Malgré une jeunesse, une maturité a pris forme, sans être trop imposante, elle reste présente. Tu es celui qui sait que parfois, il faut mentir. Si la sincérité est une chose importante, lorsque besoin est, on se doit de la cacher. Pour ne pas blesser. Pour ne pas froisser. Tu es celui qui ne pleure pas. Qui ne dévoile pas ses larmes. Si besoin, tu les cacheras mais, ton sourire est l’expression que les autres verront. Tes faiblesses ne doivent pas être des chaînes. Peut-être est-ce par fierté. Peut-être parce que tu as juste décidé de ne jamais inquiété ceux que tu as aimé. Tu as appris à prendre des décisions. Ne jamais les regretter. On t’a toujours dit, ai confiance en tes choix. Peu importe le chemin que tu prendras, il faut que cela vienne de toi. La raison ou la passion ? Importante question.
Mais, ton cœur est ton dicton, et c’est ton cœur qui te donnera raison.
Tu n’es pas celui qui fuit. Tu es celui qui osera faire le premier pas. Tu n’es pas quelqu’un qui parle pour rien dire. Mais un garçon qui agit. Plus que tout, tu crois en ta bonne conscience. Aujourd’hui, les insultes et les mots durs te feront mal. Tu restes jeune. Néanmoins, tu ne montreras rien. Tu ne te laisseras pas atteindre. Si c’est contre toi, ça ira. Si c’est toi qui prends ça ira. Tu restes positif. Si parfois tes sourires sont faux. En général, ils sont d’une sincérité qui ne montre qu’un esprit enjoué. Tu t’instruis, tu restes plutôt poli. Lorsque tu offres ta confiance à quelqu’un, ce n’est pas pour rien. Ta loyauté est quelque chose qui ne peut être retiré. Si tu accordes ta confiance à quelqu’un, tu n’arrives tout simplement pas à lui en vouloir. Tu lui cherches des excuses, parfois en vain. Un ami aura beau te trahir, te faire vivre l’enfer, tu continueras de sourire face à lui. Tu ne lui pardonneras pas spécialement, mais tu ne voudras pas te battre. Tu préfères garder en toi les blessures pour espérer que ça aille mieux. Tu préfères ne pas empirer les choses, te disant simplement que ça va passer. Que cela ne devrait pas tout gâcher.
Tu restes un peu naïf parfois. Ou bien te rendre aveugle était un choix.
On te croit un peu justicier. Lorsque des personnes viennent en embêter une autre, tu es le premier à le défendre. Mais c’est là que les gens ont tendance à se méprendre. Tu n’agis pas spécialement par bonté de cœur. Tu es jeune et tu agis parfois de façon impulsive. Trop impulsive. Ta violence est un réel défaut. Tu as tendance à utiliser le poing trop vite. Trop fort. Tu ne mâches plus tes mots. Ton comportement te fait alors passer pour un délinquant. Que tu fasses ça pour protéger autrui, cela ne change pas le fait que tu dépasses bien trop souvent les bornes. Tu n’es pas le genre à t’énerver. Non, tu t’énerves presque jamais. Tu te décides juste à frapper. Même face à plus âgé. Tu ne supportes juste pas les gens qui se croient supérieurs. Qui profitent des autres. C’est plus par rancune que tu agis. Ce n’est pas de la pitié. C’est que tu t’en voudrais. Tu te dirais après, j’aurais pu aider ce gars-là. Peut-être est-ce de l’hypocrisie ? Tu es trop jeune pour te rendre compte vraiment de quoi il s’agit.
Tu ris. Tu n’hésites pas à t’amuser. Tu apprécies découvrir et tu es plein de curiosités. Ta bonne humeur est un fait. Mais chaque humain à une ombre qui le guette. Lorsque tes migraines te prennent, tu deviens plus violent. Lorsque tu ne respectes pas quelqu’un, tu lui fais vite comprendre. Tu n’es pas si serviable que ça. Tu n’iras pas aider le gamin coincé dans un arbre, mais tu iras le défendre si un gars le frappe. Tu flânes, mais tu arrives à facilement te bouger le cul. Tu ne t’avoues jamais vaincu. Tu penses plus que tu ne dis. Tu ne montres pas ta colère. Tu préfères la garder pour toi et te défouler dans ton coin. Tu préfères les animaux aux humains. Les vieillards aux gamins. Tu apprécies lire, mais tu n’aimes pas trop apprendre ou trop réfléchir. Tu préfères suivre ton instinct. Tu détestes avoir faim, tu deviens chiant et tu t’en plains. Il t’arrive parfois de te vexer pour rien, comme lorsqu’on te traite de minus ou qu’on critique ton dessin. C’est un comportement enfantin et cela rappelle alors quel âge tu as. Ce, malgré tes blagues de vieux et ta tendance à lire le journal.
Le jeune homme se construit encore et parfois, il supporte plus que ne peut son corps. Ni bon ni mauvais. Ne sachant pas ce qu'il désir, où il veut aller, mais étant persuadé qu'il a juste a marché là où son cœur voudra le guider.
C’est le bruit d’os qui craquent. Les chaires qui se recouvrent de marques. Le souffle parfois coupé. Les battements du cœur qui ne cessent de s’accélérer. Le sang vient gicler. Cela se transforme de combat en simple massacre. On entend les coups qui ne cessent d’être donnés. Le reste semble muet. Personne n’ose réellement parler. Ou était-ce juste aucun mot n’était écouter. Ça s’acharne. Ça frappe. Le rouge s’étend de plus en plus. Au sol, il se défigure. Lorsqu’un professeur vint finalement tout arrêter. Deux qui ont le visage abîmé. L’un qui ne dit rien, le visage ensanglanté. L’autre qui ressemble à cadavre et a fini par se faire dominer. Certains qui semblent déçus que ça n’ait pas continué. D’autres terrifiés par la violence qu’ils ont observé.
Ce jour-là, tu n’étais qu’un gosse.
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Tu n’avais pas de parents. L’un s’étant barré avec une nouvelle meuf. L’autre n’assumant pas l’enfant. il n'était qu'un bébé lorsque ses grands-parents ont décidé de l’élever. Étais-tu un gamin turbulent ? Pas vraiment. Ta grand-mère te donnait toujours le sourire, elle te criait dessus quand tu faisais des bêtises, comme tous les petits, mais tu n’étais jamais méchant. Elle te lisait des livres. T’accompagnait dans la forêt pour aller attraper des scarabées sans jamais que vous n’en trouviez. Elle était calme, mais même pour une vielle, elle gardait de l’énergie pour s’amuser avec toi. Restant près de toi le soir, étant là pour tes premiers pas. Ton grand-père, tu le respectais, il avait grave la classe quoi ! Pourquoi ? Parce que c’était le maître d’un dojo de karaté. Les années l’avaient marqué. Pourtant, il gardait le dos droit, savait toujours se défendre ou se battre. Il était sage, mais ne faisait pas le malin devant sa femme. Il t’a appris dès que tu pouvais son art. Il se montrait sévère avec toi dans ces moments-là, mais tu ne lui en voulais pas. Bien au contraire, tu l’adulais. Le respectait. Lorsque tous deux, vous vous allongiez simplement sur le plancher de la maison, écoutant les cigales, à discuter de tout et de rien. Tu n’étais clairement pas un vaurien.
Ils représentaient tant pour toi.
Protecteurs envers toi, ils te disaient toujours de vivre en suivant ton cœur. Tout ce qu’ils disaient était absolu et tu savais qu’ils ne souhaitaient que ton bonheur. Tu écoutais leurs vieilles musiques, les aidais dans leurs vieux mots fléchés et le journal, c’est ce que tu appris à lire en premier. À l’école, les gens se moquaient souvent de ta petite taille. Du fait que tu vivais qu’avec des vieux et que tu devais être ennuyant. La première fois que tu as entendu ces mots, tu as pleuré. Tu t’es senti insulté et frustré. Ta grand-mère t’a consolé. Tu as vu son visage et elle semblait si triste de voir tes larmes débordées.
Tu n’as pas aimé. Tu ne voulais pas la voir comme ça… Tandis que ton grand-père t’a dit que tu ne devais pas les écouter. Que peu importe ce qu’ils disaient, ils ne méritaient pas que tu t’énerves pour eux. Tu étais plus fort que ça. Certes, tu étais parmi les plus petits, mais cette taille n’empêchait en rien que tu valais bien plus qu’eux.
« Tiens-toi droit car tu peux être fier de savoir que ton âme est plus grande que la leur. »Un sourire finit par se dessiner. Comme si rien qu’avec
ses mots, il avait réussi à tout faire s’envoler. C’est vrai ! Et puis tu n’étais qu’un gosse, normal que tu ne sois pas plus haut que trois pommes ! Ton papy était vraiment un grand homme. Tu ne pouvais t’empêcher de le penser comme ça. Tu étais souvent seul. Tu rentrais dès que tu pouvais le soir. Et la plupart du temps, tu passais du temps avec tes tuteurs. Quelques gamins venaient te parler durant la récré. Mais aucun ami, tu ne t’étais fait. Tu t’en fichais. Tu souriais. Ta grand-mère vint le remarquer et s’en inquiétait. Tu ne supportais pas la rendre triste. Alors tu as essayé de faire des efforts. Tu as essayé de te sociabiliser. Le fait que tu fasses du karaté avait intéressé certains. Puis au final ça a fini par empirer.
Vers tes 7 ans, tu as frappé quelqu’un pour la première fois.
Ce ne fut pas par choix. Ton corps a agi sans que tu ne le saches. Ce que tu avais vu ? Trois gosses s’en prendre à un autre. C’était pitoyable. À terre et en larmes. Plein de boue. Plein de crasses. Ils se moquent de lui. Ils se jouent de lui. Tu t’es avancé, ils t’ont remarqué et demandé qu’est-ce que tu voulais. Ta réponse ? Un bon coup de pied dans la tempe. Et tu as enchaîné. Utilisant tes poings après. Tout le monde finit par le remarquer et on t’a arrêté. Tu t’es fait engueuler. Un allé direct dans le bureau du directeur. Lorsque tu les as vu entrer, tu as tout de suite baissé la tête. Avais-tu peur ? Pas vraiment, mais tu n’osais pas les regarder. Tu ne voulais pas les regarder. Pourtant, lorsqu’ils t’ont demandé pourquoi tu avais fait ça, pourquoi tu leur avais fait du mal. Tu avais beau expliquer. Les parents des trois gosses étaient toujours énervés. Disant que tu étais violent et un danger pour tous les enfants. Que ton éducation devait être bien mauvaise. Tu t’es senti en colère, mais, les mains de ta grand-mère qui entrelaçaient les tiennes t’empêchaient de répliquer. T’empêchais de bouger. Ils se sont excusés pour toi. Se sont baissés et aucun mot n’a été sorti lorsque vous étiez en train de rentrer. Jusqu’à ce que vous soyez chez vous.
Que tous les trois.Tu t’es excusé. Tu t’es retenu de pleurer. Mais tu t’es profondément excusé.
Mais qu’y pouvais-tu ?
Tu n’avais pas supporté cette vue.Malgré les reproches et les leçons que tu as eus. C’était comme ancré dans ta nature. Lorsque tu allais en cours, les gens semblaient te voir comme un sale gosse. Les rumeurs circulaient. Et le gars que tu as défendu eut juste peur de toi. Tu essayais de prendre sur toi. Tu te mettais dans un coin souvent à chialer. Parfois, tu allais juste lire. Courir. Tu finissais parfois par crier sur ceux qui venaient t’embêter. Qui continuaient de se moquer. Tu as vécu ta scolarité encore plus rejeté. La solitude semblait réellement t’enlacer. Tu as changé de primaire. Parce que les regards semblaient trop te peser. Tu ne montrais même plus ta colère. Ni ta tristesse. Tu ignorais les gens en réalité. Tu n’étais qu’un gamin, mais tu avais déjà appris à prendre sur toi. Tu te disais vouloir imiter celui que tu admirais. Tu te disais que tu ne voulais plus les inquiéter. Leur poser de problèmes. Qu’ils aient à s’excuser.
Et au final, tu n’avais pas
su changer.
Encore la même rengaine. Tu vois un gars qui se fait tabasser cette fois. Ce n’étaient pas que des mots. Ils étaient plus âgés. Semblaient s’amuser. Et comme si tu te prenais pour un héros, tu es allé l’aider. Cette fois-là il y eut des échanges de poings. Tu avais beau savoir faire du karaté, tu t’es fait défoncer. Ils sont partis alors que tu avais plein de blessures sur la figure. Un peu de sang coulait sur ton front. Tu avais hyper mal et ce fut une défaite que tu ne regrettas pas. Le gars que tu avais sauvé avait le même âge que toi. Et l’enfant qu’il était voyait en toi un véritable justicier. Il t’a admiré et est resté à tes côtés. Oh, bien sûr, tu t’es fait engueuler par tes grands-parents. Surtout que tu cicatrises mal et que tu es migraineux, les coups à la tête ne sont clairement pas agréables. Mais cette histoire te permit d’avoir ton premier ami. Le tout premier. Il te disait que tu avais la classe. Il t’a demandé si tu faisais du sport de combat. Des conversations normales quoi. Petit à petit, tu retrouvas le sourire. Petit à petit, tu te sentis de mieux en mieux. Il avait toujours des problèmes avec les plus vieux et tu le défendais à chaque fois. Tu n’arrêtais pas de te battre. D’autres finissaient par aller te voir en te disant de descendre de ton piédestal surtout avec ta petite taille. Mais, les potes de ton premier ami ont aussi voulu te fréquenter. Un véritable groupe s’est formé.
Tu ne t’étais jamais autant amusé.
Tu faisais plus des trucs de jeunes, bien que tu parlais souvent de vieux trucs, c’était devenu un gag entre vous et vous en riez tous. Tes grands-parents n’en pouvaient plus de te voir tout sourire plein de blessures. Mais ils étaient si heureux quand tu ramenais tout le monde pour discuter, travailler ou juste jouer. Tu te sentais accepté, tes actes certes puérils et violents valaient néanmoins le coup. Tu en étais persuadé. Tu finissais par défendre n’importe qui que tu croisais. Tu t’étais attiré plein de problèmes. Tu as parfois été renvoyé quelques jours. Une semaine… Mais tu ne le regrettais jamais. Tu t’entraînais même encore plus. Pour éviter de te prendre trop de raclées. Il y a même cette fois-là où tu as battu un collégien ! Vous aviez tous fêté ça haut les mains, comme de vrais gamins. L’acte en soi n’était pas bien. Mais la fierté qui en découlait était bien là. Tu semblais passer pour un héros. Prenant la défense des animaux, prenant la défense de n’importe qui. Mais à chaque fois, soit tu te faisais battre, soit tu allais souvent trop loin. Tu les amochais vachement quoi. Pas au point qu’ils en perdent conscience, mais qu’ils n’allaient plus te faire chier pendant un moment. Lorsque tu avais 11 ans, tu eus même ta première relation amoureuse. Toute mignonne, adorable, qui te soignait et te souriait. Elle venait d’une autre école et pourtant, le hasard avait fait que vous pouviez faire un bout de chemin ensemble, que c’était une connaissance d’un de vos amis. C’était un peu le paradis.
Tu n’aurais jamais cru que ce n’était que le début de ta chute.
Comment c’était arrivé ?
Comment ça avait pu en arriver là ? Tu l’as vue en pleure. Totalement amochée. Devant ton établissement. Elle semblait terrorisée. Un de vos amis était déjà avec elle en train d’essayer de l’aider en vain. En retour, il n’avait eu droit qu’à un coup-de-poing. Tu l’as défendu. Tu as eu mal. Lui aussi. Il a fini par prendre des grands airs en insultant ta seule famille. Ta "petite-amie".
Ça a dégénéré. Ils n’ont pas pu t’arrêter. C’est le bruit d’os qui craquent. Les chaires qui se recouvrent de marques. Ton souffle parfois coupé. Tes battements du cœur qui ne cessent de s’accélérer.
Son sang vient gicler. Cela se transforme de combat en simple massacre. On entend les coups qui ne cessent d’être donnés. Le reste semble muet. Personne n’ose réellement parler. Tu n’écoutais pas.
Tu t’acharnes.
Tu frappes. Le rouge s’étend de plus en plus. Au sol, il se défigure. Pour la première fois, ils ont réellement peur de toi. Tu ne t’arrêtais pas. Tu ne cessais pas. Inconscient. Défiguré.
Cet acte t’avait comme condamné.
Renvoyé. Une distance semble se mettre avec le groupe soudainement. Ton meilleur ami et celle que tu aimais allaient parfois te voir. Vous vous rejoignez quelques fois à la bibliothèque. Mais tu restais souvent chez toi ou au dojo. C’était compliqué. Tu te souviens de ta grand-mère qui a pleuré. Qui t’a engueulé. Elle t’a frappé avec son éventail préféré. Tu as fini par pleurer et ne cesser de t’excuser. Ton grand-père est resté muet. Disant que c’était à toi de prendre conscience de tes actes. D’en être responsable. Il t’a même demandé si tu regrettais. Tu lui répondais qu’il avait mérité des coups. Mais pas non plus à ce que tu le tabasses comme un fou. Bien que la raison de ton geste était pure, sincère et n’était que la preuve de ta bonté. Tu savais que tu en avais trop fait. Que tu leur posais encore une fois des problèmes. Et c’était pour cela que tu t’en voulais. Parce qu’à chaque fois c’étaient eux qui payaient le plus grand prix de tes erreurs. Ils t’ont toujours pardonné, ont toujours dit que jamais tu ne tariras leur bonheur. Pourtant, tu ne cessais d’avoir cette idée.
De le penser.Ils étaient juste trop gentils.
La vie, elle, ne l’était pas.
Tu n’as pas compris. Tu étais juste assis sur une fontaine, à attendre ton ami, ta copine. Ils sont arrivés. Pas le temps de te lever qu’une partie de ce que tu touchais semble se décomposer. Comme si une partie se divisait. Reprenait la forme originale de tous les matériaux qui le constituaient. Tu recules et constates le dégât que tu avais fait. De l’eau avait fini par déborder, attirant les regards de tous ceux à côtés. Tu es déconcerté. Ton regard se pose instinctivement sur eux deux. Ce que tu vois est douloureux. Leur visage apeuré. Ah… Toi aussi, tu n’étais pas normal ? Tu avais conscience de cette nouvelle société qui discriminait ceux qui étaient différents. Tu avais conscience dans quel monde, tu vivais. Tu avais toujours cru que cela ne t’atteindrait jamais. Tu te rends compte de quel effet ça fait. Des regards. De la peur. De la haine. Pourquoi fallait que ça arrive face à tout un public ? Pourquoi fallait que ça arrive ? Pourquoi tout d’un coup, tu te retrouves seul. Ils t’ont aussi abandonné. La première fille dont tu étais amoureux. Ton premier ami. Ils étaient si différents… Comment ? Comment ça avait pu en arriver là ? Tu leur souris, avec une peine dans le regard. Persuadé, que c’est une blague.
Mais ça ne l’était pas.Les jours suivants on été infâmes. Tu n’osais plus sortir. Tu avais déjà essayé de retourner face à leur collège pour les retrouver. Essayer de tout arranger. Tu étais persuadé qu’ils avaient juste été surpris. Qu’ils allaient te sourire. Les rumeurs semblaient avoir circulé, tu t’en prenais plein la gueule et tu ignorais. Tu te murais dans un silence presque trop pesant. Lorsque tu les as vus, tu as fini par parler, ta voix s’est stoppée. Avais-tu l’air malfaisant ? Qu’est-ce qu’ils voyaient à
ta place ? Pour qu’ils te regardent ainsi. Te rejettent ainsi… Ça t’a blessé. Tout ce qu’on t’a dit. Chaque matinée, tu en venais presque à vouloir partir. Cette île te semblait bien paradisiaque tout d’un coup. Tu ne voulais pas quitter tes grands-parents. Tu ne voulais pas te laisser abattre. Pourtant, tu avais conscience que tu étais un danger. Ton pouvoir s’activait parfois, les assiettes, les verres, quelques meubles. Tu ne contrôlais rien. Tu essayais, mais en vain. Ce départ n’était pas une si mauvaise nouvelle pour toi. Ils avaient mis moins de trois mois. Le départ fut vraiment difficile. Tu te souviens encore de ta grand-mère qui pleurait, disant ne pas t’emmener. De ton grand-père qui te regardait et qui t’avait serré si fort que tu avais cru étouffer. Quitter ton chat Momo fut bien déprimant, et ton petit chien Chou te suivait, comme s'il pleurait et qu'il comprenait ce qu’il se passait.
Tu t’es retenu de pleurer. Tu leur as souri, en disant que vous vous reverrez.
Tu le disais, comme si ce
mensonge serait pour eux
la vérité.-----
Cela fait déjà 3 ans. Les débuts ont été difficiles, tu te souviens avoir souvent fait des petits accidents à cause de ton pouvoir. Sans le vouloir. Tu dus supporter un artefact qui te limitait. Tu n’en voulais tellement pas que tu avais vraiment fait des efforts pour t’améliorer. Il est toujours dur de se trouver de nouvelles marques. Avec tes antécédents et les quelques problèmes que tu avais causés dans le passé, ce fut une véritable épreuve pour toi. De te sociabiliser une nouvelle fois. Tu ne saurais pas dire si ton quotidien était devenu plus facile. Mais…
Au final, la vie était peut-être plus sympa que sur ton ancienne île.