La musique ♫♪

Les sourcils qui se froncent légèrement face aux sms qui déroulent sous ses yeux. Est-ce que t'es vraiment con à ce point, Matthew ? Soupir agacé qui s'échappe tandis qu'elle lève les yeux au ciel avant de reprendre une gorgée de son verre. Pianote sa réponse d'une main l'air clairement agacé, c'est comme ça depuis le premier message tu sais. Nouvelle réponse, nouveau soupir.




Elle lève une nouvelle fois les yeux au ciel mais cette fois le sourire semble plus amusé, quoique, c'est sûrement dû aux trop nombreux verres d'alcool qu'elle a dans le sang. Elle tape à la hâte une réponse qu'elle ne relit pas avant d'envoyer puis abandonne son portable aux bons soins de la poche de Gauthier qui n'est jamais trop loin.




Un baiser sur sa joue avant qu'elle ne file au centre de la piste improvisée pour se laisser aller son verre toujours à la main. Le déhanché sexy en rythme avec les notes qui s'envolent de la sono, elle se laisse porter et se rassasie des regards braqués sur elle, de ceux qui la rejoignent, des collé-serrés avec les uns puis les autres. Elle devient en un clin d'œil la star de la piste, charmeuse et sexy sur cette chanson qu'elle connaît par coeur. Des paroles qu'elle mime donc, une caresse au creux du coup de ce garçon, tourne sur ses talons, s'abaisse, se lève, se colle. Le déhanché endiablé et les yeux qui se ferment finalement elle se laisse profiter.

Clac des doigts et lorsqu'elle les réouvre finalement elle t'aperçoit un peu plus loin. Vos regards qui se croisent alors, le sien aussi dominant qu'amusé -elle étire un sourire avant de finir le reste de son verre d'une traite, laisse tomber de gobelet au sol avant de se lécher lentement les lèvres. Elle hausse les sourcils un bref instant avant de se pincer les lèvres, et si l'expression se veut amusée, presque innocente, ses yeux expriment une toute autre version. Ils te mettent au défi de t'avancer, parce qu'elle ne viendra pas vers toi, jamais.

Au rythme de la musique toujours la Reine te quitte des yeux pour s'abaisser, remonter, se déhancher toujours contre un élève de sa classe dont elle a oublié le nom. Quelqu'un qui sait s'amuser, assurément. Elle se tourne pour tendre un bras sur son épaule sans pour autant se coller à lui. De nouveau t'adresse une œillade en biais -tu la regardes toujours pas vrai ? Alors viens, maintenant.

Les sourcils qui se froncent lorsque tu la traites de bimbo. Elle te regarde d'aussi bas qu'elle est malgré ses 10 centimètres de talons, semble malgré son menton levé bien plus grande que toi à cet instant. Un sourire qui s'étire finalement, léger tandis qu'elle se rapproche de toi pour se lover doucement contre ton torse. Une nouvelle oeillade plus brève cette fois, elle remonte lentement ses doigts jusque tes épaules pour les attraper plus fermement. Et avant que tu ne puisses réagir c'est son genoux qu'elle vient cogner brusquement entre tes jambes. Elle recule de deux pas pour te laisser t'écrouler au sol, un rictus fier à ses lèvres.

Elle en aurait sûrement rigolé si elle n'avait pas autant bu mais l'alcool a le don de la calmer même si à première vue on ne dirait pas. Sûrement n'est-elle pas assez ivre alors ? Lâche à tes pieds une dizaine de nusries, le geste lent et plein de dédain tandis qu'elle te toise avec autant de mépris.

— La bimbo est vraiment généreuse, tu vois ? Mais elle n'a pas de temps à perdre avec les singes de ton espèce.

Claque la langue contre son palais, ta connerie l'énerve et la blesse bien plus qu'elle ne te le montre actuellement. Parce que Lucrecia n'est pas comme ces filles, pas vrai ? Elle vaut bien plus que ça.

— Paye-en toi une vraie avec ça. Ou un verre tien, ça t'évitera de mendier pour en avoir un.

Rire jaune qui éclate, si faible qu'il en est sûrement caché par la musique.

— Des bisous !

Puis sans rien ajouter elle s'éloigne de toi pour aller se servir un verre au bar de fortune installé au fond de la pièce. Elle n'a plus vraiment envie de danser maintenant. Encore moins envie de t'aider également.

Boom.
Le gobelet qui se déverse sur la table avant de rouler sur le sol. La respiration qui s'accélère drastiquement aux premières notes -qu'est-ce que.

Boom.
Des vertiges saisissants et ses jambes qui soudain la lâchent sans qu'elle ne réalise ce qu'il se passe. Elle se rattrape à la première chaise proche d'elle, le regard flou n'y voit plus rien et les gestes sont tremblants, mal assurés. Le fracas de la chaise grinçante au sol étouffé par la musique assourdissante, elle trébuche mais parvient finalement à se laisser tomber dessus. Alors le coeur battant à tout rompre et le souffle qui lui manque Lucrecia s'accroche aux tables comme elle le peut, y plaque le plat de ses paumes tremblantes brusquement avant de les fermer en poings. Elle a envie de dégueuler -est-ce que c'est l'alcool ? Qui l'empêche de respirer ? Non. C'est impossible elle n'était pas assez ivre pour ça. Ses doigts pour venir se planter dans son avant-bras. Vacille.

Putain.
Coupe sa respiration, sent son coeur battre toujours plus vite -la nausée qu'elle réprime sans trop savoir comment. Prend une nouvelle inspiration. Putain. Son avant-bras en sang, elle a la bouche ouverte et les larmes aux yeux. De l'air. Il lui faut de l'air.

Elle a l'impression de mourir et pourtant lentement, prit de spasmes comme la totalité de son corps fiévreux, en sueurs et paniqué, elle tourne son visage vers la foule. À travers le flou de ses larmes discerne tant bien que mal les silhouettes dansantes des autres élèves. Boom. Ce n'est qu'elle alors. Elle elle elle. Grande inspiration. Elle porte une main à sa gorge, incapable du moindre son -à la place, tandis qu'elle cherche le responsable de son état dans la foule sans le trouver, son pouvoir qui se déclenche. Arrête.

De l'air.

Putain.

De l'air.
Lentement s'infiltre au hasard des élèves pour en rendre certains bien plus confus que d'autres. Finit par se poser sur toi, le regard paniqué. Attends. ...Qu'est-ce que... Tu fais ?

Boom.
Un vertige.
Boom.
Putain.

Arrête ça.
Respire plus fort alors, tente de crier sans qu'aucun son ne sorte pourtant. Les griffes qui se referment sur le haut de son thorax, à la lisière de sa gorge tandis qu'elle force pour se lever. Impossible. Retombe aussitôt dans un fracas, la chaise basculée et elle au sol une cheville sûrement foulée. Arrête. Ses deux mains au sol pour soutenir son corps face aux vertiges toujours plus nombreux. Les doigts recroquevillés sur eux-mêmes, les mains tremblantes, le coeur battant et ses yeux qui se ferment brutalement pour tenter d'esquiver les murs qui bougent. Impossible. Boom. Plus fort. Plus fort plus fort ! Ton pouvoir. Le sien. Sur elle. Sur toi.

Elle va mourir.
Ne la laisse pas mourir.
Elle ne veut pas mourir.