Tu laisses échapper un couinement chaste quand il tire tes cheveux. Tu le laisses faire car vos positions ne te permettent pas vraiment de le réprimander. Encore une fois il reprend le contrôle, se l'accapare même ! C'est affligeant en quelle midinette débile tu te transformes peu à peu Cecil. Tu réponds à ses baisers insistants, insistant tout de même pour les rompre afin de pouvoir respirer un peu, bien que la pression de son corps contre le tien réveille des souffles étrangers et des lueurs lubriques dans le fond des yeux. On ne conteste pas un regard.

— « Calme toi ! Cesse de te montrer aussi capricieux. Tu m'exaspères ! »

Tu donnes un léger coup de genou dans le vide afin qu'il comprenne qu'il est temps de te faire descendre de ce trône improvisé. Hésites quelques secondes, un filet de salive encore coulant sur ton menton.

— « Oui, je rentre. C'est bon tu as gagné. Mais ne prend pas cela pour une invitation. »

Froid et austère comme à ton habitude, tu redeviens ce prince de glace. Une attitude que tu maitrises et que tu méprises (aussi) car elle est bien la résultante de ta défaite. Tu dois garder la tête haute Cecil mais face à ce sourire niais d'un Ren conquérant et abruti par ces plus primitives émotions, tu as du mal à ne pas baisser les yeux.

Tu glisses sur le côté pour te dégager.

— « Essaies donc de m'emmener de force et tu verras ce qu'il va t'arriver. Je suis un prince, pas une princesse qu'on kidnappe. »

Tu passes à côté de lui et frôles son bras de tes doigts délicats.

— « Je passe devant. »

Quand il se rappelle de la dernière fois que tu l'as menacé, ça t'arrache un rire sardonique - presque sadique même. Il y a un peu d'animosité dans le fond de ta voix mais tu l'enrobes d'ironie et de sarcasme. Tes doigts se serrent et tes ongles s'enfoncent dans la paume de ta main, jusqu'à l'irriter à l'en faire saigner. Tu restes sous contrôle, imperturbable en apparence alors que ton coeur augmente sa cadence. Pourquoi est-ce qu'un idiot pareil ne te laisse pas indifférent ? Il a tout pour te rebuter et pourtant le fait qu'il ne regarde que toi (est évident) te rend dépendant.

— « Très bien. Je veux que tu t'en souviennes et que tu le prennes en compte avant d'agir stupidement. Je ne serais pas clément la prochaine fois. »

Ta mine s'assombrit.

— « Je te tuerais. »

Tu ne peux pas être totalement sérieux, car le meurtre n'est pas toléré à Sajna. Vous êtes encore à l'école et tu sais pertinemment que commettre un crime aussi grave risquerait d'anéantir à tout jamais l'espoir d'un jour rentrer à Monaco. Mais dans tes pensées s'insinuent toujours plans morbides et conspirations avides. Le poison peut être très efficace, et quasi indétectable. Le mutiler et le forcer à copier ton artefact est aussi une option. La torture psychologique, tu es certain de mieux la maitriser de vous deux. Non, il est clair que tu ne manques pas de ressources.

— « Alors ne me déçois pas, Ren. »

Il se place devant toi et sort un joint. Là comme ça... alors que vous êtes sur le chemin du retour. Tu fronces les sourcils et le dévisages, l'air interrogatif.
Tu presses le joint entre tes lèvres, attend (impatient) qu'il l'allume.
Le retires juste pour répondre.

— « Tu serais surpris de mes préférences. Je ne suis pas certain que tu puisses les assumer. »

Tu le contournes pour prendre la petite route qui mène à l'école. Tes pas se font bruyant sur les vieux pavés, et tu lui jettes des regards en biais. Laisses échapper la fumée blanche d'entre tes lèvres humides. Tu ne parles pas beaucoup Cecil, voir presque pas. Tu aimes entretenir le mysticisme et une fois devant la porte du bâtiment tu écrases le bout du joint sur le mur, la voix un peu enrouée rend ta demande plus sensuelle que tu ne le voulais.

— « Rallume-moi. »

Tue moi sous les étoiles Cecil.
C'est violent, c'est poétique. Tu sens ta poitrine se gonfler d'un souffle froid et glacial. Tu lèves la tête pour observer le champ d'astres sauvages dispersés dans le ciel. Regard en biais qui descend sur le visage de Ren derrière toi et tu n'as plus du tout l'air fâché. Tu n'as pas répondu, a continué ta course lente et laconique vers le bâtiment des dortoirs.
Tu ne sais pas encore ce que tu veux accorder à Darren, ce que tu veux lui céder. Une partie de toi le déteste encore et l'autre et prostrée de peur à l'idée d'être moqué ou souillé.

Peut-être devrais-tu le manipuler à ta guise. C'est toi qui doit jouer avec lui, pas l'inverse. C'est toi qui va l'humilier s'il s'adonne à ses maladresses. Face à la porte et le joint écrasé sur le mur. Vous vous êtes renvoyé la balle chacun votre tour et là c'est toi qui l'a. Tu préfères lui redonner en lui demandant d'agir - incapable de faire autre chose que de subir.
Il s'approche de toi et t'embrasse. Tu réponds à ses lèvres qui s'échappent bien trop vite. Tes yeux suivent le mouvement de ses doigts experts alors que tu tires une latte de la cigarette qu'il vient de te prêter. Tes yeux louchent une seconde, puis se ferment lorsque tu expires la fumée par les narines. Tu toussotes, frémit sous le contact osé de ses mains entreprenantes.
Tu te tends entièrement, geins sous sa langue.

— « Bien-vu, tu l'as rallumé lui. »

Tu relèves la tête après avoir consumé le peu qu'il restait de vivant sur ce pétard déjà consommé. Tu écrases sans honte le mégot sous ta chaussure.

— « Mais j'avais exigé : rallume-moi. »

Trop tard.
Tu passes devant lui après l'avoir regardé intensément. Ouvres la porte et pénètres le bâtiment. C'est toujours la même rengaine, les mêmes couloirs, le même ennui. Le palais te manque, les domestiques à torturer aussi, les photographes, les habits de luxe, ceux qui te léchaient les pompes sans que tu aies besoin de demander. Rien n'a de sens ici, et même planer ne te donne pas l'impression d'être plus léger.

Une fois dans la chambre, tu trembles. Restes stoïque et livide face à ce lit vide.
Que tu as lâchement abandonné.

Tu le sens derrière toi.

— « Tu as enfin compris le sens de ma requête ou dois-je répéter ? »

Tu penches légèrement la tête pour lui laisser le champ libre sur ta nuque à nue.