Electre elle n’aime pas ça. Avoir chaud, transpirer, regarder sa peau brûler à cause de ce soleil qui brille trop, qui veut montrer qu’il existe. Vraiment, il peut pas rester derrière ses nuages et foutre la paix aux gens qui l’aiment pas ? Les cheveux attachés en chignon pour ne pas qu’ils tombent sur sa nuque, histoire de pas crever de chaud encore plus, elle avance à l’ombre en regardant droit devant elle, l’expression un peu fermé. Moins que d’habitude, parce que si elle sort maintenant c’est pour une raison bien précise.
Non mais vous pensiez sérieusement qu’elle allait transpirer gratuitement ? Faut pas rêver. Elle préfèrerait faire une bonne sieste là, dans une salle de classe avec la clim’. La base. Même s’il n’y a pas cours, elle s’en fiche, on dort bien là-dedans. Tout le monde vous le dira. Surtout quand le prof commence à parler. Bref. Des lunettes de soleil au nez, habillée légèrement parce que l’été oblige, elle avance donc au point de rendez-vous en observant les alentours, voir si elle est la première arrivée ou non. Et vu que Callisto n’est pas encore là, il faut croire que c’est le cas. Un petit soupir avant qu’elle ne s’adosse au mur, toujours à l’ombre, et qu’elle attend.
Le bruit des passants inonde ses oreilles, leur bavardage incessant en bruit de fond rend l’endroit vivant mais quelque part, c’est aussi agaçant. Certains l’observent et à ceux-là, elle leur rend le regard le plus foudroyant possible. Regardez ailleurs si j’y suis. Puis après une interminable attente, elle la voit arriver.
Rare sourire aux lèvres, elle se redresse pour aller à sa rencontre.
« Eh beh, t’en as mis du temps. Tu faisais quoi ? Tu vas bien d’ailleurs ? »
Abaissant ses lunettes pour mieux la regarder, leur après-midi va enfin pouvoir commencer.
Illusions commend themselves to us because they save us pain and allow us to enjoy pleasure instead.
We must therefore accept it without complaint when they sometimes collide with a bit of reality against which they are dashed to pieces.
Illusion is an anodyne...
..., bred by the gap between wish and reality
Insupportable. L'agaçante mélodie de son vieux ventilateur semblait vouloir briser les restes calcinés de sa raison, brûlés vifs par cette foutue chaleur d'été. Quinze heure. Callisto venait de prendre sa troisième douche, glaciale étreinte d'une eau salvatrice, qui pourtant se dissipait plus vite que les nuages face à ce satané soleil. N'y avait-il donc aucun interrupteur ? Un pouvoir capable de changer le temps, de faire pleuvoir, ou neiger ? Défaitiste, la jeune femme enfile son débardeur avant d'attacher son opaline chevelure en une haute queue de cheval. Sa nuque, déjà, l'en remerciait. Ne restait plus qu'à... Quinze heure ? Encore en retard. Piquée vive par cette soudaine révélation, Calli s'élance ; car voyez-vous, aujourd'hui elles avaient rendez-vous. Légendaire duo, immortelle amitié qui, d'un naturel déconcertant, s'était formée. Enfin un peu de légèreté. L'impatience, déjà, offrait à ses lèvres la douceur d'un sourire. Quelques minutes, un souffle écourté par l'effort, étranges retrouvailles. Electre semblait, tout autant qu'elle, damner cette chaleur et ces rayons solaires qui à coup sûr marqueraient la pâleur de leurs peaux, si elles n'y prêtaient pas attention. L'idée de finir écrevisse ne l'enchantait pas.
- Désolée, j'ai cru que j'allais fondre dix fois pendant le trajet. Cette chaleur est entrain d'aspirer mon âme !
Brève grimace. Callisto détaille son amie ; les traits de son faciès, à la recherche du moindre soucis qu'elle tenterait de camoufler. Rien. Leur après-midi pouvait commencer.
- Et toi, comment tu vas ? Question sincère, loin des formalités habituelles. J'en peux vraiment plus. Ça te dit un bubble tea ? Le serveur est carrément à croquer.
Complice, la jeune femme esquisse un rictus malicieux tout en offrant un léger coup de coude au bras de la jeune Rebelle. Leur amour pour l'art et la beauté simple des choses allait, encore, faire des siens.
Electre la regarde derrière la teinte de ses verres, se disant qu’elle a dû se presser pour arriver au vu de l’effort qu’elle montre. Et elle aurait presque rigolée à sa remarque concernant la chaleur.
« Ton âme ? Moi elle prend mon corps avec, c’est horrible ! Et ma possible bonne humeur aussi. »
Elle est connue pour faire la gueule souvent après, mais tout de même ! Heureusement elle a quand même mis de la crème solaire avant de sortir. Juste au cas où. Sa peau claire n’aimant pas particulièrement le soleil, elle finissait souvent pas finir d’un beau rouge bien douloureux plutôt que d’un bronzé parfait. Et pour le coup, c’est bien le seul rouge qu’elle ne veut pas voir sur elle Electre. Oh que non, elle ne veut même pas en voir la naissance.
Les coups de soleil, ça fait un mal de chien bon sang. Mais ses pensées sont très vite tournées vers le soit disant serveur dont parle sa chère amie et un ricanement s’échappe de ses lippes.
« Oh ? … J’admets que si ça a un avantage l’été, c’est bien les jobs saisonniers. Et je vais bien merci, juste que je me dis qu’ils devraient inventer des vêtements qui peuvent refroidir le corps un jour. Ah… Ok, go bubble tea. »
Et sur ces mots, elle se met en marche tranquillement, à la même hauteur que Callisto.
« J’ai hâte de l’hiver. Juste pour pouvoir dire que j’ai hâte de l’été quand je crèverais de froid. »
Au moins, se réchauffer c’est plus simple que de se refroidir, clairement.
Illusions commend themselves to us because they save us pain and allow us to enjoy pleasure instead.
We must therefore accept it without complaint when they sometimes collide with a bit of reality against which they are dashed to pieces.
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Délicats instants, que ceux guidés par les seuls volontés d'une immuable amitié. Leurs sorties, bien que nombreuses, n'avaient jamais ennuyé Callisto ; tout au contraire elles apportaient à sa vie la légèreté d'honnêtes moments. Loin des déliquescentes corruptions que son âme subissait depuis maintenant, quelque temps. Electre était sa bouffée d'air frais. Celle que l'on inspire après une trop longue privation. Alors, essayant d'ignorer les désagréables embrasements de sa peau opaline, la jeune suédoise se fend d'un sourire à l’approbation de la tempétueuse Williamson.
- Tu connaîtrais pas quelqu'un parvenant à contrôler les températures ? Quelques flocons, on est pas difficile.
De la neige en été. Quelle brillante idée. Guidant donc leurs pas en un rythme tranquille, Callisto profite de cette brève promenade pour repérer quelques boutiques alentours. C'était triste à dire, mais si elle souhaitait survivre au mois de juillet, sa garde-robe devrait compter dans ses rangs la légèreté d'une robe. L'idée la fit soupirer.
- On est jamais contente, de toute façon la meilleure saison c'est l'automne. Et je ne dis pas ça seulement pour Halloween.
Oui, elle avait hâte de flâner sous les frondaisons ocres et dorés ; oublier enfin les souffrances de cette satanée saison. En attendant, que pouvait-elle faire de plus, que de rêver la fraîcheur sucrée d'un bubble tea ? Chose promise chose dû, c'est face à la magnificence d'un serveur qu'elles se retrouvèrent toutes deux, la malice d'un clin d’œil offert à sa meilleure amie.
- Tu vois ? Je ne mens jamais. Enfin du moins, pas à toi.
Des flocons en plein été. C’est tentant, elle doit bien l’admettre. Son regard fixe la jeune femme à ses côtés derrière sa paire de lunette, l’air malicieuse avant de rigoler.
« La température ? Je demanderais carrément quelqu’un qui contrôle la météo c’est beaucoup plus simple ! »
Car elle, elle est difficile. Après tout, s’il pouvait y avoir quelques nuages en plus devant le soleil, elle ne dirait clairement pas non. Mais au lieu de ça, elles doivent supporter cette chaleur atroce et prier pour que le leur peau ne fasse pas la fragile et devienne toute rouge. Même si elle a mit de la crème solaire au cas où, elle n’a pas confiance Electre.
« L’automne hein… J’avoue que les couleurs sont jolies en cette saison. Et puis clairement, Halloween est une bonne excuse pour aimer cette partie de l’année. »
Les bonbons, les déguisements, les frayeurs… Oh oui, elle aime ça. Depuis qu’elle est sur cette île seulement. Avant, elle n’a pas eu l’occasion de réellement s’amuser à cette fête.
Une fois arrivée pour avoir leur boisson, Electre ne se prive clairement pas de regarder le serveur qui vient de passer avant de rendre l’air narquois de sa chère amie. Il n’y bien avec qu’elle que son visage montre autant de sourire, sinon elle doit bien faire la gueule toute la journée.
« Oh… Je suis bien contente de te faire confiance dans ce cas Callisto. J’admets que tu as raison, c’est… très bon pour les yeux. »
Petit rire amusé, elle s’avance donc pour prendre sa commande, un bubble tea fraise letchi. Sucré, rosé, parfait.
« Qu’est-ce que tu prends Calli ? »
Parce que, bien entendue, elles allaient devoir rester sur place pour mieux profiter de la vue.
Illusions commend themselves to us because they save us pain and allow us to enjoy pleasure instead.
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Le don de contrôler la météo ? Callisto, fervente adepte des fraîcheurs suédoises, ne pouvait qu'acclamer une telle idée. Si un tel être existait, elle ne pouvait qu’espérer sa présence sur l'île, ou du moins sa proche arrivée. Au moins, cette fameuse personne se retrouverait subitement entourée de deux merveilleuses créatures ; amies fidèles encourageant l'utilisation de son don. Pour l'aider à l'affiner, bien sûr.
- Les recherches sont lancées. Je compte sur toi.
Malicieux, son sourire se teinte de quelques rêveries à l'évocation d'Halloween. Non pas que la chasse aux bonbons l’intéresse, mais avec son pouvoir, la jeune femme s'était découverte une nouvelle passion ; matérialiser les peurs de ses malheureuses victimes, et leur flanquer la frousse de leur vie. Oui, elle avait hâte. Rappelé à l'ordre du jour par la caresse chaleureuse du vent, Callisto reporte sa pleine attention sur le serveur, et le panneau indicatif des saveurs qu'ils proposaient. Electre ayant déjà choisi, la jeune femme eut un bref instant de réflexion, avant d'opter pour un classique fraise citron.
- N'est-ce pas ? D'un point de vue purement esthétique, je pense qu'il vaut au moins un sept.
Venait-elle sérieusement de le noter ? Un rire léger s'évada de ses lèvres carmines, tandis qu'elle récupérait sa boisson. S'installant aussitôt en terrasse, là où, sans risquer la moindre gêne, elles pourraient pleinement profiter de la vue.
- Ça change des imbéciles du pensionnat. Même si, certes, certains sont... Disons. Plaisants à regarder.
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Mer 16 Juin - 23:09
