syncere ne sait pas ce qu’il fait.
au fond il ne savait jamais ce qu’il faisait si ce n’était faire le mal - comme toute âme miséreuse n’ayant connu que les mains rêches et calleuses, lui contemplait ses doigts maigres osseux et ne songeait qu’à s’en servir pareillement. le soucis étant que ceux-ci ne possédaient pas une griffe et puis, ne se changeaient qu’en piètres poings - alors syncere ne pouvait déranger le monde qu’en le démangeant pitoyable, à jouer les exanthèmes priant de gratter jusqu’au sang. ainsi qu’il se glissait dessous la peau de l’autre : via l’urticaire, comme les orties.

là tout de suite syncere ne sait donc pas ce qu’il fait - quoi faire de lui surtout. dans sa cage d’os son cœur s’impatiente, hystérique - s’aigrirait presque d’avoir à pulser des liquides pour un corps si peu prolifique, à choisir préférerait qu’on le vomisse, pourquoi pas ; seulement syncere le ravalait sans arrêt. ce n’était pas le moment, encore. il ne voulait pas éclabousser les sols gris de venin pour rien. il devait vérifier si tu les trouvais toujours imbuvables, d’abord.

il ignorait comment.
auparavant se servait sans scrupules des groupuscules trop prévenants - tes amis, populaires, clairvoyants : ils te mettaient en garde comme on fait face au sumac, inutile, n’y touche pas ; parfois syncere pensait qu’ils lui manquaient bien plus à lui qu’à toi. délestés d’eux tu ne t’en vas plus promener aux mêmes endroits - dans ses parages, ton ombre absente - un poids en moins sur ses viscères mais elles se tordent autour du vide ;
c’était injuste que tu te moques autant de tout et lui non.

à ton étage plutôt qu’au sien il s’est tapi dans un tournant - prostré au creux d’un angle menant à la cage d’escalier il tressaille, déjà - le glas sonné depuis une minute bientôt deux les salles de classe n’ont de cesse d’épancher des silhouettes et la tienne ne se mêlera à aucune d’entre elles il le sent syncere il pressent qu’il n’y aura pas la moindre allure près de toi, à souiller pour attirer ton attention ;
tu lui passes sous le nez -
file des nausées lunatiques, parfum d’ambre insultant.

il ne sait pas ce qu'il fait
mais il fait flagrant pour que tu te froisses - se fronce, écœuré très visible et puis fixe ses pieds, dégueulasse. persifflé derrière toi. à présent syncere exore ; en silence, viens.