And all of her brand new friends, Isn't that lovely? Isn't that cool? And isn't that cruel And aren't I a fool to have Happily listened Happy to stay Happily watching her drift away
drift away
  Nike joue avec sa queue de cheval, du bout des doigts, les yeux dans le vague, l'oreille d'habitude si attentive devenue distante, répond mollement par des expressions toutes faites, alors qu'Andrea lui parle de sa semaine, de ce qu'elle a fait, des autres, de Lohan.
C'était si simple au début. Une petite Andrea presque perdue, cherchant ses pas dans les couloirs, et Nike dans le rôle le plus beau, celle qui aide, qui tend la main, la sauveuse qui vous accompagne par tout et pour tout et restera à ses côtés toute la nuit. La vérité, c'est que c'était plutôt elle, qui a été sauvée. Ignorée à l'école primaire, moquée au collège, encore seule pour ses années lycée. Pas d'Ava en colocataire, jamais fait l'effort de parler à son voisin de table. Le monde a changé avec Andrea. Avec Andrea elle avait quelqu'un à attendre impatiemment dans les couloirs après les cours, quelqu'un avec qui manger à a cafétéria, parler de tout et de rien en marchant dans les rues. Une expérience nouvelle, un goût de sucre dans la tête et le coeur léger. Dépendre de quelqu'un et avoir quelqu'un dépendant de soi. Elle n'avait jamais été la numéro un voyez-vous. L'âinée de la famille qui doit toujours sacrifier pour le plus jeune. Si un peu d'argent arrivait dans les caisses familiale c'était ses vêtements à lui qu'on achetait en priorité, ses cours de baskets qu'on payait. La dernière choisie en équipe de sport, et elle n'était même pas la pire sportive. Celle qui lève la main quand le professeur demande qui n'a pas de partenaire pour le projet de groupe
  Et quand Andrea a commencé à se faire d'autres amis, papillon social qu'elle est, on a pu continuer à tester la théorie. A chaque soirée, où incapable de s'intégrer à la conversation, Nike fait la moue et dit presque sèchement qu'elle va rentrer, et elle peut compter ses pas, un deux trois, et Andrea est là, sourire désolé, prête à la raccompagner. Et Nike sourit à elle-même, elle a gagné. Elle est choisie. Et une part d'elle le savait déjà, à l'époque, elle est égoïste et immature, et cette part se sent coupable, se sent fardeau, mais l'autre part se sent confirmée, appréciée, rassurée, et cette part-là de son coeur à crié plus fort que l'autre pendant tout ce temps.
Mais la balance change, doucement, inéluctablement. Nike n'a plus l'ascendant, Andrea n'est plus perdue. Ce fut presque un choc, de réaliser enfin, qu'on a qu'Andrea mais qu'Andrea a tellement plus que nous. On devient une parmi les autres. On ne sent pas aussi importante. Et cela pique, cela fait mal. On se lasse de la douleur, de glisser des indices muets dans chaque conversation "tu trouves pas que c'est mieux d'avoir un seul ami à qui tu fais vraiment confiance que beaucoup d'amis?". On espère en vain. Et la réassurance disparait, ne laissant que l'arrière goût amer d'être un fardeau, une arrière-pensée.
Alors elle décide de minimiser ses pertes, et finalement, dans ce temps qu'Andrea a pris pour elle, à discuter sur le toit, si gentille, si cruelle, Nike demande:
▬ Est-ce ennuyeux à ce point, d'être avec moi, que tu dois inclure les autres jusque dans nos conversations?
Nike Petraki
Andrea Coles
Artiste - Artefact
Messages : 186
Nusrie : 375
Âge : 18
Classe : F
Artefact : polaroïd - memento
Avatar : amanda - dream daddy // zendaya coleman
Sam 18 Sep - 22:45
flashback: drift away
c’est sur le toit qu’elles se retrouvent. depuis combien de temps n’ont-elles pas partager de moment ensemble ? trop longtemps peut-être. à vrai dire, andrea ne sait plus. sa vie semble s’être transformée en une véritable tempête. elle a toujours quelque chose à faire, quelqu’un à voir, des choses à raconter et des aventures à vivre… ça la submerge, parfois, mais elle suit avec excitation et s’enfonce de plus en plus dans l’effervescence de la vie.
et puis, à côté, il y a nike petraki.
son repère dans la foule et dans la nuit. celle à qui elle s’est accrochée corps et âmes quand elle a débarqué, seule et paumée. son rocher. elles se retrouvaient systématique après les cours, s’attendaient dans les couloirs, arpentaient les campus ensembles, et ne mangeaient jamais sans l’autre à la cantine. nike, c’était son phare. son aînée qui l’avait aidé à s’intégrer et à ne pas être totalement dépaysée. sa dépendance pour ne pas sombrer dans ce flot de nouveautés. nike, elle lui évitait la solitude. elle lui évitait la confrontation. parce qu’au collège, andrea, ce n’était pas vraiment ça. la honte, la timidité, le visage qui s’empourpre quand on doit prendre la parole. les bousculades dans le couloir, les rires et les rumeurs qu’on prend personnellement. les rebelles ou les populaires qui se moquent et la harcèlent. nike, c’était sa bouée. elle l’empêchait de boire la tasse et rendait son existence un peu plus agréable. à deux, c’est toujours mieux. les deux artistes contre le reste du monde.
et puis, finalement, elle a rencontré d’autres gens.
s’est petit à petit intégrée, à faire sa place. elle s’est affirmée, s’est ouverte, s’est épanouie. l’extraversion qui se gagne petit à petit, la confiance en soi qui gonfle et le charisme qui suit. elle a commencé à virevolter. de groupes en groupes, de gens en gens. lucrecia, icare, mason, lohan, ilya, arsene, sano, kalev, lily-rose, matthew… des prénoms qui défilent et qui s’ajoutent à sa liste de fréquentation.
alors petit à petit, elle a quitté le nid. laissant sa meilleure amie de côté, pour profiter des autres. mais andrea, elle oublie pas. andrea, elle sait que nike est là. alors elle essaye. elle essaye de l’inclure, lui proposer des sorties, l’amène avec elle. mais ça ne marche pas. et elle se rend compte que nike n’aime pas ça. alors elle arrête, la laisse tranquille. essaye de la voir seule, sans pour autant réussir à la voir beaucoup. lui réserve des créneaux. elle fait de son mieux. mais elle ne comprend pas les sous-entendus, les petites phrases timides. elle se contente d’avancer, de courir sans réfléchir. sans réaliser que nike ne la suit plus depuis longtemps.
“je suis contente de faire des trucs avec toi !”
qu’elle lâche, sur le toit, avec innocence. elles sont toutes seules et ça lui fait du bien. ça devenait trop rare, ces derniers temps. le calme lui manque, et elle se rend compte que la présence de nike aussi. ce n’est plus comme avant. à quel moment ça a changé ? elle ne sait plus. mais elle s’en fiche. elle n’a pas le recul suffisant pour y réfléchir. elle se contente donc de lancer ça en l’air, en souriant. et puis elle lui raconte sa semaine, ses sorties avec lohan, les cours avec skye, le skate avec icare. elle parle, elle parle, sans se rendre compte qu’elle prends beaucoup trop de place. sans se rendre compte qu’elle écrase.
nike reste silencieuse, l’écoute. mais nike à l’air renfrognée, et andrea ne le voit pas. parce qu’andrea est aveugle, têtue, et enfermée. trop autocentrée, peut-être. alors elle continue. elle continue jusqu’à ce que nike n’en puisse plus. et que amère, elle lui crache cette phrase à la figure. cette phrase qui surprend, qui choque. qui bouleverse.
“uh.”
elle se retourne, andrea. elle se retourne pour planter ses yeux dans les siens. ses sourcils s’étirent, sa bouche s’entrouvre un peu, et le silence s’installe. et ça lui fait mal.
parce qu’elle ne pensait pas. elle ne pensait pas que le coup viendrait de là.
“qu’est-ce que… euh… pardon… je… je voulais pas mal faire ?”
elle tente d’articuler quelques mots, en vain. elle ne comprend pas. elle est confuse. qu’est-ce qu’il se passe ? elle a toujours détesté le conflit, n’a jamais été à l’aise avec. à toujours eu tendance à le fuir. surtout quand c’est passif-agressif. alors quand nike prend ce ton, quand nike prononce ces mots.... andrea ne peut que courber l’échine, s’abaisser, se soumettre.
“pardon.” le souffle est court, la voix se perd. “je voulais pas prendre autant de place. je… euh… comment tu vas, toi ? tu veux me raconter ta semaine ?”
elle ne sait pas quoi faire, alors elle tente de se rattraper. de lui renvoyer la balle, de la mettre à l’aise. mais au fond, son coeur se serre. c'est les mauvaises manies, celles qu'elle avait enfoui sous le tapis, qui refont surfaces. et elle a envie de pleurer, presque terrorisée. c’est rare de voir nike s'énerver.