L'éclat de colère soudain dans tes iris ne le fait pas tressaillir, il se doutait bien que ce genre de propos t'énerverait mais il est surprit que tu ne le montres pas plus que ça. Si vous n'aviez pas été aussi proches physiquement que vous ne l'êtes, il ne l'aurait sans doute pas remarqué. Léger sourire toujours tandis qu'il prend le temps de t'écouter, conscient de ce que signifie pour toi travailler pour l'État. Sourire qui s'élargit lorsque tu devines sans le savoir le fond de ses pensées, avant de lui demander.

Son regard qui te quitte alors pour se lever vers le ciel, la tête qui repose contre le muret où vous étiez adossés.

— Idéalement j'aimerai devenir joueur de baseball professionnel -un rêve de gamin, une utopie sans doute.

Il n'y a pas vraiment renoncé mais à mesure qu'il devient adulte il a apprit à voir plus grand.

— Idéalement aussi, j'aimerai un monde plus juste, dans lequel on pourrait tous cohabiter en paix. abaisse son regard sur toi, sourire en coin. Faire bouger les choses, donc. Peut-être que je pourrai faire les deux ?

Peut-être pas.
Ce n'est pas grave, ce ne sont pas ces questions là qu'il se pose.

— Médecin ou Véto ? C'est chouette, ça te ressemble assez. Et ta mère qu'est-ce qu'elle faisait ?

Il le sait, bien sûr que le chemin sera difficile. Impossible peut-être même, mais Mason a toujours été de ceux qui se refusent à abandonner leurs idées donc il essaiera. Il essaiera et s'il se plante, s'il s'avère que ça ne marche vraiment pas alors ses idéaux changeront sans doute ? Et s'ils ne changent pas eh bien il se tuera à la tâche mais il vivra longtemps c'est sûr. Pour avoir la chance même infime d'apercevoir un jour le grand changement.

— Qui sait.

Rictus confiant qui s'étire doucement, s'abaisse un peu lorsque tu parles d'enfants et que tu te poses toutes ces questions tellement difficiles et pleines de doutes. Ça le surprend un peu, c'est vrai, mais il est content de voir que même ces sujets-là te préoccupent un peu. Un peu trop sûrement mais est-ce que ça ne veut pas dire que tu envisages d'autres possibilités que ta propre mort finalement ? Même si tu parles pour lui, de lui -n'ai pas peur, Scarlet. Avoir peur du futur c'est ce qui contribue à te bloquer dans le passé.

Il hausse les épaules tranquillement avant de te répondre.

— J'en sais rien. Pour l'instant non, mais dans dix ans peut-être ? Enfin, à voir où je serai dans dix ans déjà. Mais peu importe où en vrai, je serai heureux c'est tout ce qui devrait compter.

Pourtant c'est rarement ce qui compte le plus dans ce monde trop compliqué. Il te regarde doucement, il est totalement serein.

— Tu crois pas ?
Qu'est-ce que tu veux toi, dis ?

Alors que tu te confies sur ta mère, son regard semble plus désolé tout à coup. Ce n'est pas de la pitié, mais tu sembles triste et forcément ça l'atteint un peu. Par pudeur il détourne le regard pour le reporter vers le ciel et fermer les yeux, sa tête de nouveau contre le muret à laisser simplement le soleil réchauffer sa peau.

— Va savoir, c'était peut-être des bonbons..

Le sourire en coin qui vient qui s'efface encore, il souffle un semblant de rire pour souligner l'humour avant de finalement rouvrir les yeux, l'air un peu plus sérieux.

— J'ai lu un truc une fois qui disait que les enfants assimilent beaucoup plus facilement les choses qu'ils voient, vivent et tout. Alors en vrai, je pense que tu sais.

Laisse un léger silence flotter dans l'air.
Ce n'est pas grave si tu ne le dis pas, tu sais ?

— Je te pensais plus sûre de toi que ça Maxie, je me serai trompé ?

Tourne la tête sur la pierre pour te lancer une œillade amusée.

— C'est pas de bol pour tes plans de vengeance ça.

Tu te lèves bien rapidement à sa blague un peu douteuse, par réflexe il suit ton mouvement en redressant son buste sans pour autant se mettre debout et te regarde visiblement surprit. On dirait qu'il a tapé au mauvais endroit. Ou peut-être au meilleur finalement ?

Tu auras ta vengeance, sûrement. Lui n'est personne pour te juger et il n'a pas l'audace de te prédire un futur dont il ne sait rien alors il ne rétorque pas. Se détend de nouveau pour reposer son dos contre le muret, une œillade dans ta direction en réponse à ton regard. Tu as des airs de guerrière tout à coup et il se demande si c'est bien réel ou si tout ça n'est qu'un voile que tu imposes, à eux comme à toi. Sans doute un savant mélange des deux, va savoir.

— Ah ? Si tu le dis alors.

Le sourire en coin qui s'étire, gentiment moqueur tandis qu'il te quitte des yeux pour les fermer et laisser tomber sa tête en arrière, les bras en coussin qu'il pose derrière. les traits perplexes à tes derniers mots avant qu'il ne repose son regard sur toi, juste à temps pour voir ton clin d'oeil avant que tu ne t'échappes.

Le soupir est long et déjà fatigué.

— Si tu savais à quel point j'ai hâte.

Ou pas.
Tu vas l'épuiser pas vrai ?

Il va profiter de cette après-midi pour se reposer dans ce cas. Les cahiers peuvent bien attendre quelques minutes de plus, et puis ça fait longtemps qu'il n'a pas eu un moment tout seul comme ça. Ça lui fera du bien.