Lenita replanta ses écouteurs dans les oreilles avant de quitter la salle de cours sous le regard déconcerté de ses camarades. Non seulement s'était-elle assise volontairement à côté d'autres élèves à son arrivée, la rousse venait tout juste d'accepter une invitation à une soirée organisée dans un appartement en ville. Des événements mondains qui pourraient passer inaperçus venants de la plupart... Sauf d'elle.
Depuis son arrivée il y a déjà huit mois de cela, l'Italienne s'était toujours montrée de nature relativement asociale, pour ainsi dire. Loin d'ignorer les personnes ayant daigné de lui adresser la parole, il lui était néanmoins d'habitude de rester de son côté et de refuser poliment la majorité des propositions de sorties au cours de l'année scolaire. Elle s'était sociabilisée avec quelques élèves de çà et là, partageant quelques pauses cigarettes et du small talk régulier, mais cela avait toujours été le maximum dont elle avait fait preuve, jusqu'à maintenant.
La veille au soir, à la recherche de son disque dur, elle avait retrouvé une vieille clé USB dans une pochette discrète de son sac d'ordinateur. Curieuse, la rouquine décida de regarder son contenu, et fut prise d'un léger pincement au cœur en y découvrant des photos précédemment stockées sur l'ancien téléphone dont elle s'était débarrassée à son arrivée. Voir ces reliques de sa vie en Italie alors qu'elle n'avait jusqu'ici aucun souvenir d'avoir créé une sauvegarde de ses documents, ça lui avait fait... Quelque chose. Bien qu'elle ne voulait pas se l'avouer, avoir des amis, des personnes avec qui discuter, avec qui refaire le monde, ça commençait à lui manquer fortement. Et elle était la seule à blâmer pour ça : toutes les fois où quelqu'un s'était montré chaleureux et amical, elle n'avait fait que le repousser. Pour protéger les autres, peut-être, ou pour se protéger, elle. Pour ne pas refaire les mêmes erreurs. Pour ne pas avoir pris un nouveau départ en vain.
Alors elle décida que c'était fini. Elle se martela le cerveau à grands coups de : "Arrête de faire l'emo". "Arrête de te couper du monde comme ça". "C'est complétement con".
Et ce jour-là, alors qu'elle s'était tout juste levée de sa chaise, elle avait tendu l'oreille. Des personnes de sa classe parlaient d'une soirée à entrée libre, ou beaucoup de gens de classes, cliques et niveaux différents allaient se rendre. Bien sûr, aucun d'entre eux n'avait approché Lenita pour lui proposer. À quoi bon ? Elle refusait toujours. Mais pas ce jour-là.
"Tout le monde peut venir ?"
"... Hein ?"
"La soirée. Tout le monde peut venir, c'est ça ?"
"Euh... Oui... 'Fin... Est-ce que tu veux-..."
"Ouais, carrément. Ça va être cool. Je ramène à boire."
_______
Toc, toc, toc.
"... Lenita ? T'es, genre, vraiment venue ?"
"Ouais. J'suis genre, vraiment venue."
Un léger sourire arrogant au coin des lèvres, la rousse tendit la bouteille de whisky qu'elle avait acheté en chemin au jeune homme à la porte avant de s'inviter à l'intérieur. Elle était arrivée plus d'une heure après le début de la soirée, comme toute personne sensée le ferait, selon elle. À vue de nez, une trentaine d'élèves étaient en train de danser ou de discuter dans le salon de l'appartement. Deux-trois têtes qu'elle reconnut aussitôt, beaucoup d'élèves de F et de G, la plupart déjà visiblement intoxiqués. La rousse dut retenir un autre rictus devant cette scène : au fond, ça lui faisait vraiment plaisir de voir une fête battre son plein. Entre son isolement sur l'île et son temps en clinique avant son départ, cette vue qui lui avait été si familière n'était devenue qu'un lointain souvenir. Et ça lui avait manqué.
En l'espace d'une demi-heure environ, elle avait passé un bout de temps isolée avec les fumeurs au balcon, battu à plat de couture un groupe de sportifs au beer pong, et venait de terminer une partie de cartes transformée en jeu à boire sans queue ni tête. Son verre s'était déjà rempli et vidé à de multiples reprises, mais même après un long moment de sobriété, sa résistance à l'alcool tenait encore bon, ne se sentant que légèrement enivrée. Cependant ce soudain retour en société se montrait pourtant plus compliqué que prévu : elle passait un bon moment jusqu'ici, mais sentait que ses conversations s'éventaient vite, et décida de s'isoler quelques instants dans un endroit tranquille pour recharger ses "batteries sociales" un bon coup avant de reprendre la soirée de plus belle.
Après un petit tour dans le couloir, elle tomba nez à nez en face d'une porte semblant être celle d'une chambre vide. Elle n'était pas verrouillée, la lumière était éteinte, et aucun bruit inapproprié ne venait de l'intérieur. Bingo.
"Bon, allez, tu te cales là cinq minutes et t'y retournes. Tranquille."
Lenita Rocchi
Electre Williamson
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Âge : 18 ans
Classe : F
Artefact : Canons d'avant-bras en cuir + Force Surhumaine
Le verre de trop. Celui qu’il ne faut pas prendre, au risque que la soirée prenne une toute autre tournure. Mais Electre s’amusait. Sa boisson alcoolisée à la main, elle riait aux éclats en parlant à des gens, en lançant des défis parce que sa tête est déjà en mode off à cause des effets que son sang subit. Elle ne tient pas la boisson Electre, elle devient une autre personne quand elle boit et c’est ainsi qu’elle devint plus… Sociable.
Plus amicale même.
Invitée à cette soirée, elle avait refusée à la base mais en l’absence d’une quelconque activité, elle s’y est rendue pour passer le temps.
C’est ainsi qu’elle se retrouve là, allongée sur un lit, les yeux fixant le plafond alors que tout semble tourner autour d’elle. Besoin d’un moment de calme, de silence avant d’y retourner, elle finit par clore ses paupières en se concentrant sur sa respiration.
J’aurais pas du toucher à ce verre bon sang.
Ainsi, quand elle entend la porte s’ouvrir et se refermer, elle ne réagit pas tout de suite. Puis finalement elle ouvre sa bouche, parce qu’elle veut pas que quelque chose se passe alors qu’elle est là.
« Il y a quelqu’un ici, pour les trucs bizarres c’est dans la pièce à côté. »
Voix anormalement dénuée d’agressivité de sa part, elle ouvre les yeux sans apercevoir qui est la nouvelle personne entrée. Lumière éteinte, elle ne voit pas dans le noir. Et dans le pire des cas, elle partirait elle-même. Quitte à briser le mur au passage.
« Qui est là ? »
Parce qu’elle n’a pas envie de se lever pour appuyer sur un bouton, elle préfère attendre que l’inconnu se dévoile avant de vérifier si elle disait la vérité.
C’est surtout que sa tête tourne un peu trop pour qu’elle puisse bouger.
"Il y a quelqu’un ici, pour les trucs bizarres c’est dans la pièce à côté."
Lenita ne put s'empêcher de sursauter. La main contre sa poitrine, l'autre cherchant à l'aveugle un meuble pour soutenir son poids, elle laissa le silence régner dans la pièce sombre pendant un court instant.
- Qui est là ?
- Pardon, j'pensais que c'était libre.
Pas une réponse appropriée, mais une réponse quand même.
Sur ces mots, la rousse décida rapidement de faire volte-face pour échapper cette situation quelque peu gênante. Mais alors qu'elle avait déjà tourné la poignée de porte, elle jeta un dernier coup d'œil dans la pièce. La lumière du couloir qui s'échappait de l'entrouverture de la porte lui laissa l'occasion de discerner une masse allongée sur le lit, immobile. Peu importe quelle personne se trouvait là, Lenita ne connaissait que trop bien ce scénario : s'isoler dans une chambre dans le noir en plein milieu d'une soirée, en terme général, c'était soit un bad trip, soit un excès d'alcool. Et, dans les deux cas, elle savait que c'était une situation qui nécessitait assistance. Son assistance, pour le coup.
L'inconnue ne voulait probablement pas de son aide, et secourir une petite nature n'était pas vraiment l'image que Lenita s'était faite de sa soirée non plus. Mais si elle partait maintenant, qui serait la prochaine personne à pénétrer dans la pièce ? Quelqu'un d'autant plus alcoolisé ? Quelqu'un de mal intentionné ?
Alors que ces idées macabres vacillaient dans son crâne, l'Italienne ne se cacha pas pour pousser un long soupir vaincu. Maman de beuverie à la rescousse...
"Déjà, si t'es bourrée et dans le mal, ça va te donner la gerbe de rester dans le noir."
À tâtons, elle réussit à allumer une lampe de bureau avant de fermer la porte. La grande ampoule aurait sûrement été un peu trop violente.
"Ensuite, verre d'eau."
Par chance, une porte de l'autre côté de la chambre menait à une petite salle de bain. Sans un mot, elle nettoya le gobelet en plastique vide qu'elle tenait en main comme elle le pouvait afin d'éliminer un potentiel arrière goût de whisky avant de le remplir au robinet. Tous ses gestes étaient naturels, presque mécaniques, du fait qu'elle les avaient répété une bonne dizaine de fois pour venir au secours de ses amis ayant à quelques reprises finit dans de sales états. On pouvait avoir tous les a priori du monde sur Lenita, mais on ne pouvait certainement pas dire qu'elle ne savait pas se la jouer ange gardien. Quand elle le voulait, tout du moins.
Son fidèle air blasé peint sur le visage, elle retourna à la chambre pour poser le verre sur la table de chevet à côté de la demoiselle. De là, elle pouvait identifier un peu mieux celle qui était jonchée dans le lit : une jolie brune qu'elle n'avait jamais croisée, probablement plus jeune, qui semblait récolter toute la force de son esprit afin de se concentrer pour ne pas rendre l'âme. Classique.
Ne voulant pas rester là, debout, à la fixer, Lenita jeta son dévolu sur une chaise de bureau au bout du lit. Après en avoir profité pour entrouvrir la fenêtre derrière elle, elle reposa son regard sur l'inconnue, tentant tant bien que de mal de se montrer rassurante.
"Visiblement t'es pas habituée, mais pour le coup j'te conseille de boire doucement. Sauf si tu veux te purger l'estomac un bon coup."
Une remarque assez nulle, certes, mais qui aurait au moins le mérite de la tenir consciente.
Lenita Rocchi
Electre Williamson
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En même temps, une pièce sombre, on pense forcément que c’est libre pas vrai ? Electre ne rajoute rien, il n’y a qu’un grommèlement qui sort de sa bouche avant qu’elle ne soupire. De ses pas et du son, elle devine qu’elle s’apprête à s’en aller et elle referme les yeux, prête à s’endormir. En espérant que personne ne vienne de nouveau l’embêter. Un peu de repos, est-ce trop demander ?
Ses pensées naviguent un peu, tel un bateau en pleine tempête alors que sa tête continue de lui faire sentir des attractions dignes des meilleures migraines, elle n’a pas l’impression que le temps passe beaucoup quand elle entend de nouveau la voix de l’inconnue percer ses oreilles et c’est inquisitrice qu’elle ouvre les yeux. Mais elle lui veut quoi ?
« Euh… Bah certainement mais j’ai la flemme d’allumer la lumière. »
C’est surtout qu’elle y a pas pensée. Alors elle grimace un peu quand une lampe s’allume pour éclairer la pièce, son bras revenant sur son visage pour couvrir ses yeux. Puis elle entend parler d’un verre d’eau et c’est alors que se manifeste la sécheresse de sa gorge, lui faisant clairement comprendre que l’idée n’est qu’excellente. L’alcool et la déshydratation sont les meilleures amies du monde, on a juste tendance à l’oublier. Et quand ces deux-là s’amusent à jouer et à nous faire oublier, ça donne la gueule de bois du lendemain.
Après quelques instants, elle lève le bras pour mieux fixer la personne qui se veut généreuse et arque un sourcil en voyant une rousse, assise sur une chaise près du lit, le verre d’eau sur la petite table de chevet. Elle parle encore, Electre plisse les yeux et penche la tête vers la boisson.
« … Mouais. »
Elle se redresse, péniblement, avant de prendre le verre en main et de se pencher. Et de renifler. Juste au cas où. Après tout, elle sait pas d’où elle sort cette rousse, elle pourrait très bien vouloir la mettre encore plus dans le mal. Mais trop dans le brouillard pour vraiment jouer les inspecteur, elle avale cul sec le verre d’eau pour soupirer ensuite.
« … Hm, ça fait du bien en vrai. Mais si jamais il y a un truc dedans… Je sais pas ce que je ferais quand je serais consciente, mais je ferais un truc. »
La remarque de la brune quant à la contenance du verre décrocha un pouffement de rire à Lenita. Au moins, elle était encore assez éveillée pour se poser ce genre de questions.
- Tu fais bien de demander, mais t'inquiète pas, c'est pas mon genre.
- T’es qui d’ailleurs ? Et tu fais quoi ici ?
- J'm'appelle Lenita. Je comptais juste me caler au calme vite fait, mais j'avoue que j'm'attendais pas à trouver un semi cadavre aussi tôt. Et toi, t'es qui ?
Elle posa la question en réemployant les mots de la jeune femme, une pointe de taquinerie dans la voix. Sa réponse fit hocher la tête de la rousse sans rien rajouter, et la pièce fut à nouveau plongée dans le silence l'espace de quelques instants.
"OH C'EST QUOI LES BAILS LÀ ?!"
Un garçon venait d'ouvrir brusquement la porte, laissant la lumière du couloir et la musique endiablée venant du salon agresser les rétines et les tympans des demoiselles. Même Lenita, qui était jusqu'ici relativement sobre, rentra la tête dans les épaules en affichant un air heurté sur son visage.
- Waw, quelle entrée.
- REVENEZ DANS LE SALON, ON VA FAIRE UN JEU !
- On arrive, t'inquiète.
C'est pas beau de mentir, certes. Mais ça avait eu le mérite de faire partir le garçon en trombe.
Se souvenant de la situation, l'Italienne retourna son attention vers la brune, qui avait du être bien secouée par cette intervention bruyante. Elle se redressa en soupirant pour aller remplir le verre d'eau une fois de plus avant de se rasseoir à sa place.
"Tu tiens le coup ? Tu veux bouger ? J'crois qu'il y a une petite terrasse tranquille à côté, si tu veux prendre un peu l'air."
En effet, lors de sa virée à l'extérieur du salon, une seconde terrasse à l'écart semblant être connectée à une autre chambre était encore inhabitée quand elle était partie. On pouvait deviner deux-trois sièges ainsi qu'une petite table de jardin, mais l'espace semblait être tout de même assez isolé pour leur permettre d'y être tranquilles. Et puis, dans tous les cas, Lenita comptait bien se récupérer un nouveau verre afin de boire un coup. C'était sympa deux minutes de faire la sainte, mais ce n'était pas une raison pour rester sobre une seconde de plus.
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Dim 20 Juin - 19:26
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