Avatar : Ellie | The Last of Us part II ○ Brigette Lundy-Paine
Lun 25 Oct - 21:35
elle a la mélodie qui tourne en boucle dans sa tête
qui fait vrombir sa poitrine
la fait se soulever irrégulièrement
la fait gonfler jusqu'à exploser
parfois ne la fait pas assez gonfler pour prendre suffisamment d'air
Puis elle rigole un peu, Tallulah. Payer pour voir quelque chose d'agréable, quelque chose de simple, voir seulement des gens s'aimer, oui, ça lui plairait. Pourtant Tallulah, quand elle s'imagine aimer, ça n'a rien de si simple. C'est comme si son cœur se mortifiait sur place, qu'on martelait sans cesse jusqu'à qu'il arrête de battre. Que le passé revenait toujours un peu plus, lui prendre les mains, les lui bloquer dans le dos et qu'on la forçait à revivre ce moment pour toujours.
comme si les vagues revenaient toujours un peu plus violemment contre elle que les bribes d'antan ne voulaient pas déguerpir
à serrer les liens autour de son cou
jusqu'à ne plus respirer jusqu'à ne plus exister
Et parfois Tallulah, elle aimerait s'autoriser, à aimer un peu plus. Ne pas simplement effleurer les autres, s'ouvrir à peine pour se refermer tout aussi vite. Mais ça bloque, elle n'y arrive pas. Et même si à l'instant présent, sa poitrine bat plus vite lorsque Jules s'accroche à elle, la regarde.
ça ne peut pas
Tallulah pince ses lèvres, garde celle du bas entre ses dents, mordille et lève le regard vers Jules. L'écoute parler de ses frères brièvement, d'à quel point maintenant ils doivent être grands, qu'ils auront peut-être peur en la revoyant. Mais Tallulah ne pense pas ça, loin de là. Elle se dit, que si elle avait eu une sœur comme Jules, qu'elle avait pu la revoir après des années, elle aurait été très heureuse, de pouvoir sentir la chaleur de quelqu'un qu'elle aime contre elle. Rien qu'une minute. La brune observe son amie tirer sur la clope, s'étrangler, la recracher trop tôt puis elle revient la chercher entre ses phalanges abîmées en souriant légèrement, revient la caler là où elle devrait être en aspire la fumée, la laisse se loger au fond de sa gorge.
C'est cool aussi, l'église pour Noël. Puis je suis sûre tes frères kifferaient trop, voir des golems de un kilo se battre en duel là...
Tallulah laisse s'évaporer la fumée, la cendre s'étaler sur son pantalon et elle regarde Jules à nouveau. Un léger sourire aux lèvres. Un peu mieux à l'instant même. Alors elle reprend sa guitare Tallulah, passe doucement ses doigts sur celle-ci, la retourne pour observer la signature sur le bois terni, déglutit un peu et laisse ses ongles caresser les crevasses. Elle essaie de rassurer Jules, Tallulah. Que ce n'est pas grave, si rien ne nous attend de l'autre côté.
Comme une éponge qui absorbe, qui se gonfle à chaque émotions un peu trop exprimer. Et là Tallulah. Elle se sent presque acculée. Le bout de ses doigts s'enfoncent dans les vestiges du nom de son père, parce que malgré tout, Jules elle a une famille qui l'attend. Des frères qui, elle est sûre, seront impatients de voir à quel point aujourd'hui, les golems de Jules sont incroyables. Que Jules est toujours cette formidable personne qu'elle a toujours probablement été. Alors elle laisse l'amertume s'échapper de ses lèvres, revient poser sa clope entre ses dents, tirer dessus et les traits légèrement froncés, elle s'adoucit lorsqu'elle lui demande, si elle reviendra, lorsqu'elle aura prit la mer.
et comme une demande un peu incongrue à laquelle on ne s'attend pas
parce qu'on y a pas réfléchit à revenir
parce que Tallulah
elle s'était dite que le jour où elle partira sur le continent
qu'elle resterait peut-être là bas pour toujours
Peut-être bien ouai.
Tallulah bouscule doucement Jules pour s'asseoir correctement en tailleur. Pour respirer un peu mieux. Elle ne sait pas, si elle reviendrait. Parce que lorsqu'elle se retrouverait devant cette vieille tombe. Devant les fleurs fanées. Devant les souvenirs qui remontent. Qui font fondre en larmes. Ceux qui persistent à revenir. A faire mal.
le jour où elle aura fait son deuil peut-être
jules
Peut-être que, tu pourrais juste venir avec moi. Genre, tu serais ma groupie.
Tallulah se met à sourire bêtement, remue un peu les épaules et hausse les sourcils, l'air de lui dire "c'est cool non ?", puis elle retire sa cigarette, l'écrase sur le sol et la fourre au fond de la poche de son jean. Elle soulève les manches de son gilet, passe sa main sur la cicatrice sous son tatouage qu'on ne distingue plus vraiment beaucoup maintenant. Cependant, si on laisse glisser les doigts dessus, on peut sentir les légères boursoufflures.
Tu vas te faire tatouer, plus tard ? Genre, un T ici.
Tallulah abaisse le haut de son tee-shirt pour dévoiler sa clavicule et pointe celle-ci en souriant. Elle, elle se voit bien, avec pleins de tatouages plus tard, peut-être pas des piercings, parce que c'est pas son truc. Mais des tas de tatouages. Avec du sens, parfois sans. Juste quand elle en a envie. Quand elle le veut.
when you go away i still see you the sunlight on your face in the rear view
Tallulah, elle aspire toujours sa lèvre du bas, la mordille jusqu'à ce que de petits morceaux de peaux se détachent de la muqueuse. Et Jules, ça la fait sourire, chaque fois qu'elle voit ce réflexe, cette habitude qui ne veut pas partir, et, elle se plaît à l'imaginer, ne partira jamais. Quelque chose de constant, d'éternel, quelque chose qu'elle verra encore chez Tallulah dans un an, dans dix ans, dans vingt ans si Dieu le veut, si Tallulah n'a pas pris la mer pour de bon. Et Jules, ce petit bout d'infini et d'éther, ça lui fait du bien, ça la rassure, et elle peut fermer les yeux sereinement, écouter Tallulah chantonner, se dire que ça ira, tant qu'elle aura cet aspect de l'éternel avec elle.
Jules revoit l'église, le banc sur lequel sa famille et elle s'asseyaient tout le temps. Elle revoit ses frères s'agiter, parce qu'ils ne supportaient pas bien les sermons et qu'ils voulaient juste rentrer pour ouvrir les cadeaux que les grand-parents avaient glissés sous le sapin dans la nuit. Elle se demande si c'était vraiment bien, l'église pour Noël. Elle se demande si n'importe lequel de ses souvenirs était agréable, du moins ceux qui n'incluent pas ses frères. Elle se demande comment on aurait pu l'abandonner, si on l'aimait vraiment, comment on aurait pu se séparer d'une enfant de son âge, lui jeter les regards qu'elle croit avoir vu sur le visage de ses parents. Et elle hausse les épaules, parce que ça n'a aucune importance, que c'est comme ça, et pas seulement pour elle. Que des enfants comme Jules, il y en a eu tellement, il y en aura tellement, que s'apitoyer sur son sort de la sorte, c'est idiot, c'est stupide, c'est inutile. Et ses frères, maintenant qu'ils sont adultes, maintenant qu'ils ont compris, maintenant qu'ils pensent comme les grands et plus comme les enfants qu'ils étaient, ils ne voudront pas plus de Jules que le reste du monde. Elle les attend tout de même, au cas où ils lui ouvrent leur bras, au cas où on lui donne le droit de s'y réfugier un peu ; mais Jules n'espère plus, et aussi douce soit Tallulah, Jules ne peut pas la croire.
Les adultes sont emmerdants. Ils flipperaient qu'ils existent vraiment, mes golems. Mes parents ont du leur dire que c'était pas vrai, ou quelque chose du genre. Comme des amis imaginaires, tu vois. Ou alors que c'était vrai mais que c'était mal.
Jules frotte la cendre qui s'effrite sur le pantalon de Tallulah et se force à se dire que ce n'est pas très grave, que de toute façon, elle n'a pas envie, elle, de prendre la mer, pour aller dans un endroit où elle ne pourrait emmener ses golems avec elle, où elle devrait les cacher, ou totalement les abandonner. Elle n'a pas envie de se cacher, Jules. Elle a envie d'aller dans les jardins, avec ses petits, sans avoir à avoir peur. Et en dehors d'ici, loin d'ici, Jules elle ne sera jamais sereine.
Elle recule, replie ses jambes contre sa poitrine et entoure ses genoux de ses bras. Elle sourit un peu, juste un petit peu, parce que Tallulah elle sera peut-être comme ses frères ; un joli souvenir, une histoire qu'elle repassera en boucle dans sa tête pour s'endormir, parce que Tallulah elle prendra la mer que dans un sens, et ça se voit dans ses yeux, qu'elle baisse vers la guitare qui l'obsède. Et Jules, elle ne pourra plus que se raccrocher au petit bout d'éternel qu'elle a gardé dans sa tête, se rappeler comment Tallulah mordait sa lèvre quand elle réfléchissait avant de la balayer tout au fond de ses pensées, avec tout le reste.
Comment ça, peut-être bien ? Tu viendrais même pas me dire bonjour ? Tu viendrais même pas nous voir, moi et ma famille ?
Jules attrape les petits golems qui continuent d'errer dans les hautes herbes, les laisse se glisser dans ses paumes et les soulève à hauteur d'yeux, devant Tallulah. Elle se dandine un peu avant de les poser sur ses genoux déja tâchés par la boue, les laisse glisser, s'assoir, ne pas bouger. Rester contre elle, comme ils le font toujours, parce que si les gens abandonnent Jules, les golems ne le feront jamais. Et c'est pour ça qu'elle pourra pas prendre la mer avec toi, Tallulah. C'est pour ça que Jules elle restera derrière, qu'elle viendra te dire au revoir quand tu partiras, qu'elle te confiera peut-être un de ses bébés, mais qu'elle grimpera pas dans l'avion, dans le bateau que tu prendras.
Franchement, ouais, mais regarde. Quand tu deviendras une méga rock star, t'en auras d'autres, des groupies, et je devrais me battre contre elles pour garder ma place de groupie originelle. Sauf que j'aurais pas mes golems avec moi pour me battre, et que j'ai pas la carrure pour. Tu finiras par m'abandonner pour une blonde toute skinny qui en veut qu'à ta célébrité et à tes joints. Et moi non seulement je serai seule, mais en plus j'aurais même pas mes golems avec moi. Sur le papier, ouais c'est cool, j'aimerais bien être ta groupie, mais dans les faits je vais juste me faire tabasser par tes futures autres groupies.
Jules rit, regarde ses golems reprendre conscience de la présence des autres et se tomber dessus, comme les groupies qui viendront chercher Jules pour lui faire sa peau. Elle les attrape pour les séparer, en pose un sur son épaule, un autre sur ses genoux, et fait de même avec Tallulah, un sur son épaule, un sur ses genoux.
Elle y pense quand même, elle se dit que ce serait beau, quand même, une vie de bohème, Tallulah, la guitare et elle, les golems peut-être, en secret, bien cachés, invisibles de tous, sauf de la rock star et de sa groupie. Jules lève les yeux pour regarder le coin de peau que Tallulah désigne et elle sourit. Elle n'y a jamais pensé, aux tatouages, parce qu'elle ne pense pas dessiner sur un corps qui ne lui plaît déjà pas tant que ça, qu'elle n'a pas envie de regarder plus que ça ; alors à quoi ça sert, de se faire tatouer si c'est pour ne jamais les regarder ?
Je me ferai un T là, mais que si c'est toi qui le fait. T'achètes les kits pour tatouage là, et tu le fais toi-même.
Tallulah
Look at the stars, go a little bit faster
dandy ♫
Jules Visconti
Tallulah Scarlet
Solitaire - Artefact
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Nusrie : 91
Âge : 1 6
Classe : D
Artefact : Guitare + Manipulation des souvenirs
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Lun 1 Nov - 4:55
Et dans un silence. Un léger silence qui s'étend entre les lèvres de Jules et les siennes, Tallulah l'écoute. Ne dit rien. Toujours le silence qui se mure, qui se glisse sous sa langue, entre ses dents puis dans l'atmosphère. Tallulah gonfle la poitrine pour prendre une brève bouffée d'air, range ses affaires qui traînent sur le sol puis s'assoit en tailleur, laisse Jules déposer les golems sur elle, sur ses épaules, sur ses cuisses, entre. Elle abaisse le regard, les caresse avec son index, sent la rugosité de la matière griffonner, les regarder finalement s'évader dans les hauteurs des herbes.
Puis Tallulah regarde Jules, hausse légèrement les épaules comme pour dire, je sais pas, peut-être bien, je viendrai te voir, peut-être pas. Puis Jules elle balaye vers l'idée que, elle aurait des tas de groupies, parce qu'elle deviendrait probablement une rock star, quelque chose du genre. Et quand elle y pense, Tallulah. Qu'elle s'y projette.
comme hier
comme aujourd'hui
ou comme demain
elle ne se voit peut-être pas comme ça
Alors elle frappe ses paumes contre ses cuisses, le coin des lèvres étirés vers le haut, puis se relève, tourne doucement sur elle même grâce à ses talons puis ramasse sa guitare, soulève légèrement sa lèvre pour montrer ses dents, réflexe lorsqu'elle réfléchit, petite grimace comme pour appuyer ce qu'elle va dire. Ses phalanges s'enclenchent les unes dans les autres, elle ose enfin sortir de son silence, Tallulah.
Je pense que t'as surtout trop d'imagination et que tu devrais penser à consulter, Jules.
La brune ne peut pas s'empêcher de glousser, elle remet le sac sur son dos et s'accroupie devant la jeune fille, les coudes sur les genoux, le menton entre les doigts.
J'ai la tremblotte, mais ok. Même si je suis pas sûre qu'on me laisserait commander un kit tatouage à mon âge...
Une petite moue sur le visage, Tallulah ça lui plairait peut-être bien, d'être tatoueuse aussi. Elle ne dessine pas trop mal, ce n'est pas son délire, mais honnêtement, elle se débrouille et elle est quasi certaine qu'elle pourrait avoir de sacrées idées à tatouer sur la peau de Jules et puis la sienne. Finalement, elle se redresse en grimaçant un peu lorsqu'elle entend ses articulations claquer et elle regarde autour d'elle, entend les échos de voix de ses camarades. Il est temps de partir.
comme une journée un peu frivole comme si ça n'existait pas
que d'ici demain ça aura disparu
parce qu'aujourd'hui n'a jamais existé
et qu'hier rien n'était encore certain
Alors Tallulah prend les mains de Jules pour l'aider à se lever, reprend le golem qui a perdu le combat et le pose sur son épaule sur laquelle il semble fermement s'accrocher, puis elle sourit, regarde Jules.
Faut que j'y aille. Je le prend avec moi, les gens du club jardinage seront contents de le voir. On se voit ce soir Jules.
Pince ses lèvres. Prend le coffret de sa guitare et s'extirpe, comme si elle n'avait jamais été là. Qu'elle et Jules, n'avaient jamais rien fait. Qu'il n'y avait rien eu.
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Jeu 14 Oct - 22:52
