Assis sur les marches du gymnase, tu observes, la tête posée dans ta main, accoudé sur ta cuisse, l'équipe de baseball faire son entrainement. Evites le regard d'Icare parce que c'est encore un peu bizarre mais ça veut quand même dire que tu l'attends pour aller trainer ensuite ensemble avec le reste du groupe. Saoulé Arsene, du fait que certains fassent encore la gueule à propos de la soirée de début juin. Saoulé mais toujours mesquin alors que tes yeux se ferment d'ennui. Le sport de groupe c'est vraiment pas ton délire. Y'a rien de mieux que la natation pour se dépasser soi-même et battre des records personnels.

L'entrainement touche à sa fin et les joueurs regagnent les vestiaires. Il n'en reste qu'un sur le terrain et si ton esprit ne l'avait auparavant désigné comme une cible potentielle, tu te rappelles de son intervention la dernière fois. Vous vous parliez occasionnellement mais il semble ne plus vraiment graviter dans ton univers, ces derniers temps. Ça t'agace.

Tu t'étires bruyamment et sautes des marches pour aller le rejoindre.
Rictus faussement désabusé.

— « Mason. Tu dates. »

Tournes autour de lui, mains dans les poches, comme un prédateur salivant devant sa proie.

— « Trop occupé à lécher les pompes du président monsieur parfait peut-être ? »

Pas partageur ?
Juste un peu, Arsene.

Tu tombes bien ? Tu tombes toujours bien Arsene, à en voir ta tête de frimeur et ton regard de braise. C'est que tu pourrais tous les tuer avec ces yeux revolver, sans jamais arrêter de te foutre de leur gueule, avec ce rictus moqueur. Tu fais craquer les articulations de ta nuque d'un mouvement brusque avant d'inspirer profondément.

— « Pourquoi est-ce que je me casserai le cul à trouver autre chose alors que je sais taper là où ça fait mal ? Uh ? »

Sourire qui s'évanouit lentement alors qu'il retire son gant, te parler d'hier. Tu tiques un peu à l'oeil Arsene, la veine gonfle au niveau des tempes et tu serres les poings. Souffles par le nez avant de te rapprocher de lui. Murmure sur un ton d'animosité.

— « C'est une menace, c'est ça ? »

Tu sautilles vers l'arrière d'un mouvement léger et croises les bras sur ton torse, hausses un sourcil alors que t'es sur de toi sur ce coup là.

— « Qu'est-ce qu'ils vont me faire ? Les profs m'adorent, l'école m'adore. Tu vois c'est ça l'avantage d'avoir tout le monde à ses pieds, tu peux jouer avec les limites qu'ils te souriront comme si de rien n'était. »

Cet abus de confiance, c'est une façade.
T'es pas fier de ce que t'as fait, d'avoir pété un cable devant tout le monde - d'avoir été à ça de lui faire du mal. Mais plutôt crever que de l'admettre devant ceux qui tentent de te faire chuter.

T'es trop con.
— « Tu ne le penses pas. »

Tu restes de marbre. Est-ce qu'ils te pensent vraiment capable d'envoyer quelqu'un à l'hôpital ou est-ce toi qui a complètement perdu le sens des réalités ? La petite altercation avec Sylvestre, ils en font des caisses dans le but d'essayer de te décrédibiliser. T'en es certain. Ils ont peur de toi Arsene, ils ont peur de ce que tu pourrais décrocher si t'avais vraiment les couilles d'aller au bout de toutes tes idées. Tu perçois son jugement à Mason, et ça te glisse dessus comme de l'eau. Tu continues de fanfaronner pour pas avoir à reconnaitre qu'encore une fois t'as merdé.

— « C'est quoi votre problème à vouloir me faire la leçon constamment ? Une mode est lancée c'est ça ? J'ai toujours agi ainsi et vous m'avez tous mangé dans la main depuis des années. Pourquoi est-ce que ça serait différent aujourd'hui ? »

T'as besoin de savoir, parce que tu comprends pas. Toi même t'es perdu sur le chemin - la popularité, la crainte, le harcèlement, les phéromones, l'attitude, la beauté ; tout ces éléments mélangés avant ça donnait un bon punch dès le matin. Maintenant tout ce à quoi tu as droit c'est un vieux cocktail raté.

Il s'approche et cette fois c'est toi qui le toise. Fini de sourire, t'es d'une humeur de merde maintenant. Le chopes par le col pour le soulever du sol de quelques centimètres.

— « J'aime pas trop le ton que tu prends Hargreeves. »

Reserres ta prise.

— « Tu veux ptet que je claque des doigts pour te rafraichir les idées ? »

Une pluie de poudre de fée sur un gros tas de merde.

C'est le seul moyen que t'as trouvé pour te faire apprécier.
Tu le sais au fond de toi, que t'en as clairement abusé depuis que t'es arrivé, que t'es la seule façon, la seule raison de pourquoi t'es là où t'es aujourd'hui. Pas parce que t'es intéressant, ton charisme n'est qu'une façade que les gens n'ont d'autres choix que d'admirer. Qui pourrait réellement t'aimer, toi, l'enfant roi capricieux abandonné par sa propre famille ? Putain, ça te file la gerbe rien que d'y penser Arsene. Tu veux pas y réfléchir, ni te confronter à cette réalité.
La réalité, c'est toi qui la façonne désormais. A ton image. Tu es et tu resteras le centre du monde.

— « Va chier. »

Tu serres le poing libre et l'abats sur sa joue. Le lâche en même temps pour que la pression du mouvement le propulse sur le sol.
Tu l'empêches de se relever en t'empressant de coller ton pied sur son torse, pour l'écraser un peu plus - plus bas, encore.

— « Cette école, c'est moi. Cette ile, c'est moi. »

Tu lui donnes un coup de pied dans les cotes avant de t'accroupira à sa hauteur. L'air plus sombre, plus réservé. Tu le jauges avec colère mais aussi avec mépris.
Putain, c'était pas censé être ton pote à la base ?
Vous vous connaissez depuis des années. Tous des traitres, tous des lâches. Tu les supportes plus Arsene, ils t'abandonnent les uns après les autres.
Tu veux pas.

Claques des doigts, le gardes sous ton emprise. Y'a que comme ça qu'il partira pas, n'est-ce pas ? Tu dois te réduire à ça pour que ces sales chiens continuent de suivre ?
T'es tellement frustré Arsene, aussi méchant qu'un enfant qui a peur d'être tout seul.
Tu lui tends ta semelle.

— « Lèche ma chaussure. On sera quittes. »

T'as plus de limite.

Tu restes à le contempler, le regard blasé sur son amour dégoulinant et fake. Tu ne le crois pas, tu ne veux pas le croire - tu sais que ses larmes ne sont que la résultante de sa peine immorale, sa haine immortelle. Tu bats des cils, souffles sur son visage ton mépris à peine dissimulé.
Tu vaux mieux que ça, hein... Sacha aussi dit ça, Noah aussi, Scarlet aussi. Pourquoi est-ce qu'ils continuent de s'accrocher à l'idée que t'es quelqu'un de bien au fond de toi ? Est-ce que c'est le seul choix qui s'offre aux humains qui composent cette planète ? Devenir la meilleur version de soi-même, et vivre dans cet unique but. Foutaises, toi tu veux le sommet. Et tu marcheras sur leurs têtes à tous pour y arriver - penses sincèrement que tu n'as même pas besoin d'en arriver là, car la première place t'est réservée.

— « Me foutre en l'air ? C'est toi qui penses ça. C'est votre réalité, pas la mienne. »

Tu te penches au dessus de lui. Evidemment, ça ne te laisse pas indifférent. Tu te laisses avoir toi aussi par le charme qui opère, veux te laisser aller à y croire.
Qu'il est encore ton ami, qu'il t'apprécie réellement, qu'il s'inquiète pour toi. Ça t'énerve mais ça te touche aussi, putain. Depuis quand t'es devenu aussi sentimental ?

— « Moi j'suis heureux hein. »

Non. Pas vraiment.
Tu pourrais l'etre encore plus.

— « T'as pas l'air bien Hagreeves. Faut rester au lit quand on est malade. »

Tu plaques ta main sur son front, saisissant sa mâchoire de l'autre.

— « T'es brulant de désir pour moi c'est ça ? Dégueulasse. »

Approches tes lèvres des siennes, vil tentateur. Non mais tu fous quoi au juste ? C'est parce que Scarlet t'a autorisé à serrer des gars que t'es émoustillé pour rien ? Ou c'est le fait de le voir fiévreux qui te monte toi même à la tête ?
Tu plaques ta bouche à la sienne, lui voles un baiser avant de te laisser tomber en arrière.

— « Hm. »

Tu t'essuies la lèvre avec ton pouce et hausses un sourcil.

— « C'est vrai que tu le kiffes, l'autre flotte de président ? »

Tu l'as senti, là. Le baiser, il y a répondu. Rictus sadique qui s'ourle à tes lèvres alors que tu le regardes de haut, menton relevé et pommettes légèrement teintés de rouge. T'as le corps en feu et le coeur enfermé, à l'agonie de ton déni encore enflammé.
Ça t'aurait plu que Mason soit dégoûté, qu'il se sente humilié - t'en aurais profité pour prendre l'ascendant et le rabaisser encore plus. Mais est-ce que c'est ton pouvoir qui fait encore des siennes ? Tu sais pas.

Il lâche pas l'affaire, il garde pour lui sa vérité alors que tu viens quand même de lui offrir la tienne (à tes risques et périls). Son petit sourire, il peut se le garder, tu l'aurais bien giflé pour le punir de son insolence mais tu préfères grimacer. Serres le poing sur le sol et inspires bruyamment.

— « Pourquoi pas ? »

Tu penches la tête sur le côté. La gorge nouée et fermes les yeux. Toi, jaloux ?

— « Evidemment que je suis jaloux. Vous êtes à moi, pas à lui. Combien de fois dois-je le répéter pour que ça s'imprime dans votre cerveau ? »

T'as récupéré Scarlet.
Tu possèdes Icare.
Tu dois encore rattrapé le coup avec Skye.
Manque plus que Mason, sur la liste.

Avances à genoux sur le sol pour te rapprocher de lui, tu poses ta main sur son front pour mesurer sa température. Fronces les sourcils au fait qu'il est brulant.

— « Putain. »

Tu le libères de ton pouvoir, à contre-coeur et te relèves, le chopes pour le porter sur ton épaule, à l'arrache.

— « Je t'emmène à l'infirmerie. »

T'aurais préféré profité de lui - mais il faut faire des efforts pour arrêter d'être une merde, on a dit.
Et qu'il n'essaie pas de se débattre, pour une fois que t'es serviable. Ça se reproduira pas.

Il ne prononce pas un mot et toi non plus. Tu te contentes de traverser le gymnase, les vestiaires, les couloirs. A votre passage, les élèves s'écartent. Sourire factice que tu étires à certains. Te permets même de lever la main pour saluer des vagues connaissances, ceux qui ont assez de cran pour te dire bonjour. Ça te redonne confiance, les phéromones que tu dégages les attirent tous ; comme des moutons à la bergerie et Arsene, tu joues à merveille le loup.

Une fois arrivés, tu décoches ton meilleur jeu d'acteur face à l'infirmière, lui expliques la situation et sans consulter Mason, tu décris vaguement ses symptômes. Elle te remercie pour ta bienveillance et t'oriente vers un des lits, dans le dortoir un peu à l'écart dans l'immense pièce. Tu déposes le sportif sur le matelas, vas pour te détacher de lui quand tu sens une main qui s'aggrippe à ton col. Tu plisses les yeux, les écarquilles à ce qu'il te souffle à l'oreille.

— « Ah. »

Tu tires sur le rideau qui entoure le lit pour vous couper de l'extérieur - comme ça il ne pourra pas s'enfuir. Aucun témoin pour voir ta tête se décomposer. Tu t'assois finalement sur le lit à côté de lui, au niveau de son bassin et pianotes tes doigts sur son ventre, ricanant avec amertume.

— « C'est pas très gentil. J'ai eu l'immense bienveillance, comme qualifié par l'infirmière, de te porter jusqu'ici pour que tu te reposes. »

Souffles.

— « Et c'est comme ça que tu me remercies. »

Tu remontes tes doigts sur son torse, te rapproches sans décoller tes fesses des draps afin de pouvoir continuer ta course jusqu'à son menton que tu dessines en gloussant.

— « Ou peut-être que tu parles de tout à l'heure ? »

Tes doigts arrivent à ses lèvres, et tu te permets d'étirer celle du bas, pour engouffrer ton majeur dans sa bouche. Souris, Arsene, alors que tu prends un malin plaisir à l'emmerder. C'est lui qui a commencé non ? Peut-être pas au début mais tant pis, c'est toi qui finira.
Tu te penches au dessus de lui, enfonçant ton doigt un peu plus profondément pour chatouiller sa langue. Qu'il te morde, si ça lui chante.

Tu sais murmurer, toi aussi.

— « A la fin je gagne toujours. »

Parce que c'est un jeu, n'est-ce pas ?
Sans règles ni conséquences.

Vilain garçon... Le terme t'arrache un soupire d'aise, est-ce qu'il s'en rend compte Mason qu'il fait tout pour rentrer dans ton jeu ? Evidemment, parce que toi, tu l'as remarqué son léger mouvement pour accompagner ton doigt à sa bouche, alors qu'il t'aide à l'enfoncer un peu profondément. Grognement sourd qui pulse dans le fond de la gorge quand tu sens sa langue s'amuser autour de ton doigt. Tu penches la tête sur le côté, faussement incrédule.

— « Si tu me gerbes dessus, je t'en colle une. »

L'avertissement est clair. Mais pourtant c'est bon, c'est carrément bandant. Faut vraiment que t'arrête Arsene. Ok ta meuf est d'accord mais c'est bizarre non ?
Tu floutes les limites, annihiles les barrières de la pudeur et de la morale. Tu veux t'amuser toujours plus, te découvrir jusqu'à être repus.

— « Tu vois que tu sais t'y prendre, en fait. »

T'as encore les joues qui chauffent et le bas ventre qui grogne. Putain. Tu descends tes doigts encore humides le long de son menton, traces un sillon de salive avec ton majeur dressé sur sa peau. Descends jusqu'à sa pomme d'adam et tu enserres sa gorge sans douleur. Le minimum de force pour lui faire comprendre tes intentions.

— « Non. C'est moi qui choisit quand ça s'arrête. »

Le forces à incliner sa tête droite, les yeux vers le plafond alors que tu continues ta course jusqu'à son poitrail, serpentes lancinant jusqu'à son ventre dans des va et vient pernicieux. Lui lances des regards intenses, accompagnés de sourire railleurs.

— « Je suis dans ta tête, Mason. Mais tu m'as dans la peau. »