Une troisième fois, vint frapper le tonnerre – ébranlant mes frêles convictions en l'insonorité ambiante, comme ce ridicule sentiment de sécurité personnelle : couvert des tendres ténèbres propres au nocturne, je risque une œillade à l'encontre de mon large miroir, avide d'en constater les secrets. Une impulsion de fierté arracha mes iris à l'opprobre qu'est ma propre panique, s'enlisant des danses faveurs de l'impassibilité ; mes prunelles se voilent, comme le catharsis de toute étincelle de faiblesse – et de cette humanité ne demeure qu'une rage implacable, et dont je me réjouis des bienfaits.

Car de cette colère, j'épouse la tendre silhouette.

Bribes de mes vaines émotions, j'enterre ma tristesse : les souvenirs, cloîtrés en l'humide ergastule de mon cœur, ne franchissent le seuil d'une conscience ravagée par le doute. De rage, j'assaille, solitaire, je m'égare ; cynique, les représailles lorsque d'aucuns entrevoient la vérité de mon être. J'aspire à comprendre – la raison du poison qui parcourt mes veines, ce mur de peur à en corrompre ma lignée. J'aspire à cerner l'ironie du destin, de cette fierté teintée par la honte, car il n'est de mot qui ne découle de raison ; il n'est de haine sans germe de passion, de ces sentiments cultivés comme le cœur des flammes, comme l'écho d'un égo bercé de luxure.

Je hais ce monde, sans nulle forme de raison
Je hais ces gens, sans aucune forme de passion
Je hais mon être, privé de la moindre rédemption

Un regard s'égare, couvre l'immensité du décor – les fébriles vestiges de l'intimité, noircis des désirs nocifs de la solitude : le tableau d'un confort épineux, hypocrite, nourrissant, en ces lieux comme en mon corps, un intarissable poison.

Il m'arrive de fermer les yeux, et de troquer les maussades contours de mon habitat pour feu la demeure de mon paternel.

Dans le silence propre aux heures avancées, et qui se vante de garder mon sommeil ainsi captif, pléthore d'images en appellent à ces souvenirs moins nostalgiques que tâchés d'envie – les sombres escaliers du dortoir s'éventrent pour laisser fleurer la pensée de notre hall d'entrée, garni de tableaux sur lesquels je ne m'attardais jamais, piétinant sans reconnaissance aucune notre immense tapis écarlate.

L'oreille tendue, la complainte de quelques criquets s'enveloppent des rares attentions que j'accordais aux domestiques : l'hypocrite gentillesse entreposée à même la galerie du désir personnel, et auquel je ne répondais qu'à raison du mépris. Privé d'une luxure ancrée jusqu'en mes moindres paroles, il m'arrive de regretter mon passé.

Avant que le temps ne paraisse assez lent pour que j'en ressasse ces années, il m'arrivait de maudire ces absurdes insomnies – désormais, je comprends qu'elles sont une punition.


TLDR;

- Wen est le fils du PDG d'une grande entreprise chinoise, un homme riche et influent à l'internationale. Son père prit rapidement position à l'encontre des pouvoirs, et investit énormément dans la recherche de leurs détenteurs. Le mariage de ses parents est arrangé, et purement politique.

- Wen grandit en Chine. Il est éduqué de façon stricte, et intransigeante : lui sont inculqués toutes notions de culture nécessaires à sa succession, et avant tout, le caractère contre-nature et abject de la magie, et de ce que représentent les pouvoirs.

- Si les premières années de sa vie relèvent d'une enfance heureuse, quoique bien plus intense sur le plan scolaire, son adolescence marque le début d'une scission avec la mentalité de son père.

- Avec la puberté vient le désir de liberté, et Wen s'arrache à l'autorité paternelle, et à la droiture silencieuse que ce dernier attend de lui – Wen aime le danger, l'inconnu, les rencontres, tout méprisant et hautain qu'il demeure ; il n'aime non pas les relations, mais le mensonge sinueux qu'il immisce au cœur de ses contacts. Il ment sur son nom, sa famille, ses intentions, souvent ses sentiments – il n'éprouve nulle attache, tant pour ces inconnus que des parents envers lesquels il se sent en marge.

- Wen flirte avec l'illégalité, sans jamais se salir les mains des méfaits dont il incombe nombre de son entourage. Sa scolarité, exemplaire dans les résultats, déraille vers ses 16 ans – des impulsions d'un comportement détestable achèvent les restes de sa bonne entente avec son père.

- Ce dernier, bon an mal an, essaie de contrôler un fils qui n'a jamais vraiment aspiré à lui succéder, et les punitions s'enchaînent, sans vraiment porter atteinte à la mentalité de Wen.

- Peu avant sa majorité, Wen découvre son pouvoir – un événement qui marque le terme de sa famille. Son père lui ôte tout héritage, ne cherchant plus à le reconnaître comme son enfant – et l'envoie sur l'île de Sajna, où il habite désormais depuis deux ans.

- En dépit d'une scolarité toujours remarquable sur les résultats, Wen est loin d'être un modèle de personnalité -- désagréable, solitaire, souvent détesté. Son jeu d'hypocrisie n'amuse que lui, et il n'est proche que de peu de personnes, tant il a réputation d'un caractère irritable. Il peine encore à reconnaître qu'il possède lui-même un pouvoir, et jongle entre sa haine des pouvoirs, inculqué par son père, et sa volonté de se détacher de cette éducation. Il ne s'investit que peu dans ce monde, cette île, cette communauté ; ne fait nul effort d'intégration, et agit toujours de façon mauvaise, comme pour se persuader que ce n'est qu'une mauvaise blague qui dure depuis trop longtemps.