La serre, un endroit des plus agréables. L’un de ses préférés. Toutes ces couleurs, toute cette vie enfermée dans une cage en verre et pourtant, qui faisait rêver. Skye avait réussi à avoir l’une des clés de l’endroit, on lui faisait confiance après tout pour ne rien casser et ne rien abîmer. Parce que c’est quelqu’un de bien, à ce qu’il paraît.
Elle en rirait.
Parce que ce soir, elle a été la pire amie qu’on puisse avoir. Parce qu’elle s’est faite bernée en beauté par l’un de ses proches. Arsene. Si au début, il ne faisait que la blesser avec des mots ou des gestes, il a fallu d’un instant à se parler pour que les tensions commencent à s’évanouir. Une confiance est née, et finalement elle s’est rapprochée jusqu’à compter parmi ses amis à lui.
Enfin, elle se le demande.
Parce qu’on ne fait pas ce genre de chose à ses amis pas vrai ? On ne les force pas à s’embrasser, à blesser les autres ? Parce que c’est impossible qu’il ai fait ça juste pour elle. Il y a une autre raison, elle en est sûre. Mais ça lui échappe, elle ne sait pas ce qu’il se passe dans sa tête. Et Scarlet aussi… Scarlet, sa chère colocataire. Sa précieuse amie qui s’est confiée il n’y a pas si longtemps sur ses sentiments… Et voilà maintenant qu’elle se retrouve au milieu de tout ça, l’espace d’un soir.
Et qu’elle se retrouve du côté des méchants, même involontairement.
Moment en solitaire au milieu de cette serre assise dans une légère lumière, elle ferme ses paupières et écoute attentivement le bruit léger de l’endroit. Elle ne supporte pas le silence mais pour cette fois, elle ne voulait aucun bruit qui la dérange. Et puis elle se laisse tomber sur ses jambes, pliée en deux et la tête dans les genoux entourée de ses bras.
Douleur. Bordel quelle soirée de merde. Elle en a mal au cœur car la culpabilité est trop grande Trop étouffante pour son souffle saccadé par les sanglots montants.
Under the same sky, at the same time, at the same place we’re probably seeing other people We were too young and didn’t understand love. I wish you happiness, Now goodbye goodbye
T’avais plié la fin de soirée. Raccompagné Scarlet chez elle. Tu t’étais assuré qu’Ana rentre bien. Que tout s’achève sans trop de problèmes, sans d’autres problèmes. Et pourtant tu savais que t’allais y retourner tout à l’heure, tu savais que des idiots iraient continuer la fête dans leur coin. A faire leur contre-soirée de thug. Tu soupires, sale journée. Entre la soirée, le drame Arsene, la discussion avec Scarlet, ta sœur qui se saoule. Non vraiment, tu pouvais facilement dire que c’était pas ta meilleure journée. Si tu devais faire un top 10 elle serait pas vraiment bien classée.
Elle était pas prête de ce finir cette journée. T’avais pas encore d’idée à quel point t’étais pas prêt d’aller dormir Sacha. T’as remarqué de la lumière dans la serre sur le chemin du retour. C’était pas bon signe, pas à cette heure-ci en tout cas. Tu voulais une seule chose, tout sauf des abrutis complètement torchés qui auraient forcés la serrure. Tout sauf ça. Pitié.
Tu te masses la tempe, te préparant psychologiquement. Puis tu prends ton courage à deux mains et tu t’enfonces à l’intérieur. Parmi les plantes et la verdure. Tu déambules un long moment entre les allées. Sans trouver personne, sans entendre un seul bruit. C’est bizarre. Tu devais au moins entendre quelque chose s’ils étaient complètement torchés. A moins qu’ils se soient écroulés quelque part dans le coin ? T’avais pas vraiment envie de ramasser les déchets de lendemain de soirée mais bon. T’étais là pour ça à la base, et mine de rien, tu voulais pas non plus les laisser dormir ici par terre.
Tu continues tes recherches, bravement. Tu tombes enfin sur quelqu’un. Une forme humaine plutôt, recroquevillée sur elle-même. Tu clignes des yeux, tu t’attendais pas à trouver une personne en pleur ici. Alcoolisé sûrement, en pleine crise de chagrin sûrement pas. Tu t’approches doucement, assez pour la reconnaître, reconnaître ses mèches blondes. Pas de doute possible. Skye. Après Scarlet ça tombe bien. Tu voulais justement parler avec elle.
Tu poses une main doucement sur ses épaules, suffisamment pour la rassurer et attirer son attention.
Skye, ça va aller ?
Encore un coup d’Arsene. Tu commençais à en avoir assez de le voir briser toutes les personnes auxquelles tu tiens.
Tu veux que je te raccompagne ? Tu devrais pas rester ici Skye.
Des pas, faibles sons, les seuls qui puissent réellement attirer son attention. Ça se balade un peu, puis ils s’arrêtent avant de se diriger vers elle. Mais Skye ne relève pas la tête, elle n’a pas envie de voir qui peut bien l’avoir trouvé. De toute façon, elle n’a pas non plus envie de bouger. Alors elle resterait, peu importe la personne qui risque de l’importuner.
Mais elle ne s’était pas attendue à entendre cette voix Celle de Sacha, qui pose doucement sa main sur son épaule. Tout le monde, mais pas lui. Parce qu’elle va l’inquiéter et que c’est bien la dernière chose qu’elle veut.
Ravale difficilement sa salive, les yeux mouillés contre ses bras qu’elle ne relève aucunement, elle est quelque part contente que ça soit lui qui soit là et pas quelqu’un d’autre. Parce qu’au moins, il ne la jugera pas. Non, c’est bien l’une des seules personnes au monde qui ne va pas l’accuser de quoi que ce soit sans vouloir connaître l’histoire.
« Je sais pas… Si ça va aller. Et… J’ai pas envie de rentrer. »
Tel un enfant qui fait un caprice, elle se demande si elle a le droit juste de vouloir quelque chose. Juste de se calmer avant de faire face à Scarlet. Parce qu’elle n’a pas envie de fondre en larme devant elle alors que c’est justement elle qui doit le plus souffrir. N’est-ce pas égoïste de se sentir mal quand quelqu’un aussi se sent tout aussi trahit ? Voir plus encore ?
« Désolée… Je veux pas t’inquiéter. J’ai juste… Besoin de me calmer un peu. Après tout ça. »
La voix à moitié étouffée n’aide pas à comprendre, mais elle ne veut pas relever la tête pour qu’il voit sa mine affreuse.
« … Et toi. Comment tu vas ? »
Parce qu’elle se soucie de lui, ce n’est même pas un doute à avoir. S’il était là, à cette heure, c’est qu’il devait traîner dans les parages. Est-ce qu’il avait des soucis ?
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Pas la peine d’avoir une maitrise avancée des émotions pour voir qu’elle n’allait pas bien du tout en effet. Question bête Sacha. Question stupide même. Toi et ta manie de poser des questions rhétoriques à voix haute. Tu soupires légèrement en la voyant dans cet état. La pauvre, elle qui s’était retrouvée dans une dispute qui ne la regardait, elle qui. N’avait rien à voir avec tout ça. Il fallait que ce soit-elle pas vrai Arsene ?
En parlant du responsable. Celui qui avait réussi l’incroyable exploit de tout faire pour ruiner la soirée et toutes les personnes qui s’y trouvaient. Scarlet pui Skye. Non vraiment cet idiot c’était surpassé cette fois. Tu devais vraiment avoir une discussion avec lui tout à l’heure. Tu la trouveras sans mal parmi les déchets de lendemain de soirée, sans aucun doute, il était prévisible, à un tel point que ça en devenait affligeant.
Mais tu n’étais pas là pour ça. Pas plus que tu n’étais là pour lui parler de lui. Elle avait besoin de temps et pas de toi qui remue le couteau dans la plaie. Tu l’avais bien vue et compris avec Scarlet. La dernière chose à aborder, le dernier sujet à ramener, c’est bien cette histoire avec Arsene. Si jamais elle souhaitant en parler elle le fera d’elle-même. A son rythme. Selon son envie et pas parce que tu lui auras imposé.
Alors tu lui souris, même si elle n’est pas en mesure de te voir, se tenant dans sa position recroquevillée. Et tu te laisses tomber à côté d’elle en collant ton épaule à la sienne.
Je vais rester avec toi alors, ensuite je te raccompagnerai.
Tu regardes devant toi, vers les plantes amoncelées à droite et à gauche. Vers toute cette végétation ambiante. Tu restes pensif un instant, rien qu’un moment, avant de reprendre.
La soirée est terminée. J’y suis repassé avant de venir te voir. Avec les autres ont a fait en sorte de tout ranger. Mason et Chaya s’en sont bien occupés. J’ai raccompagné Scarlet dans sa chambre, elle va à peine un peu mieux, il lui faudra du temps mais je suis sûr qu’elle s’en sortira. Elle s’en sort toujours.
Pour toi la soirée est loin d’être terminé honnêtement. Tu n’étais même pas sûr d’avoir l’occasion de dormir cette nuit. Tu devais encore t’occuper des agités du bocal qui auront continués les festivités. Tu devais surtout t’occuper de repêcher Arsene. Le secouer et avoir une bonne discussion avec lui.
C’était une longue journée hein ?
Tu t’essayes à l’humour avec un sourire. C’est pas terrible, c’est assez bancal. C’est à peine si tu y crois toi-même. Mais t’essayes tout de même. Tu fais de ton mieux, t’es désemparéæ de la voir comme ça. De voir deux des personnes qui te sont chères en pleur, en colère, avec ce sentiment de trahison qui colle à la peau. Si seulement tu pouvais faire plus pour elles. Si seulement tu pouvais leur offrir davantage que ta simple présence.
Sa gentillesse la touche et alors qu’elle sent son épaule se coller à la sienne, elle se demande bien ce qu’elle a pu faire pour le mériter en tant qu’ami. Lui, qui dans toute sa douceur et son attention, se tient à côté d’elle en disant rester pour la raccompagner ensuite. Non vraiment, elle n’avait pas le droit de l’avoir comme ami.
Et pourtant, elle est heureuse qu’il soit là.
Alors quand il commence à parler, elle écoute. Doucement, elle imagine Chaya et Mason tout ranger, puis quand vient le nom de Scarlet, son cœur se serre subitement. « À peine un peu mieux ». Il a dû essayer de la calmer mais sans réellement y arriver. En même temps, le fer est encore trop chaud pour ignorer la chaleur qu’il dégage. Et quand il pose une dernière question, elle remarque qu’il n’a tout simplement pas répondu à la sienne.
Frotte doucement ses yeux contre ses bras pour essuyer un maximum ses larmes, elle se redresse lentement en laissant sa tignasse cacher un peu son visage pour regarder le sien, à lui. Sa mine est fatiguée, mais son éternel sourire s’accroche à ses lèvres.
« Oui… C’était une longue journée. »
Voix enrouée, pas totalement remise de ses émotions. Sa tête se baisse, prunelles rivées au sol avant de laisser une nouvelle fois sa parole s’entendre.
« Je suis désolée… Ça doit pas être facile à… à gérer. »
Son cœur se gonfle une nouvelle fois, elle a l’air pitoyable à chialer comme ça. Pauvre Sacha qui n’a rien demandé et qui doit se retrouver une nouvelle fois avec une Skye en pleurs. Décidément oui, sa journée à lui doit être bien longue.
« Tu sais… C’est mon ami depuis longtemps et… Et je comprends pas pourquoi il a fait ça. Scarlet elle a dû… tout comprendre de travers… »
Parce que Skye elle, avait simplement voulue s’amuser avec ses proches à cette soirée. Elle aurait aimée discuter avec eux, rire avec eux, danser avec eux… Et ça s’est fini en fiasco. À devoir réparer des pots cassés qu’on a jamais demandés à avoir. À gérer des amis qui ont subis ces conneries.
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Une longue journée oui. Ajouter à ça une longue soirée qui n’était pas près de se terminer. Tu finiras probablement la suivante avachie sur ton bureau ou ton canapé, à tenter tant bien que mal de compéter ce qu’il te reste de travail. C’est un vrai miracle que t’as santé soit aussi bonne, que t’arrives à suivre malgré tout. Que tu gardes la face à chaque instants, le sourire sur les lèvres. Contre vents et marées. Contre fatigues et peines.
Elle se redresse, rompant le léger contact. Elle se frotte les yeux, essaye de reprendre contenance. Mais son visage reste dissimulé derrière sa chevelure. Son visage que tu devines très bien malgré tout. Pleine de peines et de remords.
Ne t’en fais pas, je suis là pour ça, pas la peine de t’excuser tu sais ?
C’est toujours drôle quand tu reproches aux autres ce que tu n’arrêtes pas de t’infliger à toi-même. Cette pointe d’ironie. Cet agréable paradoxe. Ce dilemme de toute une vie. Cet incompréhensible demande.
Scarlet ne t’en veux pas à toi. Elle a même du mal à en vouloir à Arsene. Au contraire, elle culpabilise. Elle se sent responsable. Personne ne pense que c’est de ta faute Skye, encore moins Scarlet. Elle aussi elle connait Arsene, très bien même, tu n’as pas à t’en faire pour ça.
Et puis elle était gentille Scarlet, adorable. Pleine de bonnes volontés, pleine de cette naïve innocence que Sacha lui a transmise. Ce sentiment de culpabilité alors qu’on jouit du rôle de victime. Ce sentiment que tu ne connais que trop bien Sacha. Ce sentiment qui définit tout ton être, toute ta personne. Ce mot qui te résume si bien. La culpabilité.
Pour ce qui est d’Arsene je ne sais pas quoi te dire. Très sincèrement il m’a déçu ce soir. Je me suis toujours dis qu’il avait un bon fond. Qu’en mettant de côté le rôle qu’il joue, ça doit être quelqu’un d’ouvert et agréable. Le soucis c’est qu’il s’enferme jour après jour dans son costume de Bad boy.
Au risque de tout perdre. Il poursuit sur cette voie en blessant les autres, en blessant les rares personnes qui portent une réelle attention sur lui. En dehors de son pouvoir et de son statut. Il n’a pas peur de tout perdre ? De se retrouver seul du jour au lendemain ? Si demain on perd nos pouvoirs Arsene, que te restera-t-il ? Si ce n’est que tes larmes et la solitude. Alors tu n’arrives pas à le comprendre sur ce point. Ce désir de blesser les autres pour les garder, ce désir de les retenir en otage. C’est quelque chose qui te dépasse.
Je ne voulais pas aborder le sujet pour ne pas te mettre mal à l’aise. Mais si tu veux en parler, sache que je suis là. Je peux t’écouter si tu veux te confier à quelqu’un. C’est pas grand-chose je sais, mais si ça te soulage un peu…
Pas grand-chose. Pas de réelles solutions, juste des petites attentions avec toi. Et pourtant tu veux y croire, tu veux espérer. Te dire que ces détails ont leur importance, que tu parviens à apaiser ne serait-ce que légèrement leur peine. Que tout ceci ne soit pas vain. Que tout ceci est un sens à leurs yeux.
Bien sûr qu’il n’allait pas lui en vouloir. Elle se demande s’il est capable de ressentir de la rancune tant il paraît doux. Elle lui en est reconnaissante d’ailleurs, mais quelque part, elle aimerait bien qu’il sache poser ses limites. Qu’il puisse dire non quand il en a envie. Mais ça, ce n’est pas prêt d’arriver. Alors elle ne fait aucune remarque, ne prononce aucun mot quand il dit être là pour ça.
Parce que sinon, ils rentreraient dans un débat qui n’en finirait pas et qu’il doit bien être assez fatigué comme ça.
Il parle de Scarlet, il dit qu’elle ne lui en veut pas. Qu’elle n’en veut pas non plus à Arsene. Qu’elle se sent coupable. Que ce n’est pas de sa faute à Skye au final. Elle a juste été là au mauvais moment pas vrai ? Si cela n’avait pas été elle, il y aurait eu une autre fille sur laquelle il aurait déversé son pouvoir afin de lui rouler une pelle sans qu’elle ne le veuille. Puis il parle justement de lui, du fait qu’il l’ai déçu, qu’il s’enferme de plus en plus dans une image de Bad Boy.
« Arsene est quelqu’un de… »
Bien. C’est la fin de sa phrase. Mais elle n’arrive pas à le prononcer, ce mot reste bloqué. Il l’a protégée à sa façon, il reste bon dans le fond elle en est certaine. Elle veut le croire, parce qu’elle l’apprécie beaucoup. Alors pourquoi… Pourquoi elle n’arrive pas à le dire ? Ses petites mains serrent les pans de sa robe alors que Sacha reprend la parole, disant simplement qu’il n’a pas voulu aborder le sujet pour ne pas la blesser.
Mais qu’il reste là pour écouter. Et c’est plus suffisant qu’il ne peut l’imaginer.
Doucement, sa prise se relâche pour attraper son poignet, ses doigts le serrant à peine.
« C’est plus que suffisant… Merci Sacha. »
Une présence peut tout changer. Et la sienne est clairement celle qu’on voudrait tous avoir.
« Je… Je suis égoïste j’ai l’impression. Parce que… Parce qu’au final, c’est Scarlet qui doit souffrir le plus. Et je ne devrais pas me lamenter comme ça non ? »
Mais ça lui fait mal, elle n’y peut rien Skye. Elle est trop sensible, trop gentille. Elle aimerait balayer sa tristesse et sa culpabilité pour être là pour ceux qui en ont besoin. Mais elle est là, déversant son mal-être, comme la pire des amies.
« J’aimerais aller la voir… Lui expliquer que c’est à cause de son pouvoir… Mais je ne veux pas qu’elle me voit comme ça. »
En train de pleurer, d’être aussi mal. Aussi coupable.
« Je n’ai jamais voulue ça… Pardon. »
Ses doigts glissent pour revenir sur ses jambes, elle a juste besoin d’un petit peu de temps pour s’en remettre. Pour retrouver la force de cacher tout ce qu’elle a sur le cœur, pour faire face au monde une fois que ses larmes cesseront de couler.
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Bien sûr que c’est quelqu’un de bien. Au fond tout du moins. Même s’il fallait pas creuser pour l’atteindre. Tu le savais déjà ça. D’autant plus que Scarlet l’avait choisi. Et si tu ne lui faisais pas confiance à lui, tu lui faisais confiance à elle.
Arrête de t’en vouloir. Vous êtes toutes les deux des victimes dans l’histoire. Arsene c’est mal comporté, il est allé trop loin. Aucun de vous deux ne devraient s’en vouloir. Aucune.
Scarlet aussi s’en voulait. Tout comme Skye. Elle se sentait responsable, alors que celui qui était à l’origine de tout devait en ce moment même baigner dans son propre vomi. Dormant comme si de rien était. Comme si tout était normal dans son monde idéal. Comme s’il ne venait pas de briser deux personnes en une seule soirée.
Tu as le droit de te lamenter. Il t’a blessé. C’est normal de se sentir mal Skye. Il n’y a pas de honte à avoir.
Tout ce qui compte c’est d’aller mieux après. Mais c’est généralement plus facile à dire qu’à faire.
Vous êtes en coloc non ? Tu pourras lui parler en rentrant tout à l’heure t’inquiète. Tu verras, je te l’ai dit, elle ne t’en veut pas. Pas du tout même.
Vous étiez toutes les deux gentilles. Et surtout, vous aviez toutes les deux consciences que c’était pas de la faute de l’autre. Vous êtes trop occupés à porter à bras le corps la responsabilité de ce fiasco. Et tu pouvais rien dire à ce sujet, tu étais le pire dans ce domaine. Celui qui vit pour la culpabilité.
Arrête Skye. Personne ne pense que c’est ta faute. Personne. Ni Scarlet, ni les autres au conseils, ni même les autres élèves présents à la fête. Personne n’a pensé une seule seconde que tu pouvais être à l’origine de quoi que ce soit. Tu soupires légèrement. Arrête de penser à ça. Tu te fais du mal pour rien.
Ironique. On est souvent de bon conseil dans un domaine où on excelle en temps normal. Pas vrai Sacha ?
Il parle ensuite. Il explique et répète plusieurs fois que ce n’est pas de sa faute. Qu’elle devrait arrêter de s’en vouloir. Qu’elle a le droit d’aller mal pourtant. Mais qu’elle se fait du mal pour rien. C’est étrange comme de simple mot peuvent avoir un effet dévastateur.
« … Merci. »
Voix plus sèche qu’elle ne l’aurait voulue, elle se mord les lèvres en ramenant ses mains sur son visage pour essuyer ses larmes. Elle doit l’ennuyer, à se plaindre. Bordel, quelle égoïste elle fait. Skye, si sensible et qui comprend tout de travers, qui a l’impression qu’elle ne fait que faire perdre du temps aux autres. Il doit avoir tellement de chose à faire et il se retrouve bloquée avec elle parce qu’il est trop gentil pour partir en premier. Mais pourtant, elle n’a pas envie qu’il s’en aille. Pas tout de suite.
« C’est étrange que tu dises ça tout de même. »
Pause.
« Parce que… Tu ne suis pas tes propres conseils. »
Et elle repart sur son cas à lui, fronçant les sourcils derrière ses doigts, retire ces derniers pour le regarder avec ses yeux légèrement brillants à cause des perles salées qui en a coulés. Elle l’observe en silence, l’espace d’un court avant. Des mots s’échappent, incontrôlés, sachant qu’il n’y aurait aucune réponse à leur écho.
« Dis-moi, est-ce qu’un jour tu arrêteras de te sentir coupable face au monde ? »
Parce qu’il est si facile de deviner qu’il se remet sans cesse en question. Qu’il est toujours là, à se dire qu’il n’a pas les bons mots peut-être. Elle y pense à cet instant, parce qu’elle sait que même si ce n’était pas voulu, ses paroles ont eu un impact douloureux sur elle. Parce qu’elle pense lui faire perdre du temps alors qu’elle a conscience qu’il n’a pas du tout ça en tête. Elle ne lit pas l’esprit des gens vous me direz, mais elle le connait depuis assez longtemps pour avoir cerné son caractère. Une autre personne qu’elle serait certainement partie ou bien lui aurait fait comprendre que sa façon de dire n’est pas la bonne.
Il est maladroit ce cher Sacha. Mais loin d’être débile. Et beaucoup trop empathique.
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Tu soupires, t’étais là pour elle à la base. Pas l’inverse. Pourquoi elle s’inquiétait de toi en ce moment, parmi tous les moments où elle aurait pu le faire. Il fallait que ce soit maintenant. Tu ne comprenais pas. Ou plutôt, tu ne voulais pas comprendre. Parce que tu faisais exactement pareil, si ce n’est pire. Alors tu préfères rester dans ton déni, te voiler la face et faire comme si tout ça n’était pas normal. Faire comme si tout était étrange.
Elle essuie ses larmes, au moins elle semble aller légèrement mieux, même si ce n’est qu’infime, même si ce n’est que temporaire. Tu lui souhaitais d’oublier ce tragique évènement. Rien de plus, rien de moins. Tu passes ton doigt sous sa paupière, histoire d’essuyer les derniers résidus de larmes qui subsistaient encore et toujours.
Je suppose que ça va mieux maintenant ? Si tu as l’esprit assez clair pour t’inquiéter pour moi !
Un peu d’humour pour réchauffer l’atmosphère, il n’y avait rien de mieux. Du moins dans ta tête Sacha.
Souris alors, au moins un peu ! Montre-moi ton sourire ! Je préfère te voir sourire plutôt que voir couler tes larmes à nouveau.
Tu la dévisages tout sourire, un sourire radieux. Tu fais de ton mieux pour la rassurer. Pour qu’elle se sente mieux. Pour qu’elle n’ait plus à penser aux évènements de ce soir. Tu fais de ton mieux pour qu’elle se laisse entraîner, hors d’atteinte de ses soucis, de ses craintes et de ses préoccupations. Juste elle face à son sourire. Et rien d’autre.
Tu lui attrapes la main délicatement avant de poursuivre d’une voix légère et douce :
On ferait mieux de ne ne pas rester trop longtemps ici. Il commence à se faire tard et on va avoir des problèmes. Je te raccompagne si tu veux ! On pourra discuter comme ça sur le chemin du retour.
Tu restes immobile, attendant patiemment sa réponse, sa main dans la tienne. Sourire sur les lèvres, regard réconfortant. Tu ne voulais pas la brusquer, tu voulais lui laisser le temps. Le temps d’être prête. Le temps qu’il faille. Le temps qu’il lui faille.
Il ne répond pas, il fait mine d’avoir rien entendu. Peut-être parce qu’il ne veut pas y penser, parce qu’il préfère se focaliser sur elle plutôt que sur lui. Il a ignoré tous les mots qui le concernent, que ce soit sur son état de l’instant ou encore sur le fait qu’il ne suit pas ses propres conseils. Alors quand il lève sa main pour essuyer ses dernières larmes, elle le laisse tout simplement faire.
Le cœur battant un peu plus vite.
Ses yeux s’écarquillent quand il lui demande de sourire, il lui montre l’exemple en lui en décochant un radieux. Celui qu’il sait si bien faire. Qui illumine si facilement une journée. Qui pourrait éclipser un soleil tant il est chaleureux. Skye le regarde, elle l’admire quelques secondes avant de sentir sa main prendre la sienne avant qu’il ne reprenne la parole. Il lui propose une nouvelle fois de la raccompagner, de discuter en chemin si elle le souhaitait. Mais juste, ne pas rester ici.
Elle sourit alors, apaisée sans qu’elle ne s’en rende compte.
« Tu n’aimes pas cet endroit ? »
Vu la façon dont il voulait à tout prix qu’ils sortent d’ici, elle se pose sincèrement la question. À celle-ci, il n’a aucune raison de ne pas y répondre non ? Quand y elle pense, elle ne connait pas réellement ses goûts. Ce qu’il aime ou non. Doucement, elle serre sa main dans la sienne et lui offre un sourire plus doux, ceux qu’elle, elle sait si bien faire. Et sa main libre se lève, délicatement, pour poser le bout de ses doigts sur la joue de son ami.
Sa voix, toujours un peu enrouée, se veut cependant beaucoup plus bienveillante.
« J’espère qu’un jour, tu me feras assez confiance pour me parler quand tu te sentiras mal. Je sais que tu ne veux inquiéter personne, mais je veux être là pour toi autant que toi l’es pour moi. »
C’est égoïste non ? N’est-ce pas un caprice qu’elle fait Skye ? Pourtant ce n'est certainement pas la première fois qu'elle le lui dit.
Elle retire sa main, le visage beaucoup plus calme et le sourire respirant la sincérité. Elle sait qu’il ne risque pas de l’écouter, voir qu’il ne va pas répondre comme il a esquivé ses précédentes questions mais il devait savoir. Parce qu’elle sait qu’il ne va pas tout le temps bien, qu’il préfère sourire juste pour qu’on ne remarque pas. Si seulement il était aussi bienveillant envers lui-même…
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Tu décroches tes yeux de Skye et tu laisses ton regarde ce perdre tout autour de toi. Cette verdure ambiante, le calme des cerisiers. L’apaisant parfum de lavande. Cette explosion de couleur mêlée à l’amalgame d’odeurs. Des saveurs et des sensations plus surprenantes les unes que les autres. Tu n’avais rien contre cet endroit. Bien au contraire. Tu trouvais tout-ceci parfait. Un lieu d’une douceur rare. D’une saveur esquisse.
Tu n’étais pas gêné par le lieu. Mais par le temps. Par l’heure. Par l’horloge qui tourne. Le temps qui s’écoule et qui n’attend pas. Bourreau des hommes, meurtrier de l’histoire. Tu le savais pertinemment, en tant que membre du conseil, tu ne pouvais pas te permettre de déambuler dans les bâtiments si tard le soir. Bien que de ton point de vue, tu pouvais disparaitre en un instant. Ce n’était pas le cas de Skye. Tu ne souhaitais pas lui causer le moindre souci. Malgré ton envie réelle de la rassurer. De lui venir en aide et d’apaiser ses peines.
Non, loin de là même. J’aime beaucoup la serre. C’est juste qu’il commence à se faire tard. On risque d’avoir des problèmes avec la direction si on traîne trop tard dehors Skye. Je suis désolé. Je ne voulais pas te donner l’intention de te presser.
Tu soupires intérieurement en l’entendant parler. Elle revenait sur toi. Encore. Comme si tu étais le plus à plaindre en ce moment-même. Comme si son cas n’était pas bien plus grave que le tiens.
Je me suis déjà confié à toi. A propos de ma sœur et de tout ce qui m’inquiète. Mais arrêtons de parler de moi. Je vais bien. Je ne suis pas venu ici pour parler de moi Skye. Je suis venu pour voir comment tu allais et pour te rassurer. Pas pour te raconter ma vie.
Surtout que ta vie était tout sauf passionnante. Tout tournait autour des autres. Ta vie entière était rythmée par celle de tes proches. Tu vivais par procuration à travers eux. Tu sourirais à travers leur sourire, tu étais heureux à travers leur bonheur. Tu réalisais tes rêves lorsqu’ils les réalisaient.
Tu passes devant, ouvrant la marche pour sortir de cette jungle végétale, retrouver l’air frais de l’extérieur. Lui tenant toujours la main tu te laisses avancer à une cadence tranquille. Lui donnant le temps de prendre sur elle. De faire le vide sur ces événements. De tout oublier et ne penser qu’à cet instant et à ceux futurs. Le regard tourné vers l’aube de sa vie.
Tu te sens mieux d’ailleurs ? Ou tu as besoin d’encore un peu de temps ?
Oui, il est vrai que traîner aussi tard le soir leur vaudrait des problèmes. Elle ne fit aucun commentaire, parce qu’il a raison simplement. Léger signe négatif de la tête quand il s’excuse, ne pensant pas un mal quant au fait de vouloir la presser. Skye est au courant qu’il est très à cheval sur le règlement, il n’est donc pas étonnant qu’il ne veuille enfreindre aucune règle. Cependant quand il reprend la parole ensuite, les traits de la jeune femme reprennent leur neutralité.
Un sourire qui se perd un petit peu, qui redevient poli mais sans plus.
Ah, elle doit l’ennuyer. Elle se lève, le suit quand il la conduit à l’extérieur et le regarde quand il demande alors si elle se sent mieux. Si au contraire, elle a besoin de temps. Oh, elle aurait aimée en avoir plus, elle aurait aimée se dire que la nuit n’était pas si entamée. Qu’elle aurait pu lui voler encore quelques instants.
Mais c’est trop tard maintenant.
« Je vais mieux, merci. »
Sa voix a repris de sa contenance, semble moins craquelée qu’au début de leur conversation. Ses joues sont moins rouges mais toujours un peu humides. Quant à ses yeux clairs, l’on voit clairement qu’elle a pleurée, mais l’air frais se chargera de faire passer cette impression.
« Je ne te retiens pas plus. Merci de m’avoir tenue compagnie. »
Merci d’exister. Une pensée muette mais néanmoins existante. Elle ne bouge pas, l’observant simplement en attendant de voir ce qu’il va faire, un vague sourire aux lèvres. Elle va s’en sortir Skye, elle s’en sort toujours d’une manière ou d’une autre. Il suffirait d’une bonne discussion avec Scarlet. Elle l’espère en tout cas.
« Si tu as des choses à faire, vas-y. Je peux rentrer toute seule. »
Voix plus douce, elle ne voulait pas qu’il se sente mal de l’abandonner ainsi. Elle ne lui en voudrait pas. Alors elle lui tend une perche pour qu’il reprenne le cours de sa vie, qu’il s’occupe encore de toutes les choses qu’il doit faire.
Parce que de toute façon, elle est incapable de lui en vouloir.
Under the same sky, at the same time, at the same place we’re probably seeing other people We were too young and didn’t understand love. I wish you happiness, Now goodbye goodbye
Elle perd un éclat. Une étincelle spéciale qu’elle avait dans le regard. Si seulement tu pouvais comprendre Sacha. Si seulement tu étais en mesure de voir ce qu’elle ressentait. Si seulement tu n’étais pas toi-même, un inapte pour ce monde. Bon pour se sacrifier pour les autres, bon pour tout prendre sur toi comme si de rien était, avec le sourire en plus. Avec ce foutu sourire. Avec cet air rayonnant sur ton visage.
Le fait qu’elle aille mieux, ou qu’elle dise aller mieux te rassure. Tu ne voulais plus la voir peiné, rongé par ce faux sentiment de culpabilité. Tu ne voulais pas la voir triste, les larmes sur ses joues. Tu ne demandais qu’une seule chose. Un sourire. Parfois, à un moment, tu ne t’es jamais demandé Sacha, si exiger le bonheur des autres n’était pas égoïste ? Certains ont besoin de ressentir de la peine, de la souffrance et des déceptions pour aspirer au bonheur. Sans tristesse il n’aurait aucun sens d’être heureux.
Ne t’inquiète pas pour ça, c’est normal, je t’ai dit que je serai toujours là en cas de besoin pas vrai ?
Tu la dévisages d’un sourire. Tu la dévisages de ton air innocent, de cet enfant perdu par la vie. De cet enfant ne comprenant pas le monde qui l’entoure. De cet enfant qui se veut chaleureux alors qu’il n’a pas conscience de tout ce qui l’entoure. De cet enfant qui essaye, qui essaye si dur de donner un sens à la vie des autres, à défaut de s’en donner un soi-même.
Je t’avais proposé de te raccompagne, c’est que je suis disponible Skye. Et puis j’ai rien de plus pressant que de m’occuper d’une amie qui a besoin de quelqu’un.
Nouveau sourire, sans être trop insistant. Tu ne voulais pas la forcer à accepter. Tu ne pouvais pas la forcer.
Mais si tu préfères rentrer seule je comprendrai. Si ma présence ne te dérange pas je suis là. Dans le cas contraire, si tu veux juste avoir du temps pour toi sur le chemin du retour, je n’insisterai plus.
De toute façon tu ne voulais jamais t’imposer. Jamais imposer ta présence.
Il serait toujours là en cas de besoin. Ces mots tournent dans son esprit, elle se mord la lèvre en taisant ses pensées qui ne demandent qu’à s’exprimer. Parce que même si tout le monde voudrait l’aider lui, est-ce qu’il les laisserait faire ? Ses amis qui ne veulent que son bien-être ? Question à jamais tut. Elle le regarde, détaillant son visage et son si beau sourire. Et quand il dit être disponible, elle sent de nouveau sa poitrine se gonfler.
Hésitation pesante sur ses épaules. Elle ne veut qu’un instant de plus à ses côtés. Mais est-ce justement trop demander ?
Parce qu’il affirme que cela ne le dérange pas. Cela ne dépendait que d’elle. Silence, elle ne sait pas quoi répondre. Elle ne sait pas quelle est la bonne solution. Elle qui est si réfléchie, n’a pas envie d’écouter sa raison qui la pousse à vouloir rentrer seule pour lui faire gagner du temps sur ce qu’il a possiblement prévu de faire ensuite. Non, elle veut choisir son envie de l’instant, cette impulsion qui souhaite le garder un peu plus à ses côtés, même si ce n’est que quelques minutes de plus.
Parce qu’elle pourrait s’assurer qu’il ne soit pas malheureux s’il est là. Quelle excuse.
« Si tu es certain que tu n’as rien d’urgent à faire ensuite… Ça me ferait plaisir que tu me raccompagnes. »
Skye, ça ne lui ressemble pas de demander ce genre de chose, d’écouter son envie du moment, d’être aussi impulsive. Mais les émotions ressenties la change un peu, jours après jours. Est-ce mal ? Peut-être que oui, peut-être que non.
« Et tu devrais savoir que tu ne me déranges jamais Sacha. Je ne voulais juste pas te faire perdre du temps. »
Mais il l’a dit lui-même, il n’y a rien de plus pressant que d’aider une amie dans le besoin. Alors elle se sert de ce qu’il a dit, elle use de ses mots pour qu’il soit là encore un peu. Sa main toujours dans la sienne, elle lui fait un nouveau sourire, oubliant presque pourquoi elle était là à la base. Cette soirée est mise de côté, la douleur qui l’accompagne aussi. Elle reviendra quand elle sera dans sa chambre, mais pour l’instant, elle n’y pense plus Skye.
« Je suis contente que tu sois là. »
C’est la vérité. Sans aucune arrière-pensée. Sourire agrandit, elle tourne ensuite la tête pour commencer à marcher sans le lâcher. Elle se sent mieux même si ses pensées jouent au yo-yo entre ce qu’elle croit et ce qu’il dit. Entre ses émotions et son innocence à lui.
« Aller, si le président est surpris dehors si tardivement, c’est ton image d’élève modèle qui risque de prendre un coup ! »
Un essai à la plaisanterie, l’atmosphère se détend déjà beaucoup plus vite. Elle en profite, car une fois la porte de sa chambre passée, elle se retrouvera de nouveau face à sa culpabilité. Alors elle veut être légère avant, comme un nuage avant que l’orage ne revienne.
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Mer 9 Juin - 19:36
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