• Rebelle • Insolent • Bon vivant • Esprit libre • Dans le déni de son trouble • Provocateur • Bagarreur • Loyal • Observateur • Malin • Sarcastique • Impertinent • Beau parleur • Séducteur • Sens du spectacle • Déteste les contraintes • Fier • Torturé • Angoissé • Manipulateur • Stratège • Passionné • Acharné • Sang chaud • Contact facile • Obsessif • Dévoué • Attirant • Minutieux • Rageur • Parfois explosif • Ordonné • Responsable •


That a world covered in cables was never wired to last
So don’t act so surprised when the program starts to crash

Regarde les fourmis travailler.
Les observe s’échiner.
Rapetisser.
Se courber.
Sourire aux lippes, sarcasmes au bout de la langue.
Envie de tout faire péter.

Achille est un rebelle ; ce que l’on murmure de lui dans les couloirs est généralement vrai. Il n’a pas peur d’eux, pas peur de vous, pas peur de toi. Avoir peur, c'est avoir quelque chose à perdre, et ce n'est pas son cas.
De tous les plans pour faire tomber Sajna, il a généralement pris part. Il n'en a pas honte, mais ne te fourvoie pas : subtil, adepte des mots, il sait jouer avec la corde sans la faire trembler. Impossible à coincer, impossible à punir.
Il sait parler. Amuser. Convaincre. Charmer.
Il sait persuader.

Un jour cataclysme, le lendemain douce brise, Achille est atteint d'un trouble cyclothymique diagnostiqué sur l'île. Dépressions caractérisées par de nombreuses remises en question, manies accompagnées d'une extrême irritabilité. Il la cache, parfois la nie, cette part de lui qui le ramène à sa vraie vie. Celle qui le lie encore à sa famille, à sa mère dont il a hérité ce trouble psychologique. Ce n'est pas ce qu'il est, pas ce qui le caractérise. Pas vrai ?

Il est un réel fauteur de trouble, de la moquerie à la baston enragée. Oui, Achille se fait entendre et avec les bons mots, il peut exploser au quart de tour. Dans son rôle jusqu'au bout, persuadé que son avis est le meilleur pour le bien de tous.
Homme qui ne craint pas la douleur ni la confrontation ; il viendra, tête haute, chercher le fruit de chacune de ses actions. Car Achille n’est pas lâche, il est entier. Il va au bout de ses idées, même celles que sa conscience étouffée lui hurle être mauvaises.

Loin d'être un venin pour tous, c'est en réalité une personne très directe et même appréciable. Il se dévoue, corps et âme, à chaque seconde. Facile à aborder, facile à aimer, facile à déclencher. Achille vit pour ses amis, à défaut d’une famille, il les chérit et se dresse sans hésiter pour les protéger. Il prend les coups pour eux s'il le faut, les rend au centuple ; violence, manipulation, confusion, persuasion.
Tous les moyens sont bons.

We plot in the shadows, hang out in the gallows

Il a survécu grâce aux rebelles ; c'est ainsi qu'il le voit.
Digne caméléon aux mots dangereux, Achille ne recule devant rien pour la cause. Elle l’a élevé, elle lui a donné matière à se raccrocher. Quand tout s’écroulait, elle l’a maintenu le bras levé et l’a conforté dans ses actions.
Elle l'a rendu légitime, digne d'être écouté.
Pour autant, il ne cherche pas à bêtement endoctriner, il préfère insidieusement manipuler. Quand les rebelles le demandent, il se fait ami, ennemi, conseiller, séducteur ; toutes les peaux lui vont.  

Haine envers eux.
Envers ce système.
Haine envers lui-même.

Qui peut se vanter de réellement connaître Achille ?

Certainement pas lui.
Il emmerde les autres, il se mêle de tout ce qui ne le regarde pas, il utilise son pouvoir sans raisons, il veut exploser Sajna…
Des façades bien érigées. Des masques convaincants. En les portant à la perfection, Achille parvient à s'ignorer dans le miroir. Plus il enfonce, plus il entre dans son rôle, et moins il lui est difficile de se contempler quand il est en phase de dépression.
Car il finit par, lui aussi, se persuader que c'est ce qu'il est.

Dans le fond, Achille est un garçon torturé qui rêve de remonter le temps et faire les choses autrement. Sa personnalité entière s'est forgée non seulement sur son trouble cyclothymique mais aussi sur les traumatismes de son enfance, le remord, l'impuissance et la rage de ne pouvoir rien faire contre le système de Sajna. Il serait certainement incapable de le formuler, mais son plus grand souhait serait d'être quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui aurait pu encaisser, mieux que lui, son passé.

And I don’t feel secure no more unless I’m being followed
And the only way to hide myself is to give em a hell of a show.

Le trouble cyclothymique d'Achille:

• Jeune garçon né à Winnipeg, au Canada, Achille est l’avant-dernier d’une fratrie de deux frères et une sœur. Cette position, difficile à occuper, fait très rapidement de lui un enfant en recherche de considération et d'attention. Sa mère est chômeuse et québécoise de nationalité (d’où son prénom à consonnance francophone). Son père, quant à lui, est un commercial terrain pour le compte d’une multinationale canadienne.


• Avec un père globalement absent, Achille évolue surtout avec sa mère. C’est une belle femme, d’une douceur infinie, mais qui malheureusement souffre d’une psychologie très fragile. Dépressive à tendance suicidaire, son fils apprend vite à prendre soin d’elle. Les cachets, les oreillers, parfois même le repas… L’enfant se rapetisse chaque jour pour ne pas faire de vagues.

Il retient ses humeurs pour ne pas la fatiguer.
Il cache ses tristesses pour s'en occuper.
Pour la préserver.

Impuissant, il assiste à deux de ses tentatives de mettre fin à ses jours. Cela le traumatise profondément, lui qui est si proche de sa maman. Elle est internée à domicile, suivie par des infirmiers. Les enfants quant à eux, sont surveillés de près par des assistantes sociales. Mais plutôt que craquer, Achille apprend à tout camoufler. Tout camoufler pour mieux protéger.


• À force de se diminuer à la maison, Achille bouillonne d’une énergie débordante. On l’inscrit au hockey dans l’espoir de le canaliser, mais c’est insuffisant. Bouffé par le stress et l’ambiance du foyer, impuissant pour sa mère qui n’est au courant de rien, il évacue cette rage par tous les pores à chaque occasion ; sanguin, par les mots comme par les poings. Il part au quart de tour, dès qu’on monte le ton, ou pire encore, lorsque l’on s’en prend à ses proches.


• Son pouvoir s’éveille alors qu’il n’a que huit ans. Lors d’une dispute avec l’un de ses frères à propos de ses accès de rage, le ton monte et Achille lui hurle d’aller « se faire cuire un œuf ». Et c’est exactement ce que l’enfant est parti faire.
Ce n’est que la semaine suivante qu’il comprend pourquoi.


• Quand le gouvernement sonne à leur porte pour l’emmener sur Sajna, Achille ne veut évidemment pas en entendre parler. Hors de question de quitter sa famille, encore moins sa mère qu’il a pour devoir de préserver. Alors il refuse, entre dans une colère noire.

Il hurle.
Frappe.
Terrifié, il se tourne vers sa mère pour la supplier.
Mais le silence répond. Atone. Rien n’y fait.
Des pleurs. De nouveaux cris.

Désabusé, il l’observe ne rien faire et éclate en sanglots de colère. Elle ne bouge pas. Elle ne se bat pas. Alors quand il passe la porte de force, les bras d’un agent ceinturés à sa taille, Achille crache d’un ton haineux :
«T’as qu’à partir mourir, si c’est ce que tu veux tant faire ! Va mourir !!!».

La dernière image qu’il garde de son foyer, c’est celle de sa mère qui se lève du canapé…


• Ses débuts sur l’île sont extrêmement difficiles. Les premiers mois, il s’adonne à défier l’autorité du pensionnat dès que l’occasion se présente. Ses humeurs, de plus en plus changeantes, le rendent imprévisible. Incompréhensible.
Il veut s’en aller.
Rester.
Rentrer.
S’excuser.
Pleurer. Tout faire sauter.
Il veut retrouver les siens, mais surtout, il veut savoir.
Il meurt de savoir.
L’a-t-elle vraiment écouté ? A-t-il son sang sur les mains ?

Pétri par les remords et enragé par ce système, Achille se fait très tôt une place au sein des rebelles. Ils lui parlent de sortir et le forgent d’idéaux de liberté. Avec eux, Achille se sent écouté, apprécié et soutenu. Il n’est pas seul. Il n’a pas tort. Ils ont besoin de lui et de sa rage. Alors il apprend, avec eux, à masquer ses traumatismes et son trouble derrière son tempérament. Il apprend à l’affiner pour devenir, plus encore qu’un simple bagarreur aux humeurs changeantes, un habile emmerdeur. Et c’est plus simple ainsi. Tellement plus simple que de faire face.


• Plus on essaie de le mater, plus on tente de le faire rentrer dans un moule, et plus Achille se débat en sens inverse. Force de la nature, ouragan sur un barrage, il refuse de se refuser quoi que ce soit. Dans les couloirs, dans les dortoirs, partout, il utilise son pouvoir : s’amuser, embêter, espionner, parfois humilier. Le masque est si facile à porter.

Au collège, adepte de la salle de permanence pour des colles qu’il n’effectue qu’à moitié, il apprend à lisser son tempérament face aux adultes. C’est eux qui ont le pouvoir, il l’a bien compris et, contre eux, il évite alors d'utiliser le sien. Il retravaille son masque, l’affûte avec intelligence. Néanmoins, malgré ses efforts pour les camoufler, ses périodes de dépression ne passent pas inaperçues et il finit par se faire diagnostiquer. Trouble de l'humeur, cyclothymie, stabilisateurs. On lui parle de se déverser, d'affronter, de se faire traiter. Il a des rendez-vous réguliers chez la psy, auxquels il n'assiste pas de bon cœur ; il est obligé de prendre ses médicaments. Ca ne lui plait pas, mais Achille est surveillé. Encadré. Il doit se forcer, parfois, à faire profil bas.

Au lycée, l’aspect piquant et impertinent de sa personnalité – associé à des notes globalement bonnes – lui offre enfin de bons contacts avec ses professeurs. Il a noué de vraies relations, des amis pour qui il serait capable du pire. Quant aux élèves qui le cherchent ou ne lui reviennent pas, il n’hésite pas une seconde. Les poings, les mots, ses armes de prédilection.


• Pour Achille, Sajna ne devrait tout simplement pas exister. Pour autant, bien que dévoué corps et âme pour la cause rebelle, il ne cherche pas à endoctriner à tort et à travers. Il est insidieux, posé quand il le faut, enflammé le reste du temps. Ce qu’il souhaite vraiment, c’est mener cette île à l’autodestruction ; il n’a pas peur d’user d’absolument tout ce qu’il est et tout ce qu’il a pour y parvenir.

Ennemi des populaires par la force des choses, il ne supporte pas leurs idéaux et ne se gêne pas une seconde pour leur mener la vie dure. Il extorque des secrets, cherche à les humilier et ne se gêne pas pour aller contre eux dès qu’il peut. Charismatique et beau parleur, cela lui vaut une réelle notoriété auprès de tout un groupe d’élèves.


• Au fond de lui, peut-être inconsciemment, Achille est un garçon qui se hait plus que tout et qui déverse cette haine comme un poison dans son être.
Au-delà du trouble qui affecte ses humeurs, il est profondément torturé par ce qu’il a fait à sa mère, indéniablement traumatisé par son enfance et son comportement envers les autres est un moyen d’éviter de défier ses propres démons.