Hausse un sourcil en lisant le sms. Debout devant le miroir de son armoire, de base elle ne faisait que passer mais te lire semblait visiblement plus important. Elle n'avait pas prédit, cependant, à quel point elle avait bien fait de s'arrêter. Petit blanc de quelques secondes puis elle ferme les yeux en lâchant un soupir résigné. De ceux qui s'accompagnent généralement d'un haussement d'épaule, qui font croire que les actes qui suivent sont fait par contrainte alors que pas du tout. Qu'est-ce que je peux y faire après tout ? Ses doigts pianotent rapidement sur l'écran, ce n'est pas comme si elle ne voulait pas te voir alors fais toi plaisir Noah.





Un habile mouvement du pouce pour verrouiller l'écran et aussitôt ses iris viennent percuter le corps de sa colocataire occupée à lire tranquillement dans son lit.

— Tu m'avais pas dis avoir des choses à faire, là ?

Non, bien sûr. Après tout elles ne parlent que lorsque Lucrecia que l'autre en a le droit. Alors cette dernière un peu prise au dépourvu lève les yeux de son bouquin pour bafouiller quelque chose qui ressemble vachement à du négatif. La pauvre n'a toujours pas comprit qu'il ne s'agissait pas d'une question.

D'un mouvement de main dédaigneux Lucrecia lui désigne donc la porte.

— Dégage.

De ce ton qui ne laisse aucune place à la contestation. La pauvre se lève rapidement et s'empresse de s'enfuir dans un endroit plus tranquille (ou plus safe, dépendant du point de vu). À peine le temps d'ouvrir la porte qu'elle te fonce d'ailleurs dedans et Lu en étire un sourire railleur.

— J'étais sûre que t'étais déjà plus très loin.

Comme à chaque fois, pas vrai ?

Il n'y a pas un sourire à tes lèvres, pas une once de rêve, absolument rien de faux. C'est étrange, tu sais. Ce n'est pas la première fois mais à chaque fois, depuis vos premiers ébats, tu as dans ces moments où tu te perds cette leur au fond des yeux qui lui tord le coeur.

— Évidemment.

Si tu savais pourtant à quel point ils sont nombreux, ceux qui ne courent pas pour elle. On ne dirait pas comme ça, pas vrai ?

Le sac que tu jettes sur le lit de sa colocataire avant de l'enserrer elle dans tes bras. Elle ne peut pas dire que ce soit doux, ni brutal, ce n'est jamais vraiment ça et dans le même temps tout à la fois avec toi. C'est douloureux, ta peine -tes lèvres à la commissure des siennes font glisser doucement ses doigts dans ton dos. D'un geste habile lance son téléphone portable sur ses draps avant de continuer. Remonter lentement ta colonne du bout des ongles, glisser une main à l'orée de ta chevelure. Tes lèvres à sa nuque elle n'en sourit même pas, son autre main redescend dans ton dos lorsque tu la serres plus fort contre toi. Un souffle désespéré.

Te réparer, Noah ? Elle ne l'a jamais fait. Elle n'en est pas capable, tu sais. Lucrecia ne crée que des illusions pour toi, des mirages qui un jour ou l'autre ne feront plus effet.

— Tu n'es pas désolé.

Car si tu l'étais, si tu l'étais réellement Noah, tu ne serais pas ici à lui demander encore. Encore encore encore. Et elle n'aurait pas accepté encore. Encore encore encore. Te sauver, vous détruire, c'est un peu la même chose finalement.

— Regarde-moi.
Ne sois pas désolé.

Elle écarte légèrement le haut de son corps, tire doucement mais fermement tes cheveux pour te dire d'en faire de même. Elle veut capter tes yeux, Noah. Avant de t'embrasser comme si vos vies en dépendaient.

Je suis désolé si ça ne te convient pas. Elle n'a pas répondu, ni à ça ni à la suite. Elle n'a pas répondu pour ne pas réfuter ni acquiescer parce qu'elle ne sait pas quoi de oui ou de non dire -lequel choisir lorsque ce sont les deux à la fois ? Comment l'expliquer, comment l'assumer; elle ne sait pas, Noah. Alors à la place de ces demi vérités soufflées ses doigts se sont encrés doucement sur toi, tu humais son odeur (quelle tendre sensation que celle de ton souffle contre sa peau) avant qu'elle ne te demande de la regarder. De la regarder elle toute entière, qu'elle puisse te regarder toi tout entier.

T'es belle, Lu.
Un baiser en réponse.

Parce que tu es beau Noah, parce que laids ensembles mais si beaux séparés -ou peut-être est-ce l'inverse ? Ou sûrement est-ce les deux. Elle te regarde encore. Tu es magnifique, Noah. Tristement magnifique quand ses lèvres rencontrent les tiennes à nouveau. Elles sont avides ses lèvres, avides des tiennes, de ta peau de tes doigts de ton être tout entier alors Lucrecia embrasse, tes lèvres, ta mâchoire -un sourire, inspiration. Ses doigts qui se perdent à ta nuque, dans tes cheveux lorsque tu la diriges jusqu'au bureau. Souffle léger dans ton cou et ses doigts qui glissent jusque ta chemise pour la tirer hors de ton pantalon. Caresses sur ta peau, lorsque tu te serres contre elle, Lucrecia enroule ses jambes autour de ta taille pour te rapprocher plus encore. Glisse ses doigts dans le creux de ta colonne vertébrale, remonte remonte. Un baiser, un autre avant que tu ne grimaces.

— Noah ?
— C'est rien, c'est rien, je suis juste tombé.

Se recule alors Lucrecia, les sourcils légèrement froncés, elle te regarde d'un air à la fois perplexe et intrigué. Inquiet aussi. C'est pour ne pas te laisser fuir qu'elle a gardé ses jambes enroulées autour de toi.

— Je te crois pas.

Elle ne cherche pourtant pas à en savoir plus, consciente que ce n'est pas le moment. Elle sait, Lucrecia, que tu ne te livreras pas parce que ce n'est pas ce que tu es venu chercher aujourd'hui. À la place des mots ses doigts qui s'affairent à déboutonner ta chemise tranquillement.

— Laisse-moi voir ça.

Te lance un regard en atteignant le dernier bouton, et tandis qu'elle le défait d'une main, son autre se glisse dans tes cheveux pour te ramener à elle. Baiser rapide à tes lèvres tandis qu'elle esquisse un petit sourire amusé. Ta lèvre inférieure qu'elle mordille avec lenteur sans quitter un instant ton regard. Elle se recule pour enfin la lâcher, fait tomber ensuite ta chemise sur le sol pour mieux te contempler.

Lucrecia effleure de ses doigts tes blessures, légèrement soucieuse. La coïncidence est trop grande, pas vrai ? Les blessures, ton âme déchirée.

Tu ne la regardes plus et elle se demande si ce n'est pas pour fuir que tu l'esquives ainsi. Tes blessures en vitrines pour fuir la réalité de tes mots, elle espère que tu ne la penses pas stupide au point de ne pas le remarquer. Un léger sourire alors quand tu demandes, un peu moqueur mais pas bien méchant. Vos regards l'un dans l'autre, elle n'a pas répondu la première fois. Ses doigts ont glissés sur ta peau lentement, sur chacun des bleus pour les effleurer et tu as grimacé. Elle déteste ça, tu sais ?

C'est pourquoi elle n'avait rien dit, avait attendu la seconde fois pour planter ses iris droit dans les tiennes. Elles n'avaient rien de rieuses, son sourire non plus.

— Il faudrait, Noah.

Le ton calme et ses bras qui entourent ta nuque. Il faudrait oui, cela ne sonne qu'à moitié comme un reproche pourtant. Parce qu'elle sait, elle te connaît depuis si longtemps maintenant.

— Mais tu ne diras rien de toute façon, pas vrai ? Tu ne dis jamais rien.

Une caresse dans tes cheveux, elle te serre contre elle doucement quand ta pression à est plus forte. Ferme les yeux au contact de tes lèvres contre sa peau, elle savoure tranquillement, s'imprègne un peu plus de toi en enfouissant sa tête dans le creux de ton cou. Hume ton odeur, sûrement qu'elle te chatouille avec ses mèches aussi. Un sourire, baiser à ta mâchoire, une main dans tes cheveux et l'autre qui glisse de nouveau contre ton torse. Elle appuie doucement ses paumes, embrasse ta mâchoire une seconde fois, remonte à la jonction de ton oreille. Un baiser. Deux avant qu'elle ne la morde lentement. Est-ce que tu sens son sourire, dis ?

Celui qui disparaît avant qu'elle ne te souffle d'un ton trop suave pour être sérieux -et pourtant.

— J'espère pour celui que tu protèges que je ne connaîtrais jamais son nom...

Autrement, sûrement qu'elle le tuerait.
Revient à tes lèvres pour t'embrasser.
Vous faire oublier.

— Arrête de t'excuser.

C'est sortit tout seul sans être vraiment contrôlé, parce qu'elle n'aime pas ça, tu sais ? Les excuses, elle déteste ça parce que ce ne sont à ses yeux que des invitations à recommencer et les erreurs alors se répètent encore et encore. On est désolé d'avoir blessé, désolé d'avoir fauté mais après ? L'humain est trop con pour apprendre alors il se complet dans de faux regrets, de fausses excuses. Elle n'aime pas ça, préfère assumer Lucrecia, quitte à finir par être et se détester.

Aujourd'hui encore, pour toi, elle ne dira rien. Fera semblant d'être aveugle, elle cachera ses questions, en cherchera les réponses plus tard sans doute. Un autre jour, une autre heure parce qu'elle a conscience que ce n'est pas le moment. Tu sembles sur le point de te briser encore et ça l'emmerde, ça aussi elle déteste. Alors une fois la menace bien encrée, elle est incapable de s'en empêcher après tout, elle décide d'abandonner. Reporter l'assaut de ton âme à plus tard pour t'offrir un peu de repos, une façon égoïste de profiter de toi. Ne pas te contrarier pour t'avoir tout près d'elle, t'embrasser, te toucher. Elle en a besoin, Noah. Tu l'aides à respirer.

Tu n'es pas courageux, dis-tu.

— T'es pas un lâche non plus.

Glissé entre deux baisers à tes lèvres, ses mains griffant légèrement la peau de ton dos. Tu n'es ni courageux, ni vraiment lâche pense-t-elle. Un peu idiot, le coeur trop bon et trop corrompu. T'es brisé Noah, simplement, déchiré.

Soupir léger aux caresses de tes lèvres, de tes doigts contre sa peau et sur son corps. Même par-dessus les vêtements, jamais trop épais l'été, elle parvient saisir la subtilité de tes gestes. T'encourage à ne pas t'arrêter, ses mains à elle qui parcourent, ton dos, tes cheveux, griffent, agrippent fermement mais sans douleur. Elle ne force pas, jamais, te laisse l'embrasser encore avant qu'elle ne glisse des baisers au creux de ton cou, partout où ta peau est accessible à ses lèvres à vrai dire. Hume ton odeur et s'enivre de toi, elle aussi veut oublier Noah, qu'à cet instant il n'y ait ni trouble, seulement elle et toi.

S'arrête lorsque tu demandes, sans retenir le soupir perplexe de ses lèvres. La moue embêtée, esquisse amusée qui s'étire pourtant malgré tout, elle vient poser ses paumes contre tes joues pour guider ton visage et capter tes yeux. Regarde la Noah.

— J'ai l'air de pas vouloir ?

L'intonation moqueuse un peu, elle resserre l'emprise de ses jambes pour vous ramener plus l'un contre l'autre. Décale une main à tes cheveux pour les saisir et rapprocher vos visages quand son autre s'occupe déjà de défaire le bouton de ton pantalon. Un souffle à tes lèvres avant de mordre l'inférieure plus fortement.

Vas-y Noah.
Prends la, prends tout c'est le meilleur moyen pour oublier.

La voix suave quand vos lèvres s'effleurent et que sa main se glisse à l'intérieur de ton pantalon, ferme sur ton intimité. Oublie tout Noah, ne pense qu'à elle, seulement à elle.

— Dévore-moi comme toutes les autres fois, Noah.

Et la voilà qui t'embrasse encore, c'est moins doux plus brutal. Rejoint ses mains au col de ta chemise pour en défaire un à un les boutons, elle embrasse, mord avidement chaque parcelle de peau qui se découvre alors, ta nuque, ton épaule, ton torse tout; le souffle entrecoupé de soupirs satisfaits quand à ton tour tu viens lui faire du bien. Libère-toi Noah, tu sais qu'elle n'attend que ça.

Un sourire lorsque ta chemise finit au sol et que ses doigts reprennent le chemin de ton bas ventre. Plus bas plus bas toujours.