Sa gorge est sèche, son cœur bat un peu trop fort dans sa poitrine, ça ferait presque mal si la douleur n'était pas ailleurs. Si elle n'était pas dans les mots qu'elle inscrit sur le papier en face d'elle, elle annote les adjectifs qui traversent son esprit, ceux qui tintent à ses oreilles avec douceur, puis ceux qui font enrager son âme.  
Alors elle déploie en grand sa cage thoracique pour pouvoir expirer toute la rancœur hors de son corps, aspirer un air nouveau, encore, tous les jours.
Un deux et trois, un deux et trois, elle accorde sa guitare pour que le son des cordes ne déraillent plus puis elle joue, les yeux rivés sur le sol.
Seule dans sa bulle le monde n'existe plus, rien. Son esprit s'embrume, comme si elle perdait connaissance pendant quelques secondes, de longues secondes qui s'écoulent comme des heures interminables. Déchirant. C'est déchirant et elle s'arrête, son médiator vient retrouver sa place entre les pages de son journal qu'elle referme puis elle pose ses paumes sur le bois vieillissant de sa guitare, y appuie son menton tout en observant le monde se mouvoir autour d'elle.
C'est épuisant, de devoir être partout à la fois, tout le temps. Simplement être spectateur est déjà fatiguant, comme si le monde nous incombait de supporter ce fardeau avec lui, alors en faire partie, ce serait comme trainer inlassablement la pierre de Sisyphe.

Puis une apparition, une ombre qui gâche sa vue, qui éloigne le soleil de sa peau qui ne cherche que sa chaleur. Tallulah redresse le dos, remonte l'une de ses mains pour en faire une visière sur son front et elle observe ce drôle de type qu'elle ne remet pas.

T'es pas transparent, tu bouges ?

Ton acerbe, expression presque renfrognée, Tallulah elle déconne pas avec son envie de solitude pour écrire ses chansons. Alors elle récupère son journal -ne sait on jamais si en plus de ça, il est complètement miro. Elle le fourre dans son sac et se relève, la guitare dans sa main droite, faisant face au jeune garçon à peine plus grand qu'elle.
 

 
Coeur qui scinde, mâchoire qui se désarticule presque lorsqu'elle s'avance, que Tallulah force sur celle-ci pour ne pas enrager sur le type en face de lui. Ses doigts frictionnent le tissu sur son passage, les yeux plantés dans les siens. Putain il veut quoi ?
Tallulah lèche sa lèvre puis la mord, réflexe habituel et elle fait sautiller la guitare dans ses doigts, elle a déjà frappé un camarade avec, sous le coup de l'impulsion, de la colère, celle qui ne faiblit pas. Celle qui autrefois tristesse devient rage, qui enflamme les corps et réduit en cendre la vie sur son passage.
Cette malheureuse colère que la brune cultive parce que l'étau se resserre drastiquement autour d'elle.

Putain mais t'es qui ?

La nuit, assise seule dans sa chambre, lorsque Jules dort fermement, que les mèches de cheveux dégringolent des draps, que les sons ne sont plus que prémices de l'aube, elle guette par delà la fenêtre, attendre que l'horizon se dessine, s'illumine.
C'est difficile de mettre des mots sur les maux, lorsqu'on crache à sa gueule que putain, faut dégager de MA vie, tu fous quoi. Qu'elle ne sait même pas de quoi il parle.
Alors Tallulah elle s'avance vers lui, serre le manche de la guitare et le bouscule, sans jamais quitter son regard, le cou qui s'allonge pour presque s'approcher de lui. Parce qu'elle a pas peur, que la peur s'est elle aussi transformée en une rage incertaine, une rage frivole, pas de celles qui stagnent, qui s'étendent, plutôt de celles qui refont surface, qui émergent lorsque la situation se tend. Que les filaments du cœur lâchent, qu'ils s'emmêlent.

Va te faire soigner connard.

Réflexe carré, réflexe amer, mâchoire qui craque, qui claque puis elle recule. Ses yeux lâchent finalement, elle fouille le sol du regard, passe une main sur sa nuque et s'apprête à ramasser le sac dans lequel ses affaires sont rangées.
Elle est toujours énervée Tallulah, que ça bout à l'intérieur, son estomac se tord, nausées prêtent à jaillir de sa gorge, mais pas maintenant. Pas maintenant.
Son dos se redresse lorsque le sac en main elle vacille encore sur l'inconnu, un inconnu qui pourtant, lui rappelle quelque chose. Un truc dans le regard, un truc dans l'attitude.

Faut sacrément être timbré pour demander aux gens de dégager de leur vie alors qu'on les connaît pas, t'es au courant de ça ?

Ton cynique et un rictus qui vient casser le sérieux sur son visage. Ses poings démangent toujours, alors ce sont la lanière du sac qu'elle étreint, le manche de la guitare.
 

 
Ses veines se gonflent peu à peu, lorsqu'elle resserre l'étreinte autour du bois, que l'amertume qu'elle a envie de cracher de sa gorge se peint sur son visage. Tallulah le regarde de haut en bas et recule d'un pas, puis deux. Elle cherche qui il est. Pourquoi une telle agressivité. Puis ses yeux s'élèvent jusqu'aux siens qu'elle ne quitte plus. Elle écoute, elle écoute et elle a continue d'agiter le bois légèrement, d'un rythme régulier, de l'avant à l'arrière, l'arrière à l'avant.
Son souffle devient irrégulier tout comme son pouls qui martèle trop vite dans sa poitrine, qui martèle dans ses oreilles et frappe partout dans son corps.

T'es complètement fêlé..

Tallulah bascule lorsqu'à son tour ses mains vienne la pousser, elle dépose un talon à terre, s'accroche. Ne flanche pas. Certainement pas pour un type comme lui. Puis elle fait le lien, un lien qu'elle ne comprend pas, qu'elle ne remet pas. Une grimace et elle revient à la charge vers lui, les sourcils froncés, les dents qui claquent, qui s'écrasent les une contre les autres.
Putain Matthew.
Un rire jaune qui a envie de s'extirper hors de sa gorge, comme pour lui cracher au visage que putain, qu'est-ce qu'elle s'en branle. Mais ce serait trop facile et Tallulah, elle aime se compliquer la tâche, bousculer les autres, prouver que c'est pas une moins que rien quoi qu'ils en disent.
Alors ses phalanges attrapent le col de son teeshirt, elle le force à s'abaisser vers elle. Malgré une carrure aussi fine, lorsque la colère s'empare de ses membres, qu'elle ne laisse plus place au reste.

Je sais pas, demande lui ? Enfin faudrait-il qu'il veuille te répondre non ?

Tallulah le relâche, grand sourire aux lèvres. Sa cage thoracique se déploie à grandes envolées, parce que malgré son ton monotone, sa voix qui ne fléchit pas, qui reste fluette, ses doigts trembles, l'instrument remue fébrilement entre ses doigts.
Réflexe nerveux qui revient, elle mord sa lèvre inférieure, elle le regarde. Encore et toujours. Ne pas envenimer les choses. Pas alors que les choses ont l'air aussi tendus entre eux mais lui, il cherche. C'est comme si ses mains se retranchaient dans sa poitrine, serrer l'étau autour de son cœur pour le faire pleurer à chaudes larmes.

Lâche moi la grappe du con. Si Matthew en a rien a foutre de toi c'est pas à cause de moi.

Tallulah fronce à nouveau les sourcils, mord ses lèvres. Hors de question d'arrêter de discuter avec Matthew, pas pour un  type pareil, pas parce qu'on lui demande. Pas encore.
 

 Tallulah reste stoïque face au venin que lui crache ce mec. Elle a envie de succomber à la colère, juste un peu, la laisser se déferler, ne faire attention à rien sur son chemin. Mais si elle frappe la première, ça va lui retomber dessus, elle le sait. Parce qu'elle agit de façon trop impulsive, trop hâtive. Et que ça lui retombe trop souvent dessus.
Alors réflexe amer, réflexe stupide. Elle lèche sa lèvre, la mordille et tourne la tête, se vider l'esprit, penser à autre chose. Penser aux golems, penser à sa guitare, penser aux couronnes, penser à... Et puis il surenchérit.
Comme s'il cherchait, comme s'il voulait qu'elle sorte de ses gongs. Alors Tallulah elle le regarde à nouveau.
Et on l'entend son souffle bruyant, on pourrait presque entendre son cœur battre dans sa poitrine, l'adrénaline gonflée ses veines.

Putain tu me connais pas sale connard.

Le ton qui s'élève et la mâchoire qui claque, le brouillard. Tallulah recule lorsque son poing est venu s'écraser entre ses côtes, le point le plus facile d'accès, là où il pourra peut-être finalement fermer sa gueule.
Halètement et sueur qui commence à couler de son front, elle avale difficilement sa salive, remonte ses manches et repose sa guitare à terre.
Rire nerveux qui s'échappe de sa gorge, rictus qui tord son sourire.
Putain pas encore. Si il veut en découdre, Tallulah va lui en faire baver.

Et j't'emmerde, j'en ai plus dans le froc que toi déjà. T'es plus un putain de gamin pour réclamer un dû à ton frère bordel. Et encore moins à moi. Je traîne avec qui je veux. Et je suis sûrement bien meilleure que toi avec un instrument.

Tallulah remue doucement le poing avec lequel elle l'a frappé, sa cage thoracique s'alourdit, ses épaules aussi. Son nez se fronce et elle tente bien que mal de réguler sa respiration, mais qu'est-ce que c'est dur bordel. Situation anxiogène encore, toujours et ça commence déjà à lui peser.
 

 Adrénaline qui fait battre sa poitrine trop vite, trop fort, qui fait gonfler ses veines et claquer sa mâchoire. Tallulah elle le regarde, elle s'apprête à reculer lorsque son poing vient pour l'agresser mais c'est un visage d'incompréhension qui se dessine sur elle. Perdue, ne savant quoi dire, elle lève ses prunelles verdoyantes vers lui, les sourcils mi froncés, les lèvres qui se frôlent et les doigts serrés. Putain il fout quoi ?
Alors elle écoute et ça la fait rire, enfin, presque. Un simple bruit rauque hors de sa gorge pour exprimer ce qu'elle ressent, que c'est vraiment un abruti.
Et merde. Putain.
Putain elle tombe, cogne son coude à même le sol et râle, se redresse légèrement sur le flanc et souffle. Probablement mérité parce qu'elle agit de façon trop impulsive, elle ne réfléchit pas.

Tallulah elle s'émerge dans la mer de la colère, elle y nage jusqu'à s'y noyer, ne plus pouvoir remonter, se laisser submerger .

Elle regarde Nathanaël, l'air un peu dédaigneux, le souffle court. Plus court que d'habitude puis elle tourne le regard, elle regarde ailleurs. Il ne sait même pas se remettre en question.

Si tu le dis.

Prête à lâcher prise, à se redresse, Tallulah s'arrête lorsque le bas de ses reins touchent le sol et qu'il crache son venin à nouveau. Il est plein de désillusions et à quelques notes près, elle pourrait presque avoir pitié Tallulah. Une seconde d'un mal de de cœur qui soulève sa poitrine, une seule puis sa jambe droite vient faucher violemment ses chevilles pour qu'à son tour il s'écrase. Et elle reste sur le sol à le regarder, la colère qui se dissipe des traits fermés de sa gueule, un visage plus calme.
Ses avant-bras s'étendent par dessus ses genoux, ses phalanges se cognent, se tordent, s'effleurent.

Menteur. Tu fais quoi là ? Tu serais prêt à te mettre à genoux pour que je lâche ton frère ? T'es un gros naze et le pire, c'est que tu fais même pas exprès.

Reprendre de l'air, de l'oxygène et les épaules qui se meuvent au rythme des respirations expiés, de celles trop abusives.

Tu veux que je parle à Matt' ?

Mal être qu'elle ressent, malaise incessant qui martèle à ses yeux, ça se sent, ça se voit et ça lui donne une drôle de sensation dans le ventre. Comme ces envies de vomir lorsque le quotidien se meurtrie, que le voile rouge de la rage brouille sa vue, que l'anxiété annihile ses sens.
 

 Tallulah le regarde, il s'agite, il s'énerve, sa voix s'élève et lui s'affaisse, comme un mauvais euphémisme, ou quelque chose du genre. Ses doigts claquent, ses articulations tintent et elle lève les yeux au ciel un instant lorsque le jeune garçon continue d'étaler sa colère. Ce qu'elle le comprend, ou du moins, elle peut le comprendre. Alors Tallulah elle murmure i talk too much, we talk too much puis elle daigne enfin relever les yeux. Le regarder clairement, correctement en oubliant les subtilités grossières.

T'es quand même culotté comme mec, je dois dire. Tu demandes aux autres des comptes mais tu refuses qu'on fasse pareil avec toi parce qu'on se connaît pas..

Tallulah se penche légèrement vers l'avant pour qu'il entende -et il entend déjà bien, mais comme pour accentuer ses propos, qu'il essaie de voir où elle veut en venir, qu'il y a un truc qui cloche dans son raisonnement.
Elle laisse couler une seconde, elle s'abandonne à son rôle d'entremetteuse, ou quelque chose du genre, parce qu'elle est pas douée, que ça la concerne pas vraiment. Mais il est là, à s'agacer, à s'évertuer à réclamer des choses qu'elle ne peut même pas accomplir, accepter. Ses prunelles vertes remontent vers lui tandis que ses mains elles, joignent le sol dont elle arrache l'herbe pour les faire glisser sur ses converses.

Je sais pas alors. Je sais même pas pourquoi il s'en fout de toi, ce que je trouve bizarre. Normalement on aime bien les membres de sa famille, surtout ses frères et sœurs non ? En fait j'en sais rien.

Tallulah secoue sa frimousse légèrement comme pour dire "j'en sais rien en fait" puis fronce les sourcils et détourne le regard, cherche du confort ailleurs pendant un instant et c'est sur sa guitare qu'il se dirige. Elle n'en a aucune idée, de comment ça se passe entre des frères et sœurs, pour elle les choses sont assez simples. Il y a des relations même si les coups sont durs, les coups sont bas, ils se pardonneront toujours.
Non ?

Son corps se balance sur le côté pour attraper sa guitare, ses jambes se déplient afin de s'installer en tailleur, faire frotter ses ongles abîmés contre les cordes.

Si il s'en fout de toi, pourquoi t'insistes ? Je comprend pas, y a pleins de gens ici. C'est pas compliqué de trouver des gens qui s'intéresseront à toi comme un frère, ou quelque chose du genre. Même si t'es vraiment chiant.


 

Ses doigts craquent sous la pression qu'elle y porte, le bois de la guitare résonne creux lorsque ses ongles viennent se cogner dessus. Elle écoute ce qu'il a à dire puis baisse les yeux, hoche un peu la tête. Elle comprend ce que ça fait, de se sentir seule après tout, alors  elle a un peu de remord Tallulah, à peut-être volé sa place, à s'immiscer de la sorte.
Seulement elle ne se voit pas partir, dire à Matthew qu'il devrait s'éloigner, parce que son frère le vit trop mal, qu'ils soient pas aussi proches qu'eux, que leur relation semble vouée à l'échec, pourtant. Pourtant.
Elle baisse la tête et se gratte la nuque, tire doucement sur les mèches à l'arrière et les fait rouler entre ses doigts, mâche ses muqueuses puis se décide à souffler, à relever le cou et à finalement ouvrir la bouche.

Je vois... J'aime beaucoup Matt' aussi, je veux dire... J'avais pas vraiment d'attache en arrivant et, je sais pas, c'est même pas comme si on s'entendait bien au départ tu sais. C'est un type chouette, ça finira par s'arranger.

Tallulah sourit un peu et montre l'une de ses phalanges, une marque laissée par l'un des coups qu'elle a balancé à l'encontre de son ami, parce que les tons ne collaient pas, les caractères probablement trop similaires, en fait elle ne sait pas vraiment.
Alors elle repose ses phalanges sur les cordes, elle joue un peu.

Parfois c'est juste difficile de parler tu vois. J'aime pas ça non plus honnêtement mais écrire ça m'aide à évacuer, peut-être que lui il fait pareil avec la musique.

Le mutisme lorsque les choses ne vont pas, les échos de voix qui se perdent dans les écrits c'est ce que Tallulah fait, pour tout évacuer, oublier le stress qui la ronge, l'amertume qui la tue un peu plus de l'intérieur, les regrets qui dévorent ses pensées.
Parfois parler ça n'aide pas vraiment, on y arrive pas.
Son menton vient se poser sur le dos de sa main et elle plonge son regard dans le sien, dans l'espoir de déceler quelque chose, une lumière, quelque chose.
Puis elle réfléchit Tallulah, elle baisse le regard, il parle de son père et ça lui frappe dans la poitrine, elle se pose des questions, des tas.
Elle a envie de demander, vous vous entendiez bien ? Il est comment toi, ton père ? Puis elle aimerait dire que le sien était génial, que c'était un super musicien. Qu'il lui manque.

Il avait raison, ton père. Tu peux toujours compter sur lui, ça prendra peut-être juste du temps...

Elle marque une pause puis redresse l'échine, continue de faire frémir les cordes, un peu ailleurs, la voix plus basse, plus calme.

Euh.. Bah... -un rire gêné, les dents qui se serrent Tallulah lève les yeux au ciel, cherche ses mots, comment expliquer. Mon père était musicien et, euh... Il était hyper doué tu vois. J'aimerais bien être comme lui plus tard. Et je pense qu'être dans un club de musique pourrait m'aider mais je.. Je sais pas en fait.

Tallulah gratte sa nuque, fronce les sourcils et repose sa guitare sur ses jambes, meuve ses mains comme pour mieux expliquer, mieux narrer ce qu'elle voulait dire.
Mais ça bloque, elle n'arrive pas à correctement s'exprimer et elle n'est même pas sûr qu'il voit où elle veuille en venir.

Je sais pas honnêtement. J'ai juste pas envie pour l'instant qu'on voit ce que j'écris ou comment je me débrouille, je crois. J'ai pas l'impression d'être assez à la hauteur.
 

Elle écoute attentivement le jeune homme, elle le regarde et les plis de son visage s'adoucisse, elle mordille sa lèvre et tapote fébrilement les cordes, cherche à comprendre.
Tallulah elle est pas vraiment compliquée, si on lui parle gentiment, qu'on s'intéresse un peu à elle, d'une certaine façon, elle se laisse apprivoiser. Elle est pas vraiment rancunière, alors elle en veut pas au brun, elle laisse tomber les mots passés, les coups infligés. La querelle est passée, elle n'est plus.
Puis elle baisse la tête, hoche la tête et hausse les épaules. C'est pas vraiment simple et là, ce qu'il dit lui transperce l'étau qui serre sa poitrine, elle ravale sa salive avec difficulté. Fuir, ça n'a jamais été une solution. Il a raison, et ça lui renvoie à la gueule le deuil qu'elle fuit tant, qu'elle n'a toujours pas réussie à laisser derrière elle, sur la terre ferme, loin de cette île.
Alors elle tourne la tête Tallulah, elle fronce légèrement les sourcils par réflexe, pour ne rien dire, parce qu'elle a beau s'être un peu confiée à lui, c'est pas un sujet qu'elle a envie d'aborder, de développer.
Elle en a assez eu des remarques, il faut faire avec, c'est du passé, y penser tout le temps, ça t'aideras pas. La jeune fille le sait et putain, ce que ça fait chier.
Alors elle redresse l'échine, plonge à nouveau son regard dans le sien.

Ouai, mais c'est plus facile que d'affronter les conséquences.

Son pouls s'emballe, alors par réflexe, pour oublier la nervosité qui fait trembler ses phalanges, elle les dépose sur les cordes et elle les fait frémir, toujours à écouter Nath', ses yeux s'élèvent vers l'horizon un bref instant, souffle l'air hors de ses poumons puis regarde à nouveau le jeune homme en souriant.

Peut-être. J'en sais trop rien. Mais ouai on parlait du fait que je devais m'éloigner de ton frère et maintenant tu me donnerais presque envie de te rejoindre là-bas.

Un gloussement hors de son gosier et elle continue de jouer, se penchant doucement de droite à gauche. En fait elle n'en sait trop rien, peut-être que joindre le club pourrait être intéressant, ça lui permettrait de s'améliorer un peu plus, de se développer mais elle ne se voit pas avoir deux clubs à la fois, déjà qu'elle hésite beaucoup à joindre le club de jardinage mais Feng et Drystan sont drôlement insistants là-dessus. Elle en discuterait avec Matt' probablement, histoire de voir, de savoir si c'est une bonne idée.

Tu t'appelles Nathanaël c'est ça ? C'est sympa. Tu viens d'où à la base ?

Un hochement de tête bref et elle continue la mélodie, lève de temps à autre les yeux vers les siens.