C'est quelque chose qu'il apprendra malgré lui et à ses dépends. Tu n'es jamais satisfait de toi même Ezra. Jamais content, jamais heureux. Il y a une nostalgie lancinante chez toi qui te parasite à chaque minute de la journée, à chaque heure de la nuit - et même allongé les rêves se transforment trop vite en cauchemar. Alors quand Noah grogne et le remarque tu ne peux que baisser les yeux comme un coupable pris sur le fait. En flagrant délit de dépression et mélancolie. Oui tu es jaloux car rien ne t'appartient réellement hormis cette accalmie qui te ronge les sens (à sang).
Tes doigts timides s'accrochent à lui, et sous le tissu de son caleçon tu dessines le reflet veineux de son derme gonflé de désir. Tu hésites à enlever ta main mais tu persistes, restes inactif alors qu'il t'embrasses encore et encore, te déconcentres.
Tu bug Ezra, frétilles les paupières et batifoles des cils comme une fille. Est ce que c'est encore à toi de quémander ? Est ce que tu t'imagines sortir avec lui ? Quelle horreur ça serait te mettre toi même en prison, tourner la clé dans la serrure avant de la jeter par la fenêtre. Pourquoi est ce que tu t'imposerais une chose pareille ? Pour te repentir, te punir ? Ou parce que merde alors tu as développé des sentiments en plus de l'attirance physique ?
— « Je ne pense pas ... que ... »
Tu n'arrives pas à parler voilà qu'il te déshabille. Tu as chaud, et si ça continue c'est toi qui va imploser.
— « ... ça marcherait. »
C'est une mauvaise idée.
— « Mais... »
C'est une catastrophe !
— « ... je ne veux pas que tu sortes avec quelqu'un d'autre. »
Qu'est ce que tu dis ? Qu'est ce que tu fais ?
— « Que moi. »
Tu restes en caleçon, recroquevillé sur les draps froissés de ton propre lit. Te mords la lèvre alors que pour fuir la réponse naturellement tu tombes dans ses bras. T'accroches a ses coudes alors que tu t'allonges sur lui, colles ton bassin contre le sien. Pour le sentir lui et ne plus l'entendre. Tout ce qui sort de sa bouche est un poison alors tu pries pour devenir sourd.
— « Nath ne va pas rester dehors toute la nuit alors tu devrais t'activer. »
Vous n'abandonnez jamais. Même au pied du mur, même vos entre-jambe en otage, vous ne crachez jamais ce que l'autre veut entendre. Ce n'est qu'esquive et attaque, danse perpétuelle qu'aucun de vous n'arrête. Ezra avoue sans avouer, entrouvre la porte sans l'ouvrir en grand pour autant. Ça te rend fou, mais la vérité, c'est que tu es prêt à te contenter de festoyer de ses miettes.
Je ne pense pas que ça marcherait, qu'il dit. Le pire c'est qu'il a sans doute raison. Pourtant t'as que faire de sa raison, de ta raison. Une partie de toi se dit que ce serait trop bancal, trop bizarre, trop malsain pour fonctionner. Mais malgré tout, ça t'attire, tu le veux, tu le veux tellement. Et quand il avoue, tu te sens défaillir. Il te rejette parce que c'est difforme, affreux, mais il ne saurait pas gérer la frustration de voir la laideur au bras de quelqu'un d'autre. Ah, tu comprends, tu comprends tellement ! Souffle chaud, doux quand il vient se coller à toi, que tu le serres. Ricane de sa dernière réplique, le salasse pour faire taire les questions, pour écarter le romantisme. Serre un peu plus, glisse une main contre ses fesses pour les agripper, en dessous de son boxer.
— Activons-nous.
**
Ton torse qui se soulève, t'as chaud, t'es épuisé. Ta peau plaquée contre son dos, t'embrasse sa nuque, passe une main tendre sur ses hanches. T'avais connu la jouissance mais là tu te sens... Apaisé. Tu te sens gagné de ce sentiment bienheureux si rare, quand après avoir tant cherché on a enfin atteint inaccessible. Câlin, Noah, refuse encore de le lâcher, de te laisser choir dans les draps. Tu t'attardes sur sa peau, tes doigts glissent, parcours, explorent, son poitrail qui se soulève, ses lèvres brûlantes. Finalement tu te décolles un peu de lui, tu le laisses s'installer comme il souhaite et tu te redresses sur ton coude.
— J'irai pas sortir avec quelqu'un d'autre. Lâches-tu. Et je voudrais te revoir quand ta sale tête de con sera d'accord.
Tes doigts viennent machinalement dessiner des formes abstraites sur sa peau. Tu le regardes sans le regarder, curieux de l'expression que son visage peut avoir après votre union, mais dans l'appréhension d'y voir une franche déception. Alors c'est peut-être un peu par lâcheté que t'esquive, laisse ton regard dériver dans le vide.
Tu n'aurais pas cru que cela puisse faire aussi mal, que le plaisir puisse etre aussi douloureux bien que satisfaisant. Quand il s'arrête enfin, tu peines à te recroqueviller sur toi-même. Tu n'es pas certain d'avoir apprécié chaque instant mais l'endorphine libérée dans ton cerveau eut suffit à te combler. Tu déglutis, la gorge et les épaules en feu. Ta poitrine brule alors que tu transpires sur les draps humides de vos chairs. Tu tournes lentement la tête, sans réussir à le regarder.
En sentant ses doigts, tu les épouses de tes lèvres dans un gémissement incontrôlé. Larmes qui coulent silencieuses sur tes joues, ce ne sont pas des pleurs de tristesse ou de désespoir - ah non ! Mais bien d'efforts. Tu suçotes délicatement son index aventurier, un filet de salive coulant de ton menton jusqu'à l'oreiller. Fermes les yeux et enfonces ton visage dans le matelas quand il se dégage de toi.
L'écoutes à moitié, trop occupé à reprendre des forces pour penser à te redresser. Quoique... tu es bien comme ça, caché de honte et de gêne. Tu n'assumes toujours pas d'avoir osé te laisser faire. Comme c'est mesquin et malsain de prendre ton pied avec lui quand tu devrais simplement t'excuser (à vie).
— « Hein...? »
Essoufflé encore, tu tournes simplement la tête vers le côté où il s'est laissé tomber. Rougis malgré toi, ce qu'il t'agace à être aussi intimidant. C'est qu'il arrive presque à apaiser ta colère naturelle.
— « Je ne sais pas quand je veux te revoir. »
Jamais. Jamais. JA-MAIS.
— « Demain...? »
Tu détournes les yeux quand il parle de son matelas. Amer, tu enfonces ta main dans le matelas.
— « Et bien. Va dans ton lit si c'est plus confortable. Je ne te retiens pas. »
Malgré toi ce genre de réflexion t'agace. Tu te demandes combien de personnes ont pu profiter de son super matelas douillet. Quelle escroquerie. Tu craques le premier et te lèves, ouvres la fenêtre pour aérer et enfiles un caleçon propre. Non ça sert à rien tu vas devoir aller te laver. Tu te tournes vers lui pour le prendre de haut. C'est plus fort que toi, c'est la position qui veut ça.
— « J'appelle pas ça faire l'amour. Personne dit ça. Et je suis sur qu'à l'époque de nos grands parents c'était peut-être le cas. »
Tu n'arrives pas à sourire. A toi de le paternaliser un peu.
T'encaisses sa sauvagerie habituelle, accompagne le tout d'une moue déçue et blessée, parce que t'as aucune envie de partir sans avoir un autre rendez-vous de fixé.
Demain...?
Là c'est le sourire solaire et crétin, comme-ci ce simple mot pouvait remplacer Noël, les fêtes d’anniversaire et un week-end à Disneyland. Ça doit sûrement l'agacer (le faire craquer). Demain, ça sonne comme du miel, c'est un peu bâtard comme méthode, Noah, même si tu peines à culpabiliser. Spécialement quand tu le vois aussi remonté. Est-ce par timidité ? Frustration ? Ses colères sont des énigmes qui loin de te lasser t'excitent, titillent ta curiosité. Tu te demandes, avide, ce qu'il faudrait pour calmer l'orage d'un cœur comme le sien. Tu rêves, possessif, d'être celui qui en a le pouvoir. Alors quand il se lève, tu profites de n'avoir pas son visage en face du tien pour détailler, brûlant, les courbes de son dos, le galbe de ses fesses. Il te vient à l'idée que tu es peut-être sa première fois. Tu jubiles. Fier. Ne veux garder cette vision que pour toi. Putain.
Tu te laisses tomber dans ses draps, profites qu'il soit parti pour t'étaler de tout ton long, écarter les bras. Théâtrale, joue à l'enfant boudeur quand tu balayes d'un revers de la main ses réflexions.
— Tu te vexes plus vite qu'un populaire c'est fou ça... Je voulais juste dire que j'aimerais bien que tu viennes dans ma chambre la prochaine fois, moi...
Connard, à minaudé comme un enfant innocent. Tu fixes le plafond, ça t'amuse, ça te plaît de le voir te corriger, de le voir essayer d'appuyer un semblant d'autorité. Tu te retournes sur le ventre, oh, tu sais que tout ce que tu fais est savamment calculé pour piquer sa frustration. Tu prends une pause ingénue, bats des pieds, alors que tu poses ton menton contre les paumes ouvertes de tes mains.
— Et t'appelle ça comment ? Baiser ? J'ai jamais connu ma mamie et mon papy mais je suis quasi sûr que c'étaient des gens trop bien élevés pour employer ce genre de vocabulaire... Puis j'aime pas ce mot, ça sonne vulgaire, ça fait un peu travail à la chaîne pour soulager ses couilles bleues. Nan, là c'était pas pareil.
Tu glisses tes yeux vers lui. Laisse poindre le sourire.
— J'ai pas fait ce que j'ai fait pour me soulager. J'avais envie de toi et j'ai aimé le faire avec toi. Pas toi ?
Le dernier des fils de pute, à attendre de le voir rougir, de détruire son armure de rage et d'acide encore et encore, rien que pour voir ses limites, rien que pour admirer la façon dont il se fera plus grand guerrier à la prochaine confrontation. Ah. Demain. C'est déjà trop loin. Alors tu esquives avec innocence la question du départ. S'il veut te voir sortir de cette chambre, il va falloir qu'il te dresse mieux que ça.
Il est pas clair aussi, ça te rend fou. Pourquoi est ce qu'il laisse sous entendre des choses s'il souhaite que tu en interprètes d'autres ? Tu grognes quand il dit que tu te vexes. C'est peut-être vrai, t'es blindé d'insécurités et tu préfères agresser en premier plutôt qu'on t'agresse. Même avec lui, c'st limite plus facile d'être sur la défensive. Soupire exaspéré et tu passes une main dans tes cheveux.
— « Ton coloc c'est pas le frère de Sylvestre ? Je sais pas comment tu fais pour le supporter mais je ne veux pas prendre le risque qu'il nous surprenne. »
Grognon quand on parle de ce qui fait du mal à ta meilleure amie. Pensée fugace envers elle - t'es pas fier de ce que t'as fait. Envie de lui (oui terriblement) mais quand le désir supplante la raison c'est là que les emmerdes commencent. Ton coeur se serre... Tu dois lui dire. Et s'il te déteste ? Tu dois lui dire. Et s'il ne veut plus jamais te revoir ? TU DOIS LUI DIRE. Et s'il refuse de te pardonner ?
— « Si si... »
Que tu réponds, l'air pas très convaincu. Une goutte de sueur perle le long de ta joue et tu détoures le regard, te renfermes sur toi même. Tu remets une boucle brune derrière ton oreille et te surprends à loucher sur son corps aguicheur malgré toi. Tu tentes de rester sobre de sa peau mais c'est plus fort que toi (que tout) elle t'appelle à nue.
— « Et si tu te rhabillais plutôt que de raconter ta vie ? »
Tu t'assois sur le lit, étires un sourire solaire (ce qui est rare pour être remarqué) et lui claques les fesses d'une gifle sèche (mais pas douloureuse) en riant.
T'as une pensée pour Arsene, qu'est-ce qu'il dirait ? Probablement le mot fiotte, parce que c'est son mot préféré mais pour le reste ? C'est peut-être ça le pire à dire à Ezra : que de toute cette foutue académie, Arsene est sûrement celui qui en a le plus rien à foutre de qui tu mets dans ton lit. Mais tu comprends que ce n'est pas le soir pour lui balancer les bons côtés que peut avoir ton colocataire, et d'une certaine façon t'as pas envie de devoir prendre parti pour les convictions de l'un ou de l'autre. Tu as le temps. Il a dit demain, après tout, non ?
Si, Si,
Ça t'arrache un sourire, tu le provoques en te cambrant un peu, aimes le voir s'approcher, s'asseoir. Le sourire qu'il te lance te surprend. L'espace d'une seconde, tu te retrouves un peu con, ça t'a déstabilisé, surpris, t'ignorais qu'il pouvait avoir ce genre d'expression, t'ignorai qu'un sourire comme celui là pourrait te tabasser l'estomac. Alors quand la claque suit, tu sursautes. Tu le regardes, figé, tu ne pouvais pas avoir l'air plus abruti que ça, Noah.
— Mais... Tu viens de me foutre une fessée ?
Le dire à voix haute fait naître un sourire idiot. Tu lâches un rire en écho au sien. Il est beau son rire. Il est doux son rire. Revoilà le tabassage de l'estomac. Tu le fixes une seconde, y a plein d'idée un peu plus audacieuse qu'une fessée qui te vienne en tête mais tu optes pour du soft. Conscient que tu as pris, pour une fois assez raisonnable pour te dire que son rire, son sourire et sa spontanéité c'est un paiement amplement suffisant. Alors tu fais échouer tes lèvres contre sa joue. Murmure alors que tu tends la main pour récupérer ton caleçon.
— Tu te dérides, c'est cool.
Tu l'enfiles, quittes à regret ta pose ingénue pour passer ton sous-vêtement. Provoque en lui disant que t'es sûr qu'il adore ça, que tu racontes ta vie, d'ailleurs t'es prêt à lui tenir la jambe toute la nuit pour tester sa patience mais t'as un rendez-vous à prendre. Alors tu te lèves pour passer ton jean et boucler ta ceinture. Quand t'as finis tu t’accroupis en face de lui, pose tes bras sur ses genoux.
— Demain ?
Pas nécessairement pour vous rouler dans les draps de nouveau, pas nécessairement pour passer des heures ensembles non plus. Quelques échanges, un repas, le temps d'une pause clope. Mais t'as envie de le graver dans ton quotidien. T'es un enfant un peu capricieux Noah.
— Tu devrais me dire oui, je suis un gros connard populaire tu te souviens ?
Dans un coin de ton crâne t'as toujours en tête son alarme, les photos sur ton téléphone. Tu te promet d'y jeter un œil, Constantin... Fin, le professeur O'Neil pourrait peut-être t'aider. Pour une fois qu'il fera autre chose que te donner envie de l'étrangler, ce serait une première. Tu ne dis rien, mais quand tu plonges ton regard dans le sien, ça résonne comme une évidence.
Mais... Tu viens de me foutre une fessée ? Tu ricanes comme un imbécile, comme si tu ne croyais pas toi-même à ce que tu venais de faire. Hausses les épaules, désabusé. Son baiser sur ta joue t'arrache un frisson et tu fermes les yeux, inspires lentement pour t'enfoncer un peu plus dans le matelas. C'est la première fois que tu n'as pas envie de disparaitre.
Noah se rhabille et tu le regardes faire, ne prends même pas la peine de détourner les yeux puis ils se baissent avec lui quand il s'accroupit. Tu hésites à sa question, pourtant c'est la même que la tienne. Demain ? Est-ce que demain ça changera quelque chose ? Est-ce que demain tout sera effacé ? Est-ce que si tout vos demain vous sont réservés, il finira par te pardonner ?
— « Oui, oui, c'est bon. »
Tu te racles la gorge.
— « Demain. Maintenant sors d'ici ! »
Tu pointes la porte du doigt puis te lèves pour le choper par le col, le traines vers la porte.
— « Allez, bonne nuit ! »
Lui claques la porte au nez et retournes lentement vers ton lit. Putain t'as envie de t'arracher les cheveux tellement cette situation te prend la tête. Et ces sentiments aussi, qui sont trop forts pour être ignorés désormais.
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Jeu 19 Aoû - 17:14
C'est quelque chose qu'il apprendra malgré lui et à ses dépends. Tu n'es jamais satisfait de toi même Ezra. Jamais content, jamais heureux. Il y a une nostalgie lancinante chez toi qui te parasite à chaque minute de la journée, à chaque heure de la nuit - et même allongé les rêves se transforment trop vite en cauchemar. Alors quand Noah grogne et le remarque tu ne peux que baisser les yeux comme un coupable pris sur le fait. En flagrant délit de dépression et mélancolie. Oui tu es jaloux car rien ne t'appartient réellement hormis cette accalmie qui te ronge les sens (à sang).
Vous n'abandonnez jamais. Même au pied du mur, même vos entre-jambe en otage, vous ne crachez jamais ce que l'autre veut entendre. Ce n'est qu'esquive et attaque, danse perpétuelle qu'aucun de vous n'arrête. Ezra avoue sans avouer, entrouvre la porte sans l'ouvrir en grand pour autant. Ça te rend fou, mais la vérité, c'est que tu es prêt à te contenter de festoyer de ses miettes.