C'était peut-être pas compliqué pour lui mais pour toi c'est à chaque fois une épreuve digne d'un sport de haut niveau. Tu transpires déjà, et gonflé de plaisir tu cherches sa peau quand tu te colles à lui. Bassin contre fesses et tes doigts viennent emprisonner ses poignets contre le mur carrelé et mouillé. Tu ne sais pas tu ne sais plus t'es juste perdu à son coeur et pendu à son cou.
Quand tu craques il se dégage, se montre bienveillant et tu sais plus du coup si c'est toi ou si c'est lui qui te débecte. Tu le regardes courroucé pour chassé la lueur de pitié qu'il peut y avoir à tort et à travers dans sa compassion.

— « J'suis pas gay... »

Tu te justifies et puis bon si c'est pas la vérité c'est pas un mensonge non plus. T'aimes les fesses charnues, filles ou mecs... mais si les filles t'ennuient car tu n'en as qu'une en tête - les garçons font s'éveiller en toi un appétit insatiable. Gauthier t'a fait gouter aux paradis artificiels mais tu ne veux plus te contenter de regarder au travers du portail tu veux le pénétrer.

— « Tu me fais trop d'effet et j'ai plus aucune volonté à ce stade. »

Derechef tu viens cueillir ses lèvres comme on arrache la pomme dans le jardin d'éden. Pousses ta langue entre ses dents pour glorifier la sienne. Tes mains saisissent son bassin et tu y plaques le tien, déraisonnable et surtout déraisonné.

— « Gau... »

Murmure fauve à son oreille, tu retires ton t-shirt et le fait t'aider pour t'oter le tien car tu t'emmêles. Le portable vibre dans la poche mais tu ne réponds pas, trop occupé à chercher la chaleur de son torse. C'est la mécanique du coeur qui s'accélère, machination perverse d'un rouage ancien et un peu rouillé.

— « Je veux que tu sois mon secret. Tu sais tenir ta langue ? »

Rire graveleux, t'es trop bon public quand t'es drogué.

Gauthier s'active, se chauffe autant qu'il te réchauffe de ses doigts jamais superflus, de ses doigts, de sa langue bien pendue. Tu ne recueilles aucune réponse à tes tourments, ne cueilles aucune grâce à ses yeux ni aucune pitié. Et comment le pourrait-il ? Tu vis caché quand lui bourdonnes à l'air libre. Tu fuis tout ce qui pourrait te désavantager - l'insultes silencieusement d'être ce qu'il est quand tu pourrais être ce que vous êtes.

— « Hm... Tu m'as bien compris. »

Tu n'en es pas certain mais c'est pas grave. Le haut est tombé il ne manque plus que le bas. Tu le vois s'affairer au reste, faire choir ton pantalon au sol. Les pupilles dilatées, t'es ailleurs Arsene. Dans ses bras, viens entre ses lèvres. Tu te consumes comme une cigarette - lentement mais surement. C'est pas certain que tu tiennes trop longtemps, la faute à cette merde qui te fait lâcher prise. La concentration a pris des vacances dans les paradis artificiels. Gauthier n'a pas besoin de te faire des avances pour que t'emmener au septième ciel. T'as pris ton ticket.

— « J'aurai pas dit mieux. »

Et surement pas fait mieux (non plus).
De haut tu le prends, appuies de ton pouce sur sa lèvre inférieure, lui essuies la commissure. Comme pour te moquer un peu plus, tu étires de toi même un sourire sur son visage.

— « T'es putain de hot quand tu tires pas la gueule. »

Audacieux.
Tu clignes des yeux et l'aides à se relever, glisses à ses pieds et hésites à essayer. T'es sûr de toi, blindé de confiance et d'assurance. Dans ta tête t'es certain d'assurer, pas d'assumer - la vérité c'est que c'est peut-être la première chose dans laquelle t'es pas spécialement doué.

***

Les heures ont passé dans ces douches. Assis contre le muret, vous discutez. Cuisses rabattu contre le torse, tu planes Arsene. Fera semblant de rien si on vous demande ce que vous avez fait. Niera et le détruira s'il ose en parler.

— « Putain si les surveillants passent on se fait allumer. »

Tu ricanes à la mention des surveillants. Gauthier te ressemble sur ce point, vous en avez rien à cirer des règles - et vous respectez pas grand chose en fait. Tu apprécies son côté un peu désinvolte mais surtout honnête. Pas besoin de faire semblant avec lui ou de faire attention à ce que tu dis (même si en général t'es plutôt connu pour ne pas y faire attention). Qu'est-ce qu'il se passe ? Le Roi se sent un peu vulnérable. Tu passes une main dans tes cheveux humides et ris nerveusement.

— « Comment ça, enfin ? Le prend pas mal Gau' mais c'est juste de la curiosité. Mon truc à moi c'est les meufs. Les culs bien charnus et les seins. »

Gromelles tout de suite après car tu sais que ce genre de paroles n'ont plus aucune crédibilité à ses yeux. Alors tu sautes d'une honte à l'autre pour lui refiler le fardeau.

— « Des rails de coke hein. Dis, t'es conscient que tu fais de la grosse merde ou pas du tout ? »