Le commencement
Paris a accueilli la naissance du plus beau des nourrissons, moi, Edward, fils unique de la famille Stern. Ma famille était sans histoire, mon père était chef cuisinier et ma mère illustratrice d'albums de littérature jeunesse. Leur profession était d'avantage une passion, mais je ne fus jamais délaissé ! Mieux, je fus couvert d'amour !
Pendant quinze ans je vécus une vie tout à fait simple. Je n'étais ni bon, ni mauvais en classe. On ne m'a jamais fait redoublé et je n'ai connu aucune difficulté scolaire ! A chaque entrée, mes parents m'encourageaient et à chaque fin d'année, me félicitaient ! Je connus de grandes amitiés, de belles rivalités, et des relations de haines et chamailleries. J'aimais déjà plaisanter et amuser la galeries à cette époque ! Au grand damne des professeurs qui me mettaient en colle ! Sans regrets !
Découverte de mon pouvoir
C'était une après-midi estivale. Je m'en souviens comme si c'était hier. C'était une partie de carte tout à fait normal, avec des scores plus ou moins hauts. Il y avait une douce rivalité autour de la table pour décrocher la victoire. Et tel la foudre s'abattant sur quelqu'un, mon pouvoir s'éveilla. La rivalité de mes amis, la satisfaction du gagnant, la colère du perdant s'affichèrent dans mon esprit. Ce trop plein d'information émotionnelle eut raison de moi. Je m'évanouis.
Le sommeil qui s'en suivit fut paisible et calme. Je ne me doutais pas que le monde statait de mon futur. Les gens détestent les somnusiens. La peur prit le dessus sur l'amitié et on me tourna le dos au point de ne pas essayer de savoir ce que j'étais devenu. L'affection de mes parents ne changea pas, mais ils étaient insignifiant face aux grands hommes de ce monde. Leur voix ne compta pas.
Un envoyé du gouvernement m'informa de mon statut et de ce que j'allais devenir. Mon pouvoir s'activa malgré moi et je ressentis une haine gigantesque. Encore aujourd'hui je n'ai rien senti de tel.
On m'autorisa à voir mes parents brièvement. On aurait pu croire que ce serait des adieux touchants, mais je ne reçus que l'expression de leur déshonneur et leur honte. Ils m'ont même renié. Du moins officiellement. Leur coeur parlait pour eux. Je ressentis leur tristesse de perdre leur enfant. L'amour de mes parents surpassa leur méfiance et leur peur à l'égard d'un somnusien. Je suis à la fois soulagé et perturbé. Le dernier souvenir de mes parents est leur tristesse que j'ai engendré.
J'ai ensuite dormi plusieurs jours. On estima pour mon bien que je ne devais pas rester éveiller pour me préserver des émotions des Hommes. Parce que moi, je n'en étais plus un aux yeux du monde.
Ma scolarité
Arriver à 15 ans à Sajna est très compliqué. Vous n'êtes pas trop petits pour qu'on vous tienne par la main et pas assez grand pour vous laisser une grande autonomie. Le pensionnat devient à la fois votre lieu d'étude et votre chez vous. Pour moi ce fut aussi une jungle à dompter, car mon pouvoir faisait peur à tout le monde. L'être-humain, même à son adolescence, cache ses sentiments et ne veut pas que quelqu'un lise en lui sans y être invité. Je fus catégorisé bien malgré moi comme un solitaire. Personne ne voulait me parler.
Depuis ce jour, je pense que les pouvoirs ne sont pas des dons, mais des malédictions et que la mienne est bien contraignante.
J'aurai pu rester solitaire, avec un casque sur les oreilles et ignorer le reste du monde, mais le plaisantin que j'étais ne voulait pas de cette vie. J'ai pleuré, j'ai déprimé, je me suis laissé affamé, j'ai pensé plus d'une fois que la mort serait plus douce que la vie, mais je n'ai jamais abandonné. Un don ou une malédiction ce pouvoir reste une partie de moi. Je pouvais le contrôler !
Je restais assidu en cours et m'impliquais de tout mon être dans l'apprentissage du contrôle de ma malédiction. Très vite, j'ai rattrapé mon retard sur mes camarades de classes. J'appris à verrouiller ce pouvoir, à ne plus lire dans le cœur des autres bien malgré moi.
Extrait d'une note des archives du pensionnat : Edward Stern a démontré une volonté impressionnante de se maîtriser afin de s'intégrer au pensionnat. Ses progrès fulgurants dévoilent un fort potentiel dans la maîtrise de son pouvoir. Ses camarades se méfient moins de luiNouvelle année, nouvelle classe et remise des compteurs sociales à zéro. On savait que je maîtrisais mieux mon pouvoir, même si ce n'était pas encore parfait. Ce fut la première fois que je m'intégrais aux somnusiens. J'avais moins de raison de me concentrer sur moi et c'est là que je les vis : les nouveaux arrivants. Je n'en étais plus un, mais je voyais sur le visage des autres qu'ils étaient perturbés par leur arrivée sur l'île. Pas besoin de mon pouvoir pour le voir.
Un inconnu m'a détesté à un point difficilement imaginable, mes parents sont dévastés bien malgré moi. Et pourtant je n'ai qu'un pouvoir qui se veut intrusive. J'imaginais difficilement les peines de ceux qui étaient moins chanceux que moi. Sajna m'avait montré qu'il existait d'innombrables malédictions dans les pouvoirs que l'on possédait. J'aurai aimé être accompagné à mon arrivée. Ce ne fut pas le cas ? Soit, ce ne serait pas la même chose tant que je serai élève au pensionnat. Avenant, sympathique, serviable, tout ça se rajouta à mon côté espiègle et je redevins enfin l'humain que j'étais avant mes quinze ans.
Extrait d'une note des archives du pensionnat : " Edward Stern s'intègre parfaitement, peut-être même trop vu toutes les plaisanteries dont on est victime. Ca frôle l'impertinence, mais quelques heures de colles le ramènent sur le droit chemin. Le voilà enfin parfaitement intégré et sa maîtrise de son pouvoir ne cesse d'augmenter."Une faim sans fin
Nous avons tous des secrets inavouables et ces secrets sont reliés à des émotions que l'on cherche à dissimuler : joie, tristesse, peur, colère. Rien n'y échappe. On m'apprit à ignorer vos sentiments les plus forts pour outrepasser votre joie de vivre ou votre dépression pour déceler en vous la plus petite infime des émotions. On m'a appris à lire entre les lignes dans votre esprit et cette chasse au trésors est... délectable. Rien n'est parfait en ce monde, pas même notre pensionnat. Personne, pas même moi, n'aurait prévu que fouiller l'esprit des gens serait une activité aussi amusante, aussi fascinante.
Je contrôle l'activation de mon pouvoir, je maîtrise ses subtilités et je suis subjugué par certaines d'entres-elles. Ma joie de vivre ne vous le montre pas, mais je sens tous les jours mon don m'appelait à violer votre intimité spirituelle. Jusqu'ici j'ai toujours tenu bon. Et j'ai même trouvé un compromis.
Je n'étais pas le meilleur des étudiants quand j'étudiais la psychologie, mais je réussis à valider chaque matière et chaque année avec brio. Je ne doute pas que mon pouvoir m'ait aidé à franchir les étapes nécessaires à ce métier tant convoité : psychologue. La psychologie est faites pour moi. Je souhaite sincèrement aider mon prochain et éviter bien des difficultés aux nouveaux pensionnaires, et l'usage de mon don pour les aider à mieux se comprendre satisfait ma faim de savoir.
Extrait d'une note anonyme : " Edward est fait pour le métier de psychologue, tant grâce à sa bienveillance que les caractéristiques de son pouvoir. Il reste excentrique, presque immature, mais il remplit les fonctions de son rôle sans créer de vagues. Il reste tout de même nécessaire de garder un oeil sur lui"
Quelqu'un qui a cliqué, qui a tout lu, qui a posé des questions, qui a reçu des réponses, qui a fait sa fiche.
En vrai je suis une âme qui s'est égarée et veut poser ses valises ici !