@Constantin O'Neil

Depuis mon arrivée sur cette île où tout est possible, où je n'ai pas encore trouvé d'endroits où je me sente réellement en paix avec moi-même, je ne suis pas encore parvenu à décrire les émotions que je ressentais alors. Cela fait pourtant plusieurs années maintenant, déjà sept longues années depuis mon débarquement où je me suis retrouvé seule, totalement seule. Ma grand-mère ayant disparu et mon état physique ayant évolué avec ce mystérieux pouvoir, je n'ai de cesse de devoir essayer de m'adapter à mon environnement, bien malgré moi certaines fois. J'ai dû par exemple retourner à l'école, là où dans mon pays natale, je pouvais me permettre de faire les cours à la maison pour ne plus être confronté aux harcèlements des élèves jaloux de la mixité de mes origines, ici, je n'ai eu que d'autre choix que de faire parti de la civilisation. J'ai pourtant essayé de fuir mais sans succès, on ne survit pas tout seule ici, il faut rentrer un minimum dans le cadre pour réussir à se nourrir correctement et à avoir un endroit où dormir.

J'ai pu faire les longs couloirs de l'académie à la recherche de cette endroit spéciale où je pourrais me réfugier et je l'ai alors finalement trouver, cette endroit qui allait être si chère à mon coeur. Le jardin extérieur non loin du lycée, où je pouvais me retrouver en paix et être entourée de la nature et des êtres que je chéris tant. Bien sûr, ici il n'y a pas d'animaux réellement sauvages comme j'aurais pu en rencontrer dans mon pays natal, cependant, il y a tout de même des oiseaux qui se permettent de voler jusqu'à l'île, ainsi que des élevages d'animaux domestiques, malheureusement pour eux destinés à être mangés. Pour ma part, je ne fais pas parti de ce projet-ci, je m'y refuse.. comment pourrais je me nourrir d'êtres que j'arrive à comprendre depuis mon enfance ? Cela m'est impossible, je me nourris donc de manière Vegan, comme ils disent dans la société, c'est ma seule vérité, on me charrie souvent sur le sujet, mais je n'y prête guère et trace mon chemin, comment pourrais-t-il me comprendre après tout.

Ce matin là, je me posais alors comme à mon habitude depuis un certain temps, dans le coin d'un arbre, une livre à la main, entourée de mes chers amis à plumes, venus se poser non loin de moi, dont un tout blanc sur mon épaule, je lui fais de douces et délicates caresses qu'il apprécie particulièrement. Je n'ai encore jamais été abordé depuis que j'ai trouvé ce coin si calme et apaisant, enfin si par une personne.. Monsieur O'Noeil, l'homme qui me force à rentrer dans ce fameux moule, afin de ne pas rester la sauvageonne que je suis. Que va t-il encore me dire cette fois-ci si l'on se voit.

Je me trouvais en fort belle compagnie, avec mes amis à plumes, ceux qui comprennent si bien ma solitude et mon mutisme, je me sentais bien avec eux, loin de tous ces êtres humains si malsains et dérangés, qui ne pensaient qu'à faire du mal à autrui. Le seul qui ne m'avait pas fait du mal, était un homme de presque trente ans que j'avais rencontré lors de mon arrivée sur l'île. Lors de ma prise en charge il me forçait à rentrer dans le moule tant bien que mal, mais jamais il n'arriverait à enlever ces habitudes qui sont miennes, m'isoler et rester avec la faune locale, là où je me sens vivante et épanouie. Encore une fois, cet homme vint jusqu'à moi, mon instinct me l'avait pourtant dit que je risquais de le croiser dans les parages, il a le chic pour réussir à me croiser sans même le vouloir, cela doit faire parti d'un coup du destin sans doute.

Il se dirigeait alors vers moi de son allure nonchalante, me demandant si j'allais mieux depuis la dernière fois, j'ouvrais de grands yeux écarquillés, faisait-il référence à mon mutisme, ou bien à ma façon d'être solitaire. Le temps de comprendre sa question, je le vois entrain de me fixer de haut en bas, comme pour analyser un comportement de ma part qu'il ne comprenait pas, j'étais sans doute un mystère pour lui. Il avait su que j'étais retournée à l'école, et bien c'est selon son fait, je m'y suis résolu, étant donné que je ne pouvais de toute façon pas vivre seule, selon mes propres moyens par ici, je me suis donc fondu dans la masse, le plus possible dirons nous. Il me demanda une question, que je pourrais nommer de rhétorique, si j'avais pu discuter avec les personnes de ma classe, il était évident que cela n'était pas le cas au vu de mon mutisme et de mon obstination à ne pas me mêler aux autres, par peur d'être à nouveau blessée. Je secouais la tête vigoureusement en guise de non, je n'allais surement pas aller vers les autres, pourquoi faire après tout, cela ne m'était ni utile ni profitable.

Je me levais alors face à lui, afin d'être sur un pied d'égalité, car je ne supportais pas d'être plus basse qu'autrui, étant déjà pas bien grande. L'oiseau qui était posé sur mon épaule s'envola alors et je le regardais alors partir avec une mine attristé. Je me retournais alors vers l'homme en fronçant les sourcils, mécontente que mon ami à plume ait été effrayé par lui. Je n'arrivais pas réellement à cerner cette homme qui semblait aussi mystérieux que je l'étais, dans le fond, on se ressemblait peut être. Je pris alors mon calepin et mon stylo et lui écrit la phrase suivant :

"Et vous, toujours à vous mêler de mes affaires ? "