il ne comprenait pas ce que tu leur trouvais, à lui et ses airs - ne les ressens-tu pas denses à chaque inspiration ? appesanties par les spores si ce n’est pleines de plomb - les atmosphères de syncere, aux arrières-goûts métaux lourds - quand même tu reviens toujours t’en emplir les poumons ;  
depuis le temps lui te tolère,
ne te rétorque plus va-t’en.

quand tu lui viens la mine amène dorénavant ses yeux se lèvent et se maintiennent au creux des tiens - deux trois secondes à peine sans jamais trop s’attarder - et puis retombent en contrebas, sur ce qu’il tenait là dans ses mains. aujourd’hui de quoi écrire, un crayon de papier car des devoirs pour demain. y a d’la place partout - partout plutôt qu’à la table occupée par lui et c’est à la sienne que tu jetais ton dévolu et lui se demande comme d’habitude si cela te ferait plaisir qu’il te refuse, si ça te flatterait qu’il soit farouche - c’est qu’il ne voulait plaire à personne - soupire, fais c’que tu veux tu vois bien que j’m’en fous. la réplique floue au possible, afin de te laisser incertaine quant à ce qui pourrait l’indifférer. le foyer quasi-désert à ces heures creuses d'après-midi, lui songe qu’il te serait plus confortable de t’installer ailleurs - il est encore très inconscient des ententes entre vous - seulement tu tires la chaise en face de lui et les pieds des assises raclant sur le parquet résonnent comme un accord. c’était un de ces sons dont il peinait à se faire un refrain.

assise à présent et lui se froisse, plus par réflexe qu'autre chose - pas exprès - concède finalement à délaisser les travaux pour t'observer un peu en biais. un moment sans un mot ; avant qu'il ne daigne t'expirer les formules, ces attendues mais mal apprises. tu voulais quoi... tallulah ? en guise de salut maladroit - il n'y a que comme cela que syncere sait accueillir ses semblables.

cerné, dans tous les sens du terme - par tes regards et puis tes mots - ses contours esquissés  soi-disant car tu lui parlais l’air assurée, certaine d’avoir déjà croqué des portraits de syncere, de savoir le refaire à main levée même et lui tique en retour. que lui s’admette hermétique au monde entier passe encore mais que tu t’en charges à sa place le mortifiait immature. à cet instant qu’il s’est fait taire, décidé puéril : plus jamais les échos il allait jouer les sourds-muets, s’élire roi du silence.

cela n’aura duré qu’une poignée de secondes - après cela qu’il l’a rouvert, mauvais perdant tout en secret - depuis il vous mirait à la semi-dérobée, tes petites manies et toi.
vous faisiez bruisser les environs.
ses environs. il se les sentait envahis, progressivement - un peu comme les abords d’océan lorsque la marée revient ronger - ne te voyait qu’à peine avant que tu n'altères tes allures : ta posture vaguement penchée créant soudain des ombres, dessus la table. et malgré qu’il soit proscrit d’admirer les éclipses droit dans l’âme, il l’a fait. il t’a fixé sans ciller tandis que tu le fixais tout pareil - une fraction de centième, tes deux yeux à la fois.

tu lui dis ne rien vouloir d’abord,
alors il se remet à toiser ses feuillets, comme s’il s’était brûlé l’iris - ses œillades récupérées puisque de lui tu ne voulais rien, tu l’as dit. tes mélodies en projet, racontées à la suite. tu vérifies s’il voyait - tu vois bien que non : vois comme ses cils sont très très bas - tu lui demandes s’il voulait, quoi ? t’entendre - fait vite relever le port de tête, tout son visage surpris visible. pourquoi ? il croyait que tu ne lui voulais rien et maintenant quoi ? ses audiences, son avis ? il les pressent d’avance, se les devine bancals et malbâtis, capables de piquer peut-être jusqu’au sang - si j’aime pas ça va s’voir tu sais. précisé comme on plaisante mais sous la satire, un soupçon de vrai.
un temps. seulement tu ne t’en vas pas - … ok. et il dépose la mine carbone qu’il tenait pour croiser les bras sur son carnet - s’attable mieux - si tu veux, il t’écoute.