Le calme, la tranquillité. Elle apprécie en cet instant juste de pouvoir entendre simplement le bruit du vent soufflant dans les arbres, rafraichissant son visage quand il lui souffle dessus tout en s’amusant avec sa chevelure pour la faire voler dans son dos. Skye ne supporte pas trop de silence, mais la musique que la nature a à lui offrir est l’une des meilleures à écouter. Surtout quand l’on souhaite s’écarter un peu de la vie d’élève. Elle avance, sans hésiter, sur le petit sentier qui va l’amener au lac et une fois arrivée, elle reste à regarder cette surface calme qui ne bouge seulement quand la brise le souhaite.
Un instant où elle reste à contempler le paysage avant d’avancer vers le bord afin de s’y asseoir, l’air pensive. Elle aime ce lieu de par le fait qu’il n’y a pas grand monde qui y vient mais surtout parce qu’il est parfait pour ces moments où elle a besoin de juste être seule avec elle-même.
Parce qu’elle se remet souvent en question Skye et dans ce genre de situation, il n’y a rien de mieux que de prendre du recul pour mieux trouver la solution. Cependant, son problème ne se règlera pas simplement en claquant des doigts.
Son objectif à Skye reste de faire en sorte qu’ils soient acceptés par tout le monde. Mais… comment faire en sorte que cela arrive ? Au final, ils sont plus nombreux à se penser supérieurs qu’autre chose. Alors elle soupire, s’étire avant de lever les yeux pour observer le ciel. Clair, sans l’ombre d’un nuage pour le couvrir, un sentiment de sérénité lui envahit la poitrine, balayant toutes ces pensées qui lui prennent la tête.
Chaque chose en son temps. S’il y a bien une chose qu’elle sait Skye, c’est qu’il faut être patiente. À trop réfléchir, elle ne fera que se perdre dans des pensées et idées qui ne feront que la ralentir.
Il verront bien un jour, que la violence ne sert à rien.
Un bruit attire alors son attention et elle tourne la tête afin d’en voir la provenance, surprise de constater qu’elle n’est alors pas la seule à venir à cet endroit. Du moins, quand elle est là. Cependant, au vu de la personne qui vient d’arriver, elle se met à sourire avant de prendre la parole.
Tu avais pris un instant pour faire une pause. Pas une journée. Tu ne t’offrais pas autant de temps libre. Mais un moment pour traîner en dehors du campus, c’était raisonnable à tes yeux. Une fois dans le mois c’était suffisant non ?
Tu t’étais dirigé vers la forêt pour changer. La météo était clémente, parfaite pour une petite balade. Parfaite pour sortir et se dégourdir les jambes. Et pour le moment, tu ne demandais rien de plus qu’une petite promenade. C’était suffisant pour toi. C’était bien assez. C’était même parfait. Quoi de mieux pour souffler.
Tu fais le vide dans ton esprit. Tu essayes de penser à autre chose. Pas de paperasse. Pas e problèmes à régler. Pas d’ennuis à l’horizon. Personne. Juste toi et la nature. Tu n’allais penser à rien à cet instant. Tu te l’étais promis. Tu devais juste profiter de ce moment sans rien de plus. De toute façon c’était ton moment à toi.
Tu soupires en arrivant à la forêt. Il faisait chaud tout de même. Et ce n’était pas à cause de ton pouvoir. Au contraire, en venant jusqu’ici tu avais pu te rafraichir en l’utilisant. Mais maintenant que tu avançais « normalement », comme un être humain normal et civilisé. Sans franchir le mur du son quoi. Tu ressentais une grosse vague de chaleur.
Fort heureusement pour toi, tu repéras dans le coin un lac. De quoi te rafraichir. Tu trempas la main à l’intérieur sans te poser davantage de questions avant de t’en asperger le visage. Parfait, tu sentais déjà une douce vague de chaleur te refroidir. Il tombait à pic ce lac. Tu notas dans un coin de ton esprit son emplacement. C’était bon à savoir pour tes sorties futures.
Tu t’étiras avant de te remettre en route. Tu n’étais pas du style à rester sur place trop longtemps. Encore moins en possédant ce don. Autant continuer de faire un tour. Plus tu restais en mouvement, plus ton esprit se sentait apaisé.
A mesure que tu traversais la forêt tu captas l’attention d’une personne. Une personne qui te connaissait visiblement. Puisqu’elle t’appela familièrement. D’abord surpris de faire une rencontre ici. Tu clignas des yeux avant de te tourner vers le son de sa voix.
Quelle surprise lorsque tu remarquas que ce n’était nul autre que Skye. Tu affichas l’un de tes plus beaux sourire, ravis de la savoir dans le coin. Et puis tu pourras profiter de ton escapade avec une amie que tu considérais comme quelqu’un de très proche.
Skye ! Tu fais quoi ici ? En tout cas ça fait plaisir de te voir ! Tu veux qu’on aille faire un tour. J’ai trouvé un lac sympa dans le coin. Et j’ai encore un peu de temps devant moi avant d’y retourner !
Il semble ravi de la voir, ce qui ne fait qu’accentuer le sourire de la blonde en voyant celui que lui offrait le nouveau venu. Une amitié précieuse est née entre eux, de par le fait qu’ils sont tous les deux membres du conseil des élèves mais surtout parce qu’ils ont un caractère similaire. Pas non plus sur tous les points car là où Skye peut se montrer indulgente, lui peut se montrer intransigeant.
« Aller, pourquoi pas. »
Se relevant alors, elle époussète sa jupe avant de rejoindre Sacha afin de démarrer la balade.
« Comment est-ce que tu vas ? »
Est-ce que lui aussi avait ce besoin De prendre l’air ?
« Je suis contente de constater que tu sais prendre des pauses tout de même. »
Un air amusée et pourtant sincère sur le visage, elle le détaille rapidement de ses beaux yeux clairs. Aussi grand qu’elle, les cheveux blonds légèrement en bataille à cause du vent et son regard similaire au ciel ne peuvent qu’approuver encore une ressemblance entre les deux.
Elle se demandait régulièrement si elle ne serait pas ainsi si elle était un homme.
« Je te laisse diriger la marche du coup, et prends ton temps. Nous ne sommes pas pressés. »
Car avec son pouvoir, il pouvait très bien s’y rendre en une fraction de seconde. Quel intérêt à une balade si l’on n’en profitait pas ?
« Alors, dis-moi, pourquoi tu es ici ? »
Au lieu de travailler comme il le fait tout le temps ? Regard perçant, elle le fixe alors en attendant sa réponse.
Tu la voir sourire, avec son sourire calme et désintéressé. Il faisait du bien. Apaisant, réconfortant. Non vraiment, tu n’avais pas à te plaindre de ta petite équipe. Chaque membre était adorable à sa façon. Sympathique, amical ou attentionné. Même si tu devais avouer être plus proches de certains que d’autres.
Je vais bien merci, et toi ?
Tu lui réponds l’air léger, un sourire poli sur le visage. Elle décide de t’accompagner. Non pas que tu en doutais. Bien au contraire même. Après, ça reste plaisant de la voir aussi fidèle à elle-même. C’était quelqu’un sur qui tu pouvais compter.
Je suis bien obligé. Sinon Mason et les autres vont me faire la peau.
Tu te permets de laisser échapper un petit rire amusé. En y repensant, c’était même pas de l’humour. Tu étais sérieux en disant ça. C’est bien ça qui est drôle.
Tu lui fais signes de te suivre et tu ouvres la marche. Tu n’étais pas loin du petit lac, heureusement. A peine tu t’approchais, que la brise rafraichissante venait caresser ta peau. Une aubaine d’avoir trouvé un tel endroit.
Je suis ici pour prendre une pause, comme tu le dis. Avec mon pouvoir me suffit d’un instant pour arriver, c’est bien pratique. Personne ne remarquera ma disparition comme ça.
Tu soupires, même si tu t’accordais une pause tu sais qu’elle ne durera pas bien longtemps. Il faudra y retourner. C’est ton rôle, ton devoir.
Et toi ? Tu viens surveiller les élèves même en dehors de l’école ou tu prends juste ton boulot à la légère ?
Tu hausses un sourcil, le disant sur le ton de l’humour. Même si ton visage n’était pas très expressif. Ou pas plus que d’habitude disons-le. Elle pouvait facilement comprendre que tu la taquinais, rien de plus. Tu n’avais pas à te plaindre d’elle, ni des autres membres, bien au contraire, c’est grâce à eux si tu as assez de force pour continuer. C’est grâce à leur présence et leur soutien sans faille.
Elle est rassurée de voir qu’il ne se démène pas totalement au travail. Inquiète, oui elle peut l’être quand il passe ses journées, voir ses nuits, au bureau du conseil des élèves. Elle travaille beaucoup, mais il faut aussi savoir se détendre. Chose que lui, ne sait faire que quand on l’y oblige. C’est pour cette raison qu’elle lui a demandée le pourquoi de sa présence. Et savoir qu’il a lui-même pensé à prendre du temps pour lui, elle ne peut en être que ravie.
« Personne ne t’en voudras de respirer un peu, bien au contraire. »
Un souffle sur le visage, elle lève la tête pour en profiter un peu plus avant de rire à sa taquinerie. Elle sait qu’il plaisante bien entendu car peu, voir personne ne peut lui reprocher un défaut qu’elle ne possède pas.
Soit la négligence au travail.
« Mince, je me suis faite grillée si vite ? Après, nous avons un président qui travaille d’arrache-pied, donc je n’ai pas besoin d’en rajouter non ? »
Prunelles glissant sur la silhouette du jeune homme, un sourire narquois nait à la commissure de ses lèvres avant de reprendre la parole.
« Président qui, d’ailleurs, se permet de ne pas être dans son bureau ! Qui n’est pas en train de faire la paperasse ! Quel affront, quel outrage même ! »
Oh, il est bien au courant qu’elle n’en pense pas un mot. Au contraire, elle doit faire partie de ceux qui doivent lui dire de sortir de sa chaise pour retourner dans son lit au lieu de passer son temps au même endroit. À croire qu’il a élu domicile au mauvais endroit.
Car non, un bureau n’est pas un lit, quoi qu’on puisse dire.
« Plus sérieusement, si je suis ici c’est simplement pour souffler un peu. C’est l’endroit idéal pour réfléchir et faire une introspection. »
Paupières qui se ferment, à l’écoute du vent et des bruits de la forêt.
« Il n’y a personne pour déranger, personne pour juger, juste nous et nos pensées. »
Oui, personne ne t’en voudras si tu prends des pauses. Si tu te reposes. Si tu gardes un moment pour toi. Pour souffler. C’est le contraire même, les gens ont tendance à te reprocher ton travail acharné. Ton zèle. Ton côté perfectionniste maladif. Mais t’es comme ça, t’y peux rien toi. Et puis, tu peux pas te résoudre à arrêter. Si t’arrêtes, tu forces les autres à travailler davantage. Tu ne veux pas leur infliger ce fardeau. Tu ne veux pas leur faire supporter ce poids.
De toute façon t’es coincé dans ta boucle. Dans tes défauts, dans tes mauvaises manies. C’est trop tard maintenant. T’as appris à vivre avec. Faut que tu vives avec.
Tu souris à sa remarque, elle l’avait bien pris, forcément.
C’est vrai, je suis là pour ça. C’est le boulot du président de réparer les conneries des membres.
Tu ris de bon cœur à la suite. Tu profites de l’instant. T’es là pour te détendre après tout. Même si ça ne dure que quelques minutes.
Oui, sauf que moi je peux retourner à mon bureau en quelques secondes grâce à mon pouvoir. Pas sûr que Madame la secrétaire puisse faire la même.
Souffler un peu. Se perdre dans ses pensées. Faire une introspection. Depuis combien de temps avais-tu chercher à échapper à toutes ces obligations ? Tu avais tellement de chose qui te trottais dans la tête. Tellement d’inquiétude, de mélancolie. Tellement de choses que tu souhaiteras réparer. Si peu d’occasion de le faire. Si peu de temps pour le faire.
Tu te laisses tomber sur le bord du lac. La brise est douce, agréable, parfaite. Tu pouvais figer cet instant dans le marbre. Rester ici et tout abandonner. Rester ici et ne penser à rien. Juste vivre, vivre pour une fois. Si seulement.
Dis Skye, t’as des regrets toi ?
Tu lances la question de nulle part. Comme ça. Elle était sortie sans vraiment d’explication. Une introspection ? Peut-être. C’était son idée après tout. C’était pas une si mauvaise idée au final.
Elle continue de rire Skye, l’atmosphère se fait plus légère et elle se détend d’autant plus. Il continue d’enchérir sur le fait que le président est là pour réparer les conneries des membres en enchainant ensuite sur son pouvoir et, l’expression devenant faussement boudeuse, elle reprend la parole en jouant les enfants immatures.
« Gna gna gna, je suis super rapide et je peux retourner à mon bureau quand je veux. »
Mais un sourire reprend rapidement le dessus sur son expression et un petit rire s’échappe de ses lèvres avant de le rejoindre au bord du lac, s’asseyant tout en observant la surface liquide qui ne se laisse porter que par la brise du moment.
Question qui se pose, Des regrets ?
« Comme tout le monde j’imagine. »
Voix calme, trop calme d’un coup. La plaisanterie a disparue, le rire n’est plus. Dix-neuf années d’existence, forcément il y a des choses qu’elle aurait préférée ne pas faire. Ne pas voir. Elle est jeune encore, mais les erreurs se font dès qu’on a l’âge de comprendre les choses.
« Tu penses à un domaine en particulier ou bien de manière générale ? »
Regard qui pivote en sa direction, elle l’observe avec beaucoup d’attention tout en s’interrogeant sur ce sujet de conversation.
À quoi pense-t-il ? Pourquoi évoquer ce sujet ? Est-ce que ses regrets à lui sont en train de le ronger ?
« Les tiens sont-ils en train de prendre toute la place dans ta tête ? »
Tu peux lui parler, tu le sais Sacha. Parce qu’elle t’écoutera toujours Que ce soit maintenant ou au milieu de la nuit Elle ne te laissera jamais tomber.
Comme tout le monde. Elle avait raison. On a tous des regrets. Certains sont plus ancrés que d’autres. Certains ont du mal à vivre avec, à les dissimuler. A faire comme si de rien était. Et toi, Sacha, quel genre de personne tu es avec les regrets ? Ton regard se perd dans le lac, mélancolique. Si seulement tu pouvais contrôler le temps, pourrais-tu faire disparaitre tous tes regrets ? Ou alors ce pouvoir ne ferait que donner naissance à bien d’autres ? Qui sait, une partie de toi est persuadé qu’il n’y a pas de bonne réponse. Une sorte de fatalité du monde. Celle d’avancer malgré ses regrets et ses fautes. Ce sont eux qui nous définissent. Au-delà de notre expérience. Elles nous façonnent, nous forgent. Un métal poli par les coups et la chaleur. Voilà ce que nous sommes.
Un domaine en particulier. Bonne question. Mais tu pencheras plus pour la seconde option. Tu en as tellement que tu pourrais difficilement parvenir à tous les catégoriser dans un domaine en particulier. C’était peine perdue.
On a tous des regrets et on vit avec. Dernièrement ils me sont juste revenus en plein dans la figure on va dire.
Tu réponds indirectement à sa dernière question. Bien sûr qu’ils te prennent aux tripes. Ils hantent tes pensées. Te cauchemarde tes nuits. Les regrets, la tumeur de ton corps. Ce qui te ronge petit à petit.
Ma sœur est arrivée sur l’île. Et je regrette tellement chose avec elle. C’est une fille gentille au fond. Mais à cause de moi. Elle s’enfonce de plus en plus.
Oui ta faute. Ta grande faute. Ton péché. Ton plus grand crime. Ta petite sœur. La pire trahison en temps que frère. Comme faire comme si de rien n’était. Comme si tout allait bien dans ta vie. En voyant ta sœur s’enfoncer dans les ressentiments.
Je lui laisse du temps. J’évite d’aller la voir. De toute façon c’est pas comme si elle avait envie de me croiser. Mais je sais pas quoi faire. J’ai juste l’impression que quoi que je fasse. Il n’y a pas de bonnes réponses.
T’es résigné. Au pied du mur. A deux doigts d’abandonner. Sans savoir quoi faire. Sans savoir quoi dire. T’es juste à bout.
Les histoires de famille, elle ne connait pas trop Skye. Fille unique, sans frères ni sœurs, il lui arrivait parfois d’envier ceux qui en avaient. Ce lien unique et impérissable hors du temps et toujours présent. Un lien du sang, plus fort que tout. Parfois il arrivait qu’ils ne s’entendaient pas, parfois c’était le contraire. Et là Sacha, il était plutôt dans le cas où c’était complexe.
Skye écoute. Elle le regarde avec douceur et chaleur. Cette envie de l’aider, d’alléger son poids Hurle dans sa tête.
« Ta relation avec elle n’a pas l’air simple. Mais explique-moi pourquoi tu penses que c’est de ta faute. »
Pourquoi est-ce qu’il croit qu’il est responsable. Pourquoi est-ce qu’il porte ce lourd problème sur ses épaules sans considérer que ce n’était peut-être pas que lui le souci ?
« Je n’ai pas de frères ou de sœurs, mais comme toute relation, cela ne concerne pas que toi Sacha. »
Quand la communication ne passait pas, il y avait forcément une raison. Pas d’écoute, un renfermement, un éloignement… Mais d’une façon ou d’une autre, les deux personnes étaient responsable. À leur manière, simplement.
Under the same sky, at the same time, at the same place we’re probably seeing other people We were too young and didn’t understand love. I wish you happiness, Now goodbye goodbye
Bien sûr qu’elle n’est pas simple. Rien n’est simple ici-bas. Sur cette île. Sur ce monde. Tout est compliqué. Si compliqué. Tu l’avais compris à force. Tu n’as pas de bonnes réponses. Tu ne fais qu’essayer. Essayer en priant de tomber sur la bonne solution. Et plus tu rates, plus tu accumules les regrets. Les peines. Tu vois dans le regard des autres la déception. T’as beau faire de ton mieux, t’as beau essayé. C’est jamais assez bien.
Alors tu continues d’essayer. Tu ne sais faire que ça. Tu espères juste que ça passe. Un jour ou l’autre. Que ça suffise pour rendre les gens heureux. Pas tous, tu n’es même pas capable de rendre heureux ta famille. Mais si t’arrives déjà à faire plaisir aux gens que tu prends dans tes bras, alors ça te suffit. Tu demandes rien de plus. C’est ton souhait, ton rêve d’enfant. Ton côté naïf.
Je l’ai abandonné. J’étais pas là pour elle puis je l’ai abandonné. Minable comme frère pas vrai ? Tu peux le dire t’inquiète. C’est ce que je pense de toute façon. Alors j’essaye de me faire pardonner, à ma façon. Mais on peut pas dire que ça marche vraiment. Elle me déteste, c’est à peine si elle m’adresse la parole.
Alors tu laisses tomber ta tête. T’es fatigué. Fatiguer d’essayer. Fatiguer d’essayer pour rien. Fatiguer de te battre. Tu sens ce fardeau. Ce poids que tu portes sur tes épaules. Plus le temps passe. Plus il se fait lourd. Plus il se fait sentir. Plus tu as du mal à avancer. Plus tu as du mal à continuer. Comme c’est dur Sacha. Comme tu aimerais qu’il s’allège. Qu’il soit moins lourd. Comme tu voudrais qu’il disparaisse.
Je sais que ça ne concerne pas que moi. Je veux surtout pas être égoïste ou lourd avec elle. Je veux pas aggraver la situation. Mais je veux pas l’abandonner. Pas une nouvelle fois Skye. Pas encore. Et en la voyant comme ça, j’ai l’impression qu’elle va droit au mur. J’ai beau dire et faire n’importe quoi c’est comme si tout ce que je faisais ne servait à rien…
Alors du coup t’es fatigué. Si fatigué. Tu soupires, à la fois de lassitude et de peine. Si seulement la réponse pouvait s’offrir à toi. Apparaître comme par magie. Si seulement.
M’enfin, désolé de t’ennuyer avec mes histoires. J’avais juste besoin d’en parler. Je voulais pas te prendre la tête avec ça.
Tu laisses échapper un petit rire. Mais tu as du mal. Il passe à moitié avant de s’écraser au bout de ta gorge. Comme si tu n’avais plus la force de rire non plus. Si seulement, tu pouvais être meilleur. Si seulement.
Ses paroles percutent l’air de par la dureté dont il fait preuve à son égard. Minable. Elle fronce les sourcils, l’expression plus sérieuse.
À quel point s’est-il lynché de son erreur ? À quel point se rabaisse-t-il à cause de ce regret ? À quel point se pense-t-il si mauvais ?
« Je ne te trouve pas minable. »
Voix posée, regard légèrement inquiet. Il va se détruire lui-même à penser ainsi. À tout prendre pour lui, à se mutiler sous ses accusations.
« Si tu ne veux pas l’abandonner, dans ce cas fais savoir que tu es là pour elle. Sans pour autant insister ou paraître lourd, mais qu’elle comprenne que si elle a besoin de toi, tu seras présent. »
Pause.
« Je ne connais pas ta sœur, mais si elle te déteste et que la colère est toujours présente à cause de ton acte, elle a sûrement besoin de panser cette plaie. Cela prendra du temps, mais n’abandonne pas tes tentatives de rapprochement. Ne sois pas insistant, juste… Présent. Elle finira par voir que tu fais des efforts pour te racheter. Et c'est ça, le plus important. »
Un nouveau silence, elle détourne ensuite son attention sur l’eau à la surface si plane, si calme. Si apaisant au final.
« Sacha, arrête. Tu sais très bien que tu ne m’ennuies jamais avec tes problèmes. Au contraire, si je peux être d’une quelconque aide, ça me ferait plaisir de t’apporter du soutient. »
Car à prendre tout pour soi, il devait bien avoir des moments où il en avait besoin. De se confier.
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Je ne te trouve pas minable. Elle doit bien être la seule. Non, en vérité tu exagères. Tu sais que tu peux compter sur d’autres personnes. Tu as juste du mal à t’en rendre compter. Tu sais que tu peux compter sur les doigts d’une main ces gens-là.
Merci Skye.
Des mots que tu devrais prononcer plus souvent. Et pas qu’à elle. Des mots dont tu devrais prendre conscience plus rapidement. Des mots que tu devrais embrasser. Prendre avec toi. Peut-être que ces mots-là pourront un peu alléger ton fardeau au final.
C’est déjà fait. Je lui ai déjà fait comprendre que j’étais présent. Dès son arrivée je lui ai montré. Au final elle m’a frappé en m’insultant. On peut pas vraiment dire que je m’en sois bien sortie hein ?
Nouveau soupir de ta part. Nouvel échec. Mais tu avais plus de facilité à prendre conscience de tes erreurs. Pour le meilleur comme pour le pire.
Tu as sûrement raison. Enfin j’espère. Je veux lui montrer qu’elle peut compter sur moi. Mais… au fond j’ai l’impression qu’elle ne veut l’aide de personne. Qu’elle s’isole. Qu’elle s’enfonce dans sa colère. Et je sais qu’au bout de ce chemin ce n’est pas le bonheur qu’elle trouvera.
Et ça, tu ne peux l’accepter. Tu ne veux pas l’accepter. Si elle termine sa vie dans un océan de tristesse et de haine alors tu auras échoué. Tu l’auras abandonné à son sort, une fois de plus. Une fois de trop.
Tu m’aides beaucoup. Rien qu’en m’écoutant déjà. J’avais besoin d’en parler. Fallait que ça sorte. Donc pour ça je t’en remercie.
Tu essayes de sourire, un sourire plus réussi cette fois. Un sourire moins minable que tes précédentes tentatives. C’est bien, tu n’aimes pas faire la tête trop longtemps. Te morfondre dans tes pensées, c’est la meilleure façon d’inquiéter les autres. Et c’est quelque chose que tu veux éviter au possible. Justement parce que tu tiens à eux.
Mais ça vaut pour toi aussi Skye. Si jamais t’as besoin de te confier à quelqu’un. Je serai toujours là. Pour t’écouter et t’offrir des solutions !
Ironie du sort, tu es de très bon conseils pour les autres, mais tu ne trouves jamais les réponses à tes propres problèmes. T’es pitoyable Sacha. Tu sauveras le monde entier sans jamais te sauver.
Il remercie. Ces mots sont doux, sincères. Ils font plaisir à entendre quelle que soit la situation. Mais quand il reprend ensuite la parole, Skye a une moue.
C’est agaçant. Qu’un être aussi bon Se fasse autant de mal.
« La question n’est pas de savoir si tu t’en es bien sortit. Pour le moment, tu as fait de ton mieux et même si tu crois que ce n’est pas suffisant, ça l’est. Mais à ton niveau. Au vu de la situation, faire plus ne ferais qu’aggraver la chose, donc même si c’est peu, ce n’est pas rien. »
Parce qu’il essai, à sa hauteur, de changer les choses. Et c’est l’acte d’essayer qui est important. C’est montrer qu’il a une volonté de bien faire. Car les efforts qui découleront de cette détermination seront salvatrice pour l’avenir, elle en est certaine.
« Je comprends ton point de vue effectivement… La voie qu’elle emprunte n’est pas un bon chemin de vie. Être menée par un sentiment aussi négatif ne peut mener qu’à des problèmes. Tu vas… Je pense que tu vas avoir du mal à lui faire entendre raison. La colère rend sourd en plus de rendre aveugle, donc il va te falloir du temps. Il faudra juste t’accrocher. Mais tu le sais déjà, pas vrai ? »
Le temps est une solution a beaucoup de soucis, surtout quand ils sont liés aux émotions. Comme si ces derniers dépérissaient alors que le sable continuait de couler. La force que peut avoir la colère est l’une des raisons pour laquelle Skye évite le plus possible de la laisser prendre le contrôle. Elle est effrayée par la rage qu’elle pourrait ressentir, par les cris qu’elle pourrait pousser.
Par les gens qu’elle pourrait blesser.
« Ne me remercie pas Sacha. On est amis et je serais toujours là si tu as besoin de quelqu’un avec qui parler. »
Ses prunelles tombent sur les siennes, elle lui offre un sourire avant de reprendre la parole.
« Je n’ai pas de problème qui n’a pas sa solution, donc ne t’en fais pas pour moi. Occupe-toi d’abord de ta personne, tu en as besoin. »
Et c’est tellement vrai. Lui qui se sacrifie pour les autres, cela lui fait de la peine. Car il ne changera pas.
« Vraiment, prends soin de toi Sacha. »
Lueur anxieuse dans le regard. Elle craint que tout ça ne le détruise.
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Borné, obsédé par les autres. Obsédé par l’idée de bien faire. De mieux faire. Même si ton cœur finit en morceaux, tu continueras Sacha pas vrai ? Même si tu manques de t’écrouler. Tu l’afficheras toujours, ce sourire sur les lèvres. Ce sourire de réconfort. Ce sourire pour rassurer, faire comme si de rien était. Donner sa vie pour les autres, pour ceux que l’on aime. Avec toi, ces phrases sont lourdes de sens, de vérités. Je te souhaite au moins de voir leur visage, tous heureux, avant la fin Sacha. Avant que tu t’écroules pour de bons. Avant que tout s’arrête.
Toi qui es si rapide. Toi que rien ne semble arrête. Toi que rien ne perturbe. Tu trébucheras comme tout le monde. Tu trébucheras comme les autres. Au moins, tu ne seras pas seul ce jour-là. Lorsque tes paupières seront lourdes. Lorsque tu n’auras plus la force de courir. Quand ton corps t’aura abandonné et ton âme se sera effrité. Tu penseras à chacun d’entre eux. Tu les verras tour à tour. Une dernière fois. Juste un dernier instant. Et au final. Même tes dernières pensées. Seront dirigés vers les autres. C’est ta plus grande fierté. Non pas ce que tu as accompli, mais ce que tu as fait pour eux.
Tu espères juste. Sincèrement, que tout ce que tu as essayé, tout ce que tu as tenté, ait eu un sens. Au moins à leurs yeux. Que ton amitié et tes sourires n’aient pas été vain. C’est là ton seul désir. Ton seul caprice. O mon pauvre enfant. Mon pauvre garçon. Puisses-tu un jour trouver le bonheur, que tu cherches tant à offrir aux autres.
L’amour et la souffrance sont intimement liés. Car celui qui a aimé sans souffrir, n’a jamais éprouvé d’amour.
Oui, je ne forcerai pas. Je ne veux pas être un poids pour elle.
Pour elle n’y pour personne d’ailleurs. C’est ta hantise, ton cauchemar, celui de tirer tes proches vers le bas. Par ta faute. Par ta seule présence, coupable d’exister. Coupable de décevoir.
Je le sais. Mais j’espère qu’elle trouvera son bonheur, un jour, quelque part. N’importe. Juste la voir heureuse, ça me suffit.
Pour elle et pour tout le monde. C’est ton désir, ton rêve. Celui qui offre le paradis à ses proches. Par ton aide. Par ta présence, digne d’être à leur côté. Libre de leur offrir ce qu’ils souhaitent.
Alors laisse-moi au moins te remercier pour ça Skye. Le fait que tu sois là et que tu m’écoutes. Le fait que tu as toujours été là. Merci encore.
Tu souhaites les aider, mais ce sont eux qui t’aident. Qui t’aident à tenir. Rester droit, ne pas flancher. Alors oui, tu voudrais tout leur offrir. Tu voudrais tout leur donner pour les remercier.
Je suis rassuré de t’entendre dire ça Skye. Je te souhaite d’éviter les tracas et les problèmes aussi longtemps que possible.
Tu soupires, non pas de lassitude. Seulement par peur de décevoir. Tu voudrais lui promettre. Lui promettre de faire attention. De travailler moins, de donner moins de ta personne. Mais tu en es incapable. Tout comme tu es incapable de lui mentir à ce sujet. Alors tu changes la donne, tu abordes autre chose. Tu fais comme si de rien était.
Mais sache que ça vaut pour toi aussi. Je reste là si jamais tu as besoin de moi, que ce soit pour t’écouter tout simplement ou pour t’aider.
Tu tournes le visage vers elle, un sourire radieux sur le visage, un sourire aussi clair que le ciel qui vous entoure, aussi rayonnant que l’eau du lac.
Trop gentil. C’est son défaut à Sacha, sa gentillesse. L’on disait de Skye qu’elle l’était aussi, mais le niveau est drastiquement différent. Skye pouvait faire des concessions et des sacrifices. Mais jamais elle n’irait aussi loin que Sacha. Alors le voir ainsi, en train de la remercier, de lui dire qu’il serait là pour elle si elle en avait besoin. De voir qu’il était capable de se mettre de côté aussi facilement juste pour faire plaisir aux autres.
Cela lui brise le cœur.
Lèvres pincées, gorge nouée sous l’émotion. Elle les sent, les larmes qui lui montent aux yeux. Et ça l’agace Skye, de sentir qu’elle va craquer.
Mais elle ne peut rien y faire. Elle le connait depuis si longtemps maintenant et même si sur certains points, ils se ressemblent… Ils sont aussi très différents sur d’autres. Et ce sont justement ces dernières qui font qu’elle tient autant à lui.
Puis son sourire l’achève, si radieux, si beau. Si putainement triste.
Prunelles brillantes, une première larme glisse sur ses joues tandis que ses bras se lèvent pour lui donner une étreinte. Telle une enfant trop émotive, elle se met simplement à chouiner sur son épaule.
« Tu es trop gentil, tu le sais ça ? »
Voix tremblante, émue au possible.
« … Ça va te détruire Sacha. »
Et ce n’est pas envisageable. Non, il ne faut pas que ça arrive. Jamais.
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Jeu 3 Juin - 18:03
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