may i ask you something ?

il fait beau, aujourd’hui. juillet tourne doucement la page, pour accueillir août et sa chaleur sèche. elle a du mal à comprendre le climat de l’île, andrea. ça doit bien être le but, de toute manière, puisqu’ils ne savent pas où ils se trouvent réellement. c’est une des nombreuses questions qui l’ont hantée il y a deux ou trois ans. maintenant, elle a appris à faire comme si de rien n'était. à quoi bon, de toute façon ?

elle a donné rendez-vous à mason au stade. après tout, le receveur y va souvent, et elle s’est dit que ce serait un endroit sympa pour discuter. se poser là dans les gradins, et regarder les sportifs faire des tours de pistes.
elle arrive pile à l’heure du rendez-vous, elle qui d’habitude est en avance. au moins, elle n’est pas en retard.

“salut mas’ !”

mason est déjà là. peu surprenant pour un type aussi sérieux que lui. elle l’admire vraiment, andrea. sa rigueur, son sérieux, et toutes les choses qu’il gère… leader des sportifs, membre du club de baseball et membre du conseil… ça en fait des choses. et pourtant, il arrive à tout faire d’une main de maître. malgré les devoirs, les cours, la vie sociale et la fatigue accumulée.
à sa place, elle passerait son temps à dormir comme une larve.
et en plus, il est adorable. gentil, doux et à l’écoute. populaire malgré lui. elle comprends pourquoi, andrea. comment ne pas apprécier mason ? peut-être un peu trop zélé, parfois. mais c’est tout. et puis, elle comprend, vu sa position de membre du conseil. c’est logique.

“tu vas bien ? j’espère que tu n’attends pas depuis longtemps. désolée encore, on a pas pu se capter à la soirée… mais on aurait pas eu le temps de toute façon. il y avait tellement de monde…”

et puis, elle était surtout complètement ivre. ça, elle ne l’avouera pas devant lui, parce qu’elle veut faire bonne figure. mais... le lendemain à été difficile.
elle s’assoie sur les gradins à ses côtés. pose sa tête sur ses épaules le temps d’une étreinte avant de se redresser. sa manière à elle de lui dire bonjour. tactile. parce qu'elle se sent bien auprès de lui. elle lui sourit.

“enfin, c’est mieux de se voir ici au calme, non ?”

le calme est relatif, entre les élèves qui s'entraînent et ceux qui passent ou qui observent. mais ils sont tout de même assez seuls dans leur périmètre. personne ne viendra bouleverser leur discussion.

“euh… hm… comment dire.”

elle détourne un peu le regard, cherche ses mots. elle ne sait pas trop comment aborder la chose, et ne veut pas le brusquer. peut-être que c’est trop rapide ? peut-être qu’il va penser qu’il est là seulement pour ça alors que ça lui fait vraiment plaisir de le voir ?
et pourtant, la question qu’elle veut lui poser l’obsède. ça fait plus d’une semaine qu’elle y réfléchit, et la soirée ne l’a pas aidé à trouver des réponses.
elle a besoin de se confier à quelqu’un.
à quelqu’un de confiance.
à quelqu’un qui compte.
à mason.

“je peux te poser une question ?”

elle relève la tête, timide. c’est rare de la voir avec une telle expression. andrea était plutôt du genre à mettre les pieds dans le plat.
mais ça se voit qu'elle est travaillée. et mason la connait. il a donc dû le remarquer. son ton n'est pas habituel. andrea est normalement beaucoup plus enjouée que ça. et là, on dirait presque qu'elle est abattue.