aide oubliée de Sören ?


•  Evan est un jeune adulte de dix-neuf ans qui est passé entre les mailles du filet. Pas tout à fait délinquant, beaucoup trop honnête, plutôt marrant et pas méchant, il sort de Brooklyn en rendant ses parents fiers. Quand on lui demande si la vie a été difficile, pour un gamin de l’Upper East Side déchu dans les quartiers craignos, il répond :

- Hein ? Non, je n’ai jamais eu de souci particulier !

Et il le pense. Il le croit dur comme fer. Mais en lui, quelque part, Sören sourit. Car lui, il sait.

Ce que l’on ignore ne peut faire souffrir, vous vous souvenez ?


•  Evan, c’est ce gars de vingt ans qu’on adore inviter aux soirées. Il est vraiment trop drôle, toujours partant pour les conneries, du répondant comme on aime et un sens du booty dance qui met tout le monde d’accord. Il envoie des piques, mais on sait qu’il ne les pense pas ; Evan, c’est vraiment un chic type quand on le connaît. Si certains disent le contraire, c’est qu’ils mentent. On ne l’a jamais vu faire de mal à personne.

Par contre pour les black-out, il va falloir penser à faire quelque chose, pas vrai, mec ?


•  « Evan, c’est pas le fils des Anderson ? Shhhht !! Il parait que c’est un somnusien. Mais si, tu sais, ces monstres de foire… J’ai entendu dire, tu ne le répète pas, hein ? J’ai entendu dire que son pouvoir s’était éveillé le jour de l’anniversaire de son père, le 30 avril dernier. Anderson père a finalement réussi à refaire fortune, alors il a organisé une superbe soirée pour introduire son fils à la société. Il voulait qu’il prenne la suite, tu comprends ? Il a dit combien son fils était merveilleux, il est major de promo dans son université, il a eu une bourse pour son niveau d’athlétisme, tu sais ? Enfin, il était. Le gamin a été distrait toute la soirée, alors son père l’a emmené à l’écart pour le disputer. C’est ce qu’on m’a dit, hein, j’y étais pas, moi ! Le ton est monté, de plus en plus fort. Puis tout à coup, on a entendu un hurlement. La mère s’est précipitée, et tu sais quoi ? C’est pas son fils qu’elle a vu recroquevillé à terre, mais son mari. Recroquevillé, je te jure, avec les yeux retournés dans les orbites et la bave aux lèvres. Des invités sont arrivés et ils ont vu le pauvre homme… Quelle honte, t’imagines ? Quand la mère a voulu approcher, son fils avait l’air d’un sauvage. Le souffle court, il fixait chaque invité comme s’il les voyait pour la première fois, comme si les regarder le faisait souffrir. Bizarre, hein ? Il s’est enfui sans demander son reste. Le lendemain, il était parti, c’est sûr. Heureusement pour les Anderson, tu imagines ? Vivre avec un somnusien, quelle horreur… »

Pourquoi Evan ne se souvient que du début de la soirée ? Lui-même ne le sait pas trop. Si vous voulez des réponses, c'est à Sören qu'il faut parler. Et ça tombe bien, ce pouvoir, c'est une aubaine. Un nouveau moyen de défendre le système.


•  Evan, c’est ce nouvel étudiant arrivé courant mai 2021. Sa spécialité n’existe pas sur l’île, alors il recommence son cursus universitaire pour devenir psychiatre. Il a toujours été fasciné par la psychiatrie, c’est plutôt cool, non ? Il a vite trouvé sa place, avec son caractère bon vivant.

Mais depuis l’éveil de son pouvoir, Evan est éreinté. Car Evan possède le don de phobokinésie. Il voit les peurs des autres, elles le hantent souvent, elles dégradent son sommeil, et parfois, il y a un accident. C’est contre sa volonté, il déteste voir les autres se recroqueviller de terreur, mais il ne contrôle rien. Il ne sait pas ce qu’il fait.
Mais est-ce uniquement ça ?
La voix, qui traîne parfois dans sa tête, est-ce réellement dû à ce pouvoir?
Certaines personnes jurent l’avoir vu frapper un élève. D’autres assurent que ce mec est totalement flippant.

Mais où vont-ils chercher ça ? Evan, c’est juste le gars marrant, qui enchaîne les bourdes et les conneries en bouffant des cookies pendant sa partie de Just Dance, non ? D’ailleurs, il a souvent l’œil qui traîne, y en a d’autres sur l’île qui ont un booty shake de folie…

- Eh, tu veux que je t'apprenne le bouche-à-bouche ?

Un gars comme ça, c’est loin d’être violent.

Non ?